Jeudi...
D'un mouvement lent de la tête, Lucrezia regarda par la fenêtre d'un des grands amphithéâtre de Berkeley; un des amphithéâtres dans lequel elle avait cours, bien entendu. Alors que la dernière heure de torture se faisait sentir, la blondinette, elle, souffrait depuis bien plus longtemps. Toute honteuse d'avoir engouffré un hamburger bien gras à midi, non sans une envie des plus coupable, elle sentait ce besoin d'éliminer la mauvaise graisse qui s'était logée dans son corps. Elle tapotait le banc en bois clair de ses longs ongles, cheveux ramenés sur le côté droit quand soudain la cloche sonna, tel le glas salvateur, celui qu'on devait certainement entendre lorsque c'était la fin. Elle haussa les épaules, ramassa ses affaires à la hâte et, juchée sur ses talons hauts, se précipita à l'extérieur. Lucrezia en profita pour jeter un coup d'oeil à son précieux téléphone portable: il était 19H00.
En un éclair, les salles de sports de tout San Francisco firent le tour dans son esprit. Et elle tomba sur celle dont elle avait besoin, cette si précieuse salle qui se trouvait dans le Western Sans Francisco mais qui était ouverte H24. Elle courut dans les couloirs pour regagner en hâte sa chambre avant de balancer son sac de marque sur son lit. Elle enleva ses talons et alla prendre une douche. Elle avait beau vouloir faire du sport, avoir transpiré toute la journée à l'université ne lui inspirait pas le plus profond des sentiments. Et puis qui avait dit qu'on ne pouvait pas être propre avant d'aller faire du sport également ? Une fois cela fait, elle enfila sa tenue, celle qu'elle utilisait spécialement lorsque souffrir rimait avec perdre des calories. Le jogging qu'elle portait moulait à la perfection ses hanches. Elle ne se cachait pas, si elle pouvait en profiter pour draguer, elle ne se gênait pas, c'était dans sa nature et elle ne changerait pas de si tôt. De toutes les façons, s'il fallait blâmer quelqu'un, s'était sa mère. C'était à cause d'elle si Lucrezia était ce qu'elle était aujourd'hui, une collectionneuse d'homme. La vérité était en réalité bien enfouie au fond d'elle même: ce dont elle avait le plus peur était de tomber sur quelqu'un qui saurait la comprendre et lui montrer que l'amour n'était pas une chose vouée à l'échec, en résumé, elle avait peur de tomber amoureuse.

Elle enfila une veste assortie à son bas, attrapa son sac de sport et courra presque jusqu'à sa voiture. Elle jeta le sac à l'arrière et démarra en trombe. En arpentant les rues de San Francisco, lancée à une vitesse raisonnable, Lucrezia laissa sa fenêtre ouverte. Ses longs cheveux blonds dansaient au rythme de l'air qui s'engouffrait dans le véhicule; elle adorait cette sensation, ayant l'impression d'être plus libre qu'à l'accoutumé. Un sourire étira ses lèvres roses; la si attendue salle en vue, elle donna un coup de volant et entra dans le parking réservé à la clientèle. Elle se dirigea d'un pas assuré jusqu'au vestiaire, ne manquant pas de saluer au passage le coach responsable à cette heure (un jeune homme d'environ 25 ans, bien battit dont elle aurait volontiers fait son affaire). Une fois à l'intérieur, elle ouvrit son casier pour terminer de se préparer. Elle sortit de son sac une serviette propre, moelleuse et de couleur violette, un élastique qu'elle utilisa dans la seconde pour attacher ses cheveux et sa bouteille d'eau si précieuse. Enfin elle verrouilla son casier à l'aide d'un code et s'engagea dans la salle, il était presque 21H00. Lucrezia balaya l'ensemble du regard et se rendit compte qu'il n'y avait presque personne, à l'exception d'un homme un peu plus loin. Tout instinct dehors, elle bomba le torse, faisant ressortir sa poitrine et fonça dans sa direction. Plus elle s'approchait plus il lui semblait que la silhouette était familière. Affirmatif ! Elle l'avait rencontré quelques jours plus tôt, dans une boîte alors qu'elle s'y trouvait en compagnie de son frère. La blonde avait le plus grand mal à tenter de garder l'homme à qui elle était lié par le sang loin de la bouteille.  Et cet homme n'avait pas arrangé la situation lorsqu'il était arrivé, un air innocent pour faire ami ami. Lucrezia lui aurait arraché les yeux et encore plus lorsqu'elle s'était rendu compte qu'il proposait tout bonnement à son frère de lui payer à boire (et bien sûr, il ne s'agissait pas là de jus de fruits ! Elle aurait préféré !). L'ultime tentative avait été déployée pour éloigner l'individu, tentative qui ne lui demanda pas tant d'effort que cela lorsqu'elle remarqua que l'homme en question n'était pas si désagréable à regarder en réalité. C'était quoi son nom déjà ? Elle pencha la tête sur le côté un instant, Shawn... Oui c'était certainement ça ! Elle plaça sa serviette sur son épaule gauche et vint se placer devant le minet qui s'attachait à soulever une ou deux altères. Lucrezia s'appuya à la machine qui était la plus proche, croisant les bras, un air un brin provocateur sur le visage:

-C'est tout ce que tu peux soulevez ? Je suis certaine que tu peux faire mieux !

Elle accompagna sa pique d'un haussement de sourcil et d'un petit sourire malicieux. Fallait dire que s'il venait à répliquer, elle allait être maligne. Elle pouvait toujours se défendre, toutes armes dehors et jouer adroitement des hanches, situation qui ne lui déplairait pas forcément.