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« shoes are for fashion, not fonction. »

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MessageSujet: « shoes are for fashion, not fonction. » « shoes are for fashion, not fonction. » EmptyDim 20 Juil - 21:32


"Oui, je suis bien arrivé, mon cœur. Tout va bien à la maison ? Non non, j'suis pas perdu du tout... Attends, quand tu vis dix ans en Inde, tu peux pas te perdre à New York ! Je t'appelle une fois que c'est passé, tu me verras peut-être sur la chaîne de la mode, à la télé. Je t'aime, à tout à l'heure !" Je raccroche en soupirant, laissant Meleya retourner à ses affaires, avant de lever la tête vers les gratte-ciels... qui se trouvent à l'horizon. Je suis paumé en pleine jungle urbaine, la zone tout autour de la ville dans laquelle je dois me rendre dans environ quatre heures pour faire défiler mes toutes premières créations. Si au début je songe à appeler la garde nationale vu le cas d'urgence dont il est question, une petite voix dans ma tête me chuchote que tout le monde n'a peut-être pas la même notion de ce qu'est une urgence. Finalement, je me décide à appeler celle qui a fait en sorte que je puisse me jeter à l'eau dans le monde de la mode. "Allô, Sydney ? C'est Kenzo. Où je suis ? Bonne question... Au milieu du monde du lycra, du legging imitation cuir sur boudins, et du motif panthère accordé à l'imprimé zèbre... Soit c'est l'enfer, soit c'est Brooklyn. Quelle rue ? Euh... Tu sais, elles se ressemblent toutes, et il n'y a que des moches, alors..." Je tourne sur moi-même en espérant trouver une bonne âme avec un soupçon de sens de l'orientation dans le crâne. "Et, vous, là ! Oui, le monsieur taille XXL ! Bonjour. On est dans quelle rue ? Ok, merci, bonne journée ! Tenez, voilà, cinq dollars pour aller chez le coiffeur, ça vous rendra service." Et c'est dit sans aucune méchanceté, en prime. Je me dépêche de répondre à Sydney qui me dit de ne surtout pas bouger car elle va venir me chercher avec sa propre voiture. En attendant, je me pose sur la valise et je réajuste ma coiffure avec le reflet de mon téléphone, juste avant de lancer Candy Crush pour faire passer le temps plus vite. Les casse-têtes, ça pourrait occuper un Kenzo pendant une éternité...

Dans le même temps, un homme de haute taille fend la foule de l'aéroport d'un pas décidé et le regard bloqué sur l'horizon. La majorité des manants s'écartent sur son passage ainsi que sur celui des deux autres hommes qui le suivent. "Joe, je ne vois toujours pas pourquoi tu ne veux pas qu'on partage tous les trois la même chambre à l'hôtel !" Shark pousse un soupir face à la fausse incompréhension de Marc. "Ce que tu veux faire de ton temps libre avec Rayan ne me concerne pas, mais je ne veux pas voir ma chambre d'hôtel tourner à l'orgie... Du moins, pas avec vous deux." Le prédateur Joe Shark n'est jamais très loin, pire quand une hôtesse de l'air passe devant son nez en lui décochant un regard tout ce qu'il y a de plus charmeur. "D'ailleurs, je vous rappelle que vous êtes là pour le travail, j'interdis donc formellement toute distraction qui pourrait ralentir votre productivité. Marc, tu donneras à Rayan les entrées privées pour le défilé de la Fashion Week que tu dois couvrir cet après-midi." Voilà la raison de la présence de l'ancien assistant de l'éditeur, son nouveau job de rédacteur de mode. Une fois à la sortie de l'aéroport, Joe et Rayan montent à bord d'un taxi tandis que Marc en prend un autre en direction du centre où les multiples défilés vont se dérouler. Le businessman anglais s'installe à côté de Rayan dans le taxi qui les emmène en direction de Manhattan, vers un hôtel privatisé à l'occasion du séminaire auquel ils doivent participer. "Rayan, j'attends de vous que vous soyez attentif à chaque détail au cours de ce week-end. Vous allez rencontrer des éditeurs, mais également d'autres écrivains. Mélangez-vous aux autres, mais gardez à l'esprit que vous n'êtes qu'un étudiant et assistant pour l'instant." Malgré son ton détaché et ses paroles parfois dures, Joe n'en reste pas moins désireux intérieurement de voir le grand blond réussir son insertion dans le cercle littéraire. "Ne demandez pas un job, ne proposez pas des écrits que vous auriez pu produire sur votre temps libre ou ce genre d'erreur idiote. En revanche, faites vous connaître, présentez-vous et apprenez surtout à connaître vos interlocuteurs. Si vous faites vos preuves, ils seront un jour vos collègues dans le secteur littéraire. Tout est une question de réseau, Rayan." Être l'assistant de Joe Shark est une garantie d'intérêt pour quiconque connaît ce milieu, mais le reste est entre les mains du jeune homme. Faire son travail d'assistant et faire bonne impression auprès des autres seront deux facteurs essentiels, notamment aux yeux des critiques, des éditeurs ou des plus célèbres écrivains présents à ce séminaire. Ils arrivent à l'hôtel, un quatre étoiles luxueux où un groom approche pour s'occuper de nos valises. "Je vous laisse vous rafraîchir et vous changer, nous nous retrouvons dans une heure à la réception pour prendre place à la première table ronde." indiqua-t-il au jeune homme sans le regarder, marchant vers sa chambre en observant son téléphone pour consulter ses messages.
Une minute après, un texto arrive sur le portable de Rayan. Une photo du jumeau en voiture, tout sourire, en route vers son défilé. "Passage dans trois heures, grosse pensée pour toi ! Marc m'a dit qu'il te gardait une place au premier rang, à tout à l'heure et bon courage !"
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MessageSujet: Re: « shoes are for fashion, not fonction. » « shoes are for fashion, not fonction. » EmptyJeu 24 Juil - 22:18

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En attendant de pouvoir embarquer à bord de l'avion qui m'amènerait tout droit à New-York, je m'éloigne un tantinet vers l'immense vitre donnant sur la piste de décollage, le téléphone plaqué contre l'oreille gauche. Et le répondeur, une fois encore, me faisant pousser un soupir. « Maman... c'est moi... encore. Je voulais t'annoncer que ça y est, c'est le départ pour New-York. Kenzo va enfin présenter ses créations et je vais avoir l'occasion de mettre un peu plus les pieds dans le monde de la littérature, c'est génial, pas vrai ? » Sourire vague aux lèvres, gros blanc à l'autre bout du combiné. À quoi est-ce que je m'attendais, d'ailleurs ? À ce que le répondeur ne vienne à me répondre ? « J'espère que tout va bien pour toi... J'attends toujours de tes nouvelles. Et j'ai vraiment hâte de te revoir. Parce que tu me manques. Et... » Je me tourne, histoire de m'assurer que personne n'est en train de m'épier de trop près. « Et je t'aime. » Le Rayan n'avoue jamais en public qu'il aime quelqu'un, même lorsqu'il s'agit du twin bro', ces paroles doivent uniquement être prononcées entre quatre yeux. Après avoir raccroché, je tourne les talons pour revenir près d'un Marc qui m'observe d'un regard à la fois conquis et arrogant. Plusieurs minutes plus tard, une fois que l'avion a enfin pris son envol, je me dois de repousser constamment la main du rédacteur de mode de sur ma cuisse. On va se calmer, ces choses-là ne se font pas en public, encore moins lorsque le grand patron se trouve dans le secteur. Bonjour la discrétion.

La tête haute, le torse bombé, sourire ravageur plaqué sur les lèvres, c'est ainsi que j'emboite le pas de Joe Shark au cœur de l'aéroport de New-York, accompagné tout naturellement par Marc et sa... joie de vivre. Et ses éternels braillements au passage. Hors de question de partager la même chambre que Shark, ça serait... Oh une hôtesse de l'air ! Je sens une main heurter mon bras avec une force quasi-nulle alors que mes yeux se posent sur le coupable : Marc, qui m'adresse un regard noir au passage. Quoi ? J'ai juste admiré la sublime hôtesse, pas de quoi en faire tout un foin, mais ce détail ne semble pas être au goût du rédacteur. Une fois dans le taxi en compagnie de Shark, mon regard se porte sur la vitre afin d'observer le paysage, et surtout les immeubles, qui se dressent sur la route. Tout du moins, jusqu'à ce que la voix de l'éditeur ne vienne à s'élever, immédiatement, mon regard et toute mon attention se portent sur ce dernier. J'ai cette soudaine impression que la moindre de ses paroles se voient être imprimées en lettres majuscules dans mon cerveau. Même son ton froid ne me fait plus tressaillir, contrairement aux premiers jours, je sais que tout cela n'est fait que pour m'éviter un tas d'erreurs en tout genre. Je hoche positivement de la tête suite à la moindre de ses instructions, car couper la parole au grand patron équivaudrait à signer son arrêt de mort sur-le-champ. « Très bien, monsieur. Je ne vous décevrais pas. » Sourire, pavaner, écouter les autres, j'estimais avoir suffisamment de talents non-négligeables, mais pour ce séminaire, il est évident que je redoublerais d'efforts, ainsi que d'intérêt, et que tous les conseils de Shark seront appliqués à la lettre, sans le moindre faux pas. Cette place d'assistant, j'y tiens, parce qu'il s'agit là du tremplin que j'ai toujours cherché. Les mains moites, mes doigts se croisent et se recroisent, je ne suis pas si inquiet que cela concernant le séminaire, il y autre chose qui me tracasse depuis quelques jours. Ma mère, dont je n'ai plus eu de nouvelles depuis près de deux semaines maintenant, autrement dit, depuis que les conflits entre Israël et la bande de Gaza ont commencé. Autant dire que j'ai passé deux semaines difficiles, fatigué et en manque de sommeil à force de m'imaginer le pire pour la personne qui m'a vu grandir. Même ce séjour à New-York ne me fait pas oublier la peur qui me ronge petit à petit de l'intérieur, tel un virus sur le point de m'achever, j'espère cependant que ce séminaire et le défilé du twin bro' m'aideront à me vider l'esprit le temps de quelques heures. Une fois que nous sommes à l'hôtel, je me dois bien rapidement d'épier l'endroit. Trop spacieux, trop luxueux, c'est la villa de Meleya et Kenzo, mais en beaucoup plus grand. Ce que le Rayan n'aime pas. « Dans une heure. C'est noté, monsieur. » Je jette un coup d'œil à ma montre tandis que l'éditeur s'en va déjà. Je reste planté quelques instants sur place avant de me décider enfin à gagner à mon tour ma chambre. Une fois que la porte est poussée, j'y entre petit à petit, inspectant la pièce à chaque nouveau pas. Même mon appartement, à San Francisco, est plus petit que cette chambre. Jetant un coup d'œil à mon portable pour voir si au hasard, j'aurais des nouvelles de ma mère, je me rends compte que le jumeau m'a envoyé un message réconfortant, le tout accompagné de sa tête d'affreux. Un fin sourire se loge sur mes lèvres alors que je prends la direction de la salle de bains. Arrivant dans la pièce, je me dois de rajouter quelques mots à mon message et prendre une photo de la pile de serviettes se trouvant accrochés. « Si tu ne me vois pas au défilé, pense à appeler la police en dénonçant Shark. Ça va être un bain de sang si j'me plante, mais merci du soutien ! Et question, elles me servent à quoi toutes ces serviettes ? Une pour chaque partie du corps ? » En langage Harabo, cela signifie que c'est trop... prout-prout. Le message, une fois envoyé, je n'attends pas plus longtemps pour me glisser sous la douche pendant une bonne dizaine de minutes, histoire de me remettre les idées en place et de ne pas perdre le nord. Une serviette nouée autour de la taille, je vais chercher mon costume Armani, une chemise blanche ainsi qu'une cravate et une paire de chaussures noires avant de m'habiller. Devant le miroir de la salle de bains, je prends soin de faire attention aux moindres détails de ma tenue. Pas de plis, pas de traces étranges, les chaussures parfaitement cirées, j'ai passé deux jours à m'occuper de ce costume afin qu'il soit parfait pour le jour J, autrement dit, aujourd'hui. Les cheveux parfaitement hérissés, la peau scintillante et le sourire charmeur, autant dire que je suis fin prêt à me jeter dans la fosse aux lions. Un dernier regard sur ma montre m'annonce qu'il ne me reste plus que dix minutes avant de me rendre à la réception, mais je n'attends pas plus longtemps pour atteindre le point de rendez-vous. Autant jouer la sécurité avec le grand patron, mieux vaut être même une demi-heure en avance que cinq secondes en retard. Et autant en profiter pour accorder quelques instants de ce temps restant afin de satisfaire la réceptionniste qui me dévore d'un regard qui ne peut être ignoré. « Vous êtes libre ce soir ? », ajoutais-je après quelques paroles et nombreux sourires charmeurs échangés. Non, le Rayan ne perd jamais le nord, quoi qu'il arrive.
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MessageSujet: Re: « shoes are for fashion, not fonction. » « shoes are for fashion, not fonction. » EmptyDim 27 Juil - 9:46


"Aucun souci à te faire, t'es un twin bro' qui déchire. Et pour les serviettes, j'en sais trop rien… au pire, trouve une fille ou un mec à qui elles puissent servir demain matin." J'envoie le texto avec un sourire au visage, conscient qu'il est railleur à l'égard de tout ce qui concerne le luxe. Combien de fois ai-je demandé à Meleya de m'instruire en la matière vu mon inexpérience consternante de ce milieu ? La dernière fois, j'ai recraché du caviar prémâché devant un dignitaire russe en prétextant que ça avait goût de poisson pourri… dans son pays, j'aurais été envoyé au goulag direct. Imaginez un peu les deux jumeaux livrés à eux-mêmes dans une soirée haut-de-gamme : ca-ta-stro-phique. En rangeant le téléphone dans la poche de ma veste, je tourne la tête vers Sydney qui me fixe sans grande discrétion, au volant de sa voiture. "Quoi ? J'ai un bouton ?" Préoccupation première de tout Kenzo qui se respecte : les apparences. "Non, j'étais juste en train de chercher des ressemblances avec Noah… Moins bouclé, mais assez mignon aussi, ça doit être de famille." lança-t-elle en toute simplicité en regardant la route de nouveau. Je me fends d'un sourire fier. "Alors comme ça, t'es sortie pendant un moment avec Tonton No' ? – Oui, il a même officiellement adopté ma fille… mais disons que j'ai fait une bêtise en couchant avec quelqu'un d'autre une nuit de faiblesse. – Ah… il est si mauvais que ça au lit ?" demandai-je avec une moue compréhensive. Sydney pouffe de rire suite à cette question qui est pourtant on ne peut plus sérieuse. "Non, enfin je ne pense pas ! C'est justement ça le problème. Il faisait un blocage pour être intime avec moi et… et je suis une fille qui a besoin de ça pour vraiment entretenir une relation. T'as vu mon corps ? Impossible de garder ça pour moi toute seule, ce serait un bien triste châtiment à infliger au monde." Je me mets à rire de bon cœur, réceptif à cette attitude qui n'est pas sans me faire dire qu'elle et moi sommes faits pour nous entendre. "Mais il a retrouvé quelqu'un, depuis, non ? Kirby, je crois… - Oui, c'est ça. Une blonde aussi, c'est une super amie, ils ont même un bébé depuis peu de temps, ainsi qu'un p'tit Indien qu'ils ont adopté ! – Tant mieux, je suis contente pour eux." Mon regard bleu clair se braque sur elle pour y déceler une possible trace de sarcasme, dans la mesure où j'ai énormément de mal à comprendre ce genre d'humour ironique. Mais rien, je comprends qu'elle est parfaitement honnête à ce sujet. "Et comment t'es devenue une styliste aussi connue en peu de temps ? Valentina m'a dit que t'étais encore étudiante l'an dernier à Berkeley… présidente de la confrérie aussi, d'ailleurs ! – Je suis retournée à New York pour démarrer ma carrière, et j'ai tapé dans l'œil d'une célébrité qui connaissait un réalisateur pour ABC. J'ai tourné le pilote de mon émission de relooking… d'ailleurs, tu as peut-être vu l'épisode où je relooke Logan ? Logan Salaun, prof à Berkeley !" J'écarquille les yeux et le voyage continue de la sorte pendant un bon moment. Sydney est partie de rien pour se construire en à peine un an une carrière et une réputation qui ferait rougir les plus ambitieux de ce monde. Petite tête blonde parfois levée un peu trop vers le ciel, il n'en reste pas moins qu'elle est devenue une businesswoman de la mode aussi adroite qu'Anna Wintour en personne. Curieux de son parcours, je l'écoute avec une grande attention, ce qui me permet de moins m'angoisser à propos de Rayan, du défilé, de Meleya à San Francisco… oui, derrière son grand sourire, il s'angoisse pour beaucoup de personnes, le Kenzo.

"Non, Connor, je ne t'autorise pas à proposer ma maison pour une émission de décoration d'intérieur. Si tu fais ça, je te pends par les pouces dans les toilettes des filles de ton école à la rentrée." répliqua Joe Shark au téléphone dans sa suite en s'essuyant une fois sorti de la douche. "Tout va bien, à part ça ? J'espère que tu n'ennuies pas trop Noah et sa blonde. Oui, je sais comment elle s'appelle. Non, ne me le passe pas, je n'ai pas le temps de l'entendre m'abrutir à propos de sa larve de nouveau-né et de l'immigré sans-papiers qu'il fait passer pour son fils adoptif. Connor… comment veux-tu que je me souvienne de son prénom ? Allez, je rappelle plus tard, fais attention à toi. Pas de bêtise." En langage Shark, ça veut dire "je t'aime, fils", il faut juste apprendre à décoder. Le quadragénaire quitte la serviette éponge pour s'allonger sur le lit en simple boxer. Ses pensées vont à son assistant, quelques chambres plus loin. Au-delà de cette exigence froide et intransigeante, il lui voue un réel attachement ainsi qu'un désir ardent de le voir faire ses preuves dans ce monde. Passer à côté d'un tel talent serait une folie, c'est pourquoi Rayan peut s'estimer être même au-delà de Marc dans la confiance qui lui est accordée. Reste à voir si ce jeune homme ne gâchera pas ses chances. Quelques minutes avant l'heure fatidique, l'éditeur sort de sa chambre une fois quelques gouttes de parfum déposées dans le cou. A la réception, son regard se porte sur le petit manège de Rayan en pleine conversation avec la réceptionniste. Un simple raclement de gorge rappelle le jeune homme à l'ordre pour qu'il le suive à l'intérieur de la grande salle où des conversations commencent à s'élever. "Conseil d'homme à homme, à ne pas prendre pour une habitude pour autant : les écrivaines de romans érotiques ne sortent pas leurs consternantes productions de nulle part. Elles peuvent être aussi insipides sur le plan littéraire que divertissantes en "tête-à-tête", si vous voyez ce que je veux dire. Oubliez la réceptionniste si vous tenez réellement à rentabiliser vos nuits dans cet hôtel." Sans sourire ni regard pour Rayan, Joe continue de marcher comme si de rien n'était. Ce sont des conversations qu'il n'a jamais pu avoir avec Marc, ce dernier jouant dans une catégorie différente de la sienne. Lorsque les portes s'ouvrent, une pièce immense s'offre au regard des nouveaux arrivants. Coupes de champagne ou de cocktails sans alcool à la main, une bonne cinquantaine de personnes habillées à la fine pointe de la mode discutent entre elles de façon plus ou moins animée. Nombreux sont les acteurs du monde de la littérature qui se retournent sur le passage de Shark, pour de bonnes comme de mauvaises raisons si les intéressés sont des concurrents commerciaux. Requin parmi les poissons, l'Anglais ignore avec superbe avant de daigner offrir une part d'intérêt hypocrite qui passe comme une lettre à la poste. Feindre pour mieux obtenir ce qu'on désire. "Ceci est un cocktail de présentation, alors circulez en vous présentant. Je ne vous demande rien d'autre que de ne pas mettre la société ou l'image de son patron dans l'embarras… cela étant, libre à vous d'avoir les oreilles qui traînent près de ces pseudos-éditeurs qui prétendent faire office de concurrence." ajouta Joe avec un mince sourire diabolique au coin des lèvres. Petit, si tu veux apprendre à ruiner une personne en finesse et sans laisser aucune parade, tu as trouvé ton maître en la matière. Un moindre petit ragot peut devenir une arme de destruction massive dans les mains de Shark… et c'est une des choses que Rayan doit apprivoiser s'il veut pouvoir se faire un nom immuable dans le monde de la littérature. A lui de se lancer pour son premier bain…
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MessageSujet: Re: « shoes are for fashion, not fonction. » « shoes are for fashion, not fonction. » EmptyDim 27 Juil - 20:25

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Lorsqu'un raclement de gorge, quelque peu familier ceci dit, se fait entendre à la réception, j'abandonne tous mes plans consistant à amadouer la réceptionniste afin de suivre le pas de Shark jusqu'à cette fameuse pièce où de nombreux invités se trouvaient déjà. « C'est qu'elles n'ont pas dû avoir d'amants à la hauteur, sans quoi leurs écrits auraient pu avoir une once de succès. Je pourrais très aisément offrir l'inspiration à l'une d'entre elle et faire de son futur ouvrage un best-seller tout en attisant une horde de femmes à mes pieds, conquises par mes prouesses vantées. » Quoi ? C'est vrai, non ? J'ai très bien compris où le grand patron voulait en venir et autant que le monde entier sache de quoi Rayan Armand Clives-Harabo est capable. « Savoir que l'assistant de Joe Shark est un véritable Apollon doublé d'une tête brillante et qui détient le secret de la jeunesse éternel pourrait cependant donner un grand avantage à votre société, non ? » Oui, non, peut-être. « De toute manière, on est là pour le travail, pas pour le plaisir. » Même si je me ferais un plaisir de séduire l'une de ses fameuses écrivaines. Tout est une question de réseau, après tout, c'est ce que Shark lui-même a dit une heure plus tôt. Ceci dit, il est bien vrai que de passer la nuit avec une écrivaine serait bien plus bénéfique que de la passer avec Marc, comme cela avait été convenu au préalable. Mais pour le moment, concentration, nous faisions notre entrée dans la salle. L'éditeur tel un requin, l'assistant tel un lion. Ou plutôt, un petit lionceau prêt à se faire une place dans cette grande savane hostile qui pourrait apeurer n'importe quel nouveau-né. Les oreilles attentives aux moindres propos tenus actuellement par Shark, je ne manque pas d'épier la foule avec un regard de félin prêt à donner des coups de patte pour se faire sa place. « Vous savez aussi bien que moi que je suis incapable d'entacher aussi bien votre image que celle de l'entreprise, faites-moi confiance. », lançais-je tout en posant mon regard sur l'éditeur, un regard rempli de certitude et d'envie à vouloir faire mes preuves. « Alors, à l'attaque. » Un sourire sadique se plaque sur mes lèvres, allez savoir lequel de nous deux allait le plus jouer à l'hypocrite. Je fends la foule d'une démarche des plus félines, sortant un sourire arrogant à tout bout de champ en tâtant tout d'abord le terrain. Je vais m'emparer d'une coupe de champagne, prête une oreille attentive aux paroles dites dans les alentours et me fais aborder sans plus attendre. « Quelle entrée fracassante aux côtés de Monsieur Shark, jeune homme. Votre visage ne m'est aucunement familier, vous êtes ? » Mon visage se tourne alors vers l'homme qui se trouve à ma droite, mes yeux l'épiant rapidement. « Rayan Clives-Harabo, assistant de Joe Shark. » Time to play the game. Je passe les minutes suivantes à serrer de nombreuses mains, me présenter sans pour autant en dire de trop, écouter les autres se présenter à leur tour, mais également, épier les langues qui claquent tout autour de moi. Autant dire que j'apprécie ce rôle taillé sur-mesure pour le narcissique que je suis. Des regards de femmes, bien souvent plus âgées, certes, couler sur moi, ceux d'éditeurs intrigués, voir même inquiets de voir que la concurrence à un sacré atout dans sa poche, sans compter certains écrivains, avides d'en savoir un peu plus sur mon début de parcours dans le domaine de la littérature. Autant dire que je n'ai pas chaumé, et c'est plus d'une demi-heure plus tard, avec une seconde coupe de champagne à la main, que j'approche Shark avec un air quelque peu hautain et un sourire ravageur sur les lèvres alors qu'il se trouve enfin seul. Je n'irais jamais interrompre l'éditeur, au risque de me faire rembarrer en public. Pas bon pour le business. Attention, admirez le manipulateur et baratineur de première que je suis. « L'éditeur en costume bleu et nœud papillon, il vient louer les soi-disant mérites d'une écrivaine qu'il vient de dénicher, la brune à la robe verte tout près de lui. Elle a été critique littéraire pour différents journaux en Allemagne, et ce, pendant trois ans, puis elle a tout quitté pour venir à New-York et se faire une place en tant qu'écrivaine, dans le mouvement naturiste. » Euh pause. Ça ne doit pas être le bon terme. « Enfin naturalisme, comme Noah quoi. Sauf qu'elle ne vaut pas un clou. Sa place, elle l'a obtenu en couchant avec lui. Il a la bague au doigt, mais pas elle. Elle fait un pas en sa direction avec son regard de louve, mais il en fait deux en arrière tout en l'évitant. Il est marié, mais elle est sa maîtresse, sauf que sa femme doit être dans l'assemblée, d'où sa réticence à vouloir être proche de la demoiselle. » Où comment couler un éditeur ? En dévoilant sa liaison secrète avec sa petite protégée. Une part de ces propos a été cueillie par une oreille à l'affut, le reste, par des déductions suite à une profonde et discrète observation. J'avais bien précisé que j'allais attaquer. « Costume gris, près du buffet, il en est à sa quatrième coupe de champagne... Ah, cinquième, visiblement, notamment parce qu'il est au bord du gouffre. Le sublime assistant du grand Shark lui a clairement fait comprendre dans quel camp il jouait. La dernière œuvre qu'il a fait publier a été un cuisant échec, et même son assistant à démissionner. Il est au bord de la dépression et tente vainement d'enrôler la moindre personne lui passant sous le nez. » Je porte mon verre à mes lèvres, avalant une gorgée de champagne avant d'indiquer une splendide créature, pianotant sur son téléphone portable, d'un rapide mouvement de tête. « Blonde, robe rouge, galbe de rêve, journaliste pour le New-York Times, elle aurait grandement aimé une interview avec vous dans l'immédiat, mais je la lui ai refusée. » Ce n'est pas la mauvaise humeur de Shark qui se fait sentir si subitement ? « À défaut, elle vous rejoindra dans votre chambre à minuit pétante pour traiter d'affaires plus privées, libre à vous de lui accorder l'interview qu'elle désire au petit-déjeuner. » Allier l'utile à l'agréable, voilà qui devrait convenir à l'éditeur. Oui, son assistant vient de lui arranger un petit coup, s'il n'est pas mignon le Rayan. « Vous voulez des détails sur d'autres personnes ? J'ai encore des anecdotes bien croustillantes qui pourraient faire trembler plus d'une société. Mais entre vous et moi, je doute que tout cela soit nécessaire, personne dans cette pièce ne pourra faire de l'ombre à vos affaires. » Je plonge ma main libre dans la poche de mon pantalon, arborant un air des plus angélique qui cache un côté ô combien démoniaque. « Et évidemment, je n'ai pas cherché à obtenir un quelconque job. Au contraire, j'ai dû essuyer bien des demandes. Quant à mes écrits, personne n'en lira ne serrait-ce que le moindre mot. » Le Rayan fait des ravages, et ça lui plait, allez, j'peux continuer à faire mumuse avec les faibles ?
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MessageSujet: Re: « shoes are for fashion, not fonction. » « shoes are for fashion, not fonction. » EmptyLun 11 Aoû - 13:03


"Vous m'en direz tant… jeune Apollon." Un sourire presque moqueur, mais surtout amusé, se dessina sur les lèvres de Shark qui leva les yeux au plafond pendant un bref instant. Seigneur, que personne ne vienne parler d'égocentrisme à l'Anglais : il y aura toujours pire en la personne de son assistant. Cela dit, il a pour lui ce qu'on pourrait appeler de la "niaque" : les dents acérées, l'instinct du tueur… il suffit seulement de lui donner une foule de cibles et les armes qu'il lui faut pour affûter des talents qui ne demandent qu'à être nourris de telles expériences. Les cours sont beaux pour la théorie, mais c'est à l'occasion de son travail d'assistant et dans ce genre d'évènements qu'il pourra mettre tout ceci à l'épreuve. Joe tourne la tête dès qu'il s'éloigne, croisant le regard d'une ancienne éditrice au service de la société Shark Publications du temps où elle n'était basée qu'à Londres. Un tintement cristallin de flûtes de champagne plus tard, la conversation est lancée. Au-delà des apparences et de ce côté playboy qui lui a collé à la peau pendant plus de vingt ans, il n'en reste pas moins un professionnel calculateur qui fait passer le profit de ses affaires avant des affaires de profit personnel. Ils se quittent à l'occasion de l'arrivée d'un écrivain un peu trop fanfaron pour être sérieux, et c'est ainsi que les brèves conversations d'usage s'enchaînent jusqu'à ce que Rayan fasse de nouveau son apparition. Le Britannique prit la seconde coupe de la main de son assistant puis regarda un peu ailleurs tout en l'écoutant très attentivement. Satan et son fidèle chuchoteur… c'est un peu l'image renvoyée par les deux hommes. Les descriptions fusent et les informations croustillantes suivent le même mouvement percutant. Peu à peu, son regard lagon dérive sur le jeune homme. Ce petit pétillant diabolique qui anime ses yeux noisette ne fait que l'enchanter, bien que le visage du quadragénaire reste de marbre. Si Noah voyait son neveu ainsi, nul doute qu'il se précipiterait pour l'arracher des griffes du Démon Shark. Fou serait celui qui irait croire que le jeune homme est un être foncièrement bon… non… il faut exploiter ce côté malsain, c'est ainsi qu'il s'en sortira dans la vie : en étant beaucoup plus malin que la majeure partie des personnes réunies dans cette pièce. "Intéressant… Je suis sensible à votre tentative d'animer ma nuit dans cet hôtel, mais il s'avère que je n'ai guère besoin de compagnie ce soir. Néanmoins, j'éconduirai cette demoiselle avec le soin respectueux à votre manœuvre." Si Rayan avait été moins adroit dans sa façon d'aborder les autres, Joe l'aurait cloué sur place pour avoir osé interférer avec sa vie privée. En effet, il s'avère que malgré son regard de prédateur permanent, Joe Shark est désormais beaucoup moins accessible aux femmes qu'il a pu l'être précédemment, rapport à une certaine Bêta nommée Maisy qui est en passe de devenir l'officielle compagne du businessman. En attendant de clarifier la situation amoureuse, mieux vaut ne pas trop se laisser aller à de vieux démons. L'éditeur observa sa montre et déposa sa coupe à moitié remplie sur le plateau d'un serveur puis chassa un pli disgracieux sur son costume. "Il est temps de partir, maintenant." Pas un commentaire de plus. Rayan comprendra plus tard. D'un pas altier et conquérant, Shark quitta les lieux. Ne jamais trop s'éterniser à un évènement officiel, c'est ça le secret. Laisser une empreinte marquante en peu de temps. A l'extérieur, une limousine avec chauffeur et portier de l'hôtel les attend, les deux hommes montent à bord, en direction du centre de Manhattan réservé à la Fashion Week. Sur le chemin, l'Anglais tourna la tête vers la vitre teintée pour observer les rues. "Vous êtes un jeune garçon bien étrange, Rayan. Savez-vous comment votre oncle est en partie arrivé à un tel succès en tant qu'écrivain ?" Même si l'éditeur est un véritable tyran avec son personnel, il n'en reste pas moins attentif aux ambitions de ceux qui méritent d'avoir son attention. Question rhétorique, il enchaîna dans la foulée. "Il est extrêmement doué, c'est vrai, et c'est pour cette raison que sa carrière a été lancée à peu près en même temps que ma société. Il a été le premier écrivain que j'ai publié. Il est doué… mais il n'aurait pas eu un tel succès s'il avait choisi une autre maison d'édition." Le regard de l'Anglais se fit plus supérieur, plus effrayant également. "La littérature n'est pas un monde ouvert, et rares sont ceux qui peuvent vivre très confortablement avec une petite carrière d'écrivain. Si on a de l'ambition, le seul talent ne suffit pas… il faut se forger sa place au cœur d'une jungle impitoyable. Votre oncle est un aussi bon écrivain qu'un agneau doux et naïf qui n'aurait pas tenu plus de cinq minutes dans un séminaire comme celui-ci. Il a le talent, mais il a aussi un éditeur qui n'a jamais éprouvé le moindre scrupule à briser des carrières, des vocations, des familles et parfois même des vies pour exposer ce talent au-delà de tous les autres. Car ce qui est bon pour sa carrière l'est également pour l'enrichissement de la mienne." Cette fois, le regard de Shark senior plongea dans celui de Rayan. "Vous avez à peine vingt ans, et vous êtes pourtant doté du même instinct que je possédais à votre âge. Si je vous ai dit de ne pas trop en dire, c'est pour minimiser les informations que vos interlocuteurs pourraient obtenir à votre insu. Je n'ai pas encore lu vos écrits, et je n'y tiens pas pour le moment. Tout ce que je veux, c'est que vous continuiez à jouer ce rôle, à être ce manipulateur à l'écoute de toutes les histoires d'autrui. Elles me servent, mais un jour, vous vous en servirez à votre tour pour écraser la concurrence avant même qu'elle ne songe à se mettre en travers de votre route. Faites ce que Noah n'a jamais osé faire et vous ne serez pas reconnu que pour votre probable talent d'écrivain." L'accent est mis sur "probable" car l'heure n'est pas à la lecture des écrits du jeune homme, talent qu'il prendra également le temps d'affiner lorsque le moment sera venu. La voiture s'arrête juste devant le tapis rouge qui mène au chapiteau principal éclairé de multiples projecteurs sans parler des photographes massés le long des barrières. Joe pose sa main sur l'épaule du grand blond pour la presser avec une certaine retenue, mais suffisamment fort pour lui faire comprendre qu'il pense chacune de ses paroles. "Vous êtes sur la bonne voie, mon garçon. Aucune sentimentalité ni attache, c'est la clé de la réussite. On n'écrit pas l'Histoire en étant le plus gentil : on l'écrit lorsqu'on fait partie des vainqueurs. N'oubliez jamais ça." Sur ces mots, la porte s'ouvre et ce moment presque "intime" voire paternaliste sur les bords s'évanouit. Le Britannique quitta la limousine et s'avança en direction du tapis rouge tout en glissant quelques mots à Rayan. "Marc et votre… cousin ou frère, je ne sais plus, doivent se trouver dans les coulisses du show. Vous pouvez les rejoindre, quartier libre jusqu'à demain, dans la limite du raisonnable." Une tape légère mais bien présente dans l'épaule, et le requin anglais se dirigea sous le crépitement des flashs en affichant son plus beau sourire. Pour l'heure, Rayan s'en était admirablement bien sorti, à lui de profiter de son temps libre, désormais.
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MessageSujet: Re: « shoes are for fashion, not fonction. » « shoes are for fashion, not fonction. » EmptyMer 13 Aoû - 21:14

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Le regard balayant cette foule de cafards, je manque de m'étrangler à l'aide de la gorgée de champagne que je viens d'avaler et n'attends pas plus longtemps pour poser un regard presque inquiet sur l'éditeur. Le refus de passer une soirée en la compagnie d'une journaliste que tout le monde rêverait d'avoir à ses pieds... autrement dit, quelque chose cloche. Shark n'aurait jamais essuyé pareille demande d'un revers de main. « Sérieusement ? Vous êtes sûr d'aller bien ? Vous devez couver quelque chose... une grippe ou... » L'assistant qui s'inquiète pour son patron, le dévisageant avec de gros yeux, et ce, de haut en bas et de bas en haut afin de déceler ne serrait-ce qu'un tout petit indice, mais rien. Je n'en dis d'ailleurs pas plus, tout cela n'est en rien mes affaires après tout. Partir ? Déjà ? Je commence tout juste à m'amuser... Mais je ne contredirais pas le Diable, je termine ma coupe de champagne d'une seule et unique traite. Pas de gaspillage pour ma part, mais il me faudra encore concevoir que ce genre de breuvage ne se descend pas comme l'on boirait de la tequila. Un dernier clin d'œil à une éditrice qui me dévore du regard et je finis par suivre les traces de Shark jusqu'à la limousine nous attendant devant l'hôtel. Une fois installé et le véhicule en marche, je jette un coup d'œil à mon portable, ma mine se décompose un tantinet alors que je n'ai toujours aucun message, ni aucun appel en absence. Mais lorsque la voix de l'éditeur s'élève dans l'habitacle, je range mon téléphone et porte mes yeux noisette sur ce dernier, malgré que celui-ci soit actuellement en train d'observer les immeubles défiler sous ses yeux et comme à chaque fois, je bois la moindre de ses paroles. Le monde de la littérature n'était, après tout, pas si différent du monde dans lequel je vivais. Mon monde, mon jeu, mes règles, et il fallait qu'il en soit de même dans ce domaine qui me tenait tant à cœur. Si en Israël j'avais toujours eu une oreille tendue afin de faire plonger certaines personnes plus bas que sous terre, il en était de même à Berkeley et ce côté manipulateur que je détenais était une véritable arme de combat dont j'aimais me servir comme bon me semblait. Il m'a d'ailleurs permis de faire éclater la relation entre mon paternel et sa blondasse, tout récemment. La manipulation et l'intransigeance sont des talents dont je peux aisément me servir, tout comme je peux aisément les dissimuler et paraître sous un meilleur jour, des talents qui ne demandent qu'à être utilisés. Mes yeux ne quittent pas un seul instant ceux du businessman, qui avait porté un peu plus tôt son regard sur moi, preuve que j'écoute très attentivement chaque parole venant à être prononcée par le businessman, ces dernières venant rapidement à être imprimées en moi. Chaque conseil de Joe Shark, autant que chaque réflexion, chaque critique, est bon à prendre pour me permettre d'évoluer dans un domaine où je ne me sens encore que comme un jeune lionceau qui se doit d'apprendre. C'est pour cette raison que je ne prends jamais les devants dés lors qu'il s'agit de ma carrière ou de l'entreprise de Shark, je préfère presque m'écraser que de pavaner et frimer à tout bout de champ. Mon regard se fait peu à peu vague, non pas que je ne prête plus attention à l'éditeur, mais bien que je suis en pleine réflexion quant aux propos qu'il tient. Shark parle par expérience, mieux vaut donc pour moi d'écouter, enregistrer et, surtout, appliquer tous les dires pouvant provenir de l'Anglais. Lorsque le véhicule s'arrête, je tourne un instant la tête en direction de la vitre, admirant brièvement le tapis rouge et la foule qui se dresse un peu plus loin, jusqu'à ce que finalement, la main de l'éditeur se posant sur mon épaule ne me force à reporter toute mon attention sur ce dernier. Si je n'avais rien dit jusqu'à présent, ce n'était pas uniquement que pour enregistrer convenablement chaque information, mais bien part intimidation, voir peut-être par admiration. J'avais passé ma vie à en vouloir à tous les hommes qui tenaient à prouver qu'ils étaient les mâles dominants face à moi, des hommes que j'avais méprisés et qui ne m'avaient jamais aidé. Shark était le premier que j'acceptais dans ma vie, la seule figure masculine que je ne saurais défier. Un parcours inestimé, du talent à en revendre, une expérience en béton, et surtout, un désir de me voir progresser, un besoin de m'encourager. Pour faire simple, le seul homme à ne m'avoir jamais dénigré comme je l'avais toujours été. Mes lèvres s'entrouvrent, prêt à enfin parler, mais l'éditeur est déjà sorti et me voilà sur ses pas. Paparazzis, journalistes, tapis rouge, rien ne manque. Autant dire que ce monde de paillettes n'est pas un monde que j'apprécie. « Merci, monsieur. Je veillerais à ne pas faire trop d'écarts. Et merci pour ces précieux... conseils. Sachez qu'ils ne sont pas tombés dans l'oreille d'un sourd et que j'en ferais bon usage. », arrivais-je enfin à prononcer, des mots coincés au fond de ma gorge depuis bien trop longtemps. Joe Shark ne devait pas vraiment se douter à quel point je lui étais reconnaissant pour tout ce qu'il avait fait, fait et ferait pour moi et mon intégration au cœur d'un domaine dans lequel je rêve de laisser une empreinte solide. Quelques sourires et quelques photos plus tard, je prends le chemin des coulisses, naviguant parmi mannequins, journalistes, maquilleurs et autres, à la recherche d'une tête plus que familière. Enfin, le voilà ! « Kenzo ! Hé, j'suis là ! Nooon, pas de câlins. Faut pas déconner non plus. », lançais-je à peine arrivé devant le jumeau, lui offrant une simple tape dans le dos. Le Rayan l'aurait volontiers enlacé, mais trop pudique, ce genre de geste ne se fait pas au cœur d'un tel public. « C'est qui le meilleur frangin qui est toujours vivant ? Et non, c'est pas toi, c'est moi. » Mais c'est bien, j'suis aussi content que tu sois sur pied et pas encore à l'hôpital le plus proche pour perte de connaissance. « J'suis content de te voir. Alors, prêt ? » Un large sourire étira mes lèvres, mais je ne laisse pas à Kenzo le temps de rappliquer, car mon attention est à ce moment focalisée sur une splendide blondinette, une oreille collée à son téléphone, presque aussi alléchante que Valentina. Pour la peine, je colle ma main en plein milieu de la figure de mon frangin afin qu'aucun mot ne vienne à franchir la barrière de ses lèvres. « Attends, ne dis rien... C'est moche pour toi d'être fiancé et de devoir fidélité à Meleya, je l'aurais bien partagé avec toi pour la soirée... Aïiiieeeuh, fais gaffe à mon costume ! » Évidemment que la présence de Marc ne m'est pas passée inaperçue, qui ne le remarquerait pas, mais désolé d'avoir voulu prendre des nouvelles de mon jumeau en premier lieu. « À défaut, je vais la garder pour moi. », enchaînais-je à l'encontre de Kenzo. Manque de chance, Marc rapplique et, à défaut de m'offrir un nouveau coup de pied dans la cheville, écrase son poing sur mon épaule tout en poussant un faible cri peu virile. « Bon, t'as fini de m'agresser pour la journée ? Encore une attaque envers mon corps de rêve et je te plonge tête la première dans la cuvette des toilettes, compris ?! » Ne pas abimer le costume flambant neuf de Rayan Clives-Harabo, et pire encore, ne jamais abimer son corps d'Apollon. Un nouveau coup d'œil à la blondinette que j'avais pris en chasse, et le sourire de prédateur ne se fait pas attendre plus longtemps. Minute papillon, je l'ai déjà vu quelque part... « Elle n'anime pas une émission de télévision ? Cindy ou... quelque chose dans le genre ? », demandais-je subitement au twin bro' tout en plissant les paupières. Bah oui, mais cinq secondes après être arrivé sur la chaîne en question, j'ai dû répondre à l'appel de maman Harabo, pardon.
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MessageSujet: Re: « shoes are for fashion, not fonction. » « shoes are for fashion, not fonction. » EmptyVen 15 Aoû - 19:07


Le défilé commence dans une demi-heure et je suis déjà à deux doigts de frôler la crise cardiaque. L'hyperactivité dont je suis atteint depuis presque toujours m'aide à être sur tous les fronts en même temps, mais je sens mon cœur qui s'emballe un peu plus à chaque minute, la transpiration me couler dans le dos et la respiration difficile. J'en suis à mon vingtième verre d'eau et le quatrième mannequin sur lequel je retouche une de mes créations. De son côté, je vois Marc osciller entre son boulot de rédacteur de mode en me posant des questions sur mon travail et sa nature de coureur en flirtant avec tout individu mâle qui passe à portée de main... Pas le temps de consulter mon téléphone pour savoir si Meleya m'a appelé en cas de soucis, j'essaie surtout de me concentrer pour éviter que mes mains ne ripent sur la cuisse de la jeune femme sur laquelle je procède à une retouche. Ordinairement, le Kenzo ne se serait pas privé de palper à tout va en prétextant que c'est purement professionnel, mais là, le stress est trop évident. J'entends soudain une voix en écho lorsque je me redresse, et c'est le twin bro' qui fend fièrement la foule pour me rejoindre. J'écarte les bras avec un immense sourire de soulagement aux lèvres, mais sa satanée retenue me bloque dans mon élan. "Même pas de câlin ? J'te déteste. Tiens, j'te parle même plus, pour la peine." grognai-je sur un ton déçu accompagné d'une moue profondément mécontente. Et il tient une, deux, trois, quatre... "Bon, d'accord, j'fais plus la tête." Quatre secondes et soixante-six centièmes, record établi pour bouder ! J'allais répondre à sa question lorsque sa main se plaqua contre ma bouche pour m'empêcher de parler. Vous me croyez si je vous dit qu'il fait ça tout le temps dès que je deviens trop bavard à son goût ? Je soupire puis me détache de sa main en m'essayant les lèvres. "J'en veux pas de tes germes de moche, touche pas à mon visage !" N'essayez pas de leur expliquer qu'être jumeaux consiste à avoir le même visage, ils trouveront toujours à redire. Je réajuste mes lunettes rondes - classe, parce que je peux aussi porter le look "intello chic" et faire trembler toutes les culottes de ces dames - et tourne la tête en direction de Sydney sans prêter attention au petit manège de Marc. Celui-ci, pendant l'interview, n'a pas pu s'empêcher de me faire un rentre-dedans du feu de Dieu sous prétexte qu'il avait l'impression de parler à Rayan. Je suis parfois léger en termes de compréhension, mais j'ai vite compris le pourquoi du comment entre ces deux-là. J'opine du chef et tourne la tête au passage vers l'autre mannequin qui approche de moi avec l'avant-dernière création que je propose. "C'est pas Cindy. Cindy, c'est la fille de la météo qui pointe quand elle parle de "vent du nord", tu sais bien !" On ne vous fait pas étalage de notre programme télé entre frangins ni même de nos commentaires sur les présentatrices et autres journalistes... Pas de doute, Charlie grandira entre un père et un oncle qui n'ont jamais leur langue dans leur poche quand il est question de ces dames. "Elle, c'est Sydney. L'an dernier, elle était encore étudiante à Berkeley, elle était même présidente des Bêtas. C'est une des meilleures amies de Valentina, c'est même elle qui m'a recommandé de prendre contact. Elle anime une émission de relooking et elle est styliste pour les plus grandes stars du moment..." On sent à peine la pointe d'admiration dans le ton que j'emploie, à peine. Je me redresse après avoir terminé les retouches puis je regarde l'Égyptienne en même temps que le jumeau. "T'imagine la vie de rêve : tu passes ton temps à faire du shopping et tu prends des moches pour les changer en canons... Elle fait de l'humanitaire de la mode, cette fille..." Je suis à deux doigts de dire qu'elle est une sainte, alors attention. La jeune femme nous remarque et arrive dans notre direction avec un sourire au visage. "Alors c'est lui le moins beau dont tu me parlais ? Mmm... Faut pas se plaindre. Sydney, tout le plaisir est pour toi, chéri." lança-t-elle avec aplomb en embrassant Rayan. Je pouffe de rire puis je me tourne pour prendre la dernière robe encore sous couverture opaque. C'est de loin le chef-d'oeuvre de ma collection, ce sont des heures de travail et au moins quatre nuits blanches d'affilée. Quand l'inspiration est là... Sydney prend la housse puis file en cabine pour aller s'habiller d'une démarche chaloupée qui n'appartient qu'à elle. Je soupire, attrape un nouveau verre d'eau que je descends d'une traite, et je garde le regard posé partout pour être certain que rien ne m'échappe. "Bon, alors, et toi ? C'était comment cette première au séminaire ? T'as rencontré du monde ? Shark t'a pas trop effrayé ? Et dis, c'est quand que je pourrais lire ce que tu as écrit, hein ? T'as des nouvelles de ta mère, au fait ?" Kenzo stressé = avalanche de questions en rafale. En réalité, je m'intéresse autant à ce qu'il fait que je n'ai besoin de parler d'autre chose que le défilé qui est déjà à quinze minutes de démarrer. Un mètre ruban autour du cou, trois aiguilles en main, un ciseau dans l'autre et du stress à ne plus quoi savoir je faire, je suis paré pour le décor. Cela étant, je n'oublie pas que c'est aussi une première grande étape pour Rayan, et il m'est essentiel qu'il réussisse aussi à faire ce qu'il veut. "J'suis content que tu sois là." ajoutai-je en passant un bras autour de ses épaules tout en lui adressant un immense sourire. Le frangin, c'est ma moitié, celui qui me donne envie de tout partager sans aucune restriction. Comment ai-je pu vivre avant de connaître ce grand bonhomme blond qui me ressemble étrangement ? Et c'est ce moment que choisit Sydney pour sortir de la cabine de fortune. La robe est entièrement faite de voiles de soies en camaïeux de bleu, rebrodés de dentelles pour le décolleté et de sequins ici et là pour éclairer la tenue. Fluide et épousant pourtant très bien les courbes de la jeune femme, sa silhouette est parfaitement soulignée et rehaussée par des reflets de contrastes différents pour qu'aucune variante de bleu en particulier ne puisse accrocher le regard. Un sourire immense s'empare de mes lèvres, je mordille même celle inférieure, puis je la suis devant le miroir tout en écoutant Rayan. "Maintenant, je m'occupe de la coiffure." commentai-je en attrapant les instruments de la coiffeuse à côté de moi. Pas de panique, ça fait partie de ma formation. "Un jour, j'm'occuperai de tes cheveux." dis-je à Rayan en commençant la coupe de Sydney. Si si, ça te plaira et ça ne te coûtera pas un rond !
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MessageSujet: Re: « shoes are for fashion, not fonction. » « shoes are for fashion, not fonction. » EmptyDim 24 Aoû - 14:33

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Un profond soupir, signe du désespoir que je ressens lorsque mon frère se met à agir tel un gamin de trois ans, s'échappe d'entre mes lèvres alors que finalement, je porte un regard sur ma montre. Les secondes défilent et c'est tout naturellement que Kenzo lâche enfin l'affaire. Pas très résistant, le p'tit, mais il fait des progrès, je me dois de le reconnaître. « Presque cinq secondes, monsieur devient un grand rebelle ! », lançais-je, armé d'un large sourire sur mes lèvres prouvant à quel point je me moquais de lui. Aucune crédibilité, pauvre jumeau. « Où ça t'as vu que je suis moche ? J'suis largement plus beau que toi. » Et tes lunettes en sont très largement la preuve, n'allons pas nous mentir. Je cherche d'ailleurs la prochaine imbécilité à débiter à l'encontre de son allure lorsqu'il porte à chaque fois ces affreuses choses sur son nez, mais pour l'instant, mon stock de blagues est épuisé. Ou alors, suis-je trop absorbé par le galbe de charmante blonde. « Ah ouais, c'est pas faux. J'attends toujours qu'un vent du sud se profile afin de confirmer mes pensées... » Celles selon lesquelles la demoiselle en question ne porterait pas le moindre sous-vêtement sous sa jupe, un poil trop courte. Avoir passé une semaine en convalescence chez le twin bro' nous a permis de grandement nous rapprocher, au grand désarroi de la future madame Kenzo qui a eu à sa charge non pas un bébé, mais trois, le bonheur au quotidien. Et les jumeaux Clives sont plus durs à gérer que ne le serrait le petit Charlie. Nul doute qu'un instant après, je tique en entendant prononcer le prénom de cette sublime Suédoise derrière laquelle je n'ai jamais cessé de courir depuis mon intégration chez les Delta. Certes, elle me manque, c'est indéniable, mais je garde en mémoire un père qui s'est servi d'elle pour m'atteindre. « J'suis amoureux de cette fille. », lançais-je une fois une brève description de Sydney faite. Evidemment, n'allez pas expliquer le concept de l'amour à Rayan, il ne connait strictement rien à toutes ces conneries. Un sourire se colle sur mes lèvres au moment où la jeune femme avance dans notre direction, mais se perd rapidement. Kenzo, ou l'art et la manière de faire une sale description de vous à une fille des plus canons. « Rayan. Oh oui, tout le plaisir est pour moi. Et faut arrêter de croire que j'suis le moins beau, entre lui et moi, y'a pas photo. » Que Meleya affirme que je sois mois beau, d'accord, ça passe, elle a le cerveau tellement embrouillé, mais Sydney, hors de question, j'en ai déjà fait ma prochaine proie. Un regard de prédateur coule sur la blondinette qui agrippe la housse et qui finit par s'éloigner. Ah, ces blondes, elles auront ma peau, à croire que certaines leçons ne m'ont pas servi. « Je savais que j'aurais dû faire appel à une masseuse afin que tu puisses te détendre un peu. » Face aux multiples questions de Kenzo, je suis généralement impuissant et il me fiche bien souvent un sacré mal de crâne dès qu'il commence à en poser plus de six à la fois. Une chance qu'il s'en soit tenue à cinq. Un large sourire s'étira également sur mes lèvres, répondant au sien. Evidemment, que j'étais tout aussi content d'être ici que lui, pour rien au monde je n'aurais manqué cette occasion de montrer mon soutien au twin bro'. Puis, autant dire que j'en ai bien besoin, histoire d'évacuer une bonne fois pour toute le stress provoqué par le séminaire et par le silence radio de ma mère adoptive depuis quelques temps. Je souffle donc un bon coup avant de commencer. « J'comprends pas que tout le monde puisse détester Shark. D'accord, il peut se montrer dur et exigeant, mais c'est pas non plus le Diable en personne. Y'a bien pire que lui. » Dans le genre Clives père qui a osé m'envoyer à l'hôpital. Mais je ne tiens pas à discuter du cas Joe Shark avec mon frère, il ne comprendrait pas tout ce que je peux lui trouver. « En fait, j'm'en faisais un peu pour rien parce que... mon Dieu ce qu'elle est bonne ! » Sydney vient de sortir de la cabine dans une tenue des plus somptueuses. Je ne pense plus à rien qu'à cette incroyable blonde vêtue d'une tenue que mon propre frère a conçue. « La robe, hein...Faut la faire revenir à Berkeley, sinon j'pars plus d'ici. », ajoutais-je furtivement après quelques secondes d'absence. Oui, en fait, la robe, c'est pas trop ma priorité pour le moment, je n'ai d'yeux que pour les traits parfaits de la demoiselle la portant. Un instant plus tard et je secoue la tête afin de retrouver un tantinet mes esprits, revenant aux questions posées un peu plus tôt par Kenzo. « Donc, oui, le séminaire... ça s'est bien passé. Se pavaner, garder une part de mystère, j'me débrouille bien dans ces domaines. Même si j'ai du mal à supporter l'odeur des comptes en banque bien remplis. Test réussi dans tous les cas, un jour j'serais le plus grand baratineur de la Terre. » Je réajuste la veste de mon costume sur mes épaules tout en arborant un air des plus fiers. Et dire que tout cela n'est que le début. « Et pourquoi tu t'intéresses subitement à mes écrits ? J'croyais que t'aimais pas les bouquins avec trop de textes et peu d'images. » C'est pas ce qu'il m'a dit, le jour même où je l'ai confronté en lui déballant que nous étions jumeaux ? Si, j'ai une bonne mémoire pour ces détails. Quant à ma mère, j'accorde un coup d'œil à mon portable. Rien de rien. Et c'est la raison pour laquelle j'évite de dire quoi que se soit concernant cette dernière, préférant me concentrer sur les moindres faits et gestes du frangin. Cependant, je fronce les sourcils lorsqu'il s'empare de quelques instruments de coiffure. Des fois, je me demande comment il fait encore pour garder une part de virilité, entre ses cris de femme apeurée, son cursus dans la mode et sa soudaine passion pour la coiffure. « Sans façon, je gère ça moi-même. » Personne ne touche à mes cheveux, c'est clair ? Si bien que je les coupe moi-même quand le besoin s'en fait ressentir et je m'en sors à la perfection. « Puis faire la coiffure de Sydney en cinq minutes, courage. Mais si tu sais manier aussi aisément le peigne et les ciseaux, ça devrait être un jeu d'enfant. » Où comment rajouter un coup de pression tout en se moquant quelque peu de lui...
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MessageSujet: Re: « shoes are for fashion, not fonction. » « shoes are for fashion, not fonction. » EmptyDim 7 Sep - 15:51


Oui, cinq secondes pour bouder, c'est un record, quoiqu'en dise ce fanfaron de première qui se réclame être mon frère. Ceci dit, qui peut empêcher ce sourire amusé de poindre sur mes lèvres ? Je suis ravi de le voir de nouveau sur pieds et le sourire au visage après cette altercation avec notre père. En un sens, sans le savoir, William a favorisé nettement un rapprochement supplémentaire entre Rayan et moi grâce à ce séjour à la maison. Soyons honnêtes, Meleya n'était pas mécontente de voir son "troisième gamin" repartir chez lui une fois rétabli, mais à présent, il va sans dire que notre lien est plus fort que jamais. Malgré toute la pression que j'accumule à quelques minutes de mon tout premier défilé d'essai en tant que créateur, je me soucie sincèrement de l'expérience vécue par Rayan au cours de son séminaire débuté quelques heures plus tôt. Même s'il pavane souvent avec le menton fièrement relevé, il n'en reste pas moins inquiet et désireux de percer dans la littérature. Loin de comprendre exactement l'ampleur de son projet, je souhaite qu'il se sente soutenu corps et âme par celui pour qui il a traversé le globe. Et naturellement, je n'ai même pas besoin de me forcer pour prêter attention à Rayan. C'est viscéral. Je lève la tête un instant de mon ouvrage en entendant la remarque du twin bro' sur Sydney. La robe, sincèrement ? Il ne saurait même pas faire un ourlet avec une agrafeuse. "Ah oui ? J'savais pas que tu faisais aussi attention aux robes et pas seulement aux filles dedans." Et on parle suffisamment fort pour être sûr que même à Guadalajara, tout le monde puisse entendre. Il est comme ça, Kenzo, il te met la honte juste pour se faire plaisir. Et souvent sans le faire exprès. Je lève les yeux au plafond avec un petit sourire en coin en l'entendant parler d'un retour de Sydney à Berkeley. "Aucune chance, elle te brisera le cœur. Enfin, à voir où il est placé, ce cœur…" Deuxième tour. Ce n'est pas parce que je suis moins littéraire que lui que je ne peux pas le chambrer à un égal niveau. Une fois la jeune femme installée pour sa coiffure et son maquillage, mon visage revêt une expression concentrée et sérieuse qui contraste sincèrement avec l'attitude que j'arbore au quotidien. L'artiste travaille, qu'on ne le distrait pas. Cependant, je n'en écoute pas moins les paroles du jumeau. "Quand j'parlais de mes goûts en matière de bouquins, je glissais simplement un petit conseil pour tes futurs best-sellers. Le visuel, frangin, le visuel compte beaucoup." Je glisse juste un regard taquin dans sa direction, il comprendra. Bien sûr que je le taquine. Je suis convaincu que Rayan a bien assez d'or dans les mains et dans la tête pour captiver un lectorat rien qu'avec des mots. "Mais après, peut-être que si tu me fais la lecture ou que t'emploies pas trop de mots compliqués, je pourrais capter ce que tu auras écrit !" Non, il ne plaisante pas, il est même très sérieux. Il s'imagine même déjà allongé dans son lit, bordé par sa petite femme, et avec Rayan sur un tabouret pour lui faire la lecture juste avant de s'endormir. Il est comme ça, Kenzo : rêveur. Idéaliste, même. Toutefois, Rayan aura toujours l'avantage de la culture pour lui. En ce qui me concerne, j'ai mis du temps à apprivoiser les coutumes et langues orientales de mes origines en raison d'un manque d'éducation. Inutile de dire que je ne suis encore qu'à mes débuts pour tout comprendre des langues et des habitudes occidentales. A côté de Rayan, j'ai parfois l'impression d'être un vrai boulet, je n'aurais pas pu tenir sans faire de gaffes dans un environnement aussi ritualisé que celui qu'il a connu dans cet hôtel tout à l'heure. De son côté, Sydney ne bougeait pas, attentive au moindre de mes mouvements malgré la rapidité du geste. "Tu ne devrais pas lui mettre la pression, trésor. D'après ses profs, ton frère est un vrai génie de la mode et de l'esthétique. Tu devrais en prendre de la graine." ajouta-t-elle avec son sourire le plus adorable en regardant Rayan de bas en haut. J'émets à mon tour un sourire en coin en glissant un baiser galant dans le cou de l'Égyptienne. "Tu m'diras combien je te dois à la sortie ?" J'opte pour un chignon un peu flou tout en effilant sa mèche devant son front afin de dégager son port de tête et allonger encore un peu sa silhouette. Les gestes sont rapides, maîtrisés et sans aucun tremblement malgré le stress. En deux minutes, la coiffure est faite, j'attaque le maquillage. Après avoir longtemps observé, touché et approché les femmes, j'aime faire ressortir leur beauté. Allez savoir si ce n'est pas Meleya qui m'a donné cette envie de concrétiser ce rêve. Tout ce que j'ai appris avec les femmes dans le bidonville de Dharavi en Inde, de la technique aux inspirations, je m'en sers aujourd'hui pour en faire un métier. Je n'ai pas le bagage intellectuel de Rayan, mais il est certain que nous partageons tous les deux une ambition de fauve : je ne serai pas un petit tailleur de pacotille. Je veux être le prince de la mode, imposer un style nouveau, lancer les tendances et décrocher la lune. Hors de question de jouer les seconds rôles, il n'y aura de la place que pour les plus audacieux sur le devant de la scène… et Kenzo Ibrahim Clives-Barkha est fait pour briller sous les projecteurs. Oser ce que les autres n'oseront pas. "Voilà, tu es prête !" Sydney se lève de sa chaise puis se tourne en s'observant sous toutes les coutures dans le miroir psyché face à elle. Pas un commentaire hormis un immense sourire et un pouce levé en l'air.
Quinze minutes plus tard, elle défilait en clôture. Rayan avait rejoint Shark au premier rang, ainsi que Marc, tandis que j'observais le défilé depuis les coulisses face à l'écran qui retransmettait les images en direct. Des murmures, des hochements de tête, des applaudissements… Les deux mains jointes devant ma bouche, je me mettais à prier toutes les divinités existantes et inexistantes du cosmos. Anna Wintour se trouvait elle aussi au premier rang, impitoyable impératrice du bon goût jugeant mon travail au travers de ses sempiternelles lunettes noires. Des lunettes de mouche, comme j'aime à les appeler. Lorsque le tour de Sydney arriva, la styliste défila comme une reine, le regard fièrement porté sur l'horizon. La robe épousant le moindre de ses gestes, j'écarquillais les yeux en voyant plusieurs professionnels se regarder avec d'immenses sourires conquis. La jeune femme tourna sur elle-même et adressa un rapide clin d'œil vers les sièges de Rayan, Joe et Marc avant de retourner vers les coulisses pour prendre le micro des mains du technicien qui lui tendait. "C'était le dernier de nos couturiers et stylistes à suivre, Kenzo Clives-Barkha, mesdames et messieurs !" Je sors enfin de l'ombre, changé de la tête au pied pour l'occasion. Un costume en soie fait par mes soins, taillé sur mesure dans un tissu bordeaux légèrement satiné. La présentation avant tout. En cachant mon intimidation le plus possible, je salue les spectateurs qui se lèvent pour applaudir le défilé, imités par Sydney juste à côté de moi. Même Wintour est debout et incline légèrement la tête avec un imperceptible sourire en coin. Essai transformé pour ce premier défilé.
Lorsque tout le public est parti, je me retrouve dans les coulisses, assis sur un tabouret, blanc comme un linge. La pression retombe et je me sens pratiquement vidé comme une pile en fin de vie. Je bois le verre d'eau citronnée qu'on m'apporte puis je lève la tête en voyant Marc arriver au pas de course, Rayan sur ses talons. Le rédacteur de mode se jette sur moi en sautillant. "Chéri, ils t'ont a-do-ré ! Isaac Mizrahi, Vera Wang, Lagerfeld, Donna Karan… et j'ai même entendu Anna Wintour vociférer à son assistante qu'elle la virait pour n'avoir pas fait en sorte de te faire venir dans son bureau avant le défilé !! Tu vas te retrouver avec une pub d'enfer et des défilés à gogo !!" J'hoche la tête avec un petit sourire en regardant mon frère. Si je suis silencieux et que j'ai la tête un peu basse, il sait que ça veut dire que je suis épuisé. Ému. Et que j'ai besoin de laisser toute cette pression s'essouffler pour mieux réaliser ce qui arrive. "Il faut que je raconte ça à Sydney après !" Marc s'en va tandis que Sydney arrive… au bras de Joe Shark. Celui-ci la regarde intensément de bas en haut avant qu'elle ne l'embrasse sur la joue. Je jette un œil à Rayan en arquant un sourcil. Toujours aussi enjoué, le twin bro' ?
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