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| Sujet: Seeing you with someone else makes me wanna kill myself. | PV Rosy. Mar 19 Nov - 16:13 | |
| Les doigts couraient sur les touches blanches et noires, tantôt voltigeant, légères, tantôt s’écrasant, obéissant aux indications du maître qui avait écrit ce morceau. Elle le connaissait par cœur, et la présence de la partition devant elle était totalement superficielle. Mais c’était peut-être plus rassurant, de pouvoir lire les notes. Un rictus de douleur déformait ses lèvres alors qu’elle s’acharnait à refaire le même passage, encore et encore, jusqu’à ce qu’une larme, mélange de souffrance et de frustration, roulât sur sa joue. Alors, elle retira ses mains du clavier et reprit une longue inspiration. Elle n’y arrivait pas, elle n’arrivait pas à exécuter les quelques notes qui lui posaient problème avec la fluidité requise et la vitesse d’exécution. La colère montait en elle, et elle était à deux doigts de pleurer de rage. Sa main droite tremblait au-delà du raisonnable, mais elle s’en fichait. Elle reposa ses doigts sur l’instrument et recommença, encore et encore. Il fallait qu’elle y arrive. C’était une question d’orgueil, certes, mais elle était terriblement têtue. Elle n’arrivait pas à accepter l’idée de ne plus être capable de jouer du classique – et son pêché mignon, du Chopin – convenablement. Elle comptait bien s’acharner jusqu’à ce qu’elle retrouve ses marques, jusqu’à ce que ses doigts furent capables à nouveau de soutenir le rythme qu’elle exigeait.
Elle s’épuisait à la tâche et sa main tremblait de plus en plus. Ses mâchoires s’entrechoquèrent et ses dents grincèrent sous la douleur. Elle voulait se piquer, elle devait se piquer, mais elle souhaitait voir si elle arrivait à tenir encore un peu. Elle avait avancé dans son morceau, et était bloquée vers la fin. Elle voulait le finir avant de se shooter, pour être encore capable de discerner la complexité de la musique qu’elle s’efforçait à jouer correctement. Mais s’en était rapidement trop pour elle, et elle s’écarta du clavier pour saisir vivement son sac. Tremblant comme jamais, sa main était comparable à un cas de Parkinson avancé. La douleur vrillait ses doigts, sa paume, son poignet, et fébrile, elle réussit non sans mal à remplir la seringue de morphine. Elle coinça sa main agitée entre ses jambes, pour arriver à stabiliser son bras, et l’instant d’après enfonça la seringue dans ses avant-bras déjà abîmés. Elle poussa le piston et la substance transparente fut injectée à l’intérieur de ses veines. Il fallut quelques longues secondes à son cœur pour pomper la morphine à l’intérieur de son corps, et son bras finit par se détendre. Les tremblements cessèrent et elle lâcha un soupir de soulagement en laissant échapper la seringue. Elle savoura, la douleur qui disparaissait, cette impression délicieuse de s’abrutir, et déposa ses instruments sur le dessus du piano. Elle ne s’inquiétait pas du fait que quelqu’un puisse voir sa seringue et ses fioles. C’était le début de l’après-midi, le piano-bar était entièrement vide à l’exception du barman qui était occupé à ranger les bouteilles dans l’arrière cuisine. Autrement dit, elle avait le temps de ranger tout son barda, il y a avait en effet peu de chances que quelqu’un pousse la porte de cet établissement qui ne payait pas de mine.
Elle finit par reposer ses doigts sur le clavier, et reprit le morceau depuis le début. Elle s’en sortit sans fausses notes, à une allure légèrement inférieure à celle initialement prévue pour le morceau. Elle ne pouvait malheureusement pas faire mieux, et restait tout de même bien satisfaite de pouvoir tenir les dix minutes que durait le morceau. Son œil fut attiré pendant la dernière partie du morceau vers l’extérieur, et elle assista à une scène qui d’ordinaire l’aurait laissée de glace. Mais elle finit par reconnaître que l’une des personnes excessivement proches était Rosy, ce qui l’irrita outre-mesure. L’autre était sa propre amie, Alsheva. Elle ne les savait pas proches – et même si elle le savait, ça n’aurait probablement rien changé à son irritation soudaine. Elles semblaient beaucoup trop intimes. Le regard perçant, Delilah les observa sans broncher, continuant machinalement son morceau. Elle ne remarqua même pas le barman ouvrant la porte, concentrée sur les lèvres d’Alsheva qui s’étaient trop approchées de celle de Rosy, et qui avait résulté que Delilah avait écrasé ses doigts contre les touches dans une cacophonie désordonnée. Elle ne s’aperçut que la porte était ouverte que trop tard : le bruit des touches avait en effet fait que le barman pourtant dehors s’était retourné, et Rosy également avait tourné la tête. L’Anglaise n’eut même pas la présence d’esprit de se baisser, elle se contenta de suivre des yeux Alsheva – qui elle n’avait pas bronché et qui partait, avant de braquer son regard à nouveau sur Rosy. Si la rousse pouvait la voir, alors il était certain qu’elle pouvait la voir aussi mais tant pis, peut-être ne l’avait-elle pas reconnue.
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| Sujet: Re: Seeing you with someone else makes me wanna kill myself. | PV Rosy. Sam 11 Jan - 10:00 | |
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