« Nan mais vous vous rendez compte ? » Demandais-je, dépitée, en enroulant mes longs doigts fins autour d’un verre minuscule. Verre rempli de tequila, et que je n’ai pas tardé à vider. J’ai soupiré, avant de poser mes mains sur mes tempes. Ce n’était pas une bonne journée. Ni une bonne semaine. Ni même un bon mois, tiens. Dans une tape amicale qui se voulait réconfortante, un Delta ricana. C’est ça, marre-toi, je vais te faire la peau. Je vais jouer de mon statut de Doyenne, et le reste de ton année va être merdique. Enfin, dès que je serai à nouveau sobre. Donc demain matin, au plus tôt. « Comment j’ai pu être fiancée avec un mec pareil ? Sérieusement ? Je suis vraiment trop blonde. » Grommelais-je, navrée, en roulant des yeux. Et je suis aussi la blonde la plus alcoolisée de tout San Francisco, à cette heure précise. Cela faisait bien longtemps que j’avais perdu toute notion du temps. J’étais assise au comptoir de l’Absinthe Bar depuis quelques heures maintenant, et les verres s’enchaînaient. Et plus ils s’enchaînaient, plus je m’épanchais. Et plus je m’épanchais… Plus je devais ridicule et pleurnicharde. Ce que ce groupe de Delta avait compris depuis un moment déjà, si j’en croyais leurs sourires faussement compatissants et leurs airs moqueurs sous-jacents. « Vous avez raison, continuez de vous moquer d’une fille désillusionnée en détresse ! » M’exclamais-je, levant les bras au ciel un peu trop brusquement. Mauvaise idée : je sentais déjà le mal de crâne se pointer à toute allure. « Vous le regretterez. » Maugréais-je, sans pour autant refuser l’énième verre que mon charmant voisin me tendait. Au point où j’en étais, de toute façon… Ça ne peut pas être pire, songeais-je naïvement, avant de vider le verre d’un trait.

Si, ça pouvait être pire. Enfin… Pas sur le coup, mais j’étais sure que le lendemain, j’allais amèrement regretter cette maudite soirée. Sans broncher, et avec un entrain presque enfantin, je me suis laissée entraîner dans le Sex-shop le plus proche. Les dégâts auraient pu être minimes, si les Delta n’avaient pas été, eux-aussi, dans les parages. Je me serai couverte de honte, certes, mais toute seule. Personne n’en aurait jamais rien su. Mais là, j’allais être la risée de toute l’université. Seigneur, Dionysos, ou n’importe quelle divinité ayant un lien quelconque avec la débauche, épargnez-moi. « Baaaaaaaaaah ! Regardez-moi çaaaa ! » M’exclamais-je avant d’éclater de rire, pointant du doigt des accessoires tous plus délirants les uns que les autres. « Même au Moyen-âge, on n’aurait pas osé s’en servir comme moyen de torture ! » Continuais-je, hilare, sans prêter attention au vendeur qui me regardait d’un drôle d’air. Complètement désinhibée par l’alcool, je ne réfléchissais pas une seule seconde avant de balancer tout ce qui me passait par la tête. A mes risques et périls. « Vous savez quoi ? Si jamais vous tester ces trucs, venez me faire un rapport. » Dis-je en grimaçant, mon regard posé sur une tenue en latex noire. Sérieusement, certaines personnes mettent ça ? Impossible. C’était trop vulgaire, trop cliché, trop… sex-shop. J’ai continué de m’avancer le long des rangées, observant tantôt avec amusement, tantôt avec dégoût tous les objets proposés. Doucement mais surement, j’ai distancé mon groupe… Jusqu’à percuter assez violent quelque chose au niveau de mes jambes. Pendant une fraction de seconde, j’ai eu peur de baisser les yeux pour voir avec quoi j’étais rentré en collision. Dans un sex-shop, toutes les hypothèses sont permises, non ? Mais quelle ne fut pas ma surprise de croiser le regard… « Un naiiiiiin ! » M’exclamais-je, presque émerveillée. Je me suis accroupie pour me retrouver à sa hauteur, déjà prête à l’observer sous tous les angles, avant que le « nain » en question me rappelle à l’ordre en se mettant à chouiner comme… Un gosse. « La bouletteeeee ! » Renchéris-je en écarquillant les yeux. « Tais-toi, tais-toi ! On va se faire repérer ! » Râlais-je en posant une main sur sa bouche, jetant un coup d’œil aux alentours. Manquerait plus que les services sociaux débarquent, et qu’ils s’imaginent qu’une mère indigne – à savoir moi-même – traînait son fils dans des endroits peu fréquentables. « J’avais pas vu que t’étais vivant ! Vu comme t’es tout minuscule, je pensais vraiment que t’étais un nain moi ! » Soupirais-je, lançant un regard noir au gamin. Bah ouais, quoi, merde ! Mange de la soupe ou ne traîne pas dans ce genre d’endroit, ça t’évitera les mauvaises rencontres. « Et puis arrête de chialer comme un bébé, aussi ! » Grognais-je, agacée.

J'étais revenue chez moi pour récupérer quelques affaires. Au fond je bouillais littéralement contre les nouvelles règles du nouveau directeur de l'université. J'étais arrivée bien trop tardivement à la rentrée pour espérer une chambre des plus élégantes. Non, à la place de ça, me voila dans un vieux cagibi avec des premières années ! Non mais quelle poisse ! Moi, l'ancienne présidente des gammas sur la paille ? J'avais bien envie de montrer à l'énergumène qui avait eu l'idée de me placer là, à qui il avait à faire si seulement on ne m'avais pas demandé de filer droit. Mon retour n'avait pas été des plus faciles. En plus de ma réputation de l’extrême, j'avais dû faire face aux remontrances de la bête noir de tous les étudiants. Et merde, me voila à essayer de discourir pour retrouver ma place après mon petit voyage en France. Et en plus j'y avais travaillé ! Non mais quel culot ! Finalement j'avais réussi à regagner ma vie étudiante mais pas sans en payer le prix. Rien que pour rejoindre ma confrérie, cela avait été un long travail de forcing ! Je soupira en emballant quelques affaires par ci par là. C'était un scandale d'être obligé de déménager car "il fallait resserrer l'unité des troupes de l'université". Mais n'importe quoi, si ce n'était que ça, il n'y avait pas de souci, un peu de substances que je gardais dans ma réserve personnel dans les verres de chacun des élèves et nous voila réunit dans une ferveur digne d'une belle et grande orgie ! Quoi de mieux pour tous nous rapprocher j'avais envie de dire ?! Mais alors que mes pensées moroses se densifiaient dans mon esprit, la sonnette de la porte retentit. J'eus un haussement de sourcil suspicieux. Qui est-ce qui pourrait bien venir me déranger, chez moi à cette heure-là ? Un ami ? Les seuls que j'avais me connaissais trop bien pour savoir que la plupart du temps, prévenir de son arrivée ne servait strictement à rien. C'est pourquoi, la plupart du temps lorsque je me levais je me retrouvais nez à nez avec un de mes proches dans la cuisine. Avoir de l'intimité ? Mais non, c'était bien plus amusant de vivre avec toujours quelques instants qui pourraient pimenter notre vie ! Mais ce qui arrivait là, n'avait rien à voir avec toutes les idées qui me passaient à présent, par la tête. Non mais je rêve ? Impossible, ça va être pas possible du tout ! Ma voisine. Je la connaissais pour s'être plainte plusieurs fois de l'odeur de mes "cigarettes" que je fumais sur le palier de ma maison. Quelle jeunesse, ce n'est plus ce que c'était ! La plupart du temps, je répondais à ses affronts par un grand sourire provocateur et un signe de la main. La plupart du temps, elle s'enfuyait, courroucée de mes manières. Mais là, c'était à peine croyable. Son fils le plus âgé venait de faire une mauvaise chute et elle avait besoin de l'emmener à l'hôpital. Pour ainsi dire, c'était un petit morveux à qui j'avais toujours souhaité qu'il tombe sur une plante vénéneuse mais là c'était pas plus mal non-plus ... Il fallait maintenant que je garde le second, plus petit et bien moins causant. La mère n'en démordait pas néanmoins mais je finis par accepter. Bordel, elle voulait qu'il crève le gosse ou quoi ? Des fois, il y avait vraiment des parents indignes quand même ...

Une fois la porte fermée, je me posta devant l'enfant qui me regardait avec des yeux de merlan frit. Ben quoi qu'est-ce que t'as à me regarder comme ça ? Pas réponse. D'accord, on était pas sortit de l'auberge. J'eus un coup d'oeil vers ma montre et ne pus m'empêcher de souffler un juron. Mon regard s'arrêta sur l'enfant qui continuait toujours à me dévisager sans un mot. Bon après tout, il en entendrait bien assez vite des jurons ! Mais je n'avais pas que ça à faire. Il était urgent que j'aille au prochain sex shop. Non pas que je n'avais pas tout ce qu'il me fallait mais l'une des employés avait quelque chose pour moi et en ce moment j'avais bien besoin de me détendre. C'est dans les endroits comme ceux-ci qu'on trouve encore plus de surprise. Ni plus ni moins, j'embarquais le gosse avec moi et entra dans la boutique une fois atteinte. Je me tourna enfin vers l'enfant lorsque nous eûmes traversés quelques rayonnages. Bon, écoutes moi bien, tu ne joues pas avec les choses, et tu ne parles pas aux inconnues sauf s'il te demande si t'es mon gosse. Là tu répondras que t'es bien trop laid pour l'être, ça marche ? L'enfant n'eut pas l'air de réagir à ma provocation et je me redressa enfin pour aller voir mon amie. Je n'avais pas de temps à perdre avec le gosse dans les pattes. Pourtant, deux minutes plus tard, j'entendis l'enfant pleurer et je leva les yeux au ciel tout en me dirigeant d'un pas pressé là où je l'avais laissé. Voyant une grande blonde devant lui j’arquai un sourcil. Je la connaissais de vue, pour sûr, elle étudiait à Berkeley. Je me baissa vers l'enfant l'air protecteur et lui souffla d'une voix confidente malgré que j'espérais que l'autre pimbêche m'entende. On t'as jamais appris que lorsqu'une blonde vient se frotter à toi, bim, coup de pied dans le tibias ?

Toujours accroupie à la hauteur du mioche, je le regardais sans comprendre. Maladroitement, j’ai posé une main un peu brusque sur son épaule, qui le fit légèrement chanceler. Ses pleurs redoublèrent d’intensité, tandis que mes yeux se remplissaient de larmes. J’étais épuisée, fatiguée, énervée, et bourrée. Et pour ne rien arranger, je devais m’occuper de ce gamin perdu, qui me cassait sérieusement les pieds. Ma patience – quasi inexistante – était mise à rude épreuve, et d’une seconde à l’autre, j’allais probablement coller à cet ingrat de gosse la claque la plus marquante de toute sa vie. Après ça, au moins, il s’y reprendrait à deux fois avant de venir importuner une gentille blonde qui n’avait rien demandé. « Si tu n’arrêtes pas de pleurer dans deux secondes, tu prends un baffe ! » Le menaçais-je, non sans succès. L’instant d’après, les pleurs cessèrent. Mais alors que je me croyais tirée d’affaire, une petite brune vint se mêler de notre conversation. Et m’enfonça face au gamin, qui plus est. « Eeeeeeeeeeeeeeeeh ! » M’exclamais-je, profitant de ma supériorité en taille pour coller une gifle derrière la tête de la fille, accroupie face au nain. Elle ne pensait quand même pas sérieusement que j’allais me laisser faire ? Bon, d’accord, j’étais complètement sèche, et pas franchement consciente de ce que je faisais. Mais alors ? « Tu t’es vu, toi ? » Râlais-je en tapant du pied, lui lançant un regard noir. Chose qui aurait pu être parfaitement crédible, si je n’avais pas dû prendre appui sur elle pour me relever sans tomber. « Avec tes yeux globuleux et ton sourire refait ? » La liste aurait pu être longue, si la fille – une Gamma, si mes souvenirs étaient bons – avait décidé de répliquer. Seulement, elle avait décidé de faire preuve d’intelligence, et de me laisser m’égosiller toute seule. Goooosh, ça me rendait encore plus ridicule que je ne l’étais déjà. J’ai soupiré d’agacement, observant la scène sans y prêter une once d’attention.

Jusqu’à ce que mon état me rappelle à l’ordre. J’ai brusquement commencé à avoir chaud, puis froid. Ma tête tournait, et j’avais l’impression que je ne tarderai pas à rendre tout ce que j’avais avalé, plus tôt dans la soirée. J’avais la désagréable sensation de tanguer, et c’était loin d’être rassurant. « J’suis dans le mal là. Trop dans le mal, même… » Murmurais-je à l’intention de la Gamma, alors que je posais une main sur mon front. Elle seule pouvait me venir en aide, en cet instant précis. Vu les quantités d’alcool que j’avais ingurgité, j’avais fini par atteindre un seuil critique. Si pendant un temps, l’euphorie avait largement surpassé l’état léthargique et comateux, là, je n’y échappais plus. Mon autre main se posa sur une des étagères, et j’ai niché ma tête dans le creux de mon cou, en espérant que ça passe. Manque de chance pour moi, les choses ne faisaient qu’empirer. J’avais désormais des sueurs froides qui glissaient le long de mon dos, et un simple coup d’œil dans un miroir me fit prendre conscience de mon état verdâtre. Mauvaise, très mauvaise nouvelle, songeais-je en soupirant. Dans un élan de lucidité – ce même élan que j’aurais dû avoir quelques heures plus tôt, mais que j’avais vainement attendu – j’ai sorti mon téléphone portable de ma poche, avant de le tendre à la Gamma qui me faisait face. « Appelle Cameron. » Indiquais-je en passant une main nerveuse sur mon front. Le regard interloqué qu’elle me lança me donna envie de la secouer comme un prunier. Allez, connecte tes deux mots et active-toi, bordel ! J’suis en train de passer l’arme à gauche, là. « Cameron Adams-Eynsford, le Oméga ! Dis-lui que c’est une urgence, qu’il faut absolument qu’il vienne me chercher. » Dis-je alors qu’une larme glissait le long de ma joue. D’une geste rageur, je l’ai effacée d’une main, avant de me pencher lentement pour m’asseoir à même le sol. Je relevais à peine la tête vers la Gamma, inquiète que le moindre mouvement puisse me faire payer cher mes tequilas. « Tu l’as eu ? Il a répondu ? Il a dit quoi ? » Demandais-je avec précipitation, désireuse de quitter cet endroit au plus vite. J’ai tendu une main tremblante à la Gamma, pour qu’elle me rende mon portable. « S’il te plait, dis-moi qu’il va vite venir me chercher. » L’implorais-je presque à voix basse, complètement chamboulée. Et voilà que j’en étais réduite à compter sur mon coup du moment. Si ce n’était pas pitoyable et lamentable, ça… J’ai eu un haut le cœur, que j’ai réussi à retenir avec difficulté. Je restais là, immobile, attendant que mon sauveur se pointe. En attendant, j’ai plongé mon regard dans celui du gamin, qui m’observait avec curiosité. « Boire c’est bien, mais avec modération c’est mieux. T’y repenseras, quand tu seras plus âgé. » Lâchais-je, dans un vague moment de lucidité coupable. Une fraction de seconde plus tard, j’apercevais la silhouette de Cameron se dessiner dans l’ombre. « Mon sauveuuuuuur ! » M’exclamais-je, lui tendant les bras comme une gamine de quatre ans le ferait avec son père. Il m’aida à me relever, remercia la Gamma, et entreprit la tâche la plus complexe : me sortir de cet endroit, sans trop de dégât. J’ai jeté un dernier regard à la Gamma, hochant simplement la tête en guise de remerciement.

Je fixais l'enfant lorsque la réplique de la Bêta ne se fit pas attendre. Une voix d'enfant. J'eus un petit rire mi-moqueur mi-surpris mais que je stoppa net lorsque je reçus une légère tape à l'arrière de ma tête. Pardon ? alors là c'était bien la meilleure. J'étais tellement surprise que je ne pus réagir de suite. Depuis quand les gens me touchaient-ils sans avoir peur de conséquences irréparables ? Je leva lentement mon regard vers la jeune femme d'un air méprisant mais néanmoins, je ne pus garder longtemps cet air haineux. Elle avait l'air mal en point. J'espère que tu n'ai pas sérieuse là ? j'avais envie de lui dire retouche moi une fois et je te fais bouffer ta perruque mais vu la mine de la femme, c'était peine perdue. Elle semblait totalement à l'ouest et cela m'aurait bien étonné qu'elle ait pu saisir le sens de mes paroles. Je me redressa gardant une main sur la tête du petit garçon tout en observant la fille. Un sourire s'étira sur mes lèvres mais pour une fois, il n'y avait aucune moquerie dans ce signe. J'imaginais parfaitement dans quel état elle pouvait être et malgré moi, cela m'impressionnait de voir qu'une Bêta pouvait se montrer dans cet état en public. C'était un acte représentant souvent les gammas et pourtant ... Tête qui tourne, hauts le cœur, je fronça soudain les sourcils en me disant que si elle me faisait un coma, j'allais être bonne pour appeler une ambulance et non, ce n'était visiblement pas le moment ! Je n'étais pas venue dans ce sex-shop pour me faire remarquer ! Je devais acheter de quoi fumer pour au moins plusieurs mois et de ce fait, il m'était impossible de faire venir qui que ce soit qui aurait pu surprendre ce petit marché entre moi et la gestionnaire de la boutique. Je ris aux remarques de la jeune femme. Sa voix déraillait et elle gesticulait comme si elle ne prêtait pas attention aux allures grotesques qu'elle prenait pour essayer de tenir debout sans se retenir. Je met tes paroles sous le fait que tu es complètement déchirée. Ce serait bête que tu passes une sale année parce que tu n'as pas su te taire au bon moment ... Grande Bonny que j'étais je n'allais sûrement pas suivre son exemple. Je leva les yeux au ciel. D'habitude, j'aurais apprécié commencer une petite partie de répliques toutes plus ou moins méchantes envers la jeune femme mais là, son état était si pitoyable qu'elle me donnait plus l'envie de rire que d'être méchante et d'en profiter. Non, jamais toujours profiter des gens quel que soit leur état alors quoi d'autre qui me résonnait ainsi ? Je tourna mon regard vers l'enfant qui me dévisagea à son tour incrédule devant la situation qui se jouait devant lui. Voila, t'es content ? Les larmes revinrent dans ses yeux et je leva de nouveau les yeux au ciel. Non mais ce n'était pas croyable. Une occasion en or de mettre la jeune blonde sans dessus dessous et non, il fallait qu'un gosse soit dans mes pattes pour m'obliger à renoncer aux différents plans saugrenues qui me venaient en tête. Bon, plan B, se débarrasser d'elle le plus vite possible avant qu'elle n'attire l'attention. J'allais empoigner l'enfant avec l'idée de me diriger vers la sortie mais elle me sortit son téléphone pour me le mettre dans la main. Elle baragouina quelques paroles que je compris pour être une experte de la langue des bourrés. Je soupira. Une vraie blague cette journée. Je n'aurais pas dû me lever finalement ! Elle devait plus s'amuser que moi c'était sûre ! Au moins une qui aurait un bon souvenir de la journée ! Quoi que vu sa tête je n'étais pas sûre que ce serait le cas. Très bien, je pouvais échanger les situations si madame n'était pas satisfaite ! Je regarda longuement la jeune femme. Je savais que vous étiez des princesses mais à ce point-là ... Une misérable pique mais je savais déjà que j'allais appeler son ami. J'avais beau ne prêter attention à personne, cette fille n'avait pas l'air méchante et la seule chose qu'elle voulait apparemment c'était rentrer chez elle. Tant mieux, c'était ce que je voulais aussi. La larme qui roulait sur sa joue me poussa enfin à pianoter sur le clavier. Quand j'allais raconter ça à Andrew, un ami de Cameron, il allait sûrement se bidonner. J'imaginais bien le genre de rumeurs qui pouvaient courir par la suite. La Bêta qui se retrouve bourré dans un sex-shop et qui essai d'enlever un enfant. Heureusement, la sauveuse Bonny était là ! Oui je sais, personne ne croirait la dernière partie de la rumeur. Pourquoi je n'avais aucune crédibilité lorsqu'il s'agissait de faire une bonne action ? Après deux sonneries dans le vide, une voix masculine me répondit et je soupira. Salut, j'ai un colis pour toi, elle est blonde, elle a un goût prononcé pour la tequila et les enfants en bas âge. Un regard vers le sujet pour m’apercevoir qu'elle était en train de mourir sur le coin d'une étagère. Et je n'ai vraiment pas que ça à faire d'attendre toute la journée donc si tu voulais bien ... Il avait compris le message et arrivait. Ce ne fut que quelques minutes plus tard que le jeune homme débarqua dans la boutique. Je le vis attraper la jeune femme et l'emmener vers la sortie du magasin. Nos regards se croisèrent une dernière fois. Malgré notre discussion plus ou moins houleuse, j’apercevais de la gratitude dans son regard.Si ce n'était pas ça, c'était une très bonne actrice ... Après avoir répondu par un signe de tête, je me tourna enfin vers l'enfant avec un sourire tout en séchant ses larmes. Allez viens, on rentre.