La nourriture. L'une des choses les plus importantes dans la vie d'une étudiante. Surtout pour une très gourmande, comme Aidlinn. Après sa période une période de penchants anorexiques, elle avait repris son goût d'enfance pour la nourriture, surtout la bonne nourriture. Sa grand-mère était une cuisinière d'un très haut niveau, avec sa cuisine traditionnelle hors pair, et qu'elle disait, lorsque Aidlinn était plus jeune, être le résultat de recettes de familles secrètement gardées depuis des générations, jusqu'à ce que l'enfante trouve dans un placard un livre de recettes Irlandais, qui bien qu'il ait une bonne cinquantaine d'années, était loin d'être de sa famille. Mais le résultat était le même, Aidlinn adulait la cuisine de sa grand-mère, dont elle n'avait elle-même pas hérité le talent, étant à peine capable de faire cuire des pâtes toute seule. La jeune femme avait toujours détesté la cuisine industrielle, notamment celle des établissements scolaires où elle avait été, allant jusqu'à emmener ses propres repas froids, préparés la veille par sa grand-mère, pour les manger le midi, lorsqu'elle ne pouvait pas rentrer directement chez elle. Mais, malheureusement, sa grand-mère ne pouvait pas lui préparer ses repas à une si grande distance, et l'une des choses qui l'avait faite hésiter à s'exiler en Californie était justement la nourriture. Comment ferait-elle pour s'adapter ? Les derniers jours, depuis son retour de New York, elle s'était nourrie des restes que lui avait glissé sa grand-mère avant qu'elle ne parte retrouver son université, des restes plus que délicieux, même réchauffés avec un micro-onde de basse qualité. Mais voilà, ces restes n'étaient pas éternels, et la jeune gourmande les avait fini la veille, au repas du midi. Le soir qui avait suivi, Aidlinn avait préféré ne pas manger, n'ayant pas trouvé de solution convaincante pour se nourrir. Mais au midi suivant, 24h après son dernier repas, elle avait dû se faire une raison : elle n'allait pas se laisser mourir de faim à cause de ses goûts difficiles. Elle s'était donc dirigée, la mort dans l'âme, l'estomac dans les talons, vers le restaurant universitaire. Étrangement, elle l'avait trouvé tout de suite. Visiblement, son estomac, lorsqu'il prenait le dessus sur son cerveau, avait un meilleur sens de l'orientation. Après avoir attendu un long moment parmi les autres étudiants, elle avait enfin pu se retrouver face au choix de nourriture. Sélectionnant une pizza, qu'elle supposait qu'ils ne pourraient pas rater, accompagnée en dessert d'un gâteau au chocolat qui lui semblait appétissant, et d'une pomme, elle partit s'asseoir. Elle erra un moment dans la salle, cherchant une table tranquille. Aidlinn ne s'était toujours pas fait d'amis, n'ayant pas trouvé le courage de vaincre son instinct asocial en quelques jours. Elle finit par trouver une table de quatre places vide, et s'assit. Elle prit ensuite le temps d'observer son assiette, et fit une moue désabusée. Qu'est-ce qu'ils avaient donc pu mettre sur cette pizza ? A l'aide d'une fourchette, elle souleva un ingrédient non identifié, pour en voir d'autres tout aussi mystérieux. Bon, tant pis, elle avait faim. Elle coupa un bout, et avala une bouchée. Le goût était tout aussi étrange, et inidentifiable, que l'apparence, aussi elle prit le temps de bien le mâcher pour tenter de se faire un avis.