Je referme mon ordinateur satisfaite de moi même. Satisfaite c'est peut être un bien grand mot non ? Ce n'est sans doute pas ce projet là qui va me rendre célèbre dans le monde entier, et puis il y a autre chose à dire je n'ai pas été tout à fait honnête avec la personne dont je me suis servis pour ce documentaire. Et par pas tout à fait honnête j'entends : pas du tout en réalité. Je n'ai pas dit à JT que mon documentaire était à propos de celui qui me pourrit la vie, à vrai dire il n'a pas demandé, est ce que je lui aurais dis dans tout les cas ? Je ne sais pas vraiment, peut être. Peut être pas. De toute façon maintenant le film est finit.
A la base quand j'ai demandé à mon boss d'être mon sujet d'étude tout ce que je voulais c'était me défouler sur lui, sauf que j'ai découvert au grès de nos aventures qu'en plus d'être un pitoyable petit pervers arrogant, c'est aussi un ex drogué qui a un coeur, ou plutôt qui fait semblant de ne pas en avoir ce qui est je l'avoue un peu affligeant, mais ça ne fait que rajouter du charme à cet odieux personnage. Oui, c'est bien moi qui vient de penser ça. Heureusement qu'il n'est pas là pour l'entendre d'ailleurs... Ca ne lui ferait que trop plaisir.
Toujours est il que mon documentaire ne ressemble plus réellement à parler du grand méchant loup. Ca ressemble juste à un vrai documentaire avec la prise dans le bureau comme je l'avais imaginé : celle où il confesse quelques brides de sa vie passé, je ne voulais pas non plus trop forcé sur le mélo parce que ça n'aurait fait que m'éloigner d'avantage de mon sujet principal, bien qu'après une énième répétition je me demande si ça a encore quelque chose à voir d'ailleurs avec le sujet de départ.

Allongée sur mon lit je me demande si je ne devrais pas faire une sieste ou faire quelque chose tout  cours quand la sonnerie de mon portable retentit. Ok. Pas n'importe quelle sonnerie la sonnerie spéciale JT, ou plutôt spéciale connard... Mais je ne vous dirais pas quelle chanson c'est vous risqueriez d'être choqués. Je soupire et décroche.
Au bout de quelques minutes je raccroche. Apparemment il ne peut plus se passer de moi... Peut être que c'est le moment de lui montrer. Il m'a déjà posé des questions sur mes avancées depuis que j'ai arrêter les prises de vue depuis presque deux semaines, et à vrai dire jusque là je n'étais pas très sûre de devoir lui montrer ou non. Toujours est il qu'alors que je me prépare pour aller travailler, je jette un coup d'oeil à mon ordinateur posé sur le lit et décide de le prendre avec moi juste au cas où.
Après la douche je passe donc un collant en laine tressé blanc, une robe fluide fauve, et les bottes assorties, je sèche rapidement mes cheveux et les laisse détacher. J'attrape mon sac, mon ordinateur, mon manteau et mes gants et je file prendre un taxi. Non, je n'ai pas de voiture si c'est la grande question que vous vous posez... Je travaille déjà pour arriver à me payer le taxi, et quelques dépenses par ci par là alors toutes les dépenses liées à une voiture... Je ne vous en parle pas.

Je passe mon badge sur le dernier portique et j'ai enfin accès à l'ascenseur. Je monte à travers les étages, pour arriver enfin à celui qui m'intéresse.
Après avoir passé différent couloir, j'arrive devant la porte de JT, je tape deux fois, et l'ouvre sans m'annoncer. Après tout qu'est qu'il pourrait bien faire d'autre que travailler ? Non c'est stupide comme question, c'est JT il y a plein de choses qu'il pourrait faire dans son bureau... Même seul. Enfin bref tant pis je suis déjà dedans.
« Tu voulais me voir ? »
Tout en disant cela je pose mon ordinateur contre le porte manteau et y accroche mon manteau et mon écharpe.
Je reviens vers le bureau et indique du doigt mon ordinateur dans sa pochette.
« J'ai finit le montage... Si ça t'intéresse toujours. »
Je ne doute pas vraiment de quelle va être sa réponse, mais à la base je ne suis pas non plus venue ici pour faire mumuse avec mon nouveau jouet, sinon pour travailler non ?

C'est sans prendre de pincette et comme d'habitude que j'entre dans le bureau de JT sans attendre de réponse. Au pire si je le trouve entrain de faire un truc louche ça ne ferait qu'affirmer la plus qu'hypothèse pour moi qu'il est bizarre, même si j'avoue que mon opinion sur lui à quelque peu changé depuis le début du tournage. Déjà qu'il dise oui sans savoir le pourquoi du comment m'a prouvé une chose : qu'il me fait plus ou moins confiance. Après j'ai découvert qu'il avait un truc dans sa poitrine qui était un coeur et qui donc ne fait pas de lui quelqu'un de différent à tout être humain, le côté pervers en plus sans doute. Cependant la vérité est là John-Thomas Dalembert n'est rien de plus qu'un jeune chef d'entreprise à un futur sans doute prometteur et qui est passé par un mauvais moment il y a quelques années. Voilà de quoi faire pleurer dans les chaumières, ou juste me faire dire que peut être je dis bien peut être il pourrait être moins répugnant à mes yeux.
Enfin je pensais ça jusqu'à ce qu'il ouvre la bouche.
« hey !!! Tu pourrais attendre que je réponde ? Imagine que je sois en train de me masturber ou de me taper la comptable »
Il commence à rire et je lève les yeux au ciel. J'ouvre la bouche pour répondre, mais la referme aussitôt quand il se reprend.
« ok ok désolé j’avais promis, et oui je voulais te voir James, pour deux choses, la première, j’ai du travail pour toi et la seconde… »
Oui il avait promis. Une promesse qui pourtant à l'air vraiment dure à tenir si j'en crois son comportement. Mais bon au moins apparemment je suis là pour autre chose que pour qu'il regarde mon derrière ou mes seins.
Alors qu'il pose la clef USB habituelle sur le coin du bureau, je lui fais mention du fait que j'ai finit le montage.
D'un seul coup la clef USB disparaît de mon champ de vision, et je me retrouve face à un JT avec le regard d'un enfant juste avant de découvrir ses cadeaux de noël.

« ha ! Evidemment que ça m’intéresse !!! Laisse tomber le boulot pour le moment et montre moi ça ! »
Je reprends ma pochette m'assois en face de JT et allume mon ordinateur. Doucement le ronron de l'ordinateur retentit, et je lève les yeux vers mon patron.
« Et au passage : je suis presque sûre que tu t'es déjà masturbé pendant que j'étais là et même si tu l'as jamais fait je suis sûre que ça te dérangerais pas de le faire en ma présence, et puis j'ai déjà briefer la comptable, qui m'a dit qu'avec elle tu te comportais absolument pas comme ça, alors bon... »
Une fois que j'ai finit mon gentil petit commentaire avec le sourire, l'ordinateur est prêt. Après quelque clic la vidéo est prête à être lancée. Je soupire un bon coup, et lui donne l'ordinateur. A vrai dire je suis un peu stressée, voir même pire que ça. Je n'ai jamais fait de documentaire sur quelqu'un en particulier, alors faire un documentaire sur quelqu'un et en plus le montrer à ce quelqu'un... Je vous laisse imaginez.
« Je te préviens je ne suis pas Arthus Bertrand. Enfin en même temps tu n'es pas les grand lion d'Afrique, un pingouin ou quoi que se soit d'intéressant dans le genre.»
Ok, dire des vacheries directement à la tête de JT ça fait du bien.

Il lance la vidéo et je soupire encore une fois. Il faut vraiment que je me calme.
Voilà le topo du documentaire : Un plan global tout d'abord sur la vie de JT ce qu'il a accomplit, ce qu'il fait maintenant, ce qu'il pourrait faire d'après lui. Puis ensuite comment il en est arrivé là, et pourquoi, ce qui l'a motivé, et bien sûr le passage sur la drogue. Je ne vois pas les images. Je les ai assez vues comme ça. Cependant j'entends très bien ce qu'il se dit : la voix de JT, mais aussi la mienne en voix off, posée, tranquille, incisive. Sauf que voilà : c'est complètement hors sujet. Complètement hors sujet dans le sens ou je devais faire un documentaire sur le méchant. Enfin bien sûr il n'y avait rien dans la consigne qui disait que je devais monstrifier le méchant, mais quoi alors. Aaaah ces cinéastes et leurs idées stupides...   Enfin bref ce n'est pas ça qui me dérange le plus parce que je savais déjà -et à partir du moment où JT a commencé à me parler de ces problèmes de drogue- que ça allait être hors sujet. Je ne sais pas rendre méchant des gens qui ne le sont pas, je suis trop optimiste, et saine d'esprit pour faire quelque chose du genre. Alors voilà, ce qui me gêne maintenant c'est que ce documentaire met absolument en valeur le personnage qu'est mon patron.Et voilà... Maintenant c'est fini. Quel va être le résultat ?
Je croise les bras sous ma poitrine, et me cale au fond de la chaise.

Oui, je dois avouer que je ne suis pas tendre avec mon boss. En même temps c'est ce genre de relation qu'on a depuis le début non ? Il s'est très rapidement permis de me faire toutes sortes de réflexions, ou de me mater ouvertement... Mais je dois avouer que j'ai mis plus de temps avant de trouver au fond de moi l'envie de lui répondre de la même façon qu'il le fait lui.
« J’aurais du t’emmener au zoo, dans ce cas, je t’aurais payé une glace… »
Je souris, la répartie me vient seule.
« Oui t'as raison, j'aurais put profiter du temps où tu serais partie pour appeler les gardes du zoo pour lui signaler que t'avais disparu de ta cage. »
Un grand sourire vient fendre mon visage histoire de bien lui faire comprendre mon point de vue sur la chose.

Voilà le grand moment est arrivé. JT est la deuxième personne à voir mon travail, la première c'était mon père, je voulais un avis avant de le montrer à JT. Enfin je sais que c'est pas vraiment un avis objectif, mais lui au moins quand il l'a vu il était au courant du sujet. Et il m'a exactement dit ce que je pensais : ce n'est pas dans le sujet. Là je ne parle pas du grand méchant de ma vie, je parle quelqu'un de brillant, qui a réussit dans la vie malgré un vrai départ difficile.
Je pense à tout ça alors que j'entends ma voix alternée avec celle de JT dans le documentaire. Oui je ne suis pas vraiment dedans, mais en même temps je l'ai vu de nombreuses fois.
C'est la voix de JT qui me sors de mes pensées.
« tu m’as scotché… Je ne m’attendais pas à ça… »
Malgré moi je rougis. Sawyer un peu de nerf tu n'es même pas sûre que ce soit une éloge. Enfin il a quand même l'air scotché, mais quand même ça peut être négatif. Enfin je n'en sais absolument rien.
Il me regarde dans les yeux, et je me mors la lèvre automatiquement.

« -je ne comprends vraiment pas pourquoi c’est sur moi que tu as choisi de faire ce devoir… Des étudiants menant de front études et vie professionnelle, ce n’est pas ce qui manque ici à Berkeley, je suis loin d’être une exception… Alors, je vais te faire un aveux, en te disant pourquoi moi j’ai accepté, en fait quand tu m’as proposé ça, j’me suis dis « y’a une embrouille là » c’est pour ça que j’étais un peu hésitant au départ, mais j’ai finalement accepté pour savoir ce que tu mijotais réellement, mais, bien visiblement je m’étais trompé sur tes motivations, sorry… »
Je baisse les yeux moi qui d'habitude suis la première à regarder les gens dans les yeux quand on parle, ou quand j'ai quelque chose à dire. Cependant... Cependant voilà maintenant je passe pour une mauvaise personne. Oui une mauvaise personne, qui a fait un film bien, malgré le fait qu'à la base c'était pour un mauvais motif. Je m'en veux maintenant de ne pas avoir été sincère avec JT. Au moins aussi sincère qu'il est en ce moment avec moi. Parce que c'est ça non? Là je n'ai pas à faire à JT le pervers.
« Je... Je n'ai pas été très honnête avec toi. »
Je garde les yeux baissés, il faut que je trouve le courage en moi même pour faire quelque chose non? Ou au moins pour être sincère. Tant pis si je me fais virer après. Au moins j'aurais été fidèle à moi même. Je relève les yeux vers JT, et tente de reprendre un peu confiance en moi.
« J'avais un autre motif que de faire un documentaire sur un élève modèle quand je t'ai demandé de faire le documentaire. »
Oui c'est bien par là qu'il faut commencé. Je marque une pause. Je sais faire durer le suspens, après tout je suis une actrice, mais aussi maintenant scénariste et réalisatrice, je sais comment ménager mon public, le tromper, enfin bref tout faire au mieux pour faire une bonne histoire. Mais là c'est de la vraie vie qu'on parle non ?
« Le thème du projet pour mon cours c'était : le grand méchant de votre vie, et moi j'ai décidé de t'étudier toi. »
Je sais que dis comme ça c'est quelque peu bizarre, mais pour le coup c'est la vérité. Ca peut paraître puéril au possible, et pourtant ça ne l'est pas non ? Après tout ça partait d'une mauvaise attention, à la base je comptais faire un film qui le démonterais minute après minute. Suis je trop gentille ? Pas assez d'ambition ? Non. Juste une puriste. C'était un documentaire qu'on nous avait demandé de faire pas un film de science fiction. Et dans un documentaire il s'agit de dire la vérité au monde, pas de lui mentir.
« Avant que tu ne dises quoi que se soit je tiens à te dire que j'ai finalement rapidement réalisé que ça ne serait pas possible de faire ce genre de reportage sur toi. Tu n'es pas le grand méchant, désolée – ou pas- de te l'apprendre comme ça. »
Je passe ma main dans mes cheveux, et attends la réponse de JT.

Voilà, j'ai craqué. J'avais un documentaire à faire,je n'ai pas rempli tous les critères que j'étais sensées remplir... J'aurais put ne jamais dire à JT le thème réel de mon documentaire car après tout il ne se voit pas dans mon travail. Mais ça aurait voulu dire que je n'aurais pas été honnête. Et ça je ne sais pas faire. Alors voilà la vérité est dite, et j'ai l'impression que ça a fait plus de mal que de bien. Cependant je ne peux m'en prendre qu'à moi même car j'aurais très bien put choisir quelqu'un d'autre que lui, il y a d'autre gens horrible sur Terre. Enfin non ce n'est même pas ça que je devrais dire, car JT n'est pas une personne horrible. Il est quelqu'un de normal avec des ambitions, des projets, des qualités et des défauts, ainsi que des déboires, mais qui n'a pas de cadavre dans son placard ? On a tous quelque chose à nous faire reprocher, personne n'est blanc comme neige, j'aurais du m'en apercevoir seule et pas attendre autant de temps. Après ses semaines de travail je dois avouer que je ne le déteste plus. Il s'en rendu plus humain à mes yeux que je ne l'aurais jamais imaginé. Bien sûr je n'irais pas lui dire ça en face il ne comprendrait sans doute pas où je veux en venir, et interpréterait mal ces quelques paroles...

Il passe un petit bout de temps à me regarder en silence. Moi aussi je reste silencieuse. A vrai dire je ne sais pas quoi faire, ni quoi dire. Il à juste l'air... Bizarre, très sérieux, je l'ai rarement vu avec cet air là. Et pour la première fois depuis que j'ai commencé à travailler pour JT j'ai l'impression que mon boulot pour lui est quelque peu en danger. Je ne sais pas trop... A vrai dire je ne le connais pas, et ne suis donc pas capable de prédire une quelconque réaction. Je ne suis pas très à l'aise, mais plutôt que lui donner la chance d’apercevoir une faille dans mon jeu, je reste très calme, et attend qu'il reprenne la parole. J'assume très bien le faux pas que j'ai commit même si je n'en suis pas fière.
« je ne sais pas si je dois t’en vouloir ou t’être reconnaissant de m’avoir tout dit et de ne pas être allé au bout… »
C'est une bonne question. A laquelle je ne répondrais évidemment pas. Je ne veux pas qu'il pense que je me crois en danger, et je ne vais pas aller me mettre à genoux devant lui pour qu'il me garde. J'ai une certaine fierté, et je n'ai pas peur.
Il referme mon ordinateur et me le rend. Et voilà que la clef USB refait son apparition. Bien, je ne suis pas virée c'est déjà ça. Est ce que je suis mise à l'épreuve ? Est il sadique et espère t il me faire culpabiliser davantage pour que je finisse pas demander ma démission toute seule comme une grande ? Si c'est le cas il va attendre longtemps, mais une petite voix dans ma tête me dis que j'ai vu trop de film, et que ça ne se passera pas comme ça. D'ailleurs je crois qu'il est encore un peu sous le choc et qu'il n'a pas encore eut le temps d'avoir ce genre de pensées à mon égard.

« je sais qui je suis, ni un « grand méchant » ni un « grand gentil », j’aime surtout attirer l’attention en réalité… Mais tout cela démontre dans le fond que tu es intègre, ça me conforte dans mon choix lorsque je t’ai recruté… »
Je fronce les sourcils. Est ce un compliment ? Au vu de la situation dans laquelle nous sommes j'en ai pas vraiment l'impression...
Je récupère la clef USB, et baisse les yeux vers la main qui la tient, avant de regarder à nouveau JT pour hocher la tête quand il me dit ce que je dois faire. Oui, je connais la rengaine maintenant et je sais qu'elles sont mes tâches. Et à l'évidence il ne va sans doute plus être question de faire un documentaire sur qui que se soit maintenant.

Je me lève de ma chaise, range mon ordinateur personnel, et prend celui qui est dans le bureau, réservé pour moi -enfin pour l'assistante que je suis-, l'allume et commence à travailler, en silence. J'ai l'impression qu'aujourd'hui nous n'aurons pas le droit aux blagues habituelles mais tant pis.
Il est 19h quand je finis enfin d'imprimer le dernier rapport, et que j'éteins enfin l'ordinateur. Nous sommes restés silencieux tout le temps que j'étais été là, sauf bien sûr pour parler boulot, mais juste les banalités de base, des questions sur des chiffres et des noms dont j'avais besoin pour classer. Je prends mes affaires laissées dans l'entrée du bureau et me tourne vers JT.
« J'ai finis, je rentre à la fac... A demain. »
Oui je sais c'est loin d'être chaleureux tout ça... Je me tourne finalement pour ouvrir la porte, plus ou moins convaincue sur ce qu'il va se passer demain...

J'ai envie de dire que le pire est passé, et que de plus, je n'ai pas perdu mon poste. Malgré tout j'ai l'impression que c'est une maigre compensation. Mais compensation de quoi ? J'ai l'impression que quelque chose va définitivement changer à partir de maintenant, et que les choses ne seront plus jamais comme avant. Déjà il y a quelque chose de sûr, c'est que notre opinion sur l'autre à changer. Je pense que JT ne me voit plus maintenant comme la gentille petite secrétaire, et moi je suis passée au dessus de patron pervers qui n'en fait qu'à sa tête. Cependant maintenant on en est où ?
C'est en me posant donc tout un tas de questions, qui restent silencieuse et qui n'auront sans doute jamais de réponse, que je travaille, près de JT. J'ai tendance à être bavarde, c'est vrai, même si avec lui moins, et on parle parfois de choses et d'autre que le boulots, mais là pas du tout, on ne parle absolument pas sinon des fiches que je dois remplir, des mails à taper et à transmettre. Ca crée un malaise, et j'ai l'impression que ça va durer longtemps comme ça, si personne ne fait rien.

Une fois le travail fini je décide donc qu'il est grand temps pour moi de partir. Et donc après avoir rangé mes affaires, je prends naturellement la direction de la sortie.
Quand ma main se pose sur la poignée, JT prononce mon nom. Machinalement je me retourne, m'attendant à ce qu'il fasse un commentaire sur le travail de demain, ou même sur le fait que je sois virée, pour le coup je ne m'attendait vraiment pas à entendre ce qui va suivre.

Il se lève se rapproche de moi, et quand il s'arrête il m'explique son plan. J'écoute attentivement me demandant si il me demande vraiment de faire un voyage d'affaire avec lui, ou si je rêve. Apparemment c'est bien le cas, du fait je porte l’oreille sur ce qu'il a à faire, quel sera mon job à moi, et notamment sur les chiffres qu'il donne quand à mon salaire. Ca me semble un peu hallucinant qu'il me demande ça à moi, alors que y'a quelques heures il tirait une tronche de 6 pieds de long parce que je venais de lui apprendre qu'en réalité j'avais commencé mon documentaire pour une motivation... Cachée. Mais pire encore, il me demande encore de filmer. J'ai cru comprendre que mon travail lui avait plut finalement, mais pour moi la tendance c'était inversée quand je lui avais dit le pourquoi du comment. J'ai très bien compris ce qu'il attend de moi, mais je suis perdue, est ce que c'est une sorte de test ? Est ce qu'il pense que vu que je lui ai fait une crasse maintenant je lui suis redevable ? Je n'ai pas encore bien cerné le personnage, et je ne le connais que professionnellement, et puis je doute que le pervers qu'il me montre tous les jours fasse vraiment partie intégrante de lui. Alors pourquoi moi ? N'y a t'il personne d'autre que moi ?
Encore une tonne de questions se bousculent au portillon.
Il semble remarquer mon hésitation, et rajoute donc une dernière remarque de sa signature, et je dois avouer que ça me rassure quelque peu... Je n'ai pas l'impression qu'il m'en veuille particulièrement. Malgré tout est ce que je dois accepter ?
« Je … Je sais pas. »
Et l'oscar de la meilleure réponse revient à *roulement de tambours* … Sawyer April-James.
« Enfin je veux dire, oui je suis disponible, mais tu vois là je pensais que je serais plutôt le bouc émissaire plutôt que la personne à mettre en avant en me proposant cette prime. Est ce que je vais avoir droit là bas à une quelconque punition ? Et n'entend par là rien de sexuel merci. »
Je suis un peu plus détendue que 3 secondes auparavant, mais je dois avouer que je me pose des questions, d'où ma franchise : je n'aime pas passer par 4 chemins.