Le grand jour ! Si on peut appeler une visite médicale de routine un grand jour. Pour Nate, il s’agissait d’une formalité contraignante mais il refusait d’imiter son père et d’attendre le dernier moment pour consulter. De plus, il souffrait d’une maladie chronique alors mieux valait se rendre aux rendez-vous fixés par son médecin. Même s’il s’agissait de faire un crochet par l’hôpital, notre entrepreneur n’en allait pas moins négliger son apparence. Tant pis s’il fallait enlever son bouton de manchette pour pouvoir lever sa manche pour la prise de sang de routine. Tant pis s’il devait déboutonner sa chemise pour l’auscultation. Un héritier, même d’entreprise familiale, se doit de rester bien habillé. Qui sait qui il pouvait rencontrer dans la rue ou dans ces couloirs blancs d'hôpital…
Après avoir choisi ses vêtements extravagants, Nate se passa un coup de peigne avant de se diriger dans la cuisine. Ah, mince, il n’avait pas le droit de manger. Prise de sang à jeun, bien entendu. Donc aucune prise d’insuline au risque de faire une hypoglycémie. Il ne manquerait plus que ça ! La grand Nate Hawke, héritier de la « Hawke Corporation », dans le coltard ! Ca sentait la une des journaux économiques et politiques. A cette pensée, un sourire amusé étira les lèvres de notre homme et il reposa sa cafetière remplie d’eau. Bon, le petit-déjeuner, ce sera pour plus tard. A la place il alla se préparer : lavage du visage, brossage de dents, habillage et préparation de sa sacoche. Et oui, on ne s’arrête jamais quand on est homme d’affaires ! Il n’oublia pas de ranger sa trousse contenant son stylo à insuline et son glycomètre. Ma foi, il se fera son « shoot » après sa consultation.
Vingt-cinq minutes plus tard, le blondinet attendait dans la salle d’attente du service de diabétologie. Il envoyait un email avec son BlackBerry quand le médecin arriva et appela son nom.
« Présent ! Ah ! Mais vous avez rajeuni, Dr. Bradley ! »
Effectivement, un jeunot se tenait devant lui et un rapide coup d’œil sur son badge indiqua à notre homme qu’il s’agissait d’un étudiant en médecine effectuant un stage. Bah, Julian Hawke, son père, avait bien passé par là aussi et il n’avait tué personne. Après sa petite plaisanterie, Nate ramassa sa sacoche après y avoir glissé son portable et il se leva.
« Je vous suis docteur. »
Il était persuadé que cette appellation allait gonfler le jeune étudiant d’estime. Mais première année ou pas, pour Nate, il s’agissait quand même d’un docteur puisqu’il allait s’occuper de lui. Certes, il ne serait pas seul, mais ça revenait au même. Et le respect, Nate connaissait et il détestait traiter les gens inférieurement à leur statut.