Etre réalisateur ne signifie pas seulement diriger une équipe de tournage. Ses attributions vont au-delà de cela. Il doit respecter quatre étapes cruciales du film. La préparation de ce dernier avec la prise de connaissance du scénario, le découpage des scènes, le choix des lieux et des acteurs. Le tournage avec la gestion du personnel et du matériel ainsi que le respect du budget. La post production avec la supervision du mixage et du montage sans parler du choix de la bande son. Puis finalement il aide la distribution à promouvoir le film.

Actuellement je suis à la fois acteur et réalisateur sur un projet de film mélangeant l’érotisme et l’épouvante. Jamais je n’avais cru pouvoir créer un jour ce type de schéma. Cela n’était pas dans mes ambitions. Cela ne l’a jamais été. Pourtant ce n’était pas la faute de mon agent pour avait souhaité à plusieurs reprises m’engager sur cette voie. Etant un homme extrêmement pudique, j’avais toujours refusé. Sur le tournage actuel, ce qui me plaisait avant tout, c’était mon rôle, non pas de acteur, mais de créateur. Je voulais accorder de nouvelles cordes à mon arc. Élargir mon champ de vision mais aussi de compétence. Et si cela devait finalement passer par la sensualité, je n’avais pas vraiment le choix. Allé hop ! Je devais me lancer… « Attention…. Action ! » Clac ! La scène qui se déroulait devant l’objectif de ma caméra se déroulait dans une chambre d’hôtel. Les choses devenaient dangereusement sérieusement entre la femme vampire et sa proie : un ivrogne trouvé à la sortie d’un bar. De part mes mots, il fallait éventuellement comprendre à du sexe entre les deux partenaires. « Stop ! » Je coupais la caméra pour m’avancer vers les comédiens. « Savez vous faire la différence entre de la pornographie et de l’érotisme mes gens ? » Dépité, je me permettrais de remonter davantage le couverture sur la nudité d’Alsheva. Cette dernière n’avait pourtant que la poitrine découverte. Mais cela me gênait. Les joues empourprées, je retournais à ma place quand…

Plus on avançait sur le film et plus ce que je craignais arriva à grands pas de loup : mon malaise face à la nudité. Je n’ai jamais été un homme qualifié de coureur de jupons au tableau de chasse impressionnant qui couperait le sifflet à plus d’un macho. Je n’étais pas non plus de l’autre bord : celui dont la société actuelle s’ouvre gentiment, quoique des fois cruellement encore, celui de l’homosexualité. Je n’avais rien d’homophobe puisque j’étais assez large d’esprit. La nudité féminine était tout simplement des plus discrètes dans ma vie privée. Et dire que j’étais marié… Je réalisais en m’éloignant d’Asheva pour une quelconque raison que jamais je n’avais vu Romane en tenue d’Eve. Du moins, pas dans mes souvenirs… Le mariage n’est pas toujours évident en réalité. Aujourd’hui, j’étais séparé de ma moitié et notre union officieusement passée n’a pas encore été consommé. En perdant ma dulcinée, j’avais perdu avec elle l’espoir de vivre comme un homme normal sans complexe ni frustration. Oui car je peux vous confirmer qu’avoir une vie sexuelle frôlant le zéro pointé à mon âge n’était pas simple au quotidien. Je levais les yeux à la remarque de l’actrice non sans être gêné sur son conseil de visionnage d’œuvres. Me tournant vers la fenêtre tout en feuilletant le script de la scène suivante, je levais un instant le regard vers une demeure du trottoir d’en face. C’était le logement où habitait ma future ex épouse. J’espérais de tout cœur y voir de la lumière, mais surtout apercevoir celle pour qui mon cœur chavirait. En vain… Tout était éteint et il semblait y avoir personne à l’intérieur. Dire que j’avais choisi exprès cette chambre d’hôtel… Je me faisais bien plus de mal qu’autre chose au final.

Avant ce jour, je n’avais jamais fréquenté de nudiste. Il faut bien une première à tout. Faisant de nouveau face à ma collègue qui ne cessait de me harceler d’idées sur ma façon de travailler visiblement déplorable, je soupirais en cachant mon regard sur le corps de mon interlocutrice. «  Asheva… » Je sentis mon visage chauffer davantage sous la honte. J’avais un comportement puéril. J’en étais conscient. La laissant boire de son côté, je pouvais respirer un peu du mien. Puis elle revint à la charge se faisant curieuse sur ma situation professionnelle. Bref, si cela en restait là pas de problème. «  Disons que j’ai seulement quelques projets à mon actif. J’en suis encore à mes débuts. Sinon je n’ai pas de boîte attitrée. Je bosse là où mon agent me déniche des contrats c’est tout. Et toi ? »Sur le tournage actuel, j’avais déchargé mon rôle de recruteur sur le producteur car j’étais dans l’incapacité de venir au casting. Je ne connaissais donc pas plus que cela les acteurs ici présents.