Il faisait frais. Il faisait toujours frais dans la bibliothèque universitaire. La température y était idéale pour étudier. Je n'en avais pas réellement besoin, mais je préférais être toujours au top. La Photographie était toujours intéressante et passionnante à mes yeux. Mais enfermée ici depuis ce matin, je commençais à surchauffer. La preuve ; les marges de ma feuilles étaient remplies de petits dessins alors que je relisais inlassablement mes notes. Je rangeais lentement mes feuilles de cours avant de sortir un bouquin en soupirant. Je dû lire une ou deux pages avant que mes yeux ne relisent inlassablement la même phrase... C'était pas gagné.

Je décidai finalement de faire une pause dans mon travail. Beaucoup, c'était bien, mais trop... C'était trop. Et ça ruinait tous nos efforts. Quand je voyais mes camarades qui pouvaient s'enfermer pendant toute une journée, et travaillais non-stop dans la bibliothèque, je me demandais comment leurs efforts pouvaient porter leurs fruits et ne devenaient pas vains. J'écartais cette interrogation de mon esprit en quittant la BU, et me dirigeais à grands pas vers ma chambre. Je souriais légèrement en sentant la chaleur du soleil sur ma peau, à travers les fenêtres. Je serais bien mieux dehors ! Il me fallait me défouler un peu... Et si j'allais m'inviter sur les terrains de sports ? Certes, ils étaient théoriquement réservés aux Iotas mais... C'était comme pour tout (ou presque) ; la théorie différait de la pratique. Arrivée dans la chambre, le laissait mon sac de cours traîner au pied de mon lit et me changeais rapidement. Je troquais ma robe légère et mes collants contre un bermudas de sport bleu marine, et un T-shirt assortit sur lequel était imprimé le bouclier de Captain America. Hé, quoi ? Qu'est-ce que j'y pouvais, j'étais fan de ces comics depuis toute petite !

Je terminais d'attacher les lacets de mes baskets avant de filer dans la salle de bain. Attrapant deux élastiques qui passaient par là, je me fis d'abord une queue de cheval avec le premier, pour ensuite faire un chignon serré avec l'autre. Un seul chouchou m'aurait certainement suffit, mais j'étais ainsi assurée de ne pas les perdre en courant – quoi que. Mes cheveux étaient tellement fins que cela ne m'étonnerait qu'à peine s'ils se détacher soudainement. Je traversais les couloirs au pas de course, passant par ''l’entrepôt'' de sport des Iotas pour leur emprunter un ballon de foot. Les terrains étaient presque déserts, peut-être à cause des quelques nuages qui pointaient leur nez à l'horizon ? Je n'étais apparemment pas la seule à apprécier le foot, mais n'osa pas aller déranger les sportifs. Je me contentais de courir après ma balle, essayer quelques figures pas toujours réussies... Jusqu'à taper un peu trop fort dans le ballon rond.

Je regardais la balle décrire une belle courbe dans le ciel... Non, il ne fallait pas exagérer non plus ; elle fila tout droit, d'une ligne régulière et loin d'être belle car je n'avais pas visé avant de frapper, la balle alla directement se perdre vers les joueurs que je n'avais pas osé embêter. A dire le vrai, elle alla même cogner droit dans la tête de l'un d'eux, alors que je m'étais mise à courir futilement après. Évidemment, je ne fus pas assez rapide pour l'arrêter ; et j'arrivais auprès de ma victime légèrement essoufflée, le visage rougit, mais plus par la honte et la gêne que par ma course.

« Je suis désolée ! » Je me mordis la lèvre en lui lançant un regard vraiment gêné. « Je n'ai pas fait exprès, une minute inattention et... » J'eus un léger rire nerveux, en passant une main dans mes cheveux attachés.

Quand il se tourna vers moi, j'écarquillais sensiblement les yeux. Je le connaissais – enfin, plutôt, je le reconnaissais. Il faisait partit de l'équipe de foot de l'université, et il était plutôt bon. Sur le terrain, évidemment ! Loin de moi d'autres pensées plus... Bref. Malgré tout, je devais avouer qu'il était plutôt mignon, comme garçon. Mais qui pourrait rester complètement indifférente face au capitaine de l'équipe de foot torse-nu, son maillot à la main et un ballon sous le bras, à quelques centimètres à peine de vous ? Je réfléchissais rapidement avant de retrouver son prénom ; Matthew. Matthew Burnett même, pour être précise. Il faisait des cours de piano avec moi, et il était aussi là à la guitare et au chant. Il était même parfois là pour les lives et enregistrement, ainsi que les compositions et écriture, mais c'était plus rare. Je ne le connaissais pas vraiment en dehors des cours, aussi j'avais légèrement peur de sa réaction. Il pouvait tout aussi mal le prendre que ne pas m'en tenir rigueur...

« Alors comme ça, on agresse ses petits camarades ? C'est pas bien mademoiselle. Plus douée au piano qu'au foot, hum ? » me fit-il.

Si mon visage rougit encore un peu plus à ces paroles, je fus soulagée de lire que l'amusement et de la taquinerie dans son regard, comme dans le ton de sa voix. Je me détendais donc légèrement, et rattrapais le ballon alors qu'il me le renvoyait.

« Ce n'était qu'une erreur d'inattention, mais je ne m'estime pas trop mauvaise. rétorquais-je avec un sourire similaire au sien.
- Matthew Burnett, enchanté. Tu veux jouer ? »

Mon sourire s'étira légèrement et, pendant un millième de seconde, aurait certainement pu ressembler à celui d'une sirène avant de dévorer sa proie. J'aimais bien m'amuser, c'était un fait. Taquiner un peu les garçons, de temps à autre, ce n'était pas une mauvaise chose.

« Ambroise Racine. Enchanté également. » lui répondis-je tout en souriant.

A mon tour de faire rebondir le ballon. Je faisais quelques figures de style pour lui montrer que je n'étais pas si nulle que ça – il fallait bien que je fasse honneur à ma patrie ! Et soudainement, je m'élançais en riant avec le ballon ;

« Vas-y, rattrape-moi si tu peux ! » le défiais-je tout en sachant pertinemment qu'il en était tout à fait capable.

Je reconcentrais alors toute mon attention sur le ballon et le terrain, désirant mettre le plus de distance entre lui et moi. Mais je n'avais pas l'intention de me laisser rattraper, à vrai dire. Je fis un demi-tour serré pour tirer dans le ballon aussi fort que possible et, cette fois, en visant correctement, un large sourire sur mon visage. On va bien voir s'il allait réussir à rattraper la balle !