« Путин дерьмо , что дебил !!! » hurlai-je dans mon lit. Il y a un intrus dans l’appartement. Dans ma chambre plus précisément qui venait tout bonnement de s’installer à moins d’un mètre de mes oreilles pour me réveiller avec une fanfare. Sur le coup, j’avoue que j’ai imaginé différentes manières de le tuer. Strangulation, brûlures, au hachoir, à coups de battes de baseball, une balle entre les deux yeux, noyade… finalement, c’est en ouvrant les yeux que je parviens à conserver mon calme. En vérifiant que l’intrus en question était bien celui auquel j’avais pensé dès le début. « Qu’est-ce tu fous là, merde ! » m’exclamai-je à nouveau, en anglais cette fois. Rien à voir avec les insultes russes que j’avais prononcé quelques minutes auparavant. Je jette un œil au réveil posé sur ma table de chevet. Trois heures du matin. Je le hais par moments, ce type. Mais bon, il a ramené des croissants, faut pas faire le difficile. Salop. Il sait qu’il m’aura toujours à l’estomac. « Pose les croissants sur la table et dégage. » murmurai-je d’une voix grave à moitié endormie. Pas envie de sortir en ce moment. Pas trop bien. Envie de rien si ce n’est dormir et dormir et dormir encore. Il le sait pourtant que j’aime pas sortir. Bon ok, c’est un mensonge. J’aime bien faire les bars, la coucherie à pas d’heure, les courses de voitures, les road trips… bref, j’aime tout ce qu’un type qui a une gamine et qui est censé être responsable devrait pas faire. J’y peux rien, c’est dans ma nature. Sauf que là, j’ai clairement pas la motivation d’aller me changer. Ah oui parce qu’évidemment, je porte qu’un boxer, pour changer. « …ou alors, tu la fermes, tu te déshabilles et tu viens me rejoindre. » grognai-je pour mot de la fin en écartant la couverture, le nez dans mon oreiller, sans même un regard vers lui.

fait par Blueberry

C’est quoi cette réplique là ? « Fais pas ton Poutine.. » Me cherche ou quoi ? Bon j’avoue, les croissants sentent bons et j’ai faim. J’ai TOUT LE TEMPS faim, en ce moment. L’infirmière m’a dit que je mangeais par compensation affective. J’ai quitté l’hôpital aussitôt en lui jetant un regard noir. J’ai pas besoin d’affection, je vais très bien, mêlez-vous de ce qui vous regarde ! « Grrrhummpphhh !! »  Il ose m’arracher les cheveux pour m’obliger à le regarder. Ca y est, dis-toi que tu es déjà mort. Hum, quoique….il s’est décidé à venir me rejoindre en pole position. Je vais peut-être remettre son exécution à plus tard. Mes mains dessinent déjà la devanture de ses cuisses, et partent à l’aventure le long de ses hanches. Mmm…délicieux. Le croissant était bon aussi. « TU FAIS CH*** ZIOO !! »  Zio, c’est le surnom que je lui ai attribué. Bah oui, Ezio c’était trop long et trop dur à prononcer, comprenez. En attendant, vu que la musique est en train de réveiller tout l’immeuble, je n’ai pas vraiment le choix. A mon tour de sortir du lit, d'étouffer un baillement, de le regarder en train de gesticuler dans tous les sens et de penser à la manière la plus simple de me débarrasser du corps une fois que j’en aurai fini avec lui. Heureusement qu’il y a les croissants pour me ramener à la réalité. J’en pique un, me traîne en sous-vêtement jusqu’à la salle de bain histoire de me refaire une beauté et de moins ressembler à un ours en hibernation, et enfile rapidement quelques vêtements. Un tee-shirt noir, un pantalon en cuir parce que j’adore le contact quand je suis assis sur le siège de ma bécane, un coup de brosse dans ma tignasse qui de toutes façons est incoiffable, du parfum auquel personne ne sait résister : Terre d’Hermès, un peu d’eau sur le visage pour bien me réveiller, mes bottines de motard, sans oublier ma montre et le pendentif que je me suis acheté il y a six mois de cela dans lequel il y a la photo des deux femmes de ma vie, mon blouson en cuir, noir pour changer un peu, et je suis paré. Je prends mon casque, j’attrape le poignet d’Ezio et le tire en avant pendant que je quitte l’appartement. « Dépêche avant que la concierge appelle les flics. »  On éteint la musique au passage, et c’est parti pour une virée d’un weekend à … quelque part. J’enfourche ma moto, mon casque, je tends celui qui appartenait à Tacha à Ezio, j’attends qu’il s’installe à son tour à l’arrière, et nous sommes bientôt sur la route en direction de chez lui, à une vitesse un peu trop rapide pour être tout à fait légale, brûlant parfois feu rouge, parfois des panneaux stop sans nous soucier de la signalisation.

fait par Blueberry