Si je ne parle jamais de mes craintes à Noah concernant ma belle-famille, de peur sans aucun doute qu'il ne prenne mal la chose, je n'ai aucun scrupule à en discuter avec Kenzo, chose qui me permet de soulager un tantinet ma conscience. Avec mon compagnon, je n'ai jamais mis les mots sur ce que je ressentais vraiment pour ne pas le froisser, bien qu'il sache pertinemment que toutes mes rencontres avec ses parents, et notamment sa mère, se sont précédées et suivies d'une semaine entière de cauchemars. Bah quoi ? Pourquoi cet air étonné ? Tu ne t'attendais vraiment pas à ce que ton oncle a quitté son enveloppe charnelle de petit adolescent avant des années, ou quoi ? « Parce qu'on se sent abandonner. », répondis-je du tac au tac. J'en avais moi-même voulu à Noah suite à nos retrouvailles, n'ayant pas même osé lui téléphoner au cours des deux jours qui ont suivi son retour. Si j'avais été heureuse de l'enlacer contre moi, ayant peine à croire qu'il était de retour, la réalité m'avait rapidement rattrapé lorsque je suis repartie en compagnie d'Aengus ce jour-là. Dans ma mémoire était restée gravé ce fameux matin où je l'avais retrouvé inconscient, me devant d'appeler les secours parce que je n'arrive plus à repérer le moindre signe de vie chez lui. Je mentirais si je disais que j'arrive à rentrer dans la cuisine sans repenser à ce jour qui ne cesse de me hanter. Un sourire en coin s'étire sur mes lèvres. Moi aussi je t'aime, Kenzo, moi aussi et je te remercie de ton soutien. « Mouais. Je suis sure que tu peux encore faire mieux que ça. » Creuser un plus tes abdominaux de rêve et faire encore un peu gonfler tes muscles déjà bien saillants. De la provocation ? Peut-être bien. La première bouchée du repas dont Kenzo est à l'origine est une véritable explosion de saveur et mon palet en demande toujours et encore. « Mmmmmh ! » Long gémissement de plaisir en guise de réponse au président des Delta qui annonce un orgasme culinaire suffit à lui faire comprendre que son plat est un véritable délice. « T'es encore loin de pouvoir faire de la concurrence à Noah, mais c'est une pure merveille ! », arrivais-je finalement à articuler. Il est clair que les petits plats concoctés avec amour par mon compagnon sont de loin les meilleurs que j'ai pu avaler. Comment ça, j'ai pris deux kilos depuis que nous sommes ensemble ?! Même pas vrai ! Ma fourchette reste finalement suspendue en l'air le temps d'un instant, alors que mon regard se braque sur un Kenzo qui recueille un peu de sauce sur son torse du bout de son index pour le lécher d'une manière des plus érotiques. La bouche a demi ouverte, j'ai l'impression que le temps vient de s'arrêter. Jusqu'à ce qu'il ne redresse le regard et me prenne sur le fait, d'où le rouge qui commence à me monter aux joues avant que je ne vienne à engouffrer le bout de ma fourchette dans ma bouche. « Ou alors pour jouer dans un film pornographique à gros cliché. Tu ferras un malheur. » That's true. « Quoi tant pis ? Non, non, offre proposée, offre acceptée. Et c'est trop tard pour toute dérogation. Je t'offrirais des oursons en chocolat pour la peine. Et le droit de me voir en petite tenue. » Alors installe-toi, détends-toi, je m'occupe de tout. Et non, ce n'est en rien une quelconque sorte de perversité, ce n'est qu'un jeu auquel nous aimons jouer histoire de mettre un peu de piquant dans nos soirées à nous échanger les derniers potins et à papoter produits de cosmétiques. Une chance que Meleya et Noah ne soient au courant de rien. « Contre toute attente, non. Et si jamais tu veux une fois passer à l'improviste, abstiens-toi, ou préviens avant parce qu'il n'y a pas que les nuits qui sont torrides. Je plaide coupable, je l'avoue. J'ai arrêté de compter le nombre de fois où je me suis jetée sur lui au beau milieu de l'après-midi. Ce qui est loin de lui déplaire. » Et il en redemande encore et toujours, le petit coquin. « Mine de rien, il faut encore le décoincer sur certains points. Il est encore un peu... vieux jeu. Je l'ai rejoint sous la douche il y a quelques jours, j'ai essayé d'entreprendre quelque chose, mais sans grand succès. » Si mon compagnon a été d'accord pour que je vienne prendre ma douche avec lui, cela a été une toute autre histoire dés lors que j'ai voulu passer aux choses sérieuses. Il s'est éclipsé en un rien de temps de sous le jet d'eau, plus rouge que jamais, et je ne l'ai pas revu avant dix bonnes minutes. « Bon d'accord, vingt minutes plus tard, on faisait des galipettes sous la couette, mais voilà. » Non, parler de mes relations intimes à Kenzo ne m'a jamais dérangé en quoi que se soit. « Enfin, tout ça pour te demander si tu ne voulais pas lui donner quelques conseils pour... pimenter notre vie sexuelle. Peut-être que toi, il t'écoutera, même s'il rougira jusqu'à exploser, mais il ne tentera peut-être pas de se défiler. » Ce n'est pas que je m'ennuie avec Noah, mais innover ne nous ferait peut-être pas de mal plutôt que de tomber dans une routine sans fin. « Allez, je vais faire la vaisselle et on pourra passer aux choses sérieuses. » Autrement dit, je vais me régaler à dévorer aussi bien de la chantilly que ton corps à toutes les faire tomber comme des mouches tout en papotant comme deux véritables gonzesses. Une soirée comme les autres en compagnie de ce cher Kenzo.