Esmeralda était bien contente que tout soit terminé, enfin Andrea pouvait sortir de l’hôpital. Elle lui avait proposé d’aller le chercher afin de le ramener. Le médecin leur avait certifié que son état ne nécessitait pas de rester encore plus longtemps à l’hôpital. Tant mieux. Elle ne supporterait pas d’aller le voir à l’hôpital pendant encore longtemps. Elle détestait les hôpitaux, c’était un secret pour personne à présent, encore moins pour l’Epsilon. Lorsque les souvenirs de ce qu’il s’était passé cette fameuse nuit lui revenaient à l’esprit, un frisson lui parcourait le corps à chaque fois. Elle n’aimait pas y repenser. Ils auraient pu être dans un bien pire état et elle ne se le serait jamais pardonné. Elle tenait à ces deux hommes et qu’elle le veuille ou non, ils faisaient tous deux partie de sa vie, elle se devait donc de régler le problème. Pour ce qui était de Drea, ce n’était pas compliqué, ils savaient où ils en étaient tous les deux. Par contre, en ce qui concernait Dominic, les choses étaient bien plus complexes, ils n’arrivaient toujours pas à régler leurs problèmes, à chaque fois qu’ils essayaient de se parler, l’un ou l’autre réussissait à tout faire pour empirer la situation. Elle allait devoir repasser chez elle pour se changer avant d’aller à l’hôpital. Mais, pour l’instant, il lui fallait aller à la maison de confrérie. Elles s’étaient donné rendez-vous avec Vraona pour régler certaines affaires concernant la confrérie, les derniers détails avant la fin de l’année.

Le taxi la stoppa à l’université. Elle avait arrêté de prendre sa voiture depuis quelques semaines déjà, ses malaises ayant repris de plus belle. Elle ne voulait prendre aucun risque la concernant ou concernant son bébé, elle ne se le pardonnerait jamais s’il lui arrivait malheur. Posant une main sur son ventre arrondi comme pour y protéger son enfant, elle laissa ses pas la mener jusqu’à la maison de confrérie des Sigma. Pénétrant dans la maison, un sourire radieux apparu sur ses lèvres, les Sigma était comme une famille pour elle, depuis qu’elle était venue s’installer à San Francisco et qu’elle avait intégré Berkeley. Elle se souvenait encore de ses débuts ici, Bela, Charlie ou encore Dakota, elle se souvenait de leur accueil et de leur gentillesse, ils étaient comme une famille. Aujourd’hui, il était de son rôle à Vraona et à elle de faire régner cette harmonie dans cette confrérie si chère à son cœur. Après avoir salué ses camarades, elle se dirigea vers l’étage où se trouvait sa chambre. « Salut ! » Lâcha-t-elle en apercevant le jeune homme assis devant sa porte. Ouvrant la porte de sa chambre avant d’y pénétrer en invitant le Sigma à faire de même. « Est-ce que tout va bien ? Ton installation se passe bien ? » Elle lui offrit un sourire chaleureux puis referma la porte derrière eux. Esme ne venait pas souvent ici, elle avait son propre appartement, elle s’y sentait bien et cette chambre ne lui servait qu’en cas de nécessité. Elle adorait la confrérie, ainsi que ses camarades mais, elle avait besoin de son espace à elle, de sa solitude. Elle avait toujours été ainsi, depuis qu’elle était à New York et encore plus depuis qu’elle s’était installée à San Francisco. Elle avait eu besoin de se retrouver seule après tout ce qu’elle avait vécu, après tout ce qui lui était demandée malgré les drames qu’elle avait vu. Mais, elle ne voulait pas se couper du monde, cela l’aurait surement conduit directement en dépression, chose qu’elle aurait évité quoi qu’il advienne. Elle était déjà passée par cette étape et s’en sortir n’avait pas été une partie de plaisir.

La jeune femme n’était pas seulement présidente de confrérie pour représenter les Sigma ou pour prendre des décisions à leur place, loin de là. Elle prenait ce rôle très au sérieux, c’était d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles elle était à la disposition de tous Sigma qui aurait besoin de son aide pour quoi que ce soit. Alors, même si elle vivait à San Francisco et non pas sur le campus, cela ne l’empêchait pas de passer aussi souvent que possible pour s’assurer que personne ne manquait de rien. A l’écoute, elle faisait de son mieux pour apaiser les craintes des petits nouveaux, d’aider les anciens et de faire en sorte qu’harmonie et bonne entente règne parmi ses oranges chéris comme elle aimait les appeler. Un sourire naquit sur ses lèvres lorsqu’elle remarqua que le beau brun s’attardait sur le décor de la chambre. Il était vrai que bon nombre de personnes trouvait dommage qu’une aussi belle chambre ne soit pas occupée alors que beaucoup aimerait squatter les lieux mais, elle ne pouvait se résoudre à venir vivre ici, elle ne le pouvait tout simplement pas. Elle avait besoin de son espace, d’un endroit qui serait à elle et rien qu’à elle. Une place où elle pourrait s’adonner à ses passions la guitare et le piano sans être dérangé, où elle pourrait créer une nouvelle ligne de prêt à porter sans se soucier que le bruit de la musique qu’elle mettait en fond sonore ne dérange quelqu’un. « Bien sûr ! Je ferais de mon mieux pour t’aider. » La jeune femme ignorait tout des intentions du Sigma, elle ne savait pas comment elle pouvait l’aider mais, une chose était sûre : elle ferait tout son possible pour ça. Sa mère lui avait toujours appris qu’aider ses prochains était primordial dans la vie, il ne fallait jamais tourner le dos à une personne en difficulté, quelle que soit cette difficulté. La jolie grecque était la mieux placée pour savoir ce qu’on pouvait ressentir dans une telle situation, la vie n’avait pas été tendre avec elle et elle avait dû se battre deux fois plus que les autres pour prouver qu’elle méritait sa place tout autant que n’importe qui. Ce n’était pas toujours facile, pas toujours agréable mais, ça en valait réellement la peine. « Des leçons particulières ? » Répéta-t-elle, pas sûre d’avoir bien compris. « Et bien, je suppose que si c’est dans mes cordes, il n’y aucune raison de refuser… » Ca ne la dérangeait pas en soi de lui donner des cours particuliers, bien au contraire. Elle ne s’attendait seulement pas à ce genre d’aide. Elle avait cru, au départ, que le problème venait de la confrérie ou avec son intégration au sein des Sigma ou de Berkeley. Esme le laissa un instant à son inspection des lieux tandis qu’elle se dirigeait vers un petit frigo, installé dans la chambre, avant de revenir vers lui, deux verres de jus de fruit en mains. « Désolée, je n’ai que ça à te proposer. » Lâcha-t-elle en lui tendant son verre. Dans son état, très peu de choses étaient conseillées et même si un bon café serré était plus que tentant ces derniers temps, elle devait faire attention à elle. Prenant place en face de lui, elle croisa le regard du jeune homme, attendant qu’il lui en dise plus sur ces leçons particulières qu’il voulait qu’elle lui donne. Elle lui offrit un sourire rassurant tandis qu’elle sirotait son jus d’orange. Cela faisait quelque temps que sa vie avait complètement été bouleversée, chose qu’elle avait eu un peu de mal d’accepter mais, elle avait dû faire avec. C’était ce qu’elle avait toujours fait. « Alors dis-moi comment je peux t’aider ? »

Ce n’était pas réellement la vie qu’elle avait espéré étant jeune. Tout le chemin qu’elle avait parcouru jusqu’à présent, tous les sacrifices faits et toutes les choses acquises, rien de tout cela ne faisait partie de ses plans pour le futur. La vie en avait décidé autrement pour elle, comme toujours et elle avait dû s’en accommoder, comme à chaque fois. Et même si sa vie ne ressemblait en rien à ce dont elle rêvait, elle n’avait pas à se plaindre. Bien sûr qu’elle le connaissait, du moins de nom. Vraona et elle devaient connaître tous les étudiants faisant partie de leur confrérie, en tant que présidentes, elles avaient certaines obligations et cela en faisait partie. Bien sûr, cela ne signifiait pas qu’elles connaissaient chaque étudiant sur le bout des doigts, ce serait mission impossible. La jeune femme écouta attentivement son camarade de confrérie avant de prendre le papier qu’il lui tendait. OH ! Il avait raison sur un point : il devait faire remonter ses notes et au plus vite sinon, il se retrouverait sur les même bancs l’année prochaine. Pas très agréable. « Je ferais de mon mieux pour t’aider mais, tu dois savoir que tu vas devoir beaucoup bosser pour faire monter tes notes ! » On était exigeant à Berkeley, ce n’était pas pour rien que cette université était l’une des meilleures du pays et qu’on y venait des quatre coins du globe pour espérer l’intégrer. Elle reposa une nouvelle fois son regard sur la feuille qu’elle tenait dans ses mains avant de croiser celui du jeune homme. « Tu n’auras pas de temps libre, j’espère que tu en es conscient…Mais, je peux dire sans trop m’avancer qu’on peut arriver à t’aider sans trop de problèmes… » La jolie grecque n’avait pas eu besoin de se poser plus de questions, on avait besoin de son aide et elle l’offrait volontiers. Cette fac n’était pas donnée à tout le monde, elle le savait mieux que personne, elle avait dû bosser dur pour se payer ses études et encore aujourd’hui, dans son état, elle devait le faire. Ce n’était pas toujours évident mais, elle n’avait guère le choix. Les études étaient tout ce qu’il lui restait à présent et elle pouvait très bien comprendre Kyle lorsqu’il disait ne pas vouloir redoubler son année. Mais, elle sentait néanmoins qu’autre chose, de plus profond, le tracassait. « Quand tu dis ‘un homme mort’, j’espère que c’est une façon de parler ? Si tu as des problèmes, je veux bien essayer de t’aider !» Elle se mit à siroter son jus de fruit alors qu’elle attendait qu’il continue. Kyle semblait remettre de l’ordre dans ses idées ou du moins, c’était ce qu’elle pensait. Elle ne voulait pas le brusquer, elle avait tout son temps. « J’ai du mal à te suivre…Je comprends ce que tu veux mais, j’ai bien peur de ne pas savoir comment y arriver… » La jeune femme doutait que trainait Kyle avec elle à chaque endroit où elle se rendait lui servirait à quelque chose, devenir populaire semblait être un peu plus compliqué que ça. L’était-elle ? A dire vrai, elle l’ignorait. Elle faisait de son mieux pour que sa confrérie soit à la hauteur mais, à part ça…Cependant, Kyle croyait qu’elle pourrait y arriver, à le rendre populaire. « Et si tu me disais qu’elle est le vrai problème, tu ne me demandes pas tout ça simplement pour être populaire…Tu ne sembles pas être le genre de garçon à vouloir la gloire à tout prix ! » Cette histoire lui semblait bien compliquée qu’une simple affaire de popularité ou autre, elle en avait déjà assez vu dans sa courte vie pour ignorer les signes qui semblaient évident pour ceux qui y faisaient attention. La Sigma craignait quelque chose et elle avait souvent été dans cette position pour le reconnaitre quand elle l’apercevait.