❝ And we'll keep on fighting till the end ❞

NOAH&LUCAS   C’était ma pause déjeuner, et en guise de repas je m’étais pris un sandwich, un gros. Plus un fruit pour le dessert, et tout cela j’allais le déguster sur le toit de l’université. J’imagine qu’on y va tous, en parlant des étudiants, lorsqu’on veut un peu de repos. En haut, c’est tranquille. Pas de gros bruits, juste un petit fond sonore qu’on est obligé de trouver dans un tel établissement. Mais ça faisait du bien de se ressourcer là-bas. Ou du moins, moi j’adorais le faire. Exceptionnellement aujourd’hui. J’avais besoin de repos, mais surtout : je voulais un peu me cacher des autres. Oui, en gros je les évitais. A croire que je me suis levé du mauvais pied ce matin, mais on a tous ce coup de blues, inexplicable mais que l’on ressent. Il n’y a pas de mot pour ça, et c’est bien pour cela qu’on souhaite ne pas croiser de l’entourage. Soit on les envoie boulet à cause de notre mauvaise humeur, soit ils nous prennent pour un grand déprimé. Et je voulais éviter tout cela. Mais ce n’était pas en comptant qu’en haut je verrais une personne qui me mettrait encore plus de mauvaise humeur. A peine je mis ma tête dans l’air du toit que je vis une silhouette. Un homme. Et lorsqu’il se retourna pour voir qui arrivait à son tour sur le toi, je crus mourir. J’en failli presque rebrousser le chemin. Mais non. Je pensais alors qu’on pourrait être des hommes civilisés et tout simplement s’ignorer. Facile non ? Ou du moins ça en a l’air. Pour ne pas tenter le diable, je me posais au plus loin de lui. L’ignorant totalement. Tout en regardant le ciel, ainsi que ce qui pouvait se passer à nos pieds. Des étudiants sortaient du bâtiment, seuls ou accompagnés pour aller manger, tout comme d’autres y entraient. Un énorme va-et-vient dans cette université. Je ne pourrais pas vous dire combien on est, mais il avait fallu que je tombe sur Noah. Ce mec. Cet homme inintéressant, inutile. Je ne pouvais pas me l’encadrer. Vous savez ces personnes dont leur visage ne peut pas vous entrer dans la tête. Oh allez, on a tous connu ça au moins une fois. En tout cas, moi je le vivais avec Noah. Ca avait commencé lorsque j’étais encore chez les Iotas, et ça avait même continué après. Après que je voie qu’il se comporte comme un vrai nigaud, pour ne pas utiliser de réels méchants mots, envers les femmes, et spécialement certaines que j’apprécie réellement. Ah celles-là, on ne les touche pas ! Et pourtant il le faisait. A croire qu’il savait faire ou quoi dire pour me mettre en rogne. Alors que je croquais dans mon sandwich, je jetais un coup d’œil vers cet Iota. A ce moment-là, il en fit de même, et là ce fut un défi du regard qui prit place entre nous. Pour le coup, je me relevais, et bien vite je me retrouvais à ses côtés. Allez savoir comment je m’étais retrouvé à ses côtés. Moi, qui avait tout fait pour être le plus loin de lui. Comme s’il avait été la peste et que je la fuyais. Ou plutôt que j’avais envie de l’affronter cette peste, cette maladie qui vous poursuit et qui ne vous lâche pas. Voilà ce qu’était Noah, une maladie qui me poursuivait, moi et mes amis les plus proches. J’avais jusque là tenté de la fuir, l’ignorant. Mais il fallait que je la défie. « Qu’est-ce que tu regardes tête de gland ? » L’insulte allait surement le faire rire, d’ailleurs ça me fit même sourire moi à l’intérieur. Mais je ne suis pas du genre à utiliser de réelles insultes ou des expressions dites par tout le monde. J’aimais avoir ma petite originalité, même dans une telle situation.

❝ And we'll keep on fighting till the end ❞

NOAH&LUCAS   Apparemment on souhaitait tous les deux se retrouver seul pour cette pause déjeuner, et malheureusement on se retrouvait au même endroit. J’aurais dis oui pour n’importe qui, sauf lui. Et je savais que c’était réciproque. On ne s’appréciait pas, c’était facial. Je n’arrivais pas à supporter sa tête, ou même entendre son prénom. Ça m’énerve tout simplement. Je le trouve con, inutile, sans intérêt. Comme une telle personne peut exister ? Sérieusement ? Ça ne devrait pas être permis. Ah si, il sert bien à quelque chose : m’emmerder, et me gâcher mon repas tranquillement. Bien que logiquement, c’était moi qui le dérangeait, mais tant pis. Nous étions tous les deux cons, et pas prêt à descendre de ce toit pour laisser l’autre seul. On ne peut pas supporter la présence de l’autre, et pourtant on se l’oblige là. Surement la fierté, et voir qui serait le plus faible de nous deux à laisser la place à l’autre. Ca ne serait pas moi. Je ne me bagarrerais pas, parce que ça serait totalement inutile, mais je lui ferais vivre la pire heure de pause. Et il en ferait de même avec moi. Bien que je sois très fort psychologiquement parlant. « Au moins, je suis le roi de quelque chose, moi ! » Signifiant qu’à mes yeux, il n’était rien lui. Il n’était qu’un petit quelque chose à mes yeux, et aux yeux de tous les autres. Et ça commençait déjà par le sport. Il n’était qu’un joueur comme les autres. Le petit nouveau. Généralement, je suis du genre à aider l’intégration des nouveaux dans l’équipe, mais pas lui. Je ne le voulais même pas dans l’équipe, alors imaginez un peu. « Nous n’avons pas les mêmes valeurs cinématographique. American Pie mec ? C’est quoi ce vieux truc ? » Ouais, ok, j’avais regardé quelques films de cette saga, mais plus jeune. A mon âge, je n’en voyais plus l’utilisé, ou même le pourquoi du comment les gens pouvaient rire en voyant ces films. On y voyait que des gens à poil, ainsi que des blagues cochonnes. Bas le niveau, très bas. Et d’ailleurs, ça ne m’étonnait même pas que monsieur McCarron puisse regarder de tels films. Le voyant se rapprocher de moi, il était un peu plus grand que moi, mais ça ne me faisait pas peur pour autant, je soutenais mon regard dans le sien, pour lui répondre enfin. « Et toi t’es qu’un abruti qui ne pense que par la violence. Trop difficile d’utiliser les paroles ? Trop intelligent pour toi peut-être, ouais ça doit être ça ! » Je dis cela, car je l’avais entendu préparer ses poings, comme tout bon mec le fait dès lors qu’ils sont énervés. Moi non. J’utilise plutôt ma bouche, et comme on dit : il n’y a que la vérité qui blesse.