Il y a des premières fois qui marquent à jamais. Comme ma première fête à Berkeley. Je m’ennuyais tellement que j’ai fini par battre un record de boissons ingurgitées. Même moi, je me suis épatée. J’aurais pu finir ivre morte sur un canapé avec un mal de crâne carabiné au réveil. Enfin, soyons franc, c’est exactement ce qui m’est arrivé. A un détail près. Je me suis réveillée dans la chambre d’une inconnue. Non, je ne m’étais pas fait kidnappée par une psychopathe. C’était juste une âme charitable qui avait voulue faire sa bonne action de la soirée en me ramenant. Au moins, je démarrai l’échange sur les chapeaux de roues ! Pourquoi je vous parle de tout ça ? Parce que j’avais envie de la voir. Tout simplement. Sur ces pensées, je me jetai sur mon téléphone et lui envoya un message.

Code:

De : Kathleen
« Hello ! Je m’ennuie un peu et n’ayant pas bar à disposition pour tester tous les cocktails possibles et inimaginables, ça te dis qu’on se retrouve en ville vers quatorze heures trente ? Je suis à la Marina. Bisous ! »

J’appuyai sur envoyer. Direction la Marina, maintenant ! Non, vous ne rêvez pas, j’avais bien donnée rendez-vous à quelqu’un alors que je n’y étais pas. Je n’avais pas l’intention de lui poser un lapin. Non, jamais. J’honorai tous mes rendez-vous. C’était une règle d’or chez moi. J’avais juste envie de prendre mon temps pour arriver, de visiter la ville. Je n’étais pas loin dans tous les cas. Il n’y avait aucun souci, je maitrisais la situation. Jusqu’à que mon regard se pose sur un café plutôt sympa. Il y avait quelques personnes. Je pris un chocolat chaud. Après tout, ce n’est pas parce que j’étais anglaise qu’il fallait absolument que je prenne un temps. A bas les clichés. Sérieusement, vous croyez qu’en France, tout le monde se balade avec une marinière, un béret sur la tête et une baguette sous le bras ? Faut arrêter les délires. Je ne vis pas le sourire en coin du serveur. Surement, avait-il compris que j’étais anglaise à mon accent… ou alors, c’était autre chose ? Je vis un petit papier avec un numéro. Comme quoi, y’en a qui perde pas de temps. Désolé, mon coco mais ça ne m’intéresse pas.

Je restais un moment dans le café, observant les gens qui passaient, essayant de deviner quels genres de relations ils entretenaient… C’était plutôt amusant jusqu’à que je vois l’heure affichait… 14h29. Oh bordel. Adélaïde. Horrifiée, je sortis en trombe, manquant de trébucher avant d’arriver à la Marina. Le soi-disant lieu où je devais être. Elle n’avait pas l’air d’être là. Tant mieux. Au moins, j’avais qu’à faire comme si j’étais là depuis longtemps. Quoique non. Enfin de compte, je vis sa silhouette dans la foule. Je m’avançai jusqu’à elle, toujours mon chocolat chaud à la main. J’accrochai un sourire d’excuse à mon visage.

Désolée, j’étais dans un café et j’ai pas fait gaffe à l’heure. C’est une première pour moi. Arriver en retard à un rendez-vous que j’ai moi-même fixée… Ce n’est pas mon truc, habituellement. Ça va sinon ? T’as envie de faire quelque chose en particulier ou on improvise ?

Rollers, catamaran, kite-surf, kayak, baignade… Il y avait de quoi faire. J’étais douée sur des rollers. J’avais toujours aimée ça même si les débuts avaient été laborieux. Dommage qu’il n’y ait pas de patinoire au passage, ça aurait été encore plus fun. Après, j’étais là pour tester des nouveautés. J’avais envie de faire de nouvelles expériences. De ce côté-là, j’avais le choix. Entre le catamaran, le kite-surf et toutes ces activités nautiques de fous… Je tournai la tête vers le côté et vis quelques surfeurs et kite-surfeurs en train d’enchaîner les figures. Même mon serveur était là. Comme quoi, j’étais sa dernière cliente. A la pensée de son numéro, calée dans ma poche, je souris. Je ne comptais pas l’appeler mais c’était marrant de voir le culot de certains. Je suis sûr qu’il avait tellement confiance en lui que c’était obligé que je cherche à le revoir. Y’en a un qui allait être déçu… Je sortis le papier de ma poche avant de sourire à mon amie.

Ça te tente un rendez-vous galant avec un surfeur tellement sûr de lui qu’il m’a donné son numéro sans me connaître ? Tant que la fille est jolie, je suis sûr que ça lui convient parfaitement. Si ça se trouve, il a donné son numéro à cinquante filles différentes et ne se souvient du visage d’aucune… Alors.