the great escape
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if you love me, won't you let me know ? - eden&matthias

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MessageSujet: if you love me, won't you let me know ? - eden&matthias if you love me, won't you let me know ? - eden&matthias EmptySam 11 Aoû - 19:55


Was a long and dark december.
Bury me in honor, when i’m dead and hit the ground, a love back home unfolds. If you love me, won’t you let me know ? I don’t want to be a soldier, with the captain of some sinking ship, with snow, far below. So if you love me, why’d you let me go ? I took my love down to violet hill, there we sat in snow, all that time she was silent still. If you love me, won’t you let me know ? ♪ coldplay - violet hill. ➺ crédit fantaisiie ; gif : tumblr.



Les yeux rivés sur le mur, j’observais avec une attention toute particulière l’immense plan qui s’étalait sous mes yeux. Je ne savais pas encore ce qui clochait, mais il me semblait évident que quelque chose ne collait pas. Les sourcils froncés, je jouais nerveusement avec un stylo quatre couleurs, en attendant d’avoir cette fameuse illumination qui me permettrait de donner cours à toutes les conversations qui parasitaient la salle. Autour de moi, quelques généraux déjà âgés, ainsi que d’autres colonels, parlaient d’un éventuel plan stratégique. Quelle serait la meilleure position ? Quelle serait la meilleure option ? Et quelle serait la meilleure organisation pour les militaires sur place ? Par bribes, je recevais l’essentiel de leur débat. Ainsi, ils en étaient restés au besoin du repli défensif. « … parce qu’il ne faut pas qu’ils se fassent encerclés. Sinon, ce sera un carnage. » Lâchait l’un des généraux à ma gauche. Bah tiens, on pouvait clairement dire qu’il avait invité l’eau chaude, ce crétin. J’ai levé les yeux au ciel, manifestant par là-même mon exaspération. Depuis quand cet ancêtre ne s’était pas rendu sur le terrain ? Depuis quand n’avait-il pas participé à une telle opération ? Les gens qui se permettaient de faire des commentaires et de jouer avec la vie des gens sans s’en rendre compte m’agaçaient profondément. Impunément, chacun discutait sans préambule de vies, qui allaient bientôt être mises en danger. Bien décidé à empêcher la catastrophe qui s’annonçait, j’ai scruté plus attentivement le plan. Et puis, au bout de quelques longues secondes de concentration, j’ai trouvé ce que je cherchais : la fameuse faille, celle qui allait remettre en cause toute la stratégie. « C’est trop dangereux. » Lâchais-je d’une voix froide. A l’instant même où les mots franchissaient la barre de mes lèvres, le silence se fit. Les mines se renfrognèrent, et une vague d’hostilité se répandit comme une traînée de poudre dans la pièce. Les généraux me regardaient d’un œil noir, apparemment convaincus de mon ignorance. Malheureusement pour eux, ils avaient tort. « Je connais l’endroit. Le terrain qui se trouve sur l’extrémité gauche n’est pas suffisamment sur pour que l’on engage des hommes. » Précisais-je en haussant les épaules. C’était le moins que l’on puisse dire ; le terrain était réputé pour être peu sur, parce que potentiellement miné. Mais ça, bien sur, il fallait être sur le terrain pour le savoir ; la rumeur n’étant pas confirmée, elle n’était encore pas parvenue aux hauts-gradés. Mais à l’instant même où je m’apprêtais à développer, je sentis mon téléphone vibrer au fond de ma poche. Machinalement, ma main se posa par-dessus ma poche, dans l’espoir vain d’atténuer le bruit sourd qu’il provoquait. Un air moqueur collé au visage, un des généraux ne put s’empêcher de faire une réflexion : « Coupé dans votre élan, de Calendre. » Pauvre con, tiens. Sous prétexte que Monsieur était plus âgé, il se permettait des incartades. Mais j’étais bien décidé à faire parler ma réputation d’arrogant imbu de lui-même. « Il semblerait que j’ai une vie plus palpitante que la vôtre. » Lâchais-je d’une voix calme, agrémentant le tout d’un petit sourire en coin. J’avais bien conscience d’abuser, de jouer avec le feu, mais je m’en foutais. Depuis que j’étais rentré de ma mission, trois mois plus tôt, j’avais eu tendance à tout prendre par-dessus la jambe. La raison ne se résumait qu’en un prénom : Eden. L’ancienne Epsilon avait toujours eu un don tout particulier pour me mettre dans tous mes états, à commencer par les plus mauvais. Je reconnaissais sans peine ne pas être un cadeau, mais la réciproque était aussi valable. J’avais partagé sa vie pendant deux ans ; deux ans qui avaient été réduits à néant suite à un ultimatum, qu’elle m’avait posé. Une fois de plus, elle avait voulu être la première, la meilleure, celle qui serait choisie. Mais j’étais parti, foutant en l’air un futur et un avenir prometteur. Je n’étais pas sur d’avoir pris la bonne décision, mais faire marche arrière était désormais inenvisageable. Surtout depuis que je l’avais croisée chez sa sœur jumelle, portant à bout de bras un enfant, son enfant, son minuscule bébé, qui était né d’une union sans lendemain. La pilule ne passerait pas de ci-tôt, cela allait sans dire. Une fois de plus, me sortant de mes sombres pensées, mon portable vibra. L’impatience de mon interlocuteur me fit tiquer, puis soupirer. Autant répondre, puisqu’apparemment, mon futur interlocuteur ne s’arrêterait pas tant que je n’aurais pas décroché. J’eus un mot d’excuse pour l’assemblée qui me faisait face, avant de désigner d’un signe de tête l’autre colonel qui avait été à mes côtés lors de ma dernière mission. Il saurait leur expliquer ce qu’ils avaient besoin de savoir. Tandis que mes pas me menaient vers le vestiaire, j’ai froncé les sourcils en voyant qu’Eden avait tenté de me joindre. Ce n’était pas son genre, vraiment pas. Alors que je décrochais, j’ai entendu la voix aiguë de la Russe m’engueuler. « Whoooooo, du calme. » Dis-je d’une voix froide, bien décidé à la recadrer rapidement. Mais quelque chose dans son ton m’indiquait clairement que quelque chose n’allait pas. Premièrement, m’appeler alors que nous étions en froid ne lui ressemblait pas. Deuxièmement, sa voix paniquée m’indiquait qu’elle avait un souci. Et je n’avais pas tort : quelques instants plus tard, elle me demandait de venir à l’hôpital, le plus vite possible. Il fallait qu’elle me parle, et vu son ton, ça urgeait. Je n’ai donc pas mis longtemps avant de m’élancer le long des couloirs, conscient que son appel relevait plus de l’appel au secours qu’autre chose.

Un petit quart d’heure plus tard, j’arrivais devant l’entrée de l’hôpital. Tout au long de ma couse, j’avais eu le temps de me poser mille et une questions. Pourquoi m’avait-elle appelée ? Que me voulait-elle ? Et surtout, pourquoi semblait-elle si bouleversée ? Très franchement, je m’étais demandé ce que j’allais trouver en arrivant. La réponse ne se fit pas attendre : Eden était là, visiblement nerveuse, en train de faire les cent pas. Ralentissant la cadence, elle vint à ma rencontre. « J’étais en plein travail, alors j’espère que ce que tu as à me dire est important. » Le ton était donné. Bon, d’accord, j’étais un peu égoïste sur ce coup. Voire même carrément égoïste. Je sous-entendais clairement qu’elle avait intérêt à avoir un sérieux souci pour avoir osé me déranger. Bien sur, même si nous étions sérieusement en froid, je ne lui souhaitais pas le pire. Mais quand même, me déloger en plein travail, il ne fallait pas déconner. « Écoute, je n’ai pas beaucoup de temps à t’accorder. » Mais je suis quand même venu, en courant par-dessus le marché, parce que je nourris toujours l’infime espoir qu’un jour, notre relation pourra reprendre là où elle s’est arrêtée. Contrairement à ce qu’il s’était passé lorsque j’étais revenu de ma première mission – il y a de cela quelques années maintenant – j’avais facilement réussi à me ré-adapter à la vie réelle. Mais cette fois-ci, j’avais un mal fou à m’adapter à une situation que je n’avais plus eu à vivre depuis deux bonnes années : le célibat. Plus que jamais, j’aurais eu besoin toute la tendresse et des étreintes d’Eden. Mais je ne me faisais pas trop d’espoir : j’étais l’unique fautif, je nous avais mené à cette situation. Inutile de préciser qu’en cet instant, alors que j’étais face à elle, je m’en mordais sévèrement les doigts.
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MessageSujet: Re: if you love me, won't you let me know ? - eden&matthias if you love me, won't you let me know ? - eden&matthias EmptyMer 15 Aoû - 17:29

eden A. hastings matveïv & matthias d. de calendre
« When you're gone, the pieces of my heart are missing you. When you're gone, the face I came to know is missing too. When you're gone, the words I need to hear to always get me through the day and make it ok . I miss you. » La vulnérabilité. Il y a trois mois jour pour jour j'ai compris ce que cela représentait. J'ai compris cela avec la venue au monde de Gabriel et de Nathaniel, mes deux petits anges. J'ai compris cela à partir du moment où je n'étais plus seule mais où nous étions trois. L'égoïste que j'étais n'avais plus que de sa petite personne à se préoccuper mais également de deux adorables petits êtres innocents. Devenir mère c'est à la fois une force tellement puissante, tellement grisante, un bonheur et une plénitude absolue mais à ce doux sentiment de plénitude se mêle également à de nombreux autres sentiments très amers : la peur, la vulnérabilité, pour ne citer que les meilleurs. J'ai compris cela trois semaines après la naissance de mes fils, quand Nathaniel est tombé malade. Quand les médecins l'ont emmenés et qu'au travers de ma vision trouble en raison des larmes qui ne cessaient de couler j'ai vu s'éloigner mon fils, ce petit être qui semblait si vulnérable et fragile, ce petit être que je me devais de protéger autant que je l'aimais, j'ai su que je confiais ce que j'avais de plus précieux à de parfaits inconnus, mon fils, toute ma vie désormais. J'avais confié un des deux êtres les plus chers à mes yeux à des hommes que je ne connaissais même pas le matin même et ces hommes avaient désormais entre leurs mains le pouvoir de changer ma vie à jamais. Ce qu'ils firent quand ils ne me ramenèrent pas mon fils. Quand j'ai compris que je ne le reverrais plus, que je ne pourrais plus l'entourer de mes bras protecteurs en lui murmurant des paroles rassurantes afin de l'apaiser, j'ai eu l'impression de recevoir un couteau en plein coeur. Plus rien n'existait, plus rien n'avait d'importance. Quand j'avais cru perdre ma moitié, ma soeur jumelle, Elmas j'avais tant eu mal et tant souffert que j'étais intimement persuadée d'être immunisée contre la douleur et que jamais je ne pourrais souffrir plus que je n'avais déjà souffert, jusqu'à aujourd'hui. Car la perte d'un enfant est bien plus tragique et plus douloureuse que n'importe quelle autre chose. Etre mère, vous rend faible. Mais être mère vous rend aussi tellement forte, j'en étais également persuadée car une seule personne au monde pouvait me sortir du gouffre dans lequel j'avais sombré après la perte de Nathaniel : Gabriel. Car si une partie de moi avait été détruite il y a deux mois de cela quand j'avais perdu mon fils, une partie de moi était encore bien vivante et prête à sourire à tous les plaisirs qu'offraient la vie. Cette partie je la devais à Gabriel. A travers son regard pétillant, j'avais l'impression que le monde entier semblait me révèler ses plus beaux secrets. J'avais l'impression que tout était possible et surtout je n'avais pas le droit de le laisser tomber, lui qui venait de perdre la personne qu'il aimait le plus au monde, sa moitié, son frère jumeau et j'étais bien placée pour savoir à quel point il souffrait surement déjà assez de cette situation. Il n'avait pas en plus besoin d'une mère qui pétait un câble. Ah, ça non! Etre mère me rendait donc aussi forte que cela ne me rendait faible. Or, aujourd'hui le côté faible semblait ressortir un milliard de fois plus que le côté fort. La personne assise le long de ce couloir blanc, vêtue d'un simple jogging et d'un vieux t-shirt délavé, n'ayant pour seule coiffure qu'un vulgaire élastique nouant ses cheveux en chignons, chignons plus digne d'une femme de ménage en plein travail que d'une mannequin défilant sur un podium, aussi blanche que les murs et d'une mine si fatiguée qu'elle semblait ne pas avoir dormi depuis des jours entiers n'avait plus rien à voir avec la personne que j'étais quelques années au par avant, l'étudiante aussi brillante que belle et fashion jusqu'au bout des ongles avait disparu et une mère inquiète et désemparée avait pris sa place. Non, je n'étais plus seule désormais mais nous n'étions plus trois non plus. Nous étions deux et jusqu'à mon dernier souffle je me battrais pour lui, pour nous. Cependant, aujourd'hui et malgré tous mes efforts je ne pouvais cesser de me sentir responsable de la situation dans laquelle se trouvait mon fils.

FLASHBACK

« Mademoiselle Hastings-Matveïv, il nous faut une réponse, nous devons l'opérer maintenant. » Empoignant mes cheveux, je tenais ma tête plongée dans mes genoux afin qu'elle n'explose pas. J'étais tétanisée et un million de pensées traversées mon esprit. Quelques minutes au par avant je venais de prendre connaissance des résultats des analyses que j'avais effectuées. Je n'étais pas compatible avec mon fils. Parmi les pensées qui revenaient le plus fréquemment de nombreuses étaient destinés à Dieu ou du moins au mec qui se tenait là-haut et elles n'étaient pas des plus polies. Putain, il n'y avait aucune justice. Comment était-ce possible que la propre mère d'un enfant ne soit pas compatible avec lui, la chair de sa chair ? Comment était-ce possible qu'une mère ne puisse aider son enfant. Je ne pouvais le comprendre et encore moins l'accepter, c'était plus fort que moi. « Combien de temps cela peut prendre si on le met sur une liste d'attente? » J'avais enfin relevée la tête et avec le peu de force qu'il me restait j'avais réussie, malgré le noeud béant qui compressait ma gorge à articuler cette phrase. Je ne pleurais pas, je voulais rester forte, forte pour mieux faire face et pour aider mon fils. Je voulais m'accrocher au plus petit espoir. Seulement mon dernier espoir fut vite vain. En effet, je connaissais déjà la réponse pour avoir posée cette question au moins une dizaine de fois au cours de la journée. Les médecins échangèrent un coup d'oeil bref mais compatissant. La mère célibataire et complètement dévastée qui tentée le tout pour le tout pour sauver son enfant semblait les attendrir. Ils prirent tout de même la peine de me répondre, une fois de plus, que cela prendrait bien trop de temps et que du temps, nous n'en avions plus à l'heure qu'il était. Je devais faire un choix car il existait bien une personne capable de sauver mon Nathaniel : son frère. Car étant jumeaux ils étaient de ce fait forcément compatible et le foie était le seul organe capable de se régénérer. Seulement, une opération de cette ampleur et à cet âge, alors qu'ils étaient si jeunes et si fragiles était risquée et je pouvais très bien perdre mes deux enfants et ça je ne pouvais l'accepter. Mon coeur cognait si fort dans ma poitrine qu'il semblait résonner dans chacune des parties de mon corps et plus particulièrement dans ma tête semblant m'empêcher de réfléchir. Car je pouvais également les sauver tout les deux. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Le coeur. Oui. La raison. Non. La sagesse. Oui. L'espoir. « Emmenez-les. »Mes paroles rompirent le silence qui s'était installé dans cette salle où seule le bruit de mon coeur cognant dans ma poitrine semblait résonner. L'espoir. J'avais choisi d'y croire et d'espérer que mes deux petits anges me reviennent. Les yeux tristes, brillants comme illuminés par un immense espoir, j'avais prononcée ces quelques mots en regardant le chirurgien droit dans les yeux. Je lui confiais ce que j'avais de plus précieux sur cette terre. Il avait la vie de trois personnes entre ces doigts. Un seul homme avait le pouvoir de changer trois vies à tout jamais. A ce moment précis, je ne pus contenir mes larmes une seconde de plus et ces dernières s'écoulèrent abondamment le long de mes joues.

FLASHBACK

J'avais, tout enfouie en moi, ce sentiment atroce qui vous dévore et vous ronge de l'intérieur qu'on appelle la culpabilité. Oh que oui! Dieu seul savait à quel point je m'en voulais, à chaque petite seconde, à chaque instant de mon existence d'avoir pris cette décision, d'avoir accepté qu'on fasse du mal à mon tout petit ange, à ce petit être innocent. Aujourd'hui, il était de nouveau sur un lit d'hôpital et pour avoir essayer de sauver son frère, sa vie était désormais en danger. Il n'y avait aucune justice. Je bouillonnais de l'intérieur tant j'étais en colère et révoltée. J'en voulais à la terre entière mais surtout à moi-même. J'avais acceptée qu'on fasse du mal à mon enfant, pour rien. Il avait souffert inutilement car ce qu'il avait enduré n'avait même pas permis de garder auprès de lui sa moitié, son frère jumeau. Foutu monde, foutue justice. Une seule personne était capable de m'apaiser et je décidai alors de quitter quelques instants ce couloir que je haïssais tant pour chercher un peu de réconfort auprès de mon fils. Sans bruit, je pénétrai dans sa chambre sur la pointe des pieds afin de ne pas le réveiller. On aurait dit un ange. A peine avais-je posée les yeux sur lui qu'une vague de douceur me pénétra tout entière. Je fus envahi d'un sentiment de plénitude total. Je pris la chaise qui se trouvait dans le coin de la pièce et m'assis à ses côtés. Ma main caressant ses petits doigts fragiles je contemplais mon fils, ma petite merveille et réalisai à quel point son double me manquait. Les larmes me montèrent aux yeux. A chaque fois que je poserais le regard sur Gabriel, à chaque fois qu'il me sourirait, à chaque fois que ses yeux pétillants se poseront sur moi, j'aurais l'impression d'y voir Nathaniel. A chaque fois que je regarderais mon fils, je ne pourrais m'empêcher de me dire qu'il manquera quelqu'un à ses côtés. Je ne pouvais décidément pas me résoudre à la perte de Nathaniel et cette amer culpabilité me détruisait. Aujourd'hui plus que jamais, être mère était une faiblesse. Je jetai un coup d'oeil sur mon téléphone portable afin de prendre connaissance de l'heure qu'il était. En effet, j'attendais Matthias, le père de Gabriel. Ou du moins l'homme qui se trouvait être le père du dernier de mes enfants et qui n'était pas au courant qu'il avait un enfant et qu'il en avait également perdu un. Seulement à quoi bon lui avouer pour Nathaniel, à quoi bon lui dire qu'en plus de lui avoir cacher l'existence de son fils, j'avais également tué son frère. Nathaniel resterait mon secret, ma force et ma faiblesse. De plus, bien que la peur si forte de perdre Gabriel ai grandement atténuée la rancune que j'avais à l'égard de Matthias, elle n'effaçait pas tout. Elle n'effaçait pas le fait qu'il m'ai lâchement abandonné. A cause de lui, j'avais du assumer seule ma grossesse et la perte de mon enfant et ça jamais je ne pourrais le lui pardonner. Jamais. Mais il était la dernière personne et la seule qui puisse encore aider Gabriel et ça, ça n'avait pas de prix et je pouvais bien m'assoir sur ma rancune si c'était le seul moyen de sauver mon enfant. Je regardai à nouveau l'heure sur mon téléphone. Seulement une minute c'était écoulé depuis la dernière fois. L'inquiétude rendait le temps long, tellement long. Après avoir regardai Gabriel pendant de longues secondes comme pour le photographier pour garder à jamais sa petite bouille d'ange avec moi, dans ma tête et dans mon coeur je me levai à nouveau pour rejoindre le couloir de l'hôpital. Matthias devait arriver d'un moment à l'autre et je pensais qu'il était préférable de lui toucher deux mots avant de le mettre devant le fait accompli. Il avait déjà eu l'air assez surpris par mon appel et j'étais persuadée qu'il avait cerné l'inquiétude au seul ton de ma voix. Certes, je ne m'étais pas privée pour hausser le ton durant toute notre conversation, en partie car c'était plus fort que moi, je ne pouvais m'empêcher de réagir comme ça à son égard, j'avais la rancune tenace mais aussi car l'inquiétude si intense dans laquelle je me trouvais m'empêcher totalement de réfléchir, de penser ou d'adopter un quelconque comportement correct. J'étais une pile électrique. Tout se mélangeait en moi : la peur, le doute, la rancune, l'amour, la haine, mes pensées se trouvaient brouillées dans un flou étrange. Alors que je faisais les cent pas dans le couloir afin de me calmer, à noter : cela fonctionnait peut-être quand j'étais petite mais plus du tout aujourd'hui mais ça me permettait de penser à autre chose, ou du moins d'essayer, Matthias arriva enfin. Mon coeur se mit à battre encore plus vite quand son regard croisa le miens. Oui. Il avait senti et comprit que quelque chose n'allait pas. Oui. Il savait que j'étais inquiète. Le regard protecteur qu'il posa sur moi provoqua en moi une multitude de sentiments étranges. « Eden, reprend-toi. » pensai-je. Ce n'était pas le moment. J'étais déjà bien assez perturbée avec ce qu'il se passait, je n'avais pas besoin de ça en plus. « J’étais en plein travail, alors j’espère que ce que tu as à me dire est important. » Le ton était donné. Comment voulait-il que je fasse un semblant d'effort s'il commençait comme ça? Rien ne pouvait plus m'énerver. Tout d'abord j'avais horreur que l'on me donne des ordres, quand Eden demandait, Eden avait et en l'occurrence je lui avais demandé de venir, bon, il l'avait fais mais je n'aimais pas du tout ce genre de petite remarque. En même temps il faut dire que c'était tout Matthias. Ce que j'aurais détesté chez une autre personne était la raison du pourquoi il me plaisait tant. Il savait me tenir tête. Au fond, nous étions les mêmes. J'avais envie de lui sauter au coup. J'avais envie de le gifler. Paradoxe. Les noeuds présent dans mon corps se serrèrent davantage, dans mon ventre, dans ma gorge. Les larmes me montèrent aux yeux, cependant je détournai aussitôt la tête pour qu'il ne le perçoive pas. Il enchaina alors : « Écoute, je n’ai pas beaucoup de temps à t’accorder. » Cette fois-ci je ne pu contrôler ma réaction, s'en était trop, j'allais exploser, j'allais craquer. S'en était trop, bien plus que mes frêles épaules ne pouvaient en supporter. Sans que je puisse l'arrêter, ma main parti pour aller s'exploser contre son visage. Ce visage. C'est surement à ça que mon Gabriel ressemblera s'il survit. Je ne contrôlais plus rien, je n'étais même plus maitre de mes propres mouvements. J'avais l'impression de devenir folle. « Tais-toi. » murmurais-je d'un ton suppliant. Je réalisai alors que je n'aurais même pas du essayer de parler. Les perles salées roulèrent le long de mes joues. Ne sachant que faire, je me jetai à son cou. J'avais juste besoin de lui, de sa présence, de ses paroles réconfortantes, de ses bras protecteurs, du contact de son corps contre le miens. J'avais besoin de pouvoir sentir le doux battement de son corps à travers sa poitrine, afin que le miens puisse devenir l'écho du siens et cesser de battre la chamade.
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MessageSujet: Re: if you love me, won't you let me know ? - eden&matthias if you love me, won't you let me know ? - eden&matthias EmptyJeu 30 Aoû - 21:15


I agree, I screwed up. And I'm sorry.
When you were here before, couldn't look you in the eye, you're just like an angel, your skin makes me cry, you float like a feather, in a beautiful world... I wish I was special, you're so fucking special... But I'm a creep, I'm a weirdo, what the hell am I doing here ? I don't belong here. ♪ radiohead - creep. ➺ crédit fantaisiie ; gif : tumblr.



Kiss me hard before you go, summertime sadness ♪ Il y a des choses, des gens, des impératifs qui font que vous n’êtes plus tout à fait mettre de vous-même, ou de votre destin. Certains appels qui ne peuvent être ignorés, évités, ou oubliés. Celui de la russe en faisait partie. J’avais à peine raccroché que déjà, je me précipitais le long des couloirs sombres du régiment. J’ai ignoré avec superbe deux de mes semblables, qui me saluèrent d’un geste poli. Pas le temps, pas le temps, nous verrons plus tard pour les courbettes. Certains cas n’attendent pas. Dévalant les escaliers d’une issue de secours, je n’ai même pas pris le temps de me rendre au vestiaire pour me changer. D’une pierre, deux coups : déjà, je gagnais du temps sur ma course, et en plus, les gens allaient avoir tendance à s’écarter sur mon chemin. Les militaires qui courent comme si leur vie en dépendait, en général, ça encourage les gens à s’écarter. Le prestige de l’uniforme, sans doute. Alors que je cavalais comme si j’avais la mort aux trousses, je pris le temps de penser à la situation dans laquelle j’allais me retrouver, d’ici quelques minutes. J’appréhendais légèrement ce face à face, quand on savait comment c’était fini les derniers que nous avions eu. Celui chez Elmas avait tourné au vinaigre – c’était le moins que l’on puisse dire – et nous ne nous étions pas recroisés depuis. C’était mieux ainsi, d’ailleurs. Elle avait une nouvelle vie, et moi, je devais retrouver les bases de la mienne. Je reprenais tout à zéro, et je chassais définitivement l’ancienne Epsilon. Enfin… Pas tout à fait complètement, en fin de compte. La théorie différait bien cruellement de la vérité, malheureusement. La preuve, dès qu’elle m’appelait à la rescousse, j’abandonnais tout pour aller la retrouver. Je ne pouvais pas m’empêcher de voler à son secours. Comme poussé par une force intérieure – ce qui en disait long sur les sentiments que j’éprouvais pour elle – je me sentais obligé d’accourir dès qu’elle avait besoin de moi. C’était plus fort que moi, et ça avait longtemps été mon rôle. J’avais déjà adopté cette attitude par le passé, lorsque je m’étais retrouvé à être son garde du corps. Mais à cette époque, c’était encore mon job qui me dictait ma conduite. Aujourd’hui, c’était les sentiments que j’avais pour elle. En bref, pour moi, c’était le début de la fin. Mes foulées se firent plus lentes au fur et à mesure que j’approchais de l’hôpital. Comme si je cherchais à reculer notre entrevue à tout prix, même pour quelques secondes. Pourquoi m’avait-elle fait venir, d’abord ? Et puis pourquoi moi ? Pourquoi pas Elmas, ou l’inconnu qui l’avait engrossée ? Je n’avais aucune raison de me retrouver là ; après tout, je ne faisais plus parti de sa vie, tout comme elle ne faisait plus partie de la mienne. C’était trop facile d’appeler au secours ceux que l’on a éjecté, quelques mois plus tôt. Je n’étais pas une girouette. Face à l’entrée vitrée de l’hôpital, je me suis brusquement arrêté. Avais-je eu raison de venir ? Je courrais après l’inaccessible, clairement. Il n’avait jamais été question d’un quelconque pardon, ou d’une énième explication. Je ne voulais pas non plus être le bon copain, celui que l’on appelle en cas de coup dur, celui dont on profite avec joie et allégresse. Très peu pour moi, cette connerie. J’ai soupiré, passant une main nerveuse sur ma tempe. Voilà que j’hésitais, désormais. Mais Eden était quelque part là-dedans, et m’attendait de pied ferme. Elle avait besoin de me voir, et c’était urgent. La tentation était trop forte pour que je ne fasse demi-tour. J’ai avancé d’un pas, et les portes coulissantes s’écartèrent pour me laisser entrer. L’heure n’était plus aux doutes, désormais : autant avancer, et affronter mon destin.

Elle était là, assise contre un mur, à même le sol, la mine défaite. Elle était loin, la Eden pétillante et enjouée du passé. Mes yeux contemplèrent une coquille vide, prostrée, abattue. C’était comme si elle avait perdu tout espoir, comme si elle était résignée. L’adulée de la mode était tombée de son piédestal. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette vision me donnait froid dans le dis. Je ne m’étais pas attendu un seul instant à tomber sur une loque ; sa fierté devait avoir pris un sérieux coup pour qu’elle se trouve dans cet état pitoyable. J’ai esquissé un pas en sa direction, alors qu’elle se relevait du sol pour me faire face. Elle paraissait lasse, fatiguée, épuisée même. J’avais du mal à croire ce que j’étais en train de voir, et pourtant ; c’était bien elle, habillée en haillons, sans maquillage, sans talons aiguilles, et qui ne tentait même pas de se montrer sur d’elle. Eden au naturel, la Eden que j’avais toujours préféré. Le face à face silencieux dans lequel nous nous étions engagés semblait durer une éternité, et j’en profitais pour la détailler du regard. Ses cernes et ses traits tirés en disaient long sur les nuits agitées qu’elle devait avoir ; quant à sa silhouette, elle me semblait plus maigre que jamais. A croire qu’elle avait succombé aux ravages du diktat de la taille mannequin. J’ai légèrement secoué la tête, préférant rompre ce court silence avant qu’il ne devienne trop gênant. Grave erreur de ma part, visiblement. J’allais répliquer avec virulence et dédain à l’ordre qu’elle venait de me donner, mais elle ne m’en laissa pas le temps. Une fraction de seconde plus tard, elle me faisait subir une humiliation cinglante à laquelle j’aurais préféré échapper. Trop tard ; je n’avais même pas eu le temps d’esquisser le moindre geste pour l’éviter. Et tout de suite, la rancœur pointa le bout de son nez. J’allais la tuer, l’écarteler, la mettre minable, et lui faire subir mille et uns maux. Je la détestais, profondément. J’avais envie de la massacrer pour avoir osé de me gifler, alors que j’avais volé à son secours. Rien ne m’y avait obligé ; j’étais venu de mon plein gré, juste pour m’assurer que tout allait bien. Parce que son appel au secours m’avait glacé le sang, parce qu’elle semblait avoir cruellement besoin d’aide. Je m’étais précipité à son encontre, et voilà comment elle me remerciait. Je le détestais. Non, pire : je la haïssais. Elle m’avait dérangé au beau milieu d’une réunion importante – voire même capitale – qui allait déterminer de nombreuses choses pour les années à venir. En tant que militaire gradé, et récemment présent sur les lieux, j’avais toutes les raisons de me trouver autour de cette table ronde, afin d’apporter ma pièce à l’édifice. Et ce, même si ça dépassait complètement Eden. Nos choix de vie étaient radicalement opposés ; nous le savions depuis le départ. Elle dans la mode, moi dans l’armée : chacun devrait faire des concessions, et ça me paraissait clair. Ainsi, en dépit de ma jalousie maladive, j’avais accepté qu’elle soit exposée et médiatisée pour que sa carrière décolle. J’avais souvent ruminé, maugréé et râlé, mais j’avais dit oui à tout, en ne pensant qu’à une seule chose : son bien-être, et sa carrière. Littéralement, elle vivait sa passion. Ce qui était une chance inouïe, de nos jours. Et le fait de pouvoir vivre cela pleinement l’avait rendue heureuse ; en fin de compte, c’était tout ce qui m’importait. Cependant, nous n’avions visiblement pas la même conception de la chose. La preuve en est, nous nous étions brutalement séparés lorsque j’étais parti en mission. L’ultimatum qu’elle m’avait posé, me demandant de choisir entre elle et ma carrière, m’avait fait bouillir intérieurement. Comment pouvait-elle me demander une telle chose, alors que j’avais été conciliant sur tous les fronts ? Comment pouvait-elle oser me mettre devant le fait accompli, et espérer que j’allais la choisir ? Je n’en faisais qu’à ma tête, et je détestais que l’on cherche à m’imposer quoique ce soit. Ce soir là, dans l’appartement parisien de l’ancienne Epsilon, notre relation avait pris un tournant négatif et définitif. J’avais crié, hurlé, tout en tentant de la raisonner. Bien sur que ça pouvait être dangereux, évidemment que les choses risquaient de mal tournées. Mais tout métier à son lot de risques ; le mien n’échappait pas à la règle. Les larmes avaient coulé sur ses joues, et j’avais regardé ce triste spectacle sans bouger d’un pouce. Moi qui, d’ordinaire, serais immédiatement allé la réconforter, je m’étais dit que c’était bien fait pour elle. Qu’elle pleure, qu’elle chiale, parce qu’après tout, c’était uniquement de sa faute si nous en étions arrivés à ce stade. Dans mon dégoût et ma rancœur, en quittant l’appartement, j’avais cruellement espéré qu’elle regretterait sa décision. Je voulais qu’elle souffre, qu’elle ait mal, qu’elle s’en morde les doigts ; mais surtout, je voulais qu’elle comprenne son erreur. Je n’étais pas en faute – pas entièrement, en tout cas ; son égoïsme et son narcissisme avaient tué notre relation. Sa volonté d’être toujours au centre, d’être la meilleure telle une reine indétrônable avait été sérieusement ébranlé ce soir là. Grand bien lui fasse, parce que je ne comptais certainement pas revenir vers elle en rampant. Et pourtant… Pourtant, quelques mois plus tard, j’étais là. Je répondais présent à l’appel, et je me tenais debout face à elle. L’heure n’était pas à la confrontation ; l’expression de son visage en disait long sur la peine et la douleur qui l’habitait, en ce moment même. Jamais je n’avais vu Eden si fragile. Pourtant, les occasions n’avaient pas manqué : je me souvenais encore de sa voix tremblante, lorsqu’elle avait décidé de me parler de sa sœur, qu’elle croyait alors disparue. Je me rappelais aussi très bien du jour où elle m’avait confié sa crainte d’être sans cesse surveillée, épiée, et sa peur d’être rattrapée par son passé. Oui, à différentes périodes critiques de la vie d’Eden, j’avais été présent pour témoigner de sa peur. Mais là, aujourd’hui, ça me paraissait loin. Vraiment très loin. Cette peur là, qu’elle ressentait actuellement, semblait dépasser l’entendement. Comme si ce qu’elle avait à perdre était pire que tout. Il ne me fallut pas longtemps pour faire le rapprochement avec son enfant. Ce bébé, l’enfant d’Eden et d’un autre. Qui ? Aucune idée, et pour sa santé, mieux valait probablement que je ne le sache jamais. Ce tout petit garçon, que j’avais regardé avec dégoût et mépris, parce qu’il m’avait assené le pire coup que je n’avais jamais reçu. Evidemment, il était l’innocent de l’histoire ; mais qu’importe, c’était plus fort que moi. Il me rappelait ma solitude, alors qu’Eden avait fondé un foyer. Il me rappelait aussi les espoirs déçus, envolés ; si pendant un instant, l’idée de fonder quelque chose de plus stable et de plus concret avec Eden m’avait traversé l’esprit, je pouvais dorénavant faire une croix dessus. Amertume, quand tu nous tiens. Mes douloureuses pensées furent néanmoins brutalement stoppées lorsqu’Eden combla les quelques mètres qui nous séparaient encore. Mes bras se refermèrent avec délicatesse et fermeté sur ses frêles épaules, alors que je baissais légèrement la tête vers elle. Mais elle ne disait rien, ne prononçait pas un mot. Non, c’était encore pire que ça : elle pleurait, et rien ne semblait pouvoir l’arrêter. Son corps était secoué de petits spasmes ; quant à moi, je cherchais quels pouvaient être les meilleurs mots pour la réconforter. Sauf que je ne savais rien de son mal être ; alors, dans un geste presque désespéré pour la consoler, j’ai presque imperceptiblement resserré notre étreinte, comme pour la bercer. J’avais l’impression d’avoir affaire à une enfant perdue, qui ne savait plus quoi faire pour s’en sortir. J’attendais que sa respiration se fasse plus calme, plus lente, avant de la lâcher. J’étais complètement désarçonné par son état ; je n’avais pas imaginé qu’elle en serait à un tel stade de mal-être, d’inquiétude, d’angoisse. « Eden… » Murmurais-je d’une voix douce, baissant les yeux vers elle. Conséquence directe de son choix de non port de talons : je la surplombais d’une quinzaine de centimètres, et j’avais l’impression que ça jouait en ma défaveur, qu’elle ne relèverait jamais les yeux vers moi. Comme si elle voulait à tout prix éviter ce qui allait suivre, comme si elle n’avait eu qu’une envie : se cacher dans mon tee-shirt pour mieux fuir l’aveu. « S’il te plait, calme-toi. » Soufflais-je à voix basse. J’avais bien conscience du fait que m’acharner sur elle n’aurait servi strictement à rien. De plus, elle était suffisamment désorientée et perdue comme ça ; pas besoin que j’y ajoute mon grain de sel. « Calme-toi. » Répétais-je. Je ne savais plus quoi faire, ni comment m’y prendre. Je voulais simplement qu’elle arrête de pleurer, qu’elle me dise ce qu’il en était, qu’elle retrouve le sourire. Qu’elle aille mieux. La voir dans un état pareil m’insupportait au plus haut point, tant je me sentais inutile ; être incapable de l’aider me pétrifiait d’effroi. Alors, dans un élan de faiblesse, j’enchaînais : « Ça va aller. Je te le promets. » Mes mains, qui s’étaient placées dans son dos pour resserrer notre étreinte, remontèrent jusqu’à ses épaules, puis ses joues. D’un geste ferme, je l’ai encouragé à relever la tête. « Regarde-moi, et dis-moi ce qu’il ne va pas. » Réclamais-je, toujours avec la voix la plus calme et douce possible. Mes pouces caressèrent ses joues avec délicatesse ; je cherchais à tout prix à ce qu’elle se sente bien, à l’aise, et rassurée, afin qu’elle se confie à moi. D’ailleurs, je ne doutais pas un seul instant de la réussite de ma méthode ; en effet, quelques années plus tôt, j’avais employé la même. Lorsque j’étais encore son garde du corps, j’avais vite compris que si elle et moi ne dialoguions pas un minimum, nous courrions à notre perte. Elle, comme moi d’ailleurs. Il avait été nécessaire, pour moi, de savoir quand elle se sentait faible, oppressée, terrifiée. L’important était qu’elle évacue tout ce qui se trouvait autour d’elle, le monde qui l’entourait. Il fallait qu’elle se sente en sécurité, en confiance. « Parle-moi. » Chuchotais-je, sans quitter son regard un seul instant. Elle allait céder, et finir par me dire tout ce qui la tracassait, c’était certain. Après tout, si elle m’avait appelé alors que nous étions séparés, c’était qu’elle me faisait un minimum confiance. « Tu le faisais, avant. Tu sais que tu peux me faire confiance. » Continuais-je. Oui ma chère, souviens-toi du bon temps, souviens-toi des temps anciens, souviens-toi de nous lorsque l’on s’entendait encore si bien. Souviens-toi des temps heureux ; après tout, ils ne sont pas si loin.
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MessageSujet: Re: if you love me, won't you let me know ? - eden&matthias if you love me, won't you let me know ? - eden&matthias EmptyDim 16 Sep - 15:22

eden A. hastings matveïv & matthias d. de calendre
Ma respiration s'était s'était alignée au rythme de celle de Gabriel. Il m'apportait tant de bien, d'apaisement, de sérénité. D'une main hésitante et tremblement, je caressais prudemment son petit visage angélique quand une infirmière entra. Mon coeur se serra à l'instant même où elle passa la porte, car je connaissais pertinemment les raisons de sa venue : elle était là pour les soins de Gabriel. Ce moment tant redouté était aussi éprouvant pour lui que pour moi. Il souffrait tellement pendant cette interminable quart d'heure où les infirmières le retournait dans tout les sens pour lui administrer des dizaines de médicaments en enfonçant ces affreuses aiguilles paraissant tellement gigantesque à côté de ses adorables petits bras. Je savais que pendant un quart d'heure mon fils allait pleurer, hurlait et tentait du haut de ses quelques mois de se débattre comme il le pouvait en remuant de toutes ses forces ses pieds et ses bras tout en semblant me supplier de lui venir en aide en plongeant son innocent regard baigné de larmes dans le miens. C'était un supplice. Je déposai un baiser sur son front et lui murmurai tendrement à quel point je l'aimais avant de faire quelques pas en arrière pour laisser les infirmières le torturer. Alors que les infirmières commencèrent leur travail, le torrent de larmes habituelles commença. Ma poitrine ne comprima encore davantage, mon estomac se noua, mes mains se mirent à trembler. Je dus m'assoir car j'eus l'impression que mes jambes allaient lâcher, surement sous le poids si écrasant et déchirant de la culpabilité. Je détournai le regard. C'était la première fois que cela m'arrivait. C'était la première fois que je me laissais autant aller, que je me laissais déborder de la sorte par mes émotions. C'était la première fois que je préférais m'arracher durant un court instant à ce terrible spectacle qui me faisait si mal. J'avais honte. Honte de ne pas être assez forte pour aider mon enfant et le soutenir dans cette épreuve si difficile dont j'étais responsable. J'avais honte de ma faiblesse, car je n'étais pas la seule à souffrir, ce petit être innocent souffrait surement encore bien plus que moi qui n'avait pas à subir ces atroces tortures médicales. Sans vraiment comprendre pourquoi et sans réellement réaliser ce que je faisais je me retrouvai en moins de deux dans le couloir, refermant précipitamment la porte derrière moi pour m'éloigner de spectacle insupportable, de cette vision si atroce et pour ne plus entendre ces cris qui me perforaient le coeur. Une nouvelle fois je m'effondrais dos contre la porte, pleurant à chaude larmes et priant pour que cela cesse au plus vite. Il fallait que je m'y fasse, la Eden forte, que rien ne pouvait atteindre avait disparu et aujourd'hui plus que jamais, elle me manquait tant et j'avais besoin qu'elle reprenne au plus vite le dessus. Je ne dirigeai vers les toilettes pour me passer un peu dos sur le visage. Une fois à l'intérieur, je ne pus échapper à la vision de mon reflet qui apparaissait une dizaine de fois, le long de cette allée parsemée de lavabo. La réalité me rattrapa et me frappa. Le reflet de la jeune femme que je venais de voir me semblait à des années lumière de moi. Et pourtant, cette brune amaigrie aux traits tirés, à l'air fatigué et aux yeux rouges et enflés tant elle avait pleuré, cette jeune femme, c'était moi. Qu'on se le dise, elle n'avait absolument plus rien en commun avec la Eden d'antan. Les événements tragiques se succédaient actuellement dans ma vie et à chaque fois, j'avais l'impression de recevoir un coup de massue, chaque fois plus violent. J'ouvris le robinet et une eau fraiche s'écoula. Je plongea ma tête sous cette eau transparente et mes larmes s'y mêlèrent alors que j'essayais tant bien que mal de penser à autre chose. Une fois rafraîchie, je plongeai mon regard dans celui de la jeune femme que j'apercevais dans le reflet que m'offrait le miroir et réalisai que récemment, je m'étais vue deux fois dans un état similaire auparavant. La première fois, c'était il y a quelques années, quand j'avais appris que les salopards qui avaient enlevé et torturé ma soeur la recherchait pour lui faire payer le fait de s'être échappé. J'avais alors décidé de me faire passer pour elle, et j'avais été placé sous la protection d'un garde du corps que j'avais détesté, qui m'avait agacé, irrité, un homme que j'avais fais tourner un bourrique et avec qui je m'étais pris la tête plus d'une fois, mais par dessus tout, un homme qui allait devenir un peu plus tard l'homme de ma vie. Une fois de plus, c'est lui qui avait accouru à mon secours et qui avait été là. C'est lui qui m'avait rassuré, écouté, c'est sur ses solides épaules que j'avais pu pleurer, dans ses bras protecteurs que j'avais trouvé le réconfort dont j'avais besoin, dans ses yeux rassurants que j'avais trouvé la force d'avancer. Oui, cet homme c'était Matthias. Il avait veillé sur moi mieux que personne et m'avait aidé à sortir indemne de cette épreuve et grâce à lui, ni moi ni ma soeur n'avions été blessée. Cette période de ma vie avait été des plus éprouvante car elle m'avait mis face à mes démons du passé, à mes plus horribles souvenirs et m'avait obligé à affronter une réalité que j'aurais préféré enterrer à tout jamais : la mort de mes parents et les atrocités que ma soeur avait subi. J'avais du me faire violence pour me remémorer des choses plus atroces les unes que les autres et pour affronter le souvenirs de mes parents. J'avais été envahie par les souvenirs de notre vie passé, les souvenirs avec mes parents, avec ma soeur et les souvenirs de cette vie que nous chérissions tant, cette vie dans notre petit village de Russie. Ces souvenirs m'avaient emplis d'une nostalgie profonde. La seconde fois, Matthias fut à nouveau de la partie, mais cette fois-ci, ce ne fut pas lui qui sécha les larmes qui coulaient le long de mes joues mais il fut la personne qui les causa. C'était le jour de son départ pour l'armée. Quand il m'avait parlé de son souhait de partir en mission pendant de long mois j'avais été catégorique : c'était son métier, ma passion, ou moi. Avec du recul, je m'en voulais de m'être montrée si égoïste avec lui, alors qu'il avait toujours tout fait pour moi et qu'il avait été ô combien patient quand il s'agissait de mon travail, de ma passion et de mes désirs. Seulement, j'étais Eden Hastings-Matveïv et en bonne Hastings rien ne devait passer avant moi, rien ne devait être plus important que ma personne pour les gens de mon entourage. Seulement, chose qui ne m'était encore jamais arrivée par le passé, il avait choisi sa passion, son métier et m'avait donc abandonné à mon triste sort. Je n'avais rien laissée paraître, et après quelques cris et pétages de plombs habituels en le toisant de mon regard hautain et en lui balançant des conneries plus grosse que moi-même j'étais partie la tête haute, lui laissant très probablement croire que cette situation ne me touchait absolument pas. Bien au contraire. Les premiers jours, toujours aussi sure de moi, j'étais intimement persuadée qu'il allait revenir en rampant, me suppliant de le pardonner et de lui laisser une seconde chance. Seulement, j'aurais du me douter que cela ne se produirait jamais. Matthias n'était pas comme les autres garçons, ils n'étaient pas un de mes toutous, un de mes jouets. Non, Matthias était différent et c'est cela qui m'attirait comme un aimant vers lui. Au bout de deux semaines, je du me rendre à l'évidence : il ne reviendrait pas, jamais. Quand cette réalité m'apparut, je fondis en larme et passai une semaine dans mon lit, en pijama, à me morfondre sur mon triste sort, sursautant au moindre coup de fil en espérant secrètement que c'est sa voix si protectrice qui prononcerait mon prénom à l'autre bout du fil. Cependant, cela n'arriva pas et de fil en aiguille, les événements se succédèrent : la découverte de ma grossesse, mon accouchement, la maladie puis le décès de mon fils. Ou plutôt de notre fils. Cette succession d'événements m'avaient amenés à me trouver là aujourd'hui, dans cette situation, à pleurer toutes les larmes de mon corps dans ce lieux sordide qu'était l'hôpital. Et encore une fois, il y avait plus d'un point commun avec les histoires auxquelles je venais tout juste de penser, là encore j'attendais quelqu'un, et là encore ce quelqu'un c'était Matthias. A toutes les émotions qui me parcouraient, s'ajoutait l'appréhension de le retrouver, de me trouver face à lui, rien que tout les deux, comme seul au monde. J'avais peur d'affronter son regard et surtout j'avais peur de son jugement et de lire de la déception dans ses yeux chocolats qui autrefois était rempli de tendresse à mon égard. Mes forces rassemblaient, je quittai précipitamment les toilettes, bien décidée à retourner soutenir mon fils, comme une mère se devait de le faire, peu importe ce qu'il lui en coutait.
Moins d'une heure plus tard, il était là. Face à moi, et comme je l'imaginais j'avais l'impression que plus rien autour n'existait, nous étions comme dans une bulle, une bulle où je me sentais bien plus légère et plus forte. Cependant, les infirmières fourmillant autour de moi me rappelèrent que nous n'étions pas seuls mais que nous étions trois. Lui. Moi. Et la personne qui comptait le plus à mes yeux. Cette même personne, qui serait bientôt également celle qui compterait le plus aux yeux du beau brun qui se trouvait face à moi. Cette même personne pour qui Matthias se battrait coute que coute jusqu'à la dernière seconde, comme je le faisais tant bien que mal. Après ma violente gifle j'aperçus dans son regard une lueur qui m'était familière : une vive colère. Seulement, par le passé, il n'avait jamais éprouvé cela à mon égard, mais plutôt envers les personnes qui me voulait du mal. Un frisson me parcouru et me glaça de l'intérieur. Son regard me faisait froid dans le dos. Seulement, en vue de mon évidente détresse, son attitude changea bien vite et, loin de me repousser quand je me jetai dans ses bras, il resserra un peu plus son étreinte. Ça y est, il était là maintenant et je me sentais enfin en sécurité. Je pouvais enfin me laisser aller sans culpabilisé, il était là désormais, je n'étais plus seule, à deux nous étions plus fort. Je ne pouvais m'arrêter de pleurer et mon corps tout entier était parcouru de centaines de spasmes. Je sanglotais sans pouvoir m'arrêter. J'enfouis ma tête dans sa poitrine cherchant à tout prix à me cacher, à disparaitre pour me tirer de cette inconfortable situation. Il murmura mon prénom avec une douceur qui m'était, enfin, familière. Je retrouvais mon Matthias, le Matthias que j'aimais, le seul à pouvoir m'apaiser, me rassurer. Un Matthias fort, avec lequel je me sentais si protéger, un Matthias délicat qui savait tendrement me réconforter. Mais pour la première fois, ce Matthias sembla aussi désarçonné que moi devant mon incompréhensible attitude. Il ne cessait de me répéter de me calmer et bien qu'au début ses souhaits furent vains, j'arrivai petit à petit à reprendre mon souffle, à respirer plus calmement. « Ça va aller. Je te le promets. » A cette simple phrase je fondis à nouveau en larme et enfouis mon visage contre son torse. Même lui ne croyait pas en ses paroles. Et bien qu'il tente de me rassurer, j'étais pourtant persuadée que non, rien n'irait et il ne pouvait pas me promettre l'impossible. Le sort en était ainsi, j'allais devoir affronter la mort de mon deuxième enfant et je ne pourrais jamais le supporter. De ses mains fermes, protectrices et rassurantes et releva ma tête. Instantanément mes yeux se baissèrent, cherchant à tout prix un échappatoire, quelque chose à fixé du moment que je n'avais pas à affronter son regard. C'était trop douloureux. Je n'avais pas seulement peur. J'étais totalement terrifiée, perdue. « Tu le faisais, avant. Tu sais que tu peux me faire confiance. » Il avait raison et je le savais. Je savais pertinemment que je pouvais lui faire confiance et je lui faisais d'ailleurs une confiance aveugle. Matthias était la seule personne sur cette terre à qui j'aurais confié ma vie sans aucune crainte. Petit à petit, sous ses tendres caresses, je retrouvai un peu de force et de courage. Le moment que je redoutais était arrivé, je devais lui dire la vérité, lui parler, je lui devais bien ça, et ce silence ne faisait que le rendre plus inquiet et nerveux à chaque seconde. Une fois qu'il saurait, j'étais sure qu'il pourrait m'aider, qu'il saurait quoi faire. Mais j'avais tellement peur que loin de nous souder à nouveau, cette révélation le fasse me détester encore un peu plus. Comme si c'était possible. Je le pris à nouveau dans mes bras, le serra avec toutes les petites forces qu'il me restait, puis, de ma main tremblante, je saisis la sienne et l'entraina quelques mètres plus loin dans la chambre de mon fils. De notre fils. J'hésitai quelques instants avant d'entrer, puis resserrant davantage ma main dans la sienne, je me parcouru les quelques pas qui me séparait encore de mon enfant. A la vue de ce petit être innocent qui semblait si vulnérable, mon coeur se serra. Je ne pouvais plus craquer. Je fus submergée par l'émotion quand je réalisai que pour la première fois, nous étions tous les trois réunis. En famille. Seulement, il manquait quelqu'un et ce quelqu'un manquerait toujours. D'une voix qui se voulait assurée et douce, au cas où ou Gabriel puisse m'entendre je rompis enfin le silence:« Il s'appelle Gabriel. »Ça lui faisait surement une belle jambe. Seulement, j'étais sure qu'il se rappelait de tous ces moments où, pour plaisanter, nous avions parler des prénoms que nous pourrions donner à nos enfants, si nous en avions un jour, ensemble ou avec d'autres conjoints. Le prénom "Gabriel" était sur chacune de nos listes.« Il y a quelques semaines on a du lui retirer un morceau de son foie. »Je restais bien entendue muette sur la raison de cette opération.« Aujourd'hui, son foie n'a toujours pas su se régénérer... ses défenses immunitaires sont en train de lâcher.. Il doit au plus vite subir une greffe ou il mourra. » Mon coeur se serra à cette simple éventualité. Ma phrase était hachée tant je sanglotais. Je marquai une pause, incapable de poursuivre. Sans m'en rendre compte, je réalisai que des larmes étaient encore en train de couler le long de mes joues et que mes doigts serraient la main de Matthias tellement fort que je n'étais même pas sur que son sang puisse encore circuler. Je lâchai sa main, et mon angoisse revient à l'instant même où je n'eus plus de contact physique avec lui. Sans plus attendre, d'une voix à peine audible et peu assurée je fis enfin mon aveux en le regardant dans les yeux :« Matthias, tu es le seul à pouvoir le sauver... Tu es sa dernière chance.. C'est ton fils. »Je ne pouvais plus supporter de soutenir son regard une seule seconde de plus et le détournai aussitôt pour me replonger dans la contemplation de l'être si parfait qui gisait sur ce lit d'hôpital. Le compte à rebours était lancé. Et loin d'être une libération, cette peur de l'imprévisible fit accélérer mon coeur qui cogna encore et encore plus fort dans ma poitrine. J'avais peur. Peur de les perdre tout les deux.
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MessageSujet: Re: if you love me, won't you let me know ? - eden&matthias if you love me, won't you let me know ? - eden&matthias EmptyDim 7 Oct - 0:35


But nothing can save me.





Mon cœur fit un bond à l’entente du prénom qu’Eden avait décidé de donner à son fils. Gabriel. Super. Non non, vraiment, génial. Là, on atteignait carrément des sommets. Je ne savais pas trop si je devais me réjouir pour elle – encore que, j’avais ma petite idée sur le sujet – ou lui arracher la tête, là, maintenant, tout de suite. Au moins, elle se trouvait à proximité des urgences, si jamais j’en venais à péter un – gros – câble. Comme si le fait qu’elle ait eu un enfant peu de temps après mon départ n’était déjà pas suffisamment difficile à encaisser, madame se permettait d’en rajouter une couche, en mentionnant le prénom de son mioche. En fin de compte, je n’aurais jamais voulu le savoir. Qu’elle fasse sa vie, à des milliers de kilomètres de la mienne. Je n’avais pas envie de la croiser par hasard chez des amis communs, ou au détour d’une rue parisienne. Finalement, je m’étais lourdement trompé en pensant être parvenu à « gérer » (si on pouvait dire ça ainsi) le problème Eden. Toujours très terre à terre, et franchement pessimiste, j’avais cherché à me faire une raison. Elle avait sa propre vie désormais. Une nouvelle vie, et je ne faisais pas partie du décor. Je m’étais répété cette phrase des centaines de fois, et à force de conviction et de persévérance, j’en étais arrivé à me dire que je finirai par passer au-dessus de tout cela. Que peut-être, dans un futur lointain, nous aurions pu être, sinon bons amis, au moins des connaissances qui se respectaient. Mais non. Aujourd’hui, face à elle, je me rendais compte que je m’étais fourvoyé. J’avais voulu me convaincre qu’une relation d’une autre nature serait possible entre nous, mais ce n’était pas le cas. Pas pour moi, en tout cas. Au fond de moi, je le savais, je ne pourrais jamais me contenter d’être un simple ami. Je voulais plus, je voudrais toujours plus. Cette relation s’accompagnerait désormais d’un désagréable sentiment d’inachevé, et d’amertume. Et la vue d’un enfant, qui n’était pas le mien, me rappelait avec force que si nous en étions arrivés là, c’était de ma faute. Uniquement de ma faute. Vas-y Matthias, continue ta vie ça sur la conscience. Et je ne parlais pas de la scène dont j’étais le témoin privilégié. Cette même scène qui me prouvait ô combien je pouvais me montrer égoïste, parfois. Je me morfondais sur mes petits problèmes sentimentaux, tandis que l’ancienne Epsilon vivait sans doute les heures les plus difficiles et les plus pénibles de sa vie. Je n’aurais jamais voulu me retrouver ici, à être le témoin d’une douleur qui me dépassait complètement. Non pas que je sois parfaitement froid et indifférent à la scène – je n’étais pas un monstre, malgré tout ce qui avait pu être pensé ou supposé à mon sujet. Dans un silence un peu trop étouffant, je regardais les mille tuyaux et branchements qui reliaient l’enfant aux diverses machines. Pourquoi Eden m’avait amené ici ? Quel était son but ? Je n’en avais aucune idée. Sans doute avait-elle quelque chose d’important (et qui n’allait pas me plaire) à me demander ; elle m’avait donc conduit ici dans l’espoir que je m’apitoie sur son sort. L’effort n’était pas vain, ni ridicule ; il montrait simplement qu’elle me connaissait bien, trop bien même. J’avais un sens bien particulier de la famille. J’avais toujours été très lié à mon jumeau et ma jumelle. Même lorsque le drame avait frappé de plein fouet notre famille, nous étions restés soudés. Evidemment, il y avait eu des hauts et des bas ; mais en fin de compte, ce qui finissait toujours par s’imposer, c’était notre lien si particulier, si unique. Ils étaient un peu moi, et j’étais un peu eux. Même si aujourd’hui, nous étions séparés par des milliers de kilomètres la plupart du temps, ça n’abîmait en rien ce lien qui m’était si cher. J’avais aussi eu beaucoup d’égard pour ma mère, qui avait courageusement choisi de rester auprès de nous, tandis que mon géniteur s’appliquait à lui montrer ô combien nous étions des monstres, et à quel point nous pouvions nous révéler être machiavéliques et dangereux. Il avait toujours été intimement persuadé que nous avions tout organisé, tout prévu, par pure et simple jalousie. Ma mère, malgré sa douleur, s’était toujours refusée de tomber dans ce genre d’hypothèses. Elle avait déjà perdu un fils, elle ne voulait pas perdre ses trois autres enfants. Et dans tout ça, la dernière personne à qui j’attachais une importance toute particulière, c’était ma petite-amie. Ça avait été Nastassia au cours de mon adolescence, puis dernièrement Eden. Voilà toutes les personnes qui possédaient – ou ont pu posséder un jour – mon entière confiance. Déterminé à protéger ces personnes qui m’étaient si chères, et loyal envers elles, je n’hésitais donc pas un seul instant à voler à leur secours dès qu’ils en faisaient la demande. Eden y compris – ce qui prouvait à quel point j’étais encore attaché à elle. Cependant, en dépit de toute ma meilleure volonté, je ne pouvais rien faire pour elle. J’étais impuissant, incapable de l’aider, incapable de la sortir de cet enfer. Alors j’ai capitulé. Et j’ai dit la seule chose qui me venait à l’esprit. « Je suis désolé. » Murmurais-je à voix basse, désireux de ne pas troubler les révélations de l’ancienne Epsilon. Enfin, après de longues minutes de silence entrecoupées par des larmes incontrôlables – et incontrôlées – elle daignait m’expliquer la situation. La dramatique situation, plus exactement. Je comprenais mieux les raisons de ses larmes intarissables, de ses sanglots déchirants. Son fils était dans un état grave – pour ne pas dire critique – et ses chances de survie se résumaient à une tâche aussi difficile que périlleuse : subir une greffe du foie. Seulement, je n’étais pas sans le savoir, les donneurs étaient rares. Et quand ils étaient présents, il fallait aussi qu’ils soient compatibles. « Vraiment désolé. » Répétais-je, toujours aussi doucement, les yeux baissés. Et c’était vrai. Elle avait réussi à m’attendrir, au moins pour un court moment. Je ne détestais pas son enfant – même si à première vue, on aurait pu facilement le croire – mais plutôt l’idée même qu’elle eut un enfant, et ce qu’il représentait. Nous avions été officiellement ensemble pendant deux ans, et nous n’avions jamais sérieusement réfléchi à l’idée d’être parents. Evidemment, il y avait eu quelques discussions à ce sujet – les prénoms que l’on voudrait donner, les choses que l’on voudrait faire découvrir, etc… – mais tout était resté vague, peu développé. Sans doute parce que ce n’était pas d’actualité, parce que c’était trop tôt, parce que nos métiers respectifs nous prenaient trop de temps. Et pourtant, très peu de temps après notre séparation, elle était tombée enceinte. « Un mec de passage », m’avait avoué à demi-mot Elmas, sa sœur jumelle. Je me souvenais encore de la douleur lancinante qui m’avait transpercé lorsque j’avais entendu ces mots sortir de la bouche d’Elmas. Ça avait été pire que tout ; pire que la peur, pire que la sensation d’une balle qui vient se loger dans votre poitrine, pire que l’Enfer. Je m’étais senti seul, démuni, dépité, désespéré. Mais l’heure n’était certainement pas à mes petites lamentations de cœur brisé. Ce que vivait Eden, en cet instant, devait être bien pire. J’osais donc à peine imaginer comme sa douleur pouvait être intense. Complètement dépassé par la tourmente et le désespoir d’Eden, j’avais laissé de côté ma haine et ma rancœur de côté.

Jusqu’à ce que le voile soit enfin levé. Jusqu’à ce qu’elle m’annonce la vérité. Jusqu’à ce qu’elle mette une identité sur le père de cet enfant. Petit à petit, les liens se faisaient dans ma tête. Gabriel n’était pas seulement le fils d’Eden, il était aussi le mien. Mon fils. Notre fils. Alors que je réalisais tout doucement ce que cela signifiait, mes mains se mirent à trembler. D’inquiétude, d’émotion, d’agacement. J’oscillais entre divers sentiments extrêmes, tous biens différents les uns des autres. La seule chose qui me manquait, en ce moment précis, c’était la joie. Comment pouvais-je ressentir un tel sentiment, alors que je découvrais toutes les mascarades qui avaient été orchestrées autour de la vérité ? J’avais toujours voulu fonder une famille, avoir une stabilité que j’avais perdu il y a bien longtemps. Eden le savait, elle l’avait toujours su. Mais elle m’avait volontairement privé et écarté de toutes ces petites affaires. Qu’elle aille se faire voir, avec ses larmes et sa tristesse. « Pourquoi tu m’as fait ça ? » Demandais-je à demi-mot, sans la regarder, et en ne cherchant même pas à cacher la douleur que j’éprouvais en cet instant. Elle m’avait blessé, vraiment. Je me sentais mal, détruit, trahi. Quand comptait-elle m’annoncer la vérité ? D’ailleurs, m’aurait-elle avoué la vérité si Gabriel n’avait pas été si malade ? J’en doutais sérieusement. Non, la vérité, j’en étais persuadé, c’est qu’elle avait voulu me faire payer. Elle avait voulu m’éloigner, m’écarter de mon fils. Elle avait voulu tout le mérite, être celle qui s’en tirerait avec le beau rôle. Et elle le payait très cher. « Dégage. » Ordonnais-je à voix basse, les yeux baissés sur l’enfant. J’avais encore beaucoup de mal à réaliser, et encore plus de mal à l’idée de mettre un pronom possessif devant les mots fils, ou enfant. Les lèvres pincées, les mains serrées, et l’air mauvais, il était évident que j’en voulais sérieusement à Eden. J’avais obtenu un bac scientifique avec mention, et le calcul avait été rapidement fait : elle était déjà enceinte lorsque j’étais parti. Elle le savait, et elle avait préféré se taire, pour mieux me tester. Mauvais choix ; je n’aurais certainement pas pris la même décision si j’avais su qu’elle était enceinte. Non, bien sur que non, au contraire. La famille avait toujours été un élément essentiel – pour ne pas dire capital – à mes yeux. Il aurait donc été mal venu de ma part d’abandonner ma copine et mon fils. Mais jusqu’à maintenant, je n’avais rien vu, rien su, rien supposé. Je venais de me prendre la baffe de ma vie. « J’veux pas te voir, dégage ! » Répétais-je, un peu plus fort, en lui lançant un regard noir. Si elle pensait que j’allais lui pardonner en un claquement de doigts, elle se trompait. Loyal, droit, et honnête oui, mais j’en attendais autant des autres. Or, là, elle venait de me décevoir. Profondément. Elle m’avait caché une partie essentielle de ma vie ; on pouvait espérer mieux, comme sujet de retrouvailles. Je l’ai finalement entendue sortir. Il lui restait au moins un peu de respect pour moi, c’était déjà ça de gagner. Avec une timidité presque maladive, j’ai esquissé un pas vers mon fils. Délicatement, mes doigts allèrent frôler la main rose et minuscule de Gabriel. Mon premier contact physique avec cet enfant, avec mon enfant. C’était une sensation unique, et j’effleurais le bonheur du bout des doigts. A cet instant, je sus que plus rien ne serait jamais pareil. En une fraction de seconde, ma vie venait de changer, bouleversée par un individu dont je n’avais jamais soupçonné l’existence.

Je ne sais pas combien de temps je suis resté dans cette chambre d’hôpital. De longues minutes, peut-être une heure. Qu’importe, après tout. Alors que je faisais un pas dans le couloir, j’ai vu une silhouette se redresser dans l’ombre. Eden. Evidemment. « On doit parler. » Déclarais-je sur un ton parfaitement neutre. « Mais pas ici. » Ajoutais-je en posant un regard noir sur l’infirmière, qui nous observait du coin de l’œil. Non ma chère, tu ne nous verras pas nous donner en spectacle. Tu peux t’asseoir sur tes ragots, t’auras rien à raconter à tes copines demain matin. Tournant le dos à la vieille harpie, je me suis éloigné dans le couloir, bien décidé à trouver une salle de repos ou un quelconque cagibi. Un endroit un peu près calme, où nous aurions la paix. Nous devions mettre les choses au clair, prendre des décisions importantes. Surtout moi, d’ailleurs. Ma main poussa la porte entrouverte d’une salle de repos, qui était vide. Sans un mot, j’ai laissé passer Eden, avant de refermer derrière elle. Nous nous faisions désormais face, tous deux silencieux. La situation était cauchemardesque, presque surréaliste. Mais voilà où nous en étions arrivés. Nous, qui avions été si proches et si fusionnels, par le passé. Drôle d’évolution, lamentable gâchis. « J’accepte. » Murmurais-je à voix basse, sans la quitter des yeux. « J’accepte d’être le donneur. » Explicitais-je. Evidemment que j’allais accepter, ça me paraissait clair. Mais à en croire l’expression soulagée d’Eden, ça n’avait pas été aussi limpide pour elle. « Mais ça ne sera pas sans conséquences. » Déclarais-je. Ne te réjouis pas trop vite ma chérie, parce que tu vas vite déchanter. « J’ai plusieurs conditions, et elles sont non-négociables. » Commençais-je, avant de les énumérer, une à une. « Premièrement : c’est mon fils, et je vais le reconnaître. Et il portera mon nom de famille. Deuxièmement, après l’opération, je compte bien faire valoir mes droits. Au niveau juridique, je précise ; je ne veux pas d’un vague accord tacite entre nous. » Dis-je. Je n’avais plus aucune confiance en elle, et je ne m’en cachais pas. Elle avait voulu jouer, elle avait perdu. Elle devait subir le revers de la médaille, aujourd’hui. « Et troisièmement, je veux que ce soit Nattéo qui l’opère. Tu n’as qu’à l’appeler. » Concluais-je. Avant même qu’elle ne puisse réfuter l’idée, j’ai enchaîné : « Pour une raison obscure, mon frère t’a toujours appréciée. Si tu l’appelles en lui disant que tu as besoin de lui, il viendra. Mais jusqu’à ce qu’il eut fini, je ne veux pas qu’il sache la vérité. Rien du tout, c’est clair ? Je ne veux pas prendre le risque qu’il soit déconcentré, ou qu’il soit émotionnellement et sentimentalement impliqué. » Annonçais-je d’une voix plate, presque trop neutre. Je voulais garder l’esprit clair, et pour ça, j’essayais de me détacher, au maximum, de la situation. « Les cartes sont entre tes mains, Eden. »

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