Je souris parce que je pense que si l'on cache sa souffrance elle disparaît. Et dans un sens, c'est vrai : elle est invisible donc elle n'existe pas, puisque nous vivons dans le monde du visible, du vérifiable, du matériel. Ma douleur n'est pas matérielle ; elle est occultée. ►

Je souris. Je regarde droit devant, tête levée, et je souris. J'ai le sourire aux lèvres parce que je veux faire bonne impression. Si je tire la gueule, ça le fait tout de suite beaucoup moins. Alors que là, avec un large sourire dessiner sur mes lèvres, je fais tout de suite beaucoup moins antipathique. Je marche dans les couloirs de Berkeley, cherchant du regard une silhouette qui me serait familière. Je croise du regard une jolie brune que je connais plus que bien, celle que je voulais éviter, celle qui peut me faire perdre mon sourire à la vitesse de la lumière. Coleen, la seule, l'unique. La belle brune détourne le regard et continue de discuter avec ses amis bêta, aussi garce qu'elle. Enfin, autant que son côté peste en tout cas. Je soupire, levant les yeux au ciel, alors que je vois Caroline et Olivia un petit peu plus loin. Il ne me faut rien de plus pour retrouver le sourire, ma bonne humeur disparue quelques secondes plus tôt et pour réussir à me faire oublier Coleen. Me la faire oublier quelques minutes en tout cas, ce n'est mieux que rien. Je me dirige vers elles et on commence à discuter. J'essaye de faire retrouver le sourire à Caro' qui a perdu Sloan quelques temps plus tôt, oubliant mes propres soucis un instant, parce que le bonheur de mes amis est bien plus important que le mien. Il passe avant, tout simplement. La sonnerie retentit dans cette grande université et tous les petits groupes se dispersent, tout le monde va vers sa salle de cours et je fais de même après avoir dit au revoir aux filles. Je marche rapidement vers l'amphi et je m'installe à côté d'un groupe de mecs que je connais. Et me voilà partie pour plusieurs longues heures de cours. La matinée passe et je me promène dans l'université, me demandant bien ce que je vais pouvoir faire de mon après-midi. Ecouteurs dans les oreilles, musique à fond, je regarde chaque endroit, chaque personne. Je ressemble sans aucun doute à un vagabond, totalement paumée, qui cherche quelque chose sans savoir réellement ce qu'il cherche, espérant juste qu'une occasion se présente à lui. Ouais, c'était exactement cela en fait. C'est alors que je vois la porte emmenant vers le toit ouverte, alors qu'elle devrait être fermée. Je retire mes écouteurs et je décide d'aller voir qui se trouve là-haut, intrigué. Ma curiosité me tuera un jour. J'arrive en haut et je vois une jeune blonde assise. Une jeune blonde que je connais déjà. Je souris et je décide d'aller la voir, au moins, je passerais un petit moment avec elle, peut-être même toute mon après-midi, et je ne m'ennuierais pas. Elle me remarque et j'écoute ses paroles, avant de rire légèrement. Je m'assois à côté d'elle, prenant la parole. Ouais, j'ai eu une vision cette nuit et je savais que tu serais là. J'avais raison, je suis divin. Puis tu sais, je n'ai pas de groupies comme tu dis, je ne suis pas tant aimé que ça quand même. dis-je en lui tirant la langue, observant la vu. L'université est magnifique vu d'en haut. Il faut avouer que l'on a de la chance d'étudier dans cette grande université qu'est Berkeley. Je me concentre de nouveau sur Cassiopée, cette jolie blonde qui m'a fait très peur. Elle a fait une espèce de crise quand j'étais avec elle, alors que je ne la connaissais même pas. Autant dire que j'ai eu une vie entre mes mains quoi ! Autant dire que j'ai eu peur de voir mourir quelqu'un face à moi. Oui, un Morello qui a peur de la mort. Qui a peur de la vue d'un mort.. On aura tout vu ! Elle me sort de mes pensées et je hausse légèrement un sourcil, surpris. Ca se voit tant que ça ? Donc même quand j'essaye de ne pas faire voir mon malheur, on le voit quand même. Autant dire que c'est tout simplement une cause perdue. Je suis une cause perdue. Je n'ai pas vu un cadavre, mais juste quelqu'un qui ne mérite pas mon attention, ni ma peine. répondis-je le regard vide, avec l'imagine de Coleen dans la tête. Sincèrement, maintenant, c'est décidé : Je ne tomberais plus jamais amoureux jusqu'à la fin de ma vie. Je me concentre de nouveau sur la belle blonde à côté de moi et je la regarde sortir une bouteille de son sac et je ne peux pas m'empêcher de sourire. Je ne suis pas encore majeur, je le serais dans quelques mois, dans très peu de temps d'ailleurs. Juste la liberté, enfin. Je souris, laissant échapper un soupire de soulagement. Je suis absolument pour trinquer ! J'en ai besoin et j'ai envie de me bourrer la gueule pour oublier. Mais bon, si je pouvais déjà avoir un petit peu d'alcool dans mon sang, je ne dirais pas non. répondis-je accompagné d'un clin d'oeil. J'observais son sac, impatient de savoir ce qu'elle cache à l'intérieur, ce qu'il y a à manger à l'intérieur. Parce que, j'ai envie d'alcool, mais j'ai aussi envie de manger comme toujours. Je meurs de faim. J'écoute ses paroles et je comprends qu'elle est comme moi. Je comprends qu'elle aussi, elle a des problèmes. Qu'elle aussi, elle ne va pas bien. Un point commun. Ce point commun qui pourrait nous rapprocher, qui sait, tout est possible ! Je lui souris, hochant rapidement et positivement la tête. Alors là, tu ne pouvais pas me proposer mieux comme perspective de fin d'après-midi. C'est juste parfait et je suis donc absolument d'accord. dis-je en lui souriant, attrapant la bouteille d'alcool qu'elle avait posé sur le sol, l'ouvrant pour remplir les verres qu'elle venait de sortir de son sac. Cet après-midi s'annonce bien, je pense que je ne vais pas regretter d'être monté sur le toit de l'université.