Toujours en froid avec mon père, même si l’on s’échangeait quelques sms, j’avais reçu un appel de sa part. N’ayant pas décroché ne pouvant le confronter encore, suite à mon comportement désastreux et étant honteuse de ma personne, j’écoutais son message vocal laissé. Et quelle ne fut pas ma stupéfaction en apprenant un lourd secret de famille ! J’avais un demi-frère du nom de Mavis. Celui-ci ne m’était pas étranger... Ou avais-je pu bien l’entendre ? Ca y est, je sais ! C’était le Président de ma Confrérie ! Celle des Alphas. Et bien comme quoi les choses étaient parfois bien étranges. Je pouvais avoir de plus amples explications si je le souhaitais mais je ne répondis pas aux nombreux appels de mon paternel…Mais au bout d’un certain temps je ne pouvais faire comme si de rien, alors je décidais de lui envoyer un mail. Plus pratique, moins personnel et plus distant également, ce qui m’arrangeait plutôt bien jusqu’à présent…Ce fut ainsi que par nos conversations internet, je sus le fin mot de cette histoire. Mon père n’apprit cette nouvelle qu’il y a peu de temps, mais avait avoué avoir eu une relation amoureuse et passionnée avec une autre femme que ma mère les premières années de leur mariage. Ma mère avait su et s’était chargée d’évincer cette femme de la vie de mon père et de la nôtre par la même occasion, à l’époque. Trop lourd probablement à porter comme secret, que ma très chère mère avait dû vouloir soulager sa conscience en avouant cette dure et triste vérité. J’étais sous le choc pour diverses raisons. Les mauvaises attentions de ma mère face à la maitresse de mon père, le fait d’apprendre que j’avais un demi-frère, que mon père n’avait jamais rien su pour son fils, que celle qu’il avait aimé jadis était désormais décédée…Un trop plein à encaisser que je ne sus comment gérer tout ceci et comment le prendre. Étais-je heureuse de ne plus être une enfant unique ? Comment tout se passerait-il désormais ? Mon père n’aurait jamais abandonné l’un de ses enfants, c’était une certitude…Mais aujourd’hui il venait de perdre les deux. Mavis, par le fais qu’il ne veuille pas rencontrer notre père lui ayant dit de lui fiche la paix et moi, pour lui avoir dit de sortir de ma vie…Un homme bien triste à l’heure actuelle.

J’avais croisé Mavis à plusieurs reprises sans toutefois aller à son encontre, le fuir était peut-être plus facile que de l’affronter. Jusqu’ici, on s’était évité mais aujourd’hui était différent. Chaque Alpha se devait de se rendre dans le bureau de leur Président pour faire le point sur leurs études, leur avenir et leur rôle au sein de cette Confrérie aux couleurs bleues.
Anxieuse et ne pouvant échapper à cet entretien, je tenais en mes mains, les documents de mon entreprise, fraichement ouvertes dans les matières premières, afin de signaler mon avancement pour mon futur sans oublier d’insister sur le fait que je poursuivais mes études. Je voulais toujours apprendre plus, pensant que cela me serait d’une grande utilité dans le monde des affaires. Assise et attendant donc mon tour j’inspirais profondément tentant de retrouver mon calme olympien, ce que je réussis à faire au bout d’une bonne demi-heure d’écoulée quand soudain je vis Aidan, sortir du bureau de Mavis pour enfin me laisser la place. Mon cœur s’emballa de plus belle, les mains devinrent moites que je serrais davantage mon dossier qui sous la pression de mon stress ne ressemblant plus à rien…Me levant et m’avançant je frappais à la porte du bureau de notre président avant de pénétrer dans les lieux, et de refermer la porte derrière. Je le vis, là, installé derrière son large bureau, stylo en main et les yeux rivés sur des feuillets.
« Bonjour… »Dis-je tout en ne sachant comment notre entretien allait se passer ? Je savais qu’il savait. Il n’était pas venue à ma rencontre durant toute cette semaine ce n’était pas pour rien, c’est simplement qu’il n’osait pas ou qu’il ne souhaitait pas faire ma connaissance. Mais avait-il pensé que moi aussi j’avais des réticences ? Que j’étais totalement perdue également et que peut-être cela me chamboulait tout comme lui ?
J’osais à peine prendre place devant lui, la gorge nouée et le cœur battant. Allions-nous parler que de mes projets d’avenir où bien le sujet « familial » allait il venir sur la table ? J’attendais qu’il daigne commencer cet entretien …

Et bien, l’ambiance était palpable. Je pénétrais dans le bureau du président de la confrérie des Alphas qui se trouvait également être mon demi-frère ! Et bien cette annonce m’avait fortement étonnée mais l’avoir en face de moi, était encore plu déstabilisant. Autant qu’en affaire j’étais intransigeante et savait ne montrer aucune de mes faiblesses mais là c’était différent. Je ne savais si je garderais mon self-control ou non ? J’avais du mal à tenir en place sur ma chaise…Je trépignais d’angoisse à savoir comment se passerait notre entretien, si nous serions capable et si nous pourrions nous en tenir à ce domaine qu’était celui des études.
Je l’observais le voyant tremblotant ce qui m’enduisit en bonne direction ! Je n’étais donc pas la seule à appréhender cette rencontre. Car on avait beau être ici présents pour faire le point sur un avenir au sein de la Confrérie, de l’adaptation au milieu de cette famille d’étudiant on savait tous les deux qu’autre chose nous liait malgré tout, nous avions le même père, nous étions liés par le sang, du moins en partie…
La première question fusa, alors que je le regardais sans baisser les yeux avant de me redresser sur mon siège. Et bien autant répondre à ses interrogations non ? N’étais-je pas là pour ça ?
« Bien sûr. Et ce dès mon premier jour ici. Nous sommes tous une belle et grande famille, avec des hauts et des bas. »Je n’avais pas tilter sur l’instant à mes propos qui s’étaient échappés de ma bouche, surtout s'il prenait mes paroles concernant notre lien de parenté au sens propre. J’écarquillais les yeux, avant de me pincer les lèvres, ne sachant comment me rattraper et le fixant comme une idiote ! Comment allait-il prendre ce que je venais de dire ? J’étais des plus nerveuses avant de m’enfoncer davantage dans ma chaise, telle une enfant crispée se rendant à un rendez-vous chez le dentiste ! Mais son regard restait figé sur ses notes, toujours aussi nerveux. Autant briser la glace que de ne rien dire faisant semblant que tout va au mieux.
« Mavis…je suis au courant depuis peu… »Je savais qu’il était au courant autant se lancer.
« Et je suis …troublée et tout ceci me semble impossible et … »J’étais totalement perdue.
« On devrait peut-être discuter, histoire d’éclaircir tout ceci…entre nous du moins, non ? »Que pouvais-je faire de plus s’il ne souhaitait pas qu’on converse de ce sujet « familial ». Car qu’on le veuille ou non, nous appartenions à la même famille. S’il ne souhaitait pas rencontrer ou parler avec « notre »père je pouvais le comprendre mais étant tous deux de la même Confrérie et s’étant déjà côtoyer, à discuter de diverses choses parfois, pourquoi cela devrait-il changer ? Après tout j’étais comme lui, sous le choc ! Ne sachant comment agir ? Que dire ? Ou bien encore que faire ? Et puis peut-être allions nous trouver en l’un ou l’autre un réconfort, ou un lien fort se créerait bien que pour être honnête j’avais plus pensé que jamais nous n’aurions ce genre de relation frère/sœur, sans réellement savoir pourquoi !

Ambiance palpable, étrange et inconfortable quand on savait désormais ce qui nous liait qu’on le veuille ou non, nous étions demi-frère et sœur. C’était étrange d’entendre se dire cela, ayant toujours été fille unique. Pas faute d’avoir tant réclamé un bébé pour me sentir moins seule, mais ma mère avait toujours refusé cette éventualité disant qu’elle préférait se préoccuper d’un seul enfant afin de lui porter toute l’attention nécessaire, de lui donner beaucoup d’ affection et d’être le centre d’intérêt de sa vie…Tu parles, elle avait juste su avec le temps faire de ma personne son souffre-douleur et pour cause, j’avais cette marque au visage qui le démontrait clairement à la naissance de ma chevelure sur le front…
Mais pour l’instant autant ne pas noyer le poisson mais au contraire, faire face à cette annonce qu’avait lancé « notre » père comme une véritable bombe ! Les retombées allaient être des plus dévastatrices si l’un de nous prenait cette révélation comme un affront ou encore bien mal, ne souhaitant pas en entendre parler. Mais pourquoi faire semblant de ne pas savoir alors que c’était fax et les faits étaient là, on ne pouvait rien y changer, si ? Excepté peut-être de continuer à vivre comme nous le faisions, sans se soucier de cette vérité ? Mais le pouvait-on vraiment. Je ne pense pas. Je voulais avoir les ressentis de Mavis face à cette nouvelle situation. Voulait-il apprendre à me connaitre ? À en savoir davantage sur la famille Conway ? Avait-il des questions ? bien sûr qu’il devait en avoir qui lui taraudaient l’esprit, non ? En toute logique à moins d’être réellement insensible où encore se fichant pas mal de ce qui l’entoure ? Son regard en disait long et je n’aurais pas dû au final lui faire part de mes sentiments face à cette situation…Ces mots qui sortirent d’entre ses lèvres furent durs à entendre malgré tout. Cela sonnait tel des reproches…même si je n’y étais pour rien il nous mettait dans le même sac…Mais connaissant son parcours passé, une enfance non chanceuse, je pouvais concevoir qu’une certaine haine ou un certain dégout l’envahisse à tel point qu’il ne désire pas se créer de liens familiaux…nous pensant fautif de son enfance…J’en étais désolée pour lui…sincèrement…
La gorge nouée je ne sus que dire, me sentant plus qu’idiote. Alors baissant le regard et l’estomac noué, je repris doucement avec une voix presque inaudible….
« Très bien si c’est ce que tu souhaites »Je me levais sans même lui jeter le moindre regard. L’atmosphère était devenu plus froide encore que l’ère glaciale, avant de me repasser ses paroles et de lui répondre enfin comme je le pus…de façon détournée. Il comprendrait bien le sens de mes propos à coup sûr.
«Je vais réfléchir à la possibilité de changer de Confrérie »Il ne me voulait pas dans sa vie ? Je ne pouvais l’y forcer. À quoi bon faire semblant que tout va bien alors que c’était faux ?! Il voulait m’éclipser de sa vie, alors je le ferais pour lui, je ne souhaitais pas être un obstacle dans sa nouvelle existence. Et j’avais eu ma dose de conflit…Toutefois en prenant la direction de la sortie, je ne pus me résoudre à ajouter quelques mots encore me tournant de trois quart vers sa personne, assise derrière son bureau de Président.
« Je ne suis pas mon père, je suis comme toi. Je dois seulement faire avec cette nouvelle plaisante qu’elle soit ou non d’ailleurs. Tu n’es pas le seul à te poser mille questions même si je sais par ton passé que tu dois en vouloir à la terre entière. Je ne t’importunerais plus. Et on a bien assez que nous soucis. À quoi bon en rajouter n’est-ce pas ? »Cette dernière interrogation se portait surtout sur une réponse que j’attendais de sa part. Était-ce réellement un problème de nous savoir avec un frère ou une sœur ? Ou bien était-ce plus facile de porter des œillères et de garder sa fierté pour soi ? Je posais la main sur la clenche de la porte pour le laisser poursuivre avec les autres alphas, avec qui il aurait probablement bien plus de conversation. Mais il devait se mettre en tête que je n’y étais pour rien. Ma mère avait caché tant de chose, mon père avait été infidèle à elle pour vivre un amour passionné avec la défunte mère de Mavis et nous dans tout ça ? Qu’étions –nous ? Simplement le fruit de deux amours au final, situation qui semblait se retourner contre nous. On n’avait rien demandé et pourtant nous en subissions les conséquences bien plus que les adultes qui avaient engendré tout ceci…

Voilà tout avait été dit des deux côtés me semblait-il, non ? Mais au moment même où je voulus quitter la pièce, ne souhaitait pas être imposante que je fus stoppée dans mon élan par la voix de Mavis ne tournant la tête que de trois quart sans lui faire face, l’écoutant de nouveau. Il se livra quelques peu quand soupirant, je lâchais cette clenche afin qu’on ait une discussion ouverte sur cet évènement qui nous touchait tous deux de près.
« Je ne t’en veux pas, c’est compréhensible…mais je t’en veux de juger les gens sans même les connaitre ou savoir ce qu’ils veulent au fond. »Me tournant désormais face à sa personne, je repris tout en l’observant un instant. Mon…non, notre père m’avait appris à cerner les gens par leur gestuelle. Leurs mimiques ou encore l’intonation de leur voix. J’hissais un léger sourire en coin, non de satisfaction mais sentant qu’il y avait comme un « hic ». Mains dans les poches de ma veste, je repris d’une voix moins froide.
« Tu crois que je le sais ? Écoute ce n’est évident pour personne et loin de moi, l’idée de prendre la défense de mon…notre père mais il n’a appris ton existence qu’il y a peu… Si tu veux un coupable pour toute la souffrance que tu as enduré, alors retourne-toi contre Daria Conway. Elle est la seule fautive à ton malheur. »Daria Conway n’était autre que ma mère…Si Mavis souhaitait en apprendre davantage alors je le ferais si toutefois il était prêt à entendre une dure vérité qui était toute aussi difficile à encaisser pour ma part. Ma propre mère avait été le détonateur de toute cette sordide historie.
Inspirant je repris de nouveau, regardant ici et là. Parler de celle qui m’avait mise au monde était délicat…sachant nos relations compliquées bien qu’inexistantes désormais pour l’avoir chasser de ma vie comme une malpropre. Pour ce qu’elle avait osé me dire et me faire n ‘étant encore qu’une adolescente…
« Je ne veux pas être une source de problème pour toi et si c’est pour se sentir perturbé à chacun de nos rencontres je préfère autant qu’on s’évite une fois les choses dites. Oui je suis perdue, car je ne sais pas comment prendre cette nouvelle. »Moi aussi j’avais besoin de temps pour encaisser cet aveu. Et cela n’allait pas aider à me réconcilier un jour avec celle qui m’avait mise au monde.
«Je ne pousse personne à aller de l’avant ou non, je ne sais même pas comment je te perçois à ce jour. C’est troublant de savoir qu’on est parenté, car peu importe ce qu’on décidera ou non, on fait partie de la même famille du moins en partie… »Arquant un sourcil j’attendais qu’il me donne le feu vert à lui raconter ou non comment tout cela s’était passé. Le début de ce histoire tragique, me sentant coupable car oui malgré les méfaits de ma chère mère, j’avais été un frein au bonheur de Mavis, sans le vouloir car j’étais l’ainé des Conway, une raison qui avait fait que Mavis n’avait jamais pu connaitre son père. Fils à l’existence inconnue pour Luke Conway à son plus grand regret…