Elle était en colère, de ces colères sales, celles qui s’écoulent des plaies en putréfactions. Son âme en morceau pourrissait avec pour seule odeur, celle de son sourire étincelant. Être parfaite ou faire semblant de l’être, devenir ce qu’elle n’était plus et obéir à des obligations tels étaient les missions de Faith. Elle s’évertuait à les remplir avec excellence, se détruisant à petit feu.

Mais ce soir tout serait différent car dans l’ombre de la nuit, la bête tapie s’apprête à mugir. Les griffes aiguisées, des crocs acérés, elle s’appelle liberté. La sombre créature sommeillait depuis si longtemps. Faith avait oublié l’effet grisant de se laisser porter par sa bête la plus obscure. Ne plus réfléchir, ne plus chercher, ne plus dompter car tout ce qu’elle avait bâti s’émiettait entre ses doigts. A quoi bon serer les poings pour se battre si aux creux de la paume le vide avait prit place ?
La veste de cuir sur les épaules lui donnait un petit air farouche. Son jean, ses bottes et ses bijoux n’arrangeaient rien à son air de gamine prête à chercher des ennuis. La quête ne fut pas longue. Un long sifflement retenti. Aussitôt Faith leva son majeur en leur direction. Des cris et sifflements plus élevés se firent alors entendre, agaçant Faith un peu plus fortement.

« Qu’est ce que…. »

Un contact furtif était passé sur ses fesses. Aussitôt, Faith vu rouge. Son sang ne fit qu’un tour. Dans un grognement, elle pivota vers les motos.

« Je vous plais hein les gars ? » Déclara Faith en commençant à onduler doucement du bassin.

Les mains se posèrent sur la carrosserie d’une des motos. D’un coup, elle bascula pour entrainer les autres dans son sillon. Un bruit de métal retenti violement dans la rue. Les regards se modifièrent aussitôt pour une haine profonde. Son sourire ne perdit rien de sa splendeur. Elle avait cherché, elle avait trouvé.

« Mais elle est complètement tarée ! Je vais la dégommer.»

Faith avait jeté un coup d’œil autour. Elle sentait les choses allaient se gâter et étrangement la sensation lui plaisait. Les sensations fortes revenaient à la surface, comme un phénix qui renait de ses cendres. Sa vie lui appartenait et aujourd’hui, elle serait obligée de la défendre. Alors ? Quand est ce que les choses pourront commencer ? Une dizaine de motard…C’était peut être beaucoup non ? Non. Elle avait connu pire.

D’où sortait-elle celle là ? Est-ce qu’elle lui avait demandé de l’aider ? Certainement pas ! En l’entendant jurer, Faith fronça les sourcils. Mais le temps lui manqua. Pourquoi l’envoyer bouler maintenant alors qu’une menace plus immédiate se fit sentir.

Se laissant entrainer, Faith courut sans se poser de question. L’action lui faisait du bien. Elle oubliait que sa petite tête blonde ne l’attendrait pas en rentrant, qu’elle serait seule, qu’elle n’aurait pas de repas à préparer, pas de bain à donner, pas d’histoire à raconter et pas de bisou mouillé sur la joue. Son petit garçon lui manquait cruellement. Jamais elle n’aurait penser s’attacher autant. Tirant la demoiselle vers une ruelle pour lui faire prendre un autre chemin, elle rit doucement. Depuis combien de temps n’avait elle pas senti son cœur s’emballer de la sorte ? Trop longtemps. D’accord, ce n’était pas malin ca soulageait !

« Aller couuuurs ! » S’écria Faith en riant de plus belle.

Alors que la bande derrière elles se scindait en deux pour les retrouver, Faith retrouva l’artère principale. Elles avaient plus de chance de ne pas se faire attraper au beau milieu de tout le monde. Malheureusement pour elle, deux immenses bras sortir d’une des ruelles adjacentes. Attrapée comme une peluche par le grappin à la fête foraine, Faith se jeta en arrière pour cogner sa tête dans le nez de l’homme qui l’avait saisie.

« Lâches moi pourriture ! » Hurla Faith alors que la prise se desserrait et qu’elle tombait à terre aux pieds de deux inconnus. « Trois hommes contre une fille ? Vous faites pitié les gars ! »

Les protestations venant du petit groupe ne firent pas long feu. Jamais Faith n’avait été violente mais aujourd’hui, elle ferait une exception. L’homme qu’elle avait frappé lui agrippa les cheveux pour la tirer en arrière. Les deux autres s’apprêtaient à venir prêter main forte à leur ami. En auront-ils le temps ? Faith, elle s’occupa de loger son coude dans le ventre de son agresseur. Enfin, qui avait agressé qui exactement ? La question pouvait se poser. Faith les avait provoquer non ?