the great escape
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gusto&sandro -

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MessageSujet: gusto&sandro - gusto&sandro -  EmptyJeu 13 Déc - 15:50


Avachi sur le canapé en cuir qui trônait au milieu du salon, j’attendais en silence l’arrivée de Symon, un Sigma. Patient, je n’osais pas commencer ma valise sans lui. Après tout, il était mon conseiller, celui qui m’avait poussé à prendre ce billet d’avion pour le Soudan. Non pas que je me sois dernièrement découvert une soudaine et subite passion pour ce pauvre pays (que je n’avais même pas su placer sur un planisphère quand Symon l’avait mentionné), mais disons que ma vie à San Francisco était devenue trop pesante, trop lourde à supporter pour envisager rester quelques jours de plus. Noël approchait à grand pas, et pour la première fois de ma vie, je ne le fêterai pas. Pourquoi faire, de toute façon ? J’adorais Noël, son esprit festif, sa convivialité. Mais ce 25 Décembre 2012 serait probablement la pire journée qu’il m’aurait été donné à vivre, mon pire souvenir, ma hantise la plus secrète, si j’avais dû rester à San Francisco. Mais ce ne serait pas le cas : je préférais prendre les devant, et m’en aller avant qu’il ne soit trop tard. Je forçais légèrement le destin pour qu’il œuvre, pour une fois, en ma faveur. Je serai donc dans l’avion, quelque part entre le continent Européen et le continent Africain. Quelque part entre mon ancienne vie, et ma nouvelle vie. J’ai sursauté, lorsque j’ai entendu frapper à la porte d’entrée. Je me suis levé, traînant à aller ouvrir. Il était déjà tard : la nuit était en train de tomber sur la ville Californienne. J’ai ouvert, laissant l’entrée libre à Symon. Silencieux et polis, nous avons échangé une poignée de mains amicale, avant de nous diriger vers ma chambre. Sur mon lit, un sac était posé, ouvert, et attendait d’être rempli. J’avais sollicité l’aide du Sigma, parce que je savais pertinemment qu’il pourrait m’être utile. Il avait déjà fait ce genre de voyage, il avait déjà rempli ce genre de sac : il pourrait m’indiquer quoi mettre dedans. « Tu sais, cette vue te manquera. » M’indiqua Symon, les yeux rivés sur le panorama. J’ai haussé les épaules, indifférent. Cette vue splendide sur l’océan, c’était comme tout : on finissait par s’y habituer. Intérieurement, je ruminais, oubliant la présence du Sigma. J’aurais préféré être seul, mais j’avais besoin de son aide : il avait des connaissances qui n’étaient pas négligeables, que je ne prenais pas à la légère. Seulement, à l’instant même où il se décida à me faire part de son savoir, je ne l’écoutais plus. Trop occupé à rêvasser, à songer à la raison qui me poussait à partir, à me demander si j’étais réellement prêt à faire ce voyage… Je me posais mille et unes questions, qui restaient sans réponse. Distrait, je n’étais pas du tout à ce que je faisais. Et forcément, comme à chaque fois que j’étais contrarié, mon comportement s’en ressentait. « Et qu’est-ce que je suis supposé mettre dans ce foutu sac ? » Demandais-je, agressif, à Symon. Celui-ci arrêta de s’agiter pendant quelques instants, le temps de plonger son regard peiné dans le mien. J’ai soupiré : une fois de plus, j’exagérais. Il avait toujours été là, dans les bons comme dans les mauvais moments. Il avait cherché des solutions avec moi, et m’avait proposé cette échappatoire. Et moi, comment je le remerciais ? En le traitant comme un vulgaire domestique. Je me suis laissé tomber assis sur mon lit, fait à la perfection. J’ai jeté un coup d’œil aux alentours ; tout était trop blanc, trop parfait. La femme de ménage était passée, quelques heures auparavant, pour rendre à la villa son état d’origine. Immaculée, débarrassée de toute sa saleté, c’était comme si personne n’avait vécu là au cours des dernières années. Tous mes souvenirs les plus chers avaient été soigneusement rangés, verrouillés à double tour dans des tiroirs. Je ne voulais plus les voir, plus en entendre parler : ce n’était pas le moment d’être sentimental. Après quelques secondes de silence, j’osais enfin reposer mon regard sur Symon, qui m’observait toujours. « Oh je t’en prie, épargne-moi ce regard de chien battu. Ça ne fonctionne pas avec moi. » Enchaînais-je, toujours aussi tranchant. Pas la peine de rechercher un peu de compassion ou de pitié en moi en cet instant précis, j’en avais après le monde entier. Je maudissais tout et n’importe quoi, profondément blessé par la vie. Il haussa les épaules, comme indifférent à mon comportement. Il avait raison ; au fond, ce n’était pas lui qui était la cause de tous mes maux. Il ne prit même pas la peine de me répondre, et attendit simplement que je me décide à y mettre un peu du mien. Décidément, il avait très bien compris comment je fonctionnais – un peu trop bien, même.

« Tu vas à l’aéroport tout de suite ? » Me demanda Symon, alors que le taxi que j’avais appelé venait tout juste de se garer. J’ai secoué négativement la tête, sans pour autant en dire plus. Avant ça, je devais faire deux choses : la première, aller rendre une dernière visite à mon frère, et la seconde, aller déposer une lettre à l’hôpital. Autrement dit, rien de bien réjouissant. « Je te souhaite sincèrement bonne chance, Sandro. » Murmura le Sigma. J’ai hoché la tête en guise de remerciement. Je le sentais à la fois ravi, et en même temps peiné pour moi. Il savait que j’abandonnais ma vie ici pour de mauvaises raisons, par pur égoïsme. Mais jamais, il n’avait tenté de me dissuader, ou de me juger. Il s’était simplement contenté d’être là, présent. Sa compassion débordante pour les autres finirait par lui jouer des tours, j’en étais persuadé. « Ça devrait aller. » Répondis-je platement, à voix basse, avant de m’engouffrer dans le taxi. Oui, après tout, ça ne pouvait pas être pire. J’en étais intimement convaincu. Donnant l’adresse précise d’Augusto au chauffeur, je me suis laissé entraîner dans un court instant de quiétude. Avant d’aller au devant de la tempête : mon jumeau.

Rentrer chez lui ne fut pas difficile. Sa servante me laissa passer sans moufter, et m’invita à attendre son seigneurerie dans le salon. Merci ma chère, c’est trop d’égard, je n’en demandais pas tant. Selon ses propres mots, Augusto ne devrait pas tarder à rentrer. Parfait, ça tombait bien : je ne comptais pas passer ma nuit ici. Sans gêne, je suis allé me servir un verre d’alcool, comme pour mieux affronter cette entrevue, que je redoutais. Non pas que je sois inquiet du traitement qu’il allait me réserver – au contraire, je savais pertinemment qu’il allait en rire jusqu’en avoir des crampes d’estomac – mais je me demandais vraiment quel comportement il adopterait vis-à-vis de ma requête. Je n’allais pas tarder à être au courant ; mon double venait tout juste de rentrer. « Bonsoir Augusto. » Murmurais-je à voix basse, relevant les yeux vers lui. Un court silence s’installa, mais ne dura pas : je ne comptais pas jouer la carte du suspense. « J’ai quelque chose à t’annoncer. » Repris-je, bien décidé à aller droit au but. « Tu ferais bien de prendre un verre, tu en auras besoin. » Conseillais-je, ironique quant à ma propre situation. « Je suis venu t'annoncer que je quitte San Francisco définitivement. Ce soir, tard dans la nuit. » Annonçais-je, sans autre forme de préavis. Surprise frangin, je débarrasse le plancher plus tôt que prévu ! Avoue, tu t’y attendais pas à celle-là. « Mais tu te doutes bien que je ne suis pas venu que pour ça. » Ajoutais-je en haussant les épaules. Evidemment qu'il s'en doutait ; vu nos relations, si j'avais simplement voulu quitter San Francisco, je l'aurais fait, point barre. Il n'aurait jamais été au courant, et on en serait resté là. Mais pas ce soir.
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Augusto P. Da Volpedo
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Augusto P. Da Volpedo
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MessageSujet: Re: gusto&sandro - gusto&sandro -  EmptyMer 26 Déc - 11:07


Elu ( contre mon gré cela va sans dire ) organisateur de la soirée qui symboliserait à la fin la fin de l’année et la quais fin de la cohabitation. Un bal de noël donc je n’avais strictement rien à faire mais qui se devait d’être irréprochable sinon le doyen Fredericksen ferait en sorte d’avoir ma peau. J’étais pieds et poings liés dans cette affaire. Je n’avais qu’à obéir et me taire. Autant dire que la tâche était on ne peut plus ardue. Le seul point de lumière dans toute cette mascarade était le fait que la confrérie iota était également de la partie en étant préparatrice des festivités. Et qui parle des rouges, parle forcément de ma colocataire. Notre collaboration pour ce bal qui nous faisait suer à un point au-delà de l’imaginable se révélait être parfaite. Nous déléguions allègrement nos instructions à nos présidents et bras droits afin de nous décharger au maximum. Organiser d’accord mais pas trop activement non plus. Aujourd’hui était un jour de grande réunion. Pour savoir quel orchestre nous prendrions pour la fête, chez quel traiteur commanderions nous les mets, la couleur des assiettes, des tissus qui recouvreraient les tables et j’en passe encore des vertes et des pas mûres. Du blabla insipide qui me donnait par avance des boutons et de l’urticaire. J’écoutais les jeunes femmes autour de moi bavasser fanfreluches et fioritures tout en soupirant de dépit et en levant mes prunelles en ciel comme pour quémandant une aide divine. Qui ne viendra pas forcément. Je m’ennuyais sévèrement et prier intérieurement pour qu’elles se mettent d’accord le plus vite possible histoire que je puisse m’éclipser et rentrer chez moi vaquer à d’autres occupations que je jugeais plus importantes et utiles pour ma petite personne. Je reçus un coup de coude dans le bras et je retournais vers ma cadette, Camélia en fronçant des sourcils et en pinçant des lèvres. Je ne faisais pas partie de ceux que l’on accoster vulgairement en les pinçant, leur tirant les cheveux ou pire : leur mettre des coups. Elle remarqua rapidement mon humeur de bouledogue et m’adressa son plus charmant sourire qui voulait tout dire « t’es pas heureux ? Je n’en ai rien à cirer. » Non contente de m’avoir sorti de ma léthargie, elle secoua devant mes yeux diverses brochures qui j’attrapais sèchement avant d’avoir la migraine à force de les voir tourbillonner face à moi. « Regarde et dis-nous ce que tu en penses. Nous avons entouré les éléments qui nous plaisent. » Je m’en fous, je m’en fous, je m’en fouuuuus purée. Peu enclin à donner mon avis, je scrutais tout de même les panoplies de ronds sur chaque feuillet. Heureusement pour nous que nous avions un budget illimité car j’en connaissais qui avait la folie des grandeurs. M’enfin, après tout, il s’agissait de l’argent de l’université et tant qu’à créer une soirée pour noël, autant qu’elle soit digne de ce nom. Je déposais les feuilles sur la table et hochais la tête en direction de toute la panoplie féminine qui attendait visiblement ma réaction avant de poursuivre. « Vous avez carte blanche. » En gros, vous faites ce que vous voulez. Vous peignez la salle en rose bonbon si cela vous chante. Vous faites venir des statues de glace de Russie si le cœur vous en dit mais vous me foutez une paix royale avec vos chichis à deux balles sur « porcelaine ou pas porcelaine pour les salières ? » Je repoussais les brochures vers Camélia en lui faisant signe de se débrouiller comme une grande avec les étudiantes présentes à cette tablée. Pour ma part, j’avais accompli ma mission. Faire semblant de m’intéressant un tant soit peu à ce maudit bal, j’étais maintenant bon pour repartir chez moi. Juste récompense. Je me levais et me diriger de ma démarche souple vers la porte pour partir au plus vite. Une main sur la poignée, je me retournais et balançais une dernière instruction. « Inscrivez je ne sais où qu’une tenue correcte, élégante et classe est exigée pour chacun. Que les pouilleux de Berkeley ressemblent à quelque chose pour une fois. » Du Gusto à l’état pur. Et sur ces mots, je quittais la réunion pour m’en aller à ma villa.

Alors que je pénétrais dans le hall de ma demeure, je surpris la domestique qui venait à ma rencontre. Fait assez étrange pour être souligné. D’habitude, elle essayait tant bien que mal de se faire la plus minuscule possible ayant probablement peur que Constance ou moi lui fassions vivre un enfer à cause d’une poussière oubliée ou d’un coup d’aspirateur mal passée. Elle s’arrêta à ma hauteur et j’eus toutes les peines du monde à ne pas l’envoyer bouler ailleurs. Hors de mon champ de vision Gloumba tu m’indisposes fortement. Elle baissa ses yeux vers le sol et commencer à se triturer les doigts de manière gênée. Dans cinq secondes, elle allait m’annoncer qu’elle avait cassé un vase ou un bibelot du même genre. Quatre, trois, deux, un … « L’autre monsieur Pelizza Da Volpedo vous attend dans le salon. » Comment l’autre monsieur Pelizza Da Volpedo ? Il me fallut une fraction de seconde pour comprendre. Mon père ne se serait jamais déplacé jusqu’à San Francisco pour une visite de courtoisie. De plus, il m’aurait sûrement prévenu. Il ne restait donc plus qu’un autre mâle susceptible de porter le même nom de famille que moi. Décidément cette journée n’était pas un bon jour. Après plusieurs heures passées en compagnie de femmes discutant futilités, j’allais devoir supporter mon jumeau. Life is a bitch. Sa phrase ( ou plutôt son message ) délivrée, notre servante retourna dans la cuisine pour récurer je ne sais quoi. De mon côté, j’inspirai profondément avant de me diriger vers la pièce où mon frère avait apparemment élu son domicile. Je vis immédiatement qu’il s’était déjà servi. Et après, on parle de moi en disant que je suis mal éduqué. Le monde à l’envers. Mes pas s’arrêtent au seuil du salon et j’observais Sandro qui me salua. « Hmm. » fut la seule et unique réponse qu’il obtint de ma part. Ne nous focalisons pas sur les politesses s’usage et passons directement au vif du sujet. S’il était venu chez moi, il devait bien y avoir une raison précise. Rester à déterminer laquelle. Et vite, qu’il s’en aille. Il dut s’apercevoir que je n’étais pas disposé à faire la conversation bien gentiment car il reprit aussitôt la parole. Haussant un sourcil, je finis par lui répondre autrement que par une monosyllabe. « Tu es venu m’annoncer que tu n’as plus de quoi boire chez toi et que tu viens te ravitailler ici. A force de proposer de l’argent à tous les mécréants comme Jeff, tu as fini sur la paille. » Finis-je par énoncer d’une voix empreinte d’ironie et de moquerie à son égard. Ô mon cher Sandro, crois-moi bien que je n’ai pas oublié ta proposition d’argent pour épargner ta vie à l’enflure qui m’avait tiré dessus lors de la saint-valentin. Sa réplique suivante me fit l’effet d’une douche glacée. Voilà que monsieur se permettait de me dire quoi faire, quand et comment. Mes poings se serrèrent instinctivement et je sifflais sur un ton rageur. « Ne me donne pas d’ordre Sandro. » réaction un peu trop exagérée selon certains mais mon jumeau avant le don de m’agacer en trois mots. Et encore quand je dis trois, je suis bien sympathique. Je ronchonnais encore de mécontentement à son égard quand il m’apprit son départ imminent. Finalement mon karma n’était pas si pourri que cela. Frappant des mains pour appeler la domestique, je m’écriais « Apporte une bouteille de champagne, c’est noël avant l’heure ! » Et mon premier cadeau vint tout juste de m’être donné. Considération pour son jumeau ? Au-dessous du niveau zéro. Véritable plaie, je me réjouissais de ne plus l’avoir dans les pattes pour les moins, que dis-je les décennies à venir. Nous ne nous aimions pas et le fait qu’il parte représentait un soulagement. Je m’installais sur le divan face à lui tout sourire. Fini la tête de grognon pas content, Gusto est l’homme le plus heureux de la terre en ce moment même. « Tu es venu pour m’annoncer que tu embarquais Francesca dans ta valise. Tu as ma bénédiction ! » Deux pour le prix d’un, emballé c’est pesé. Je m’en serai presque flotter les mains de réjouissance. Cependant, à la vue de son visage sérieux, je sus que je n’avais pas visé dans le mille. Il était là pour autre chose.
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MessageSujet: Re: gusto&sandro - gusto&sandro -  EmptyLun 7 Jan - 22:31

Les premiers mots qui nous viennent à l’esprit lorsque l’on croise Augusto Pelizza Da Volpedo sont arrogant, et snob. Sans jamais se départir de son air faussement supérieur, il vous prend de haut et vous considère comme un moins que rien avant même que vous n’ayez eu le temps d’ouvrir la bouche. Et pourtant, tout exécrable qu’il était, j’étais bel et bien en route pour lui rendre une petite, et dernière visite. J’avais quelques petites choses à lui annoncer, et quelques petites requêtes à lui soumettre. Pour son plus grand déplaisir, à mon humble avis. Comme je m’y attendais, ce fut sa servante qui vint m’ouvrir. Elle eut un rapide mouvement de recul, comme si je m’apprêtais à lui aboyer dessus. Détends-toi la demi-portion, j’ai beau ressembler à deux gouttes d’eau à mon frère, nos similitudes s’arrêtent là. A voix basse, elle m’indiqua qu’Augusto n’était pas encore rentré. J’ai soupiré : décidément, il ne servait vraiment à rien, pensais-je en roulant des yeux. Même pas foutu d’être là quand je lui rendais l’une de mes seules visites annuelles – qui n’étaient jamais désintéressées, cela va sans dire. J’ai remercié sa servante d’un simplement hochement de tête, puis elle me proposa d’attendre mon double dans le salon. Excellente idée, je ne comptais pas passer ma soirée dans le hall. Grand Seigneur qu’il était – hum, hum – Augusto m’offrait quelques instants de répit, comme pour mieux préparer ma petite tirade. Que devais-je lui annoncer en premier ? Mon départ, ou le fait que j’allais lui « confier » Francesca ? La question à un million, et à laquelle malheureusement, je n’avais pas la réponse. Qu’importe : j’irai au talent, comme un peu trop souvent ces derniers temps. En attendant, la voix grave de mon frère résonna dans l’entrée : les festivités allaient pouvoir commencer d’un moment à un autre.

Et elles démarrèrent en trombe. A croire que tous les deux, nous ne serions jamais capables d’être courtois et civilisés pendant plus d’une dizaine de secondes, tout au plus. « Même pas. » Répondis-je en haussant les épaules, posant mon regard sur la silhouette avachie de mon jumeau. Merci de t’inquiéter pour mes finances bro, mais de ce côté-là, rien à déplorer. « Je te signale que mon régime ne me permet aucun écart, en principe. » Bah ouais, t’avais oublié que l'alcool était à bannir quand on a une insuffisance cardiaque, crétin ? Je ne l’avais pas en face de moi depuis cinq minutes que déjà, il m’énervait au plus haut point. J’avais envie de lui faire ravaler son air supérieur et son sourire narquois, jusqu’à ce qu’il s’étrangle avec. A force de peu fréquenter les gens, on finit par oublier comment ils sont. M’enfin, je ne pouvais constater qu’il y avait certaines choses qui ne changeaient pas : comme je l’avais toujours imaginé, mon frère resterait un odieux personnage, complètement abruti par son rang et sa prestance. C’en était même ridicule, tant tout tournait autour de sa petite personne. J’ai roulé des yeux en soupirant, ravalant les pensées glaciales que je nourrissais à son égard. Ce n’était pas le moment de s’énerver. Pas là, pas maintenant, pas tout de suite : si j’étais venu ici, ce n’était pas par simple courtoisie : j’attendais quelque chose de lui, et pour ça, mieux valait ménager l’ours mal léché. Je me suis mentalement résonné, avant d’enchaîner : « Fais comme tu le sens. » J’ai haussé les épaules, complètement indifférent. Il pouvait bien me critiquer et m’aboyer dessus tant qu’il voulait, ce soir, je n’étais pas franchement en état de lui répondre. Verre fermement serré dans la main gauche, regard qui balaye le sol, main droite gênée qui passait nerveusement dans mes cheveux : il n’était pas difficile de voir que j’étais tendu, inquiet. A vrai dire, j’avais commencé par la partie la plus facile, celle qui allait réjouir au plus haut point mon jumeau. Mon départ pour le bout du monde. Sa réaction enjouée ne m’étonna guère, et je ne m’en formalisais pas : nos relations étaient trop tendues, trop complexes, trop mauvaises pour que l’un comme l’autre soyons un tant soit peu miné par cette future distance entre nous. « Je n’en attendais pas tant de ta part. Tu me vois ravi de te voir si satisfait par cette nouvelle. » Lâchais-je sur un ton monotone. Je lui avais dit de prendre un verre à ce crétin, il aurait dû m’écouter. Je me foutais de son avis comme je me foutais de l’an quarante : la seule chose qui m’importait, c’était Francesca. Patiemment, j’attendis que mon jumeau se remette de la nouvelle. Qu’il cesse ses enfantillages cinq minutes, j’avais des nouvelles encore plus grandioses et réjouissantes à lui annoncer. Il avait jubilé ? Ça allait bientôt être mon tour, j’en étais persuadé. « Non, ce n’est pas exactement ça. » Lâchais-je. Trop de cadeaux tue le cadeau, mon cher. Cependant, il n’avait pas vu le contre coup venir : subtilement, j’avais vidé mon verre, avant de le déposer sur la table basse du salon. Je me suis assis face de ma copie conforme, et j’ai fini par lui avouer quelles étaient les réelles raisons de ma présence ici. « Tu te doutes bien que je ne suis pas uniquement venu ici pour t’annoncer mon départ. En réalité, si ça n’avait tenu qu’à moi, tu n’en aurais rien su. » Lâchais-je, bien conscient que je faisais tout pour retarder le pire, l’inévitable. « Mais ça n’implique pas que moi. Ma visite n’est pas désintéressée. En fait, si je suis là, c’est pour Francesca. Et pour Louise. » Ouais, tu sais, ta sœur et ta nièce. Ça te rappelle quelque chose ? J’ai ravalé mes sarcasmes, poursuivant : « Je n’ai rien dit à Frani. Ni à personne, en fait. Il n’y a que toi qui es au courant de ce départ. Et tu sais quoi ? Tu vas garder cette nouvelle pour toi, histoire d’emmerder un peu l’une de tes sœurs. » Celle que tu aimes le moins, mais aussi celle qui va être dans un sale état après avoir appris le départ de son frère préféré pour une destination dont elle n’avait strictement aucune idée. J’étais un peu près certain que Francesca m’en voudrait à mort pour les prochaines décennies. J’avais bien conscience d’être en train de lui mentir, de la trahir, de mal me comporter avec elle. Mais là, faire semblant n’était plus possible : c’était au-dessus de mes forces. « Ne t’emballe pas, ce n’est pas la seule chose que j’attends de toi. » Enchaînais-je, ne lui laissant ni le temps de s’extasier, ni de me hurler dessus. « Je veux que tu veilles sur elles. Je ne te demande pas de passer tes journées à leurs côtés, ni de les faire déménager chez toi, ou je ne sais pas quoi encore, mais simplement de les appeler de temps en temps. De passer les voir, même, si le cœur t’en dit. » Ce qui n’était pas une tâche des plus complexes, c’était évident. Sauf peut-être pour mon frère, qui était en froid avec Francesca. Mais là, ce que je lui demandais, ça dépassait tout ; y compris les haines et les rancunes fraternelles. « Enfin bref, essaye d’être un peu plus présents pour elles, parce qu’elles vont en avoir besoin. Honnêtement. Je ne te le demanderai pas si ce n’était pas le cas. » Avouais-je à voix basse, culpabilisant déjà d’abandonner ma sœur et ma nièce. Mais là, j’ai été pris de cours et je n’ai pas de plan B pour t’épargner ce supplice, mon cher. « Je sais que tu ne me dois rien, ni à moi, ni à elles. » Commençais-je, toujours hésitant. « Et puis tu sais, elles ne sont pas si terribles. » True story. Et puis après tout… Family above all.
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MessageSujet: Re: gusto&sandro - gusto&sandro -  EmptyLun 21 Jan - 16:30


Il y a des jours comme celui-ci où l’on ferait mieux que rester sous ta couette et ne pas en sortir, peu importe qu’il s’agisse d’une journée où nous avons une montagne d’activité à entreprendre. Si ce matin, j’avais su ( qu’en plus de devoir supporter toute une tripotée de filles avec leurs voix de crécelles ), mon jumeau débarquerait chez moi, je pense sincèrement que je me serai cloîtré dans ma chambre et m’enfermant à double tour pour ne pas avoir à tolérer sa présence dans ma villa. Mauvais karma, mauvais timing, me voilà accosté par notre servante qui m’annonçait que le grand Sandro m’attendait paisiblement dans le salon. Une profonde envie de le défenestrer là tout de suite, maintenant pour avoir osé pénétrer dans ma demeure sans mon autorisation me traversa l’esprit. Irrité, soupir et façade grognonne. La panoplie du Gusto qui s’apprête à affronter l’une des personnes qui lui empoisonnent la vie depuis sa naissance. Rien ne me déplaisait plus. Inconsciemment, je sus immédiatement que le fait que Sandro se déplace ici, signifiait indirectement que l’heure était grave. Nous étions aux antipodes l’un des l’autre et malgré nos différends on ne peut plus voyant, nous étions trop intelligents et fiers pour nous incruster dans la vie de chacun. Il fallait donc qu’il y ait urgence pour qu’elle prenne du temps pour venir voir son frangin adoré. Ironie quand tu nous tiens. En entrant et en le découvrant tel un pacha dans ma maison, il fut difficile de ne pas le jeter dehors à coups de pied dans l’arrière train. Les hostilités ne mirent pas longtemps avant de débuter. Grâce à moi, cela va sans dire. L’attaquer à propos de Jeff n’était pas très malin de ma part car je savais depuis quelques mois qu’il s’était évadé et que nos vies à tous les trois étaient en danger. Néanmoins, j’avais juré de ne pas en parler et je resterai muet comme une carpe. Optant pour une attitude plus désinvolte qu’autre chose, j’haussais les épaules tout en levant les yeux au ciel. Je m’en fous de ta vie Sandro était presque inscrit sur ma tronche tellement il était voyant que je ne me souciais en rien de son bien-être. « Ah oui c’est vrai ta maladie … » Dis-je sans grand enthousiasme. « C’est fou comme les détails insignifiants n’arrivent pas à s’ancrer dans ma mémoire. » Finis-je par avouer tout en dévoilant mes dents à travers un rictus proche de la moquerie malsaine. J’espère que tu as bien compris le message sous-jacent mon cher jumeau : Je me fiche que l’on t’enterre demain à cause de ta malformation cardiaque car je n’ai aucun lien avec toi. Trop d’années s’étaient écoulées pour que nous jouions aujourd’hui au duo qui éprouve de l’affection. Exécrable à souhait, mon humeur prit un virage à trois cent soixante degrés quand il m’énonça le but de sa visite. Alors il partait. Pour de bon. Et pour une durée que j’espérais indéterminée. Dieu avait fini par entendre mes prières. Après que j’eusse frappé dans mes mains pour quémander une bouteille de champagne, je me remettais difficilement de mes émotions tellement ma joie était intense. « Ah … tu ne l’emmènes pas ? Tu devrais, tu te sentirais moins seul. » Non, je ne m’inquiétais pas pour mon frère, je cherchais à me débarrasser de Francesca. Faire d’une pierre deux coups histoire d’être le seul Pelizza Da Volpedo restant. J’avais bien conscience que j’en demandais trop et que Sandro allait bien vite me faire redescendre de mon nuage. Je ne savais pas encore comment. Il me fallait juste faire preuve d’un peu de patience avant de l’apprendre. Mon sourire se fana aussi vite qu’il était né lorsque que mon frère commença à débuter la conversation Francesca plus Louise. « Je ne vois pas en quoi je suis concerné par Francesca et sa fille. » Ou plutôt si je vois très bien où tu veux en venir mais tu peux te brosser pour que je te dise ce que tu souhaites entendre. De nous deux, Sandro était le gentil. Celui qui s’occupait bien gentiment de sa famille, qui se préoccupait de sa nièce comme de la prunelle de ses yeux. Arquant un sourcil intrigué, je l’écoutais avec attention cette fois-ci. Plus question de me moquer ouvertement de lui et de sa stupidité générale. Je pressentais qu’une tâche aussi lourde qu’encombrante finirait par me tomber dessus d’ici peu. « Pourquoi ne lui avoir rien dit ? Vous êtes aussi soudés que tic et tac. » Sifflais-je pour lui rappeler qu’en l’occurrence, c’est lui qui ferait souffrir sa sœur chérie en prenant la poudre d’escampette comme un voleur sans lui laisser ne serait-ce qu’une lettre pour s’expliquer. Je ne cautionnais pas l’attitude de mon frère mais je devais bien admettre qu’il m’intriguait sérieusement à agir de la sorte. « Ah parce que tu vas encore me demander autre chose. Sandro, tu m’as pris pour qui ? Une âme généreuse qui aide celles qui sont en peine ? » Eh bien, tu te trompes mon grand parce que la Frani peut pleurer toutes les larmes de son corps, je ne perdrai pas mon temps à la prendre dans mes bras pour la consoler. Bien trop égoïste et narcissique pour m’enquiquiner à devenir un sosie caractériellement parlant de mon jumeau. Il ne me suppliait pas de les faire déménager à la villa. Encore heureux ! J’imaginais bien la tête et la réaction de ma colocataire si je lui imposais ma sœur et sa progéniture : « coucou constance, deviens qui vient ici ? Frani et Louise ! » Un léger rire s’échappa d’entre mes lèvres. « Je ne suis pas proche d’elles. Que je prenne de leurs nouvelles ou que j’aille les voir … Ce type de comportement sera suspect aux yeux de Francesca et elle me cuisinera pour savoir ce que je sais sur ton départ. » D’accord, j’essayais désespérément de me défiler pour ne pas devenir le pdv responsable de la famille. Ma vie oisive me plaisait et je nageais en plein bonheur. De plus, qui sait combien de temps je serai tenir ma langue ? Je ne devais strictement rien à Sandro et si le désir me prenait de tout raconter à Francesca histoire qu’elle l’appelle pour le houspiller, je le ferai sans vergogne. « Pourquoi moi ? Tu as des dizaines d’amis qui se chargeraient de prendre soin de Frani. Tu sais pertinemment que tu ne peux pas avoir confiance en moi alors pourquoi venir me demander ce service ? » C’était le monde à l’envers. Ses dernières paroles me donnèrent envie de lui éclater de rire au nez mais au lieu de ça, je me servis une coupe de champagne que notre servante venait d’amener dans le salon avant de s’éclipser rapidement. Je bus une gorgée tandis que mes prunelles détaillaient le visage empli de culpabilité de Sandro. « Et pour Micah … Suis-je aussi chargé de prendre soin d’elle ? Je suis tout disposé à le faire. » Finis-je par dire tout en observant les bulles qui montaient le long de ma coupe. Oui, je venais d’entamer le sujet qui fâche pour lui. La délicieuse Micah, alpha dont mon frère était éperdument amoureux. Oh Sandro, ne sois pas naïf : si tu souhaites que je prenne soin de ta sœur, il va falloir me donner une compensation attractive.
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MessageSujet: Re: gusto&sandro - gusto&sandro -  EmptyLun 4 Fév - 12:40


La conversation venait à peine d’être entamée, et déjà, une pointe d’agacement naissait au fond de mon être. Pourtant, je faisais tout pour ne pas le montrer, et pour être d’un calme olympien. M’emporter devant Augusto n’aurait été d’aucune utilité ; au contraire, ça m’aurait sans doute plus desservi qu’autre chose. Si j’étais là, ce n’était pas pour lui présenter mes vœux en avance, et encore moins pour causer dans la joie et l’allégresse. Ma visite avait un but précis, et je comptais bien faire avaler la pilule – sans trop de douleur – à l’ingrat qui me faisait face. De cette façon, et peut-être un peu naïvement, j’espérais qu’il se montrerait coopératif – ou plus exactement, qu’il serait un peu plus réceptif qu’à son habitude. J’allais devoir être plein de patience, déplacer des montagnes, et abonder dans son sens. Autrement dit, tout ce que je n’aimais pas faire. Et j’abhorrais déjà les suites qui seraient données à cette conversation. Pour le moment, je tentais vaguement de noyer le poisson, et mon frère marchait dans la combine. Je détournais son attention de la réelle raison de ma présence en ces lieux, afin que la surprise n’en soit que plus grande, et ça fonctionnait plutôt bien. Jusqu’à maintenant, il s’évertuait à me faire comprendre à quel point il se foutait royalement de ma petite personne. J’ai légèrement soupiré, plus blasé qu’autre chose par ses remarques. « Voyons Augusto… » Entonnais-je d’une voix neutre, totalement indifférent à ses propos. Plus d’un aurait été choqué par de tels propos, mais pas moi : j’avais beau détesté mon frère, je le connaissais plutôt bien. Sa franchise ne me faisait ni chaud ni froid, et je me fichais comme de l’an quarante de son sourire goguenard. Réserve-le à d’autres, parce qu’avec moi, tu perds ton temps. « C’est navrant. Remballe tes sarcasmes et tes moqueries, je n’y suis pas sensible. Garde-les plutôt pour tes lèche-bottes et les midinettes, ils seront plus touchés que je ne le suis. » Déclarais-je, toujours aussi indifférent. S’il voulait être méchant gratuitement et s’il cherchait à faire chialer son interlocuteur, il pouvait se trouver une autre victime, un autre martyr : avec moi, ça ne prenait pas. Sur ces douces paroles, j’ai enchaîné, lui révélant une partie de ma réelle présence. Je partais, loin, pour une durée indéterminée. Cadeau bro’, c’est Noël en avance ! Même dans ses rêves les plus fous, j’étais sur qu’il n’avait pas imaginé un tel miracle. Et voilà qu’en plus, il en réclamait un deuxième. Eternel insatisfait. J’ai eu un petit rire sans joie, secouant légèrement la tête. « Non, désolé, je ne l’emmène pas. » Affirmais-je, relevant les yeux vers le doyen des Epsilon. « Mais je te remercie pour ton égard, vraiment, c’est trop. » Ajoutais-je sur un ton théâtral, plein d’ironie, la main posée sur le cœur. Je me foutais clairement de lui, et de son brusque élan de joie. Attends que je te serve tout sur un plateau d’argent, et on en reparlera. Mon départ deviendra vite une fade récompense, comparé au dur labeur qui t’attend. Tout doucement, j’amenais ma requête sur le tapis. D’abord en parlant de Francesca, puis de Louise. Je ne cherchais pas à ce qu’il s’apitoie sur leur sort – pas du tout le genre de l’ingrat – mais plutôt à éveiller en lui l’idée qu’il allait devoir occuper une place plus conséquente dans leurs deux vies. Pour son plus grand déplaisir, vu les traits passablement agacés de son visage. « Vraiment ? Moi, je suis un peu près sur que tu vois très bien là où je veux en venir. » Répondis-je froidement. Allez Gusto, ne fais pas semblant d’être idiot, personne ne se laissera berner. Je poursuivis, lui expliquant clairement ce que j’attendais de lui. Je me doutais bien que la tâche serait difficile, et loin d’être gagnée d’avance. Mais je disais que l’hostilité qu’éprouvait Augusto à l’égard de Francesca était moins féroce, moins cruelle que celle que nous nous portions, tous les deux. Il la détestait moins, il en avait moins après elle. « J’ai mes raisons. Francesca ne comprendrait pas. » Avouais-je en haussant les épaules. Et il se trouve que l’image qu’il évoquait, à savoir être soudés comme tic et tac, appartenait au passé. Volontairement, et à tour de rôle, nous avions « omis » de parler à l’autre de nos relations, des retrouvailles que nous avions pu faire. Malheureusement, Francesca avait fini par apprendre le retour de Micah. Et j’avais eu vent de la présence de Jules à San Francisco. Alors quand ma sœur m’avait attaqué sur ce sujet sensible, j’avais répliqué. Une dispute s’en était suivie, et la moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle avait laissé des séquelles. Bien sur, nous avions fait des efforts – au moins en apparence – pour Louise, mais nous avions tous deux la rancune tenace. Quant à Augusto, lui, il ne perdait pas le Nord. « Franchement, ça te changerait. » Abruti d’égoïste, songeais-je en roulant des yeux. Je ne lui demandais pas de se transformer en psychologue ou en parfait confident, juste de vérifier, de temps à autre, que tout allait bien pour sa sœur et sa nièce. Mais même ça, apparemment, il n’était pas foutu de le faire. « Je m’en fous que ça paraisse suspect aux yeux de Frani. Complètement, même. De toute façon, elle se rendra vite compte de l’entourloupe. Un frère qui disparaît dans la nature, et l’autre qui la déteste qui se pointe comme une fleur ? C’est même pas gros, c’est énorme. Mais je m’en fous. » Déclarais-je, alors que je finissais par perdre patience. « Tu pourras lui dire ce que tu veux, de toute façon, je serai déjà loin. Et elle n’aura aucun moyen de me joindre. » J’imaginais déjà Gusto, se délectant du fait d’avoir un quelconque pouvoir sur cette sœur qu’il n’appréciait guère. Il allait pouvoir lui en faire voir de toutes les couleurs, si tel était son souhait. Être cruel jusqu’au bout des ongles. Mais très franchement, j’espérais qu’il ferait preuve d’un minimum de civisme. Mais à la réflexion, c’était peut-être beaucoup lui demander. « Je n’ai pas confiance en toi, c’est un fait. Mais je pense que tu es la personne la plus apte à faire ça. Parce que quoi que t’en dises, et quoi que t’en penses, ça reste ta famille. Evidemment, Frani ne sera pas tendre avec toi, au moins au début. Mais je la connais, et je sais que pour elle, la famille, c’est important. » Ne rêve pas Gusto, tu ne vas pas être accueilli les bras ouverts. « Il serait peut-être temps de prendre tes responsabilités. » Autrement dit, arrête de te prendre pour le nombril du monde, parce que tu ne l’es pas. « Je ne te demande pas monts et merveilles, juste de l’appeler de temps en temps, pour t’assurer que tout va bien. » Il pouvait s’estimer heureux, ça aurait pu être pire. J’allais le laisser méditer sur ces divers propos, lorsqu’il introduisit un sujet de conversation dont j’aurais préféré me passer. Je le détestais pour avoir oser mentionner Micah. Je le détestais pour le ton désinvolte qu’il avait employé, pour l’indifférence et l’insouciance dans laquelle il était plongé. Le regard noir, je ne pris même pas la peine de cacher l’évidente animosité qui m’animait. Puis, rapidement, la colère s’estompa. Il se croyait arrivé, victorieux. Il n’allait pas être déçu du voyage. « Puisque tu insistes… » Murmurais-je à voix basse, soudainement éteint. Il avait frappé là où ça faisait mal. Dans le mille Augusto, félicitations. « Tu pourras t’occuper de ses funérailles, si le cœur t’en dit. » Finis-je par lâcher, relevant les yeux vers l’Epsilon. Alors Gugus', t'es toujours aussi sur d'avoir envie de t'occuper de Micah ? Voilà, désormais, il savait tout. Et malheureusement pour moi, comme mon frère était loin d’être un idiot, il n’allait pas tarder à faire le lien entre l’état de santé de Micah, et mon brusque départ.
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MessageSujet: Re: gusto&sandro - gusto&sandro -  EmptyJeu 7 Mar - 22:09



Petit un : Le fait de voir mon frère ne m’enchantait pas des masses. Voire pas du tout, réflexion faite. Petit deux : Qu’il s’installe dans mon salon comme s’il était chez lui, me donnait la ferme envie de le jeter dehors avec un coup de pied dans le derrière afin de calmer mes nerfs. Petit trois : Mais alors qu’il ose sous-entendre que d’ici peu, je resterai le seul mâle de la famille à San Francisco et que je devrai m’amuser à être le chez de toute la tribu Pelizza Da Volpedo ( et plus particulièrement de Francesca ), me provoquait de l’urticaire. Il avait mangé un clown au repas précédent et venait me présenter ses blagues les plus foireuses ou quoi. Nous étions en plein stretch et je ne savais pas très bien si je devais secouer la tête devant de telles inepties ou bien rire ouvertement de sa demande saugrenue. Finalement, j’optais pour une troisième solution : Refuser catégoriquement. Va te trouver un autre pigeon, je ne suis pas le bon. Qu’il la prenne dans sa valise et qu’ils s’exilent à deux. Bon débarras. Ciao et on n’en parle plus. Mais bien évidemment, avec Sandro on ne fait jamais dans l’évidence. Sinon, tout serait bien trop facile. Et me pourrir la vie est bien plus distrayant pour lui. Je laissais ses paroles couler sur moi avant de tiquer sur la palabre dans laquelle il me songeait de changer. « Faudrait-il encore que l’envie de changer se fasse ressentir. » Répliquais-je sur un ton badin. Et pour l’instant, tu ne m’as pas convaincu des masses afin que je fasse des efforts dans l’optique de te rendre pareil service. Jouer le bon samaritain envers une sœur et une nièce qui n’avait probablement jamais entendu parler de moi ou alors si peu ? Il faudrait à Sandro des trésors d’ingéniosité pour que je daigne m’intéresser un tant soit peu à leur vie. Je voyais bien que je l’énervais avec mes remarques et c’est ce qui me donnait la motivation à enfoncer toujours et encore un peu plus le clou en lui démontrant avec patience que je n’étais pas l’homme de la situation. « Cette attitude je m’en foutiste ne te ressemble pas. » Dis-je soupçonneux et persuadé qu’il se tramait ou qu’il s’était tramé quelque chose dont je n’étais pas au courant. En dépit de ce qu’il pouvait penser de moi, je connaissais un minimum mon jumeau et ses réactions. S’en foutre de Francesca était du domaine quasi impossible. Ils avaient été des siamois dès notre enfance. Je soupirais d’exaspération. Je devrai faire face à une Francesca hystérique d’avoir perdu son frère adoré et désireuse d’avoir des informations ou des nouvelles de lui par n’importe quel moyen. Et j’étais censé supporter ses jérémiades, le temps que la crise existentielle de mon frère soit terminée ? Les crises et conflits seront monnaie courante entre nous, je le pressentais par avance. Nouveau soupir. Comme je maudissais Sandro de me faire subir cette future torture. « Et si elle me demande ta date de retour ? Comment te joindre ? Te donner des nouvelles de Louise ? Je lui réponds quoi ? Il s’en fout de toi, passe à autre chose. Sois sérieux Sandro : C’est de la folie. » Pour une fois, j’étais le plus réaliste et le plus mature des deux. Cette fuite organisée était la plus grosse connerie qu’il m’ait racontée. La couleur de mes prunelles vira au noir quand il me dit de prendre mes responsabilités. Je reconnaissais bien là le Sandro dictateur, qui se croyait supérieur aux autres en leur dispensant ses bons conseils. Bullshit, je n’en ai que faire. « Je prends déjà mes responsabilités avec Camélia, ce que tu n’as jamais fait alors arrête de m’accuser d’être un monstre envers l’une de mes sœurs parce que je pourrai aisément te renvoyer l’ascenseur. » Pestais-je en le regardant avec un air mauvais. Et je n’hésiterai pas une seconde à te le rabâcher pendant des heures si jamais il commençait à trop me taper sur le système Sandro, que ce soit clair. Qu’il arrête de prendre ses grands airs de monsieur parfait et qu’il constate que lui non plus n’était pas le frère le plus merveilleux du monde pour la cadette de notre famille. Nos regards ancrés, nous nous affrontions silencieusement avant qu’il ne reprenne la parole. Seigneur, il ne me lâcherait donc jamais avant que je ne m’avoue vaincu. Pire emmerdeur que lui n’existait pas sur terre, j’en fais le serment. Je levais la main pour le faire taire une bonne fois pour toutes. « Parfait, j’abdique. Un appel, une fois par mois histoire de voir si elle survit à ton absence. » En comptant que mes conversations avec Francesca n’excédait généralement pas les cinq minutes, mon temps ne serait pas trop bousillé par cette tâche ingrate. Pour clore ce sujet, j’en entamais un autre. Beaucoup plus attrayant pour moi et beaucoup plus délicat pour lui. L’alpha qui faisait battre son cœur malade. Le ton sur lequel il s’exprima éveilla tout de suite mes sens et les mit en alerte. Même si je n’étais pas proche de mon jumeau, j’avais vécu avec lui de nombreuses et je savais reconnaître les affres de la tristesse chez lui. Et en lui parlant de Micah, il faut croire que je venais de viser en plein dans le mille. Persuadé d’être sur le point de percer l’un des mystères qui entourait sa fuite prématurée de Berkeley, je me caressais le menton d’un air songeur en m’interrogeant sur le fameux scoop dont j’allais être témoin d’une minute à l’autre. Allez Sandro, crache le morceau, je n’ai pas la nuit à t’offrir non plus. Le dénouement de son histoire me laissa un moment perplexe. Préparer les funérailles de sa chère et tendre. Alors comme ça … « Elle est mourante. » Affirmais-je plus pour moi-même que pour lui car il était bien plus au courant de la vie de l’alpha que je ne le serai jamais. Par réflexe et signe de concentration chez moi, les sourcils se froncèrent et mon expression se fit plus sérieuse. Les morceaux du puzzle commençaient tout doucement à s’emboiter les unes dans les autres. Sandro ne souhaitait pas voir la déchéance de sa belle alors il préférait s’enfuir tel un lâche au lieu d’affronter la vérité. Je n’aurai jamais pensé que mon frère puisse agir de la sorte. « Tu préfères la faire souffrir en la quittant plutôt que de souffrir lorsqu’elle partira. Je ne t’ai jamais vu aussi égoïste Sandro. » Parce que d’habitude, c’est moi le connard de service qui pense à lui avant de se soucier des autres. Mon frère jumeau été censé être le gentil de la famille. Et le fait qu’il quitte San Francisco pour s’exiler je ne sais où … Ce trait de caractère ne lui ressemblait définitivement pas. Quelque peu perplexe face à son envie de s’enfuir, je plongeais un instant mon regard dans le fond de mon verre en faisant tournoyer le champagne à l’intérieur. Avant de reporter mon attention sur mon double. Malheureux, il l’était sans aucun doute. « Tu finiras par le regretter. » Dis-je pour une fois sur un ton neutre. Plus de sarcasme, ni d’ironie. Juste du sérieux. Une véritable discussion fraternelle. Comme nous n’en n’avions jamais eu durant toute notre vie. Je me levais du canapé pour me poster devant la baie vitrée. Mes prunelles se perdirent dans le paysage citadin de cette ville californienne. Sans le savoir, Sandro répète mes frasques passées. Je me revois le jour où j’ai appris que mon frère était entre la vie et la mort. J’étais arrivé après tout le monde à la clinique et j’étais reparti aussi vite parce que j’avais su qu’il voulait Francesca à ses côtés et pas son frère. Toujours de dos, je poursuivis. « Tu vas vivre dans les remords Sandro. Parce que tu n’auras pas été avec elle lorsqu’elle avait le plus besoin de toi. » Et c’est ça la grande différence entre leur histoire et l’histoire des deux Pelizza Da Volpedo. Elle a besoin de lui alors que lui n’avait jamais eu besoin de moi. Je laissais échapper un léger soupir avant de me retourner et de prendre place. Déposant mon verre sur la table basse, je scrutais avec minutie le visage de mon frère. A présent, il avait toutes les cartes en mains, il n’y avait que lui pour prendre la bonne décision.
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MessageSujet: Re: gusto&sandro - gusto&sandro -  EmptyLun 18 Mar - 22:34


Je n’en pouvais plus. Littéralement. Je ne savais pas exactement depuis combien de temps j’étais dans ce foutu salon, décidé à convaincre mon frère de « m’aider » (si tant est que l’on pouvait appeler ma requête de cette façon), mais je n’en pouvais plus. Et je ne parlais pas du fait que j’avais une furieuse envie de l’étrangler, dès l’instant où je passais trop de temps en sa compagnie. Faire face à Augusto Pelizza Da Volpedo m’épuisait, tant moralement que physiquement. J’avais l’impression de parler dans le vide, de parler pour ne rien dire. J’essayais, non sans peine, de lui ouvrir les yeux sur ses responsabilités fraternelles, mais aussi de le motiver à accepter ma proposition. Ce qui n’était pas chose facile, surtout lorsque l’on connaissait le tempérament de mon jumeau. Plus individualiste, plus égoïste, et plus emmerdant, tu meurs. Ah non, rectification : il y a sa chère colocataire Constance, puis ensuite tu meurs. Après un énième refus d’obtempérer de la part de Gusto, je soupirais bruyamment. J’étais blasé par son comportement, par son indifférence apparente. Ne pouvait-il pas, pour une fois, faire un effort ? « T’as tout à y gagner. » Maugréais-je en levant les yeux au ciel, ne cachant pas une seule seconde mon agacement. Jusqu’à maintenant, je ne lui avais jamais rien demandé. « Tout, sauf mon frère », semblait être notre crédo, et jusqu’à maintenant, nous nous en étions parfaitement accommodés. Sauf que là, je n’avais pas le temps de chercher une autre solution, pas le temps de chercher un plan B. Ce qui signifiait donc que je n’allais pas lâcher le morceau, jusqu’à ce que mon jumeau ne se décide à capituler, irrité par ma présence trop envahissante à son goût. Seulement, et contrairement à ce que j’avais imaginé, le doyen des Epsilon savait se montrer patient. Un comble. Il distillait le moindre mot, le moindre geste, et concluait d’une voix suspicieuse et intriguée sur mon apparent laxisme. Je levais les yeux au ciel, exaspéré de constater qu’il me connaissait un minimum, malgré nos différents. Bah ouais, d’habitude, c’est lui l’égoïste et le narcissique de la fratrie italienne. Ça devait le surprendre de voir que son jumeau était capable d’en faire autant. « Quelle importance ? » Lâchais-je sans grande conviction. J’étais résigné, et je faisais ce qui me semblait être le mieux. Je n’avais plus rien à perdre. Quant aux éventuelles répercussions qu’aurait cette soudaine disparition, je n’y croyais guère : ma sœur et moi étions en froid depuis notre retour d’Italie, et les choses n’allaient pas en s’arrangeant. Mais ça, évidemment, Augusto l’ignorait. « Dans l’éventualité où elle te demanderait ça, ce qui me surprendrait, dis-lui que tu n’en sais pas plus, si ce n’est que je ne suis pas joignable. » Et voilà, c’est aussi simple que ça. De toute façon, je ne comptais pas m’étendre sur mes plans à venir ; Gusto n’avait pas besoin d’en savoir plus. « Peut-être bien que oui. Mais c’est la seule chose que j’ai trouvé à faire qui ne soit pas dénuée de sens. » Avouais-je en haussant les épaules. Ça me tuait de le dire, mais oui, mon frère avait très probablement raison : c’était de la folie. Pure et simple. Mais je préférais ça, partir sur un coup de tête et me rendre utile, plutôt que de rester à San Francisco et errer comme une âme en peine jusqu’à ce que mort s’en suive. Arpenter des rues chargées de souvenirs heureux, croiser des têtes familières qui m’auraient regardé avec pitié et qui m’auraient demandé si je tenais le coup… Non merci. C’était beaucoup, beaucoup trop pour moi. Je préférais la fuite, le déni. Et les autres pouvaient bien penser ce qu’ils voulaient : je m’en foutais, ça ne m’atteignait pas, ou plus. Piqué au vif par les paroles d’Augusto, j’ai aussitôt réagi. « Tu veux une médaille ? » Raillais-je en levant les yeux au ciel. Bon, ce n’était sans doute pas la meilleure chose à faire pour qu’il accepte, mais il m’avait cherché, en me parlant de Camélia. « Pour des raisons qui me sont parfaitement obscures, je te signale que ta sœur n’a jamais eu d’égard que pour toi et elle-même. » Déclarais-je en haussant les épaules. Il y avait bien longtemps que j’avais arrêté de me demander ce que je lui avais fait pour qu’elle me déteste à ce point. Peut-être n’est-ce qu’une incompatibilité d’humeur, voilà tout. Elle ne pouvait pas m’encadrer, et basta. On n’y changerait rien. Les clans étaient formés depuis bien longtemps, et il me paraissait évident que rien ne changerait plus. Trop de mots avaient été dit, trop de mal avait été fait. Nous étions ancrés dans une profonde rivalité, dans un combat presque fratricide. Et si par le passé, ces perpétuels désagréments et désaccords ne m’avaient pas dérangé, aujourd’hui, je me rendais compte, bien trop tard, de l’absurdité de la situation. « Ecoute, je ne suis pas venu pour qu’on débatte pour savoir qui a le mieux agi, ou quelle est la meilleure sœur. Je pense qu’on a tous des torts. » Pour la première fois, et qui plus est devant Augusto, je me montrais conciliant quant à ces vieilles histoires de famille. Il faut croire que je devenais vraiment laxiste. Mais je n’étais visiblement pas le seul : mon jumeau, sans doute lassé par mes relances, venait de renoncer à son acharnement. Incrédule, je l’ai regardé pendant une courte seconde, comme pour m’assurer que je n’avais pas rêvé. Je soupirais de soulagement. Alors, avec une sincérité presque désarmante, j’ai fait la chose la plus improbable de l’année : j’ai remercié mon jumeau. « Merci. » Murmurais-je en relevant les yeux vers mon double. « Ça suffira. » Acquiesçais-je en hochant la tête, conscient des efforts qu’il faisait, alors que rien ne l’y obligeait. A croire que parfois, Augusto pouvait se montrer (presque) humain et compatissant. Je lui étais reconnaissant d’être capable, au moins pendant quelques temps, de mettre sa rancœur de côté. Mon frère était peut-être plus mature que ce que j’avais imaginé, en fin de compte. Soulagé, je pensais en avoir fini là. J’allais pouvoir prendre mes clics et mes clacs, aller à l’hôpital déposer ma lettre, et prendre mon avion pour le Soudan. Sauf que non. Mon jumeau en avait décidé autrement, sans même savoir qu’il venait de mettre le doigt sur le nœud de l’affaire. Tout se résumait en un prénom : Micah. Mais bien sur, Augusto ne pouvait pas savoir. Il s’était cru malin, avait peut-être naïvement pensé avoir le champ libre… Mais non, pas exactement. En réalité, c’était un peu plus compliqué que ça. Et Augusto ne se trompa pas sur son diagnostic. « Oui. » Avouais-je à voix basse, mon regard balayant le sol du salon. Mourante. Rien que le mot me donnait la chair de poule. « Comme quoi, tout change. » Déclarais-je sur un ton neutre. Augusto devient plus tolérant, tandis que Sandro prend la fuite par pur égoïsme. Si la situation n’avait pas été aussi dramatique, j’aurais pu éclater de rire tant tout cela me paraissait ridicule. « Elle est déjà presque partie. » Avouais-je après un long silence, repensant à ce que les médecins nous avaient finalement avoué ce matin même, à moi et à son père. « Elle vit ses dernières heures. » Et moi, je restais apparemment calme. Mais au fond… Au fond, j’avais envie de crier au monde entier que tout cela était injuste, qu’elle ne méritait pas de s’éteindre maintenant, que j’aurais mille fois préféré être à sa place. Je détestais être impuissant, je détestais constater qu’elle n’avait même plus la force de rester éveillée. Elle qui avait été si joyeuse, si pétillante. Je détestais l’idée que la mort rôde autour d’elle, sans que personne ne puisse rien faire. Ça me rendait malade, littéralement. « Comment peux-tu en être aussi sur ? » Demandais-je en suivant mon frère du regard. Son ton énigmatique et son apparente certitude me laissaient perplexe. Mon double s’était rarement montré aussi peu explicite, aussi peu sarcastique. Etions-nous sur le point d’avoir une conversation sérieuse, dénuée de moquerie et d’amertume ? Peut-être bien. Il était temps, après tout. « J’ai été présent presque jusqu’à la fin. Et je vais aller lui déposer une lettre, avant de partir. » Murmurais-je, comme si cela pourrait gommer mon absence. « Ça fait des semaines que je suis à son chevet. Mais là… Là, c’est trop. Je ne veux pas la voir comme ça. Je ne veux pas garder cette image d’elle. Parce que ce n’est pas elle, ce n’est plus que son ombre. Tu comprends ? » Lâchais-je en observant mon jumeau, qui allait reprendre place sur le canapé. « Je sais que j’aurais dû m’y préparer. Elle a eu deux ans de sursis, c’était inespéré. J’en venais presque à croire qu’elle en viendrait à bout, qu’elle déjouerait toutes les statistiques, et qu’elle serait là pour ce Noël, et puis pour tous les suivants aussi. » Naïf. Voilà le seul mot qui me venait à l’esprit. Je m’étais bercé d’illusions, voilà tout. « Excuse-moi, je ne sais pas pourquoi je te raconte tout ça. De toute façon, tu t’en fous non ? » Dis-je, presque en souriant. Qu’il acquiesce, au moins je me rendrais compte qu’il restait quelqu’un de normal présent dans cette pièce. « Qu’importe. » Déclarais-je en haussant les épaules, récupérant ma veste qui traînait sur le canapé. « Je ne vais pas te déranger plus longtemps. »
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June D. J. Martin
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