you know my name not my life • • Quand on cherche désespérément quelque chose, on ne le trouve pas. Et quand on s’efforce d’éviter quelque chose, on peut être sûr que ça va venir vers nous tout naturellement. ~ kanoa&lysea

« Bonjour à vous chers auditeurs, nous sommes le mercredi 26 juin, il est actuellement 12h40 et une magnifique journée s'offre à vous. Mais dites moi Sonia, est-ce que ce soleil radieux va perdurer ou va-t-il continuer à ... » « Tais-toi ! » je m'étais empressée d'éteindre la radio avant de repositionner mes deux mains sur le volant. J'étais anxieuse, légèrement sur les nerfs dû à l'annonce des résultats de ma promo qui n'allaient pas tarder à tomber. A 13 heures pour être précise. La veille, pour tenter d'apaiser mes crises sévères d'anxiété, je m'étais administrée un énième comprimé aux plantes, soit-disant vertueux et bénéfique. Foutaises. Les effets n'avaient eu qu'à accentuer ce stress qui me comprimait. Je savais que j'avais réussi mes examens mais d'un autre côté, je songeais à un éventuel échec dans mes matières prédominantes. « Non Lyse, tu as réussi. Tu mérites amplement les félicitations du jury d'ailleurs. » Mes pensées s'étaient échappées, me laissant tout de même dubitative. Ces dernières semaines, je les avais passé à me visionner des films à l'eau rose, mangeant de la crème glacée, venant même à participer à un speed-dating ! Ce n'était pas dans mes habitudes de songer au fait que j'allais trouver 'l'âme soeur' dans un café ou un bistrot. Y allant donc par simple curiosité, je n'aurai jamais penser tomber sur des brochettes d'hommes aussi inintéressantes les uns que les autres. Cela avait même été au-delà de mes forces lorsque je m'étais retrouvée nez-à-nez avec mon partenaire de laboratoire. Imaginer un peu un homme au crâne dégarni, assorti de lunettes en demi-lunes, des lèvres charnues, quelques boutons d’acnés immigrants sur son visage, une fine moustache témoignant de sa puberté, une chemise à petites carreaux et cravate -probablement dérobée dans les tiroirs de son paternel- ainsi qu'un pantalon de bouseux. Autant le dire franchement, je n'avais guère eu l'envie de poursuivre de 'rencards' après cette dernière entrevue. A mi-parcours, j'avais voulu abandonné, quitter cet endroit et rentrer chez moi. Allez savoir pour quelle raison j'avais décidé d'accorder une dernière chance au prochain candidat. Je ne m'étais pourtant pas attendu à toucher le gros lot : un beau brun, typé, au regard de braise et au sourire ravageur avait été mon seul remède à cette malchance que j'avais accumulé dès le début de la soirée. Le feeling avait bien passé si bien que nous avions décidé de poursuivre notre conversation autre part ; et n'allez pas croire que mon unique but avait été de le mettre dans mon lit. Nous avions donc tout organisé avant qu'un inconnu n'en vienne à gâcher nos plans. Une bagarre se déclencha et Kanoa ne récolta que la monnaie de sa pièce. Finalement, la fin de soirée ne s'était pas déroulée comme je l'aurai espéré et mes doigts de fée s'étaient chargés de panser les blessures du jeune hawaïen.

Les bruits de klaxon, les cris et autres insultes vinrent alors à me faire atterrir. « Tu la bouges ta caisse ? C'est vert ! » Jetant un coup d'oeil dans le rétroviseur avant de ma voiture, je constatais avec effroi qu'une file de véhicules attendaient que je ne daigne démarrer. Me mordillant la lèvre inférieure, mon regard se répercutait sur le feu qui venait tout juste de passer à l'orange ; alors, m'excusant d'un revers de main, mon pied appuya sur l'accélérateur afin de dépasser ce feu. Secouant ma tête nonchalamment, je me rendais compte de ma bêtise ; mon côté lunatique avait souvent été la cause de bons nombres de problèmes. Arrivée à un carrefour qui m'était familier, je pris la rue de droite avant de m'emboucher dans le parking de l'université. Distraite, mes pupilles s'attardèrent sur l'entrée du bâtiment central avant de se poser sur une file d'attente gargantuesque d'élèves se trouvant un peu plus loin. Malgré la faible allure de ma voiture, la roue avant gauche buta contre un obstacle et, pris par surprise, je vins à stopper le véhicule. « Non mais vous ne pouvez pas regarder où vous roulez? Vous l'avez eu où le permis? Dans un kinder surprise? » Écarquillant mes yeux, tête légèrement baissée au niveau du volant, je me demandais bien quelle connerie j'avais encore faite. « Merde, merde, merde ... ! » Ce n'était pas mon jour apparemment. Arrêtant derechef ma vieille Volvo, j'ouvris la portière et sortis du véhicule afin de constater les dégâts matériels - je songeais d'abord à mon véhicule avant une éventuelle perte humaine - et de constater qu'une planche de skate venait d'être brisée ... par ma faute. Passant furtivement mes deux mains sur mon visage, je ne tardais pas à remarquer la présence du jeune homme - propriétaire du skate, probablement - avant de me rendre compte qu'il s'agissait de ... « Kanoa ? » j'en restais encore submergée. « Je suis terriblement désolée ! Tu n'as rien j'espère ? » Pour m'en assurer, je m'avançais jusqu'à lui et, non sans une once de gêne, agrippait l'un de ses avants-bras, le palpant avant de remonter jusqu'à son épaule. Me rétractant, j'espérais voiler ma gêne, sans succès. « Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, d'habitude, je fais très attention mais là ... je n'ai pas du tout assurée. » Mon regard s'attarda un bref instant sur celui du brunet, admirant ses traits, avant de faire volte-face pour me diriger vers ma portière. « Et je suis désolée pour ton ... skate. » J'étais tout de même étonnée qu'il vienne à l'université sur cet engin de la mort mais qu'importe, j'allais racheter ma conduite, il le fallait.