❝us and our souvenirs❞

Le message était simple, claire et précis. Alors rejoins moi demain à 17h au Golden Gate Park. Tu trouveras l'adresse facilement. À demain. Deux ans que nous nous étions retrouvés. King et moi avions été voisins de palier lorsque nous étions jeunes. Je l'avais vu naître, grandir quelques années avant que je n'entre au collège et de déménager peu de temps après. Je m'étais occupée de lui par moments, et nous nous amusions souvent à courir dans ces immenses pleines qu'offraient notre terre natale. J'en étais toujours amoureuse de ces paysages, cela était d'une évidence même. Cet être, qui avait bien grandi, demeurait l'un de mes rares liens me permettant de visualiser un lieu qui me paraît si loin. Même si ce déménagement était en parti ma décision, je finissais par regretter de ne pas avoir remis un pied depuis. Cela tellement longtemps que mes souvenirs semblent remonter à des siècles. Un dimanche légèrement ensoleillé qui confinait à s'éteindre à mesure que le temps filait Les derniers rayons semblaient néanmoins persister à mon plus grand bonheur alors que j'étais arrivée à destination. Le Golden Gate Park. De nom, j'en avais entendu parler mais je ne m'y étais jamais déplacé. La vue qui s'offrait à moi, un avant-goût de ce que refermait cette immense ouverture, était splendide. De la nature, de la vie, une brise légère et délicate. Je fermai les yeux quelques secondes avant de pénétrer ce sanctuaire. J'avais l'impression d'être une enfant qui découvre la vie, qui rencontre le monde, qui explore l'univers. J'étais même prise d'une étrange curiosité, mon âme enfantine reprenait le dessus et un sourire en coin vint se nicher sur mon visage. Un soupçon de joie s'empara de moi, et mes yeux se perdirent lentement dans tous les coins et recoins. Un parc immense, s'étendant à perte de vue. Voilà ce que King m'avait offert : un retour dans le passé. Je souriais davantage, presque embarquée par ce nouvel air. Les passants marchaient à côté de moi, sans me bousculer, entrant ou sortant. Ils n'étaient que des passages, que des aveugles ne sachant pas contempler la merveille qui s'offrait à nous. J'aurai pu être subjuguée mais j'avais les pieds sur terre. Cette flamme qui m'animait était déjà immense, c'était un grand pas. Et pas à pas, justement, une ombre se rapprocha de moi. Tournant légèrement la tête sur le côté, je reconnus les traits de ce cher ami. « Je t'ai dit, je suis toujours à l'heure » déclarai-je d'une voix douce avant de perdre à nouveau mon regard devant moi. Il semblait amusé par la situation puisque je sentis dans sa gorge s'étrangler un bref rire amical. Je le regardai à nouveau, faussement vexée avant de poser mon regard sur un banc non loin, à l'abris du passage et installé de manière à se retrouver comme des spectateurs dans une salle de cinéma. Nous nous dirigeâmes sans broncher jusqu'à notre siège. Sans un mot, je pris place, silencieuse et apaisée. La semaine de cours et tout le stress qui en avait été dégagée s'était évanouit. C'était mon moment de paix et j'en avais besoin. « On s'y croirait presque... » Mon regard était droit devant, me permettant d'admirer ces grands arbres, ces montées et descentes, cette nature sauvage regroupée dans un seul endroit. Cela était presque féerique. Je me tournai finalement vers King, intriguée. Je dézippais le manteau de cuir que je portais, affichant ma robe couleur coquelicot. Elle se fondait parfaitement avec le décor, je me sentais telle une fleur dans ce jardin d'enchantement. King semblait satisfait. « Comment tu as su que... Que tout ceci était aussi proche de là où nous habitions ? La Californie est peuplée de petites forêts, de palmiers à chaque rue mais ça... C'est un avant-goût de Florence... Tu viens ici pour les souvenirs ou tu cherchais simplement à me faire une surprise ? » demandai-je gentiment avant de rire avec élégance. J'étais totalement sous le charme du lieu. Tellement charmée que je n'avais même pas pris le temps de le saluer ou de lui demander comment il allait. J'allais le faire, cela ne faisait aucun doute mais il fallait bien que je laisse exprimer ma sincérité. Mes yeux se posaient avec attention sur King, plus rayonnant que jamais. Le jeune garçon était devenu un homme. C'était amusant de voir à quel point nous avions grandi, à quel point nous étions devenus beaux. Et lui était là, timide et à l'aise à la fois, à son avantage. Je ne me posais pas de questions avec lui, c'était comme si nous avions toujours marché juste tous les deux sur le même chemin.