Assise devant le bureau j'attends. Comme d'habitude il joue les gros machos avec moi. Pieds sur le bureau, confortablement installé dans son fauteuil alors que moi je suis assise sur une chaise qui même si elle est vintage n'est jamais que faite avec du plastique. Oui, j'ai compris mon cher : tu es le boss et je ne suis qu'une petite employée.
J'ai travaillé pour plein de gens tout au long de ma vie. Ne roulant pas sur l'or si je voulais des extras il fallait bien sortir les billets, alors travailler était la seule solution. J'ai testé plein de choses différentes, il y a toujours des choses que l'on préfère faire que d'autre c'est sûr, comme d'ailleurs je préfère être dans ce bureau avec un pervers en guise de patron plutôt que de faire la plonge dans un resto avec un chef qui te hurle dessus à longueur de temps, pour un salaire de misère. D'ailleurs c'était la seule chose qui me faisait rester ici... Le salaire complètement exubérant compte tenu du nombre d'heure que je faisais réellement. Quoi que dans ce prix il y a aussi le fait de se faire reluquer tout le temps. Comme là d'ailleurs. Je ne joue pas les filles prudes, loin de là, mais c'est du harcèlement non ? A quand lui viendra l'idée de mettre ses idées à exécutions ?
« Un film sur moi ? »
J'hoche la tête. Pour une fois qu'il ne regarde pas autre chose que mes fesses ou mes seins je me sens un peu gênée, mais je ne détourne pas le regard. Il ne faut pas qu'il arrive à me mater sur ce plan là il tire suffisament d'avantages de moi.
Il semble cependant réellement étonné, et pendant un milliardième de seconde j'ai l'impression de voir un autre visage de mon patron.
« j’étais sur qu’au fond de toi tu craquais !»
Je lève les yeux au ciel. En fait j'ai du me tromper, il ne peut pas être autrement que comme ça. Garde ton calme Sawyer.

Ok tout le monde, je vais vous expliquer ce que c'est que cette histoire sans queue ni tête. Ne vous affolez pas : je ne suis pas amoureuse de mon boss, et je ne compte pas faire un documentaire complètement trash histoire de le démonter non plus.
En réalité c'est un projet scolaire intitulé : dans la peau du méchant. C'est un peu le projet du semestre : faire une sorte de film sur une personne de notre entourage qui nous fait vivre un enfer ou tout simplement qu'on aime pas. Un peu comme si on était les gentils de notre propre film, et eux finalement ceux qui donneraient un sens à cette petite vie tranquille que l'on aurait sans leur présence néfaste. N'ayant pas d'ennemis à Berkeley j'ai commencé à chercher en dehors du cercle de la fac, et puis ça m'est apparut comme une évidence : John-Thomas Dalambert, alias mon boss voyeur. Peut être même que si j'arrivais à lui faire voir à la fin il aurait honte de lui même. Non j'en doute, j'ai l'impression qu'il apprécie absolument ce comportement qu'il a du sans doute travailler pendant des années avant d'arriver à un tel résultat de perfection dans son art.
« Un documentaire plutôt qu'un film. Et le scénario serait ta vie quotidienne. Après tout tu as une vie plus remplie que la plupart des étudiants de Berkeley... »
Parfois faut savoir faire le lèche botte pour parvenir à ses fins. Et mentir, inlassablement... Car je ne suis pas sûre qu'en lui disant la vérité il soit très enclin à me dire oui, déjà que ça ne semble pas gagné pour le moment.
Je le regarde alors qu'il semble réfléchir. Il à l'air ailleurs, pendant un moment je me demande si je n'ai pas été trop loin... Mais au pire quoi ? Il se débarrasse de moi ? Je trouverais sans doute un autre patron dans quelques heures si c'est ça, peut être un qui apprécie moins le plaisir de ma vue. J'ai complètement ignoré sa remarque sur le fait que je craquais sur lui... D'ailleurs c'est un vrai gâchis qu'il soit si arrogant et imbus de lui même. Si il avait été différent, pourquoi pas ?
Je me retiens de me mettre une claque pour avoir eut de telles pensées ! Manquerait plus que ça !!

Il semble assez indécis. A vrai dire à cet instant précis je ne sais pas vraiment ce qui m'attend réellement. C'est en quelque sorte une première pour moi aussi. J'ai déjà réalisé des courts métrages, mais c'est mon premier projet scolaire pour Berkeley, et j'ai choisit mon patron pour des raisons qui vont peut être faire en sorte que les choses soient plus compliquées que prévues. A vrai dire je ne sais absolument rien de lui -c'est pas vraiment comme si ça m'intéressait de toute façon-.
Sauf que voilà, maintenant qu'il semble un peu hésiter quant à la réponse à me donner je ne peux m'empêcher de me demander si il a des choses à me cacher... Pratique t il des activités illicites ? Drogue, argent, arme... ? Une lueur intéressée s'allume dans mon regard. Quoi qu'il ne faudrait pas qu'il pense qu'elle lui est directement dédiée.
Puis il me sort de mes pensées :
« Si je comprends bien, tu vas me suivre dans mon quotidien afin de montrer comment j’organise ma vie ?.... mmm….très bien James, si tu te sens capable de te lever tôt, de te coucher tard et de recommencer plusieurs jours de suite, fait donc ton film ! »
Je souris. Oui je suis capable de faire ça.

~ ~

J'essaye de souffler en cadence. Mais en réalité je crache mes poumons. Bon dieu, QU'EST QUE JE FAIS LA ? C'est une vraie torture pour moi que le sport. Je déteste ça, et donc je suis très nulle quand il s'agit de faire un effort physique de ce genre là. D'habitude le matin il ne m'appelle pas, alors j'avais été surprise hier quand il m'avait dit de me ramener au parc à une heure si … Matinale et en tenue de combat. Alors voilà, caméra en main, j'essaye tant bien que mal de suivre la cadence sans la faire trop bouger ce qui révèle de l'impossible. Je finis par me faire une raison et par l'arrêter. Je n'arriverais à rien si je continue à courir. Je ralentis un peu le temps de l'arrêter et continue de réfléchir. Qu'est que j'ai appris depuis que j'ai commencé à suivre John-Thomas dans sa vie ? Il travaille énormément. J'ai beau ne pas avoir un avis très objectif sur lui, je ne peux pas lui enlever ça. Mais voilà, il ne me laisse pas vraiment creuser d'avantage... Cependant j'ai l'impression que je commence à toucher quelque chose du bout du doigt. J'ai entendu quelques brides de conversation assez... Intéressantes. Bon l'ennui c'est que ce n'est que des bouts de phrases, et que ça ne veut pas dire grand chose même si John n'a pas sembler réellement apprécié que j'entende ça et à toujours trouvé un bon moyen de se débarrasser de moi après coup. De plus impossible de trouver quoi que se soit sur Internet...
« Alors James! On traine ! »
Je sors de mes pensées et jète un regard assassin au grand blond qui cours devant moi.
Il me laisse le rattraper. Mais je suis trop essoufflée pour dire quoi que se soit de toute façon, et ne peux que le maudire intérieurement.
« Je cours tous les matin, c’est un… besoin, même une thérapie… »
Je fronce les sourcils, prête à m'arrêter. Qu'est qu'il entend par thérapie ? J'ai l'impression d'avoir sous les yeux un élément important, et en même temps ce n'est rien. Je veux dire, ce n'est parce qu'il cours tout les matin que c'est un drogué en thérapie non ? Je ne sais quoi penser et ça m'ennuie beaucoup.... Est ce que ça à avoir avec le centre dont il parlait avec je ne sais qui ? Je sais que lui demander directement ne servirait à rien avec lui, il semble méfiant derrière son premier air de je m'en foutiste.
« Alors c'est ça que je n'avais pas le droit de savoir ? Que tu es un drogué de sport ? »
Je sais déjà que ce n'est pas ça, c'est juste une façon de tâter le terrain. Je ne prétends pas être une fine psychologue cependant je sais assez bien déchiffrer les expressions sur le visage des gens, c'est d'ailleurs sans doute du au fait que je sois moi même une actrice. En tout cas ça à l'air de le faire rire... Tant mieux, il ne faut pas qu'il se méfie de moi.

Mais comme on dit : le naturel revient toujours au galop.
« Quel dommage que tu ne cours pas plus vite que moi, t’as un joli p’tit cul dans cette tenue… »
Cette tenue comme il dit c'est un short de pom pom girl directement sortit du placard de ma coloc, rouge, et un débardeur blanc, avec une petite veste par dessus. Rien de très élégant... Et mes cheveux sont relevés en une queue de cheval haute. Même trouver des baskets ça à été une épreuve.
J'accélère un peu histoire de me retrouver face à lui, puisqu'il tient à faire le malin il va en prendre pour son grade...
Je l'attrape par le tee shirt histoire de lui intimer de s'arrêter, et me stoppe, avant de le regarder dans les yeux, ma main tenant son tee shirt, posée sur son torse.
« Evite les commentaires trop insistant sur le « cul » de ta réalisatrice, au risque de passer pour le plus grand pervers que Berkeley n'a jamais connu, titre qui t'irais à la perfection cependant je suis d'accord. »
Un dernier regard pour le bel Apollon près de moi, et je me remet à courir comme si de rien n'était.

Il ne semble pas vouloir me dire ce que je veux entendre. D'ailleurs qu'est que je veux entendre ? Je ne le sais pas moi même. Peu à peu j'oublie le but de mon projet initial... Enfin presque. Oui parce que ce patron là à quand même tout du méchant idéal : il travaille énormément, est toujours over booker, est pervers, et a tendance à aimer jouer avec mes nerfs. En gros, c'est un des méchants de la société d'aujourd'hui. Oui, on est loin du dragon qui crache des flammes des contes mais voilà, il est mon méchant à moi. Et il continue de me tourmenté en refusant de répondre à mes questions ce qui est quelque peu (il serait bon de mesurer le taux d'ironie contenu dans : quelque peu) agaçant. Oui voilà, c'est ça le mot, il m'agace. Il m'agace et pourtant je suis toujours là. Serais maso ? Est ce que ça a quelque chose à voir avec ce visage d'ange et ce corps d'athlètes -ça y'est il me déteint dessus-, je ne saurais le dire. En tout cas je suis là entrain de suer, moi qui déteste ça. Et si moi je suis en pleine galère pour juste respirer, lui il s'amuse de ça, et continue d'être le pervers auquel je suis confrontée jour après jour.
De plus ma patience n'est pas réellement légendaire, alors oui, pauvre femme que je suis, je me laisse emporter, et l'attrape par le col espérant que mes mots ainsi dit rentrerait davantage dans sa tête, car au moins là je suis sûre que son attention est reportée sur moi, sur mon visage, et non sur une quelconque autre partie de mon corps, ce qui avouons le est très mal venu.
« Grrr, t’es sexe quand tu fais des menaces, on te l’a déjà dit ? Toi tu dois être une sauvage au pieu ! Raconte ce que tu veux James, mais je ne suis pas un pervers, juste un passionné d’anatomie féminine… »
Et encore une fois je lève les yeux au ciel quand je l'entends rugir comme un animal en chaleur, parce que c'est ce qu'il est au final. Si il n'était pas mon boss je lui aurais sans doute déjà mis une gifle, même si mes mains ne lui auraient sans doute pas fait ça, ça aurait peut être put me défouler... Tiens et pourquoi pas se mettre à la boxe ? Non... Il arriverait à trouver ça sexy. Je soupire, avant de reprendre ma course sans lui répondre. Peut être que c'est ça sa meilleure punition : que je l'ignore quand il me fait ce genre de remarque. Ou peut être que c'est ce que j'ai envie de me dire. En un sens c'est assez flatteur pour mon égo, d'un côté c'est n'être que traiter comme de la chaire humaine. Et je n'apprécie pas ça.

Il me rattrape en une fraction de seconde et se met à courir à côté de moi. Il a se sourire suffisant, comme si il était fier de lui. Je me retiens de soupirer encore une fois. Zen Sawyer, Zen...
« Pour ta question précédente, tu ne crois pas si bien dire, je suis accros à ce footing matinal, bien plus qu'à tes formes même, ne soit pas vexé surtout! »
Même si je fais semblant de ne pas l'écouter je suis aux abois. Est ce que c'est le moment des confidences sur... Non pas l'oreiller, disons confidences pendant le footing. Je le laisse rire sans relever la remarque, et continue à courir tout en étant à l'écoute, juste au cas... Bingo.
« Je ne sais pas jusqu’où tu vas aller dans ce… Documentaire… Si tu vas allez chercher sur internet ou questionner les personnes que je fréquente, alors autant que je te dise tout moi-même, j’ai pris de la coke, il y a quelques temps, j’étais… Dépendant, puis j’ai baissé le pied et j’ai ensuite repris une forte dose, du coup, j’ai fais une overdose, j’ai failli y resté, j’ai été sauvé, j’ai fais une cure et… Le sport m’a beaucoup aidé, voilà, t’as du croustillant à mettre dans ton film désormais… »
Ma réaction au début est de froncer les sourcils. Et puis je m'arrête. Je ne me sens pas très bien. J'ai la triste impression d'être un de ces tristes paparazzi américains qui suit partout une des célébrités à la mode, cherchant à savoir tout les détails juteux de leur vie. Mais moi je ne suis pas comme ça. Et j'espère avoir plus de morale que tout ses chiens à l'affut. Tout d'un coup dans mon histoire le méchant devient le bouc émissaire, et il n'a plus l'air si arrogant, si fier, si distant. Juste normal, plus du tout infaillible.
Alors je ne m'étais pas trompée quand j'avais commencé à émettre des hypothèses sur la conversation que j'avais entendu. Voilà que la balance s'inverse, maintenant je me sens honteuse. Peut être que c'était ça la finalité du documentaire que nous a demander le prof... De nous mettre dans la peau du personnage... Se rendre compte que le méchant de notre vie à ses propres démons, ces propres peurs, angoisses, peines, et est tout autant soumis à la vie que nous.

Je prends une décision.
« Je ne mettrais pas ce que tu me diras de ne pas mettre dans le documentaire. Je comprendrais si tu veux que ça reste discret, il n'y a pas de problème. »
Je lui montre la caméra fermée.
« Je n'ai rien enregistré de ce que tu viens de me dire. »
Je suis sincère, je ne voudrais pas lui attirer des ennuis. Le faire passer pour le pire des pervers c'est une chose, mais ébruiter ce genre de chose s'en est une autre. Je ne suis définitivement pas ce genre de personne là, et ce n'est absolument pas ce qui m'intéresse d'ailleurs, même si grâce à ses révélations j'en sais sans doute un peu plus sur John-Thomas Dalambert.
Je recommence à marcher, quelque peu perdue dans mes pensées. Il a été honnête avec moi, autant que j'en fasse autant non ? Il pense que je ne fais qu'un documentaire sur lui, mais je ne lui ai pas vraiment expliqué le pourquoi du comment. Il n'a pas demandé d'ailleurs. Je ne sais pas si c'est vraiment le moment. Je décide de me taire pour le moment.
Il arborait toujours ce sourire sur son visage quand il m'a annoncé son espèce de bombe, pour ma part j'ai du mal à rester concentrer ou même à penser à des choses joyeuses.. Je ne sais d'ailleurs pas pourquoi je suis autant contrariée. Ni pourquoi il m'a dit ça. Et voilà une autre facette de ma personnalité : la Sawyer sérieuse, et perdue surtout. Voilà, maintenant je doute arriver à le détester encore longtemps... Quoi que, avec John on ne sait jamais.

Déjà que je ne suis pas dans mon éléments avec ce stupide jogging à une heure si matinale, rajouter des confessions intimes avant même d'avoir pris le premier café de la journée me retourne encore davantage l'estomac, et jette un grand trouble dans mon esprit. Soudain j'ai comme... Pitié de John, et je ne pensais pas que ça allait arriver un jour, pour moi il était très clair dans mon esprit jusque là qu'il ne m'inspirerais jamais que du dégoût et de la méprise. Maintenant c'est comme si il avait un élan en moi de protection. Est ce que ça vient de la cette subite nausée ? Peut être bien.
Enfin bref toujours est il que maintenant je me sens mal, mais ça n'a pas l'air de le déranger le moins du monde. Mon dieux ce que ce type peut être étrange...
« Quel manque d’ambition ! Tu aurais du filmer, que mettras tu dans ton films sinon, à part le fait que je bosse et que je te reluque le derrière ? Je n’ai rien à cacher, mes amis savent tout ça, au contraire met le et… mon histoire peut peut-être servir, je suis ni le premier, ni le dernier à tomber à me brûler les ailes… »
J'hésite. Sans doute qu'il n'a pas tord. Je n'aurais sans doute pas une autre occasion de faire ça. Et en même temps j'ai cet horrible sentiment d'être une intruse. Non en fait je suis réellement une intruse dans sa vie. Je ne devrais pas autant m'en soucier. Ca n'a vraiment pas l'air de le préoccuper. Donc à nouveau je prends une nouvelle décision.
« Non ça aurait servit à rien que je filme en courant. Je n'aurait pas put me servir des images. Par contre si tu es prêt à faire des aveux en bonnet du forme, je suis prête à tout filmer. Je vois déjà la scène, toi gentiment assis derrière ton bureau... Ca te conviens ?»
En réalité ce n'est qu'une question pour être polie. Il a déjà dit oui dans le sens où il m'a dit que j'avais le droit de filmer, et puisque c'est moi la réalisatrice j'ai bien le droit de faire ce que je veux ? Enfin dans les limites qui me sont imposée ici...

Une fois cela dit une sorte de silence s'installe. Je suis dans la conception de mon documentaire et lui … Bah je ne sais pas en réalité. Il est plutôt du genre à parler tout le temps, mais là je suis trop absorbée par mes propres pensées pour m'inquiéter de quoi que se soit. Y'a t'il quelque chose d'inquiétant d'ailleurs ?
Et là, alors que mon esprit est à 100 milles lieues de là, un événement qui restera sans doute gravé dans ma mémoire pour le reste de ma vie : mon boss me met une claque. Pas n'importe où non... Sur les fesses. Complètement hallucinée je m'arrête me demandant si je n'ai pas rêvé... Mais non je sens encore bien l'endroit où sa main s'est posée.
« Allé on accélère, le sport raffermi le fessier, penses y ! Il n’en sera que plus agréable à mater durant nos soirée de travail ! »
Jamais un de mes patrons ne m'avait parlé comme ça jusqu'à ce que je rencontre JT, alors ce genre de comportement m'est encore plus choquant, tellement que j'en perds tous mes mots. Puis mon cerveau commence à se remettre en route, et là ça commence à tourner à 200 à l'heure dans ma tête. Est ce que je pourrais lui coller un procès pour ça et gagner assurément pas mal d'argent ? Oui. Parce qu'après tout ce n'est pas avec ma force légendaire que je pourrais même envisager de lui faire passer un sale quart d'heure.
Mais en fait ce n'est pas vraiment ce qui me traverse l'esprit, non... La vengeance est un plat qui se mange froid.

Je ne dis donc rien, et reprends ma foulée, alors que lui à déjà accéléré le pas. Aurait il peur de moi et de ma réaction face à son attitude familière, déplacée, et mal venue ? J'en doute. Il a même l'air assez fier de lui. Pour le coup je n'ai absolument plus pitié de lui, et mon relent de haine est de retour. Oui, il m'énerve c'est plus qu'évident. Alors encore une fois je me pose la question : qu'est que je fais ici ? Comment peut on lancer une bombe du genre : je suis un ancien drogué, et après agir comme ça ? Serait il schizophrène ? Si oui ça expliquerait bien des choses.
Il m'attend à nouveau, toujours cet air arrogant sur le visage qui me donne envie que d'une chose c'est de le frapper. Mais non j'arbore un léger sourire en vue de la vengeance à laquelle je me prépare qui va être terrible.
« tu as besoin d’entraînement James, que dirais tu de venir avec moi à la salle de gym demain soir… Et je te payrais le dîner… »
Bien maintenant qu'il m'a claqué les fesses il veut coucher avec moi ? Mais qu'il est drôle... Quoi que je vois bien là le début d'une douce vengeance, et disons le sincèrement : il se jette dans la gueule du loup.
« Quand on dit « s'y connaître en femme » on ne commence pas par les insulter, ni même leur proposer d'aller dans une salle de sport avant d'aller dîner. »
Ce que j'entends naturellement par insulter c'est parler de la fermeté de mes fesses. Oui, nulle femme n'a envie d'entendre ce genre de commentaire sur son postérieur.
« Et tu peux oublier la gym. J'en ai finit avec ça pour le reste de ma vie. »
Sur ces dires je m'arrête, bien décidée à en finir là avec le sport du matin.  

Je continue d'avancer, en me rapprochant de lui, à l'allure où il va je peux même le rattraper sans avoir besoin de courir.
Une fois proche de lui -mais moi que tout à l'heure-, je lui décroche un parfait sourire et rajoute :
« La prochaine fois que tu m'invites à dîner, mets y les formes. »
Je lui tapote l'épaule comme pour le consoler, montrant ma belle ironie, et le dépasse... Maintenant ma réelle quête est : un café.