❝ Bonsoir madame, voudriez-vous ne pas danser, venir vous assoir à ma table ❞

Benecas ✖ Ma vie était devenue un vrai cauchemar. Je m’étais comporté comme tous ces cons que je ne peux pas voir. J’avais blessé la femme qui compte énormément à mes yeux, et qui est cher à mon cœur. Aleyna. J’avais tenté de jouer la carte de la franchise, de la vérité, avant qu’on n’aille trop loin tous les deux. Une erreur. Une erreur à cause d’une erreur. Cette fois où j’avais laissé faire Benedikt, bon oui, d’accord, j’en avais eu aussi besoin. Mais ce qui nous différencie des animaux, c’est bien le fait qu’on ne cède pas à tous nos instincts. A nos envies. J’aurais pu dire non. J’aurais pu tout aussi bien ne rien dire à Aleyna. Tout comme j’aurais pu ne pas partir, la laissant alors en plan. J’avais enchainé les conneries cette soirée-là. Pourtant, j’avais fait tout mon possible pour que cette soirée soit inoubliable. Avec une simple vérité, j’avais tout gâché. C’était il y a deux jours. Et depuis, je ne savais plus du tout quoi faire. Complètement perdu. J’avais moi-même chamboulé ma vie. Gros boulet que je suis.
J’avais perdu gout à la vie. Vous le comprendrez lorsque vous aurez trouvé la bonne personne. Oh si je vous assure. Bref. Je ne sais par quel moyen, je me retrouvais dans ce strip-club. J’avais fait mon animal, et avais laissé mes pulsions prendre le dessus. Apparemment ce que je voulais c’était voir des femmes se trémousser le corps devant moi. Et bah écoutes, pourquoi pas hein. Si ça peut m’aider à oublier un peu les choses. Si ça m’aide, je suis prêt à observer tout ça. Oublions un peu Aleyna et tout ce que j’ai pu faire. On fait tous des conneries après tout. Je m’étais installé, prêt à passer la soirée là. Loin de la vie. Loin de toutes ces conneries. Et très près de ces femmes. Qui doivent avoir de plus problèmes que moi pour en finir là. A danser autour d’un poteau, à moitié nue. Chacun sa vie, et ses problèmes. Alors que j’étais à fond dans la danse d’une des strip-teaseuses, j’entendis une voix plutôt familière. Me retournant je reconnus Benedikt. Qu’est ce qu’il fout là lui ? La dernière personne que je souhaite voir en cette soirée. Et comme par hasard, on devait tomber l’un sur l’autre. « Mhh. » Je me retournais de suite, ne souhaitant pas faire la conversation avec lui. Peut-être qu’il partirait. Du moins je l’espérais. Trop d’espoir le petit Lucas. Il s’installa près de moi, et continua la discussion. Je le regardais. Lui lançant un regard sérieux, lui faisant passer le message, clair et net, que je ne voulais pas de lui pour ce soir. Qu’il aille loin de moi. Je ne lui répondis pas, et commanda un autre verre d’alcool. Leur plus fort. « Et sinon tu n’as pas trop l’impression de gêner ? » Oh oui, j’étais hostile, mais je n’avais pas du tout envie de taper la discute avec lui, ce soir. En quelque sorte, il était la cause de tout ça, de tout ce chamboulement. Mais indirectement, malheureusement. Je ne pouvais pas lui en vouloir réellement. « T’es pas plutôt sur les hommes toi ? »

❝ Bonsoir madame, voudriez-vous ne pas danser, venir vous assoir à ma table ❞

Benecas ✖ Si je m’étais aventuré ici, c’était surement pour la seule et unique raison que je souhaitais me retrouver seul, et ne retrouver personne que j’étais susceptible de connaitre. C’était raté. Et bien évidemment, cela ne pouvait pas être une autre personne. Non. Il devait s’agir de Benedikt. Le seul mec que je ne souhaitais pas voir. La situation entre Al’ et moi était de ma faute, je le savais, bien au fond de moi, mais ne voulant pas l’assumer, je rejetais la faute sur Ben. Oui. C’est ça. Pour ne pas assumer la connerie, je mettais toute la faute sur lui. Alors qu’en fait, il n’y était totalement pour rien. « Pour rien. » J’avais essayé de l’éloigner, mais ça n’avait pas fonctionné. Je lui avais montré que je n’étais pas d’humeur, mais ce n’était pas un raison pour l’envoyer vraiment chié. Je pouvais tout autant l’ignorer. Ouais, ça peut être une bonne idée. Bien qu’en fait, ce mec m’a manqué. Notre amitié. On ne s’était pas revu depuis, mais on s’était envoyé quelques messages. Et on avait remarqué, tous les deux, qu’on s’adorait. Il fallait que moi, surtout, je passe à autre chose. Ce qui est bien compliqué lorsque vous êtes en froid avec la femme que vous aimez à cause de cette fois-là. Une fois de trop. Non, mais au moins, comme ça, j’étais sur de ne plus vouloir de Benedikt. Ouais, enfin. C’est vite dit. Je lui jetais un regard. Pour la première fois qu’il était là, à mes côtés. Je me mis à rire lorsque je l’entendis me dire qu’il n’était pas sur les hommes : aujourd’hui. Cela me faisait penser au fait qu’il avait des jours pour chaque sexe. Pas mal, pas mal. Il est marrant lui. « Aujourd’hui, je ne suis sur personne, à part ma peine. » Ca, au moins, c’est dit. On vint m’apporter ma boisson que je bus d’une seule traite. J’étais pathétique. Je le voyais par moi-même, mais je n’avais aucune envie d’être le Lucas de tous les jours. J’avais envie de me laisser aller, et ça avait commencé en venant ici. Lorsque je regardais autour de moi, je ne voyais que des gens dont leur tête ne me revenait pas (sans compter Ben). « Je pense que ça s’appelle surtout indécis. » De mauvaise foi ? Mais totalement ! J’avais succombé une fois à la tentation, mais je n’en étais pas pourtant bisexuel. Je savais que j’étais attiré par les femmes. Je ne suis pas indécis, à aller voir filles et garçons. Ouais, bon ok, c’est peut-être l’alcool qui me fait dire tout ça. Qui me fait passer pour un con. Si lui pouvait m’aider ? Bof. Non merci. Je me vois mal déballer ma vie sentimentale au seul amant que j’ai connu. Non merci. De plus, qu’il s’agit de cette raison là, tout ce raffut. Je me mis de nouveau à regarder les shows que nous présentaient les jeunes filles. « Oh putain, celle avec les sous-vêtements noir et rose, ce qu’elle me fait bander. » Changement de conversation. « Si je n’étais pas amoureux j’irais la retrouver tout de suite. » Je jouais au con sentimental. Bah bravo Lucas.

❝ Bonsoir madame, voudriez-vous ne pas danser, venir vous assoir à ma table ❞

Benecas ✖ Pas très cordiale. Je l’avoue que je ne l’étais pas vraiment à la venue de Ben à mes côtés. Mais oui, je n’allais pas bien. Pas au point de lui taper la conversation, comme de bons vieux potes, à mater les femmes qui dansaient devant nous. Je n’en ai pas envie. S’il s’en était allé, j’aurais pu être content. Mais le fait qu’il reste me faisait aussi plaisir. Ca montrait qu’il tenait à moi, en quelque sorte. Qu’on était peut-être des amis. A vrai dire je ne m’étais pas vraiment posé la question depuis l’histoire des toilettes. Je n’ai pas de mal à être ami avec les femmes qui passent à la passoire. Mais avec un homme. C’est tout différent. Du moins, de mon côté. Ca ne semblait pas tellement compliqué pour lui. Pour cet homme, soit disant non indécis. Il m’expliqua donc ce que voulait dire bisexuel pour lui. J’hausse les épaules, et réponds « Certes. » Pas besoin d’épiloguer sur ça. Pas la tête à ça. Pourtant, j’adore ce genre de débats. Débattre sur plein de choses avec des amis. Surtout lorsqu’on n’a pas le même point de vue. Ah j’adore. Mais là non. Ce qui m’intéresse, c’est les filles. Venu ici pour me changer les idées, ce qui ne fonctionnait apparemment pas. Je m’entends lui dire que je suis amoureux. D’ailleurs je n’ai même pas fait gaffe à ce qu’il m’a dit avant. Je crois qu’il m’a vite fait parlé de son type de fille. Ouais. Ok. Je me suis arrêté sur le fait que je suis le type de mec qui le fait bander. Après, je m’en tape un peu de son type de nana. Pourquoi j’avais parlé ? Je le regarde, et bizarrement je lui souris. Au pire, je perds quoi ? « Aleyna. » Le prénom lui suffira. En même temps, il n’y a pas des centaines d’Aleyna sur le campus. Je n’avais pas hésité à lui dire car je savais que s’il la connaissait, il ne se moquerait pas de moi. Même s’il ne s’agit pas de son type, il ne pourra nier qu’elle a un charme, et que j’ai bien pioché. Ah bah bravo Ben, à cause de toi, je ne regarde même plus le show. Merci.

❝ Bonsoir madame, voudriez-vous ne pas danser, venir vous assoir à ma table ❞

Benecas ✖ Sérieusement, je ne sais pas comment le prendre, le fait qu’il ne la connaisse pas. Bien ou non. Ne se connait-on pas entre bisexuels ? Non non ok. Je ne vais pas dans les clichés, ou les généralités. Il se peut que toute l’université sache pour la sexualité du jeune homme, mais quant à Aleyna ? A vraie dire, je ne m’étais jamais posé la question. Je ne sais même pas à quoi je suis en train de penser. C’est trop con. Mais vraiment. Je ne sais même pas pourquoi je suis en train de réfléchir à la réputation de leur orientation sexuelle. L’alcool. C’est ça. On va mettre tout ça sur l’effet de l’alcool. Et pendant que je réfléchissais, mon ami me posait des questions. Des questions auxquelles je répondais quelques minutes après. Avec mon temps de réflexion aussi… Je le regarde et dit « C’est la doyenne des SIGMA. » Au moins comme ça, il saura directement s’il la connait ou non. Je le regarde, suspicieusement. Comment ça heureusement si son prénom ne lui dit rien ? « Ce qui veut dire quoi ton heureusement ? » Je n’étais pas d’humeur. Ah non, vraiment pas. Et voilà que je m’imaginais maintenant des tonnes de trucs. Oui non. Il ne peut pas être le genre de mon Aleyna. On ne peut pas passer à un style comme moi, au style de Ben. On est trop différent. No way. Je ne savais pas quoi lui répondre. Je ne me sentais pas capable d’en parler. Pas avec lui. Mais après tout. Ca me ferait surement du bien. Tout en jetant mon regard sur lui, je lui réponds « J’ai essayé de jouer dans la franchise, et non les cachotteries. » en soupirant, je rajoute « J’aurais du m’abstenir. »