Affalé sur le canapé d’une pétasse dont je ne connaissais ni l’âge ni le prénom, je reprenais tout juste mon souffle. Cette abrutie déambulait dans son appart en sous-vêtements, le sourire aux lèvres, croyant comme toutes les autres qu’elle était privilégiée. Connerie. Aucune ne l’était. Elles n’étaient que de vulgaires jouets, des poupées grandeur nature, des amuse-gueules. Comme d’habitude il avait suffit d’un sourire, d’un regard mordant et assuré, d’un haussement de sourcil et d’une caresse aux creux des reins pour la faire fondre. Un quart d’heure plus tard, elle s’était retrouvée à poil sous mes draps. Un peu comme la nana de la vieille ou comme les cinq autres des jours précédents. Je n’allais pas tarder à la virer, elle allait se sentir salie et souillée et puis elle ira se faire sauter par un autre connard demain. Ecœurante routine. Le vibreur de mon blackberry lui laissa un peu de répit. « Non mais c'est une blague ? J'arrive pas à croire qu'il ait fait ça, c'est tellement pas lui. Elle l'a ensorcelé ou quoi ? Je ne peux pas me la voir cette nana, c'est vraiment pas cool qu'il t'ait trompée. Si ça peut te rassurer, moi je suis pas mieux, je me tape mon ex dans la même fac que moi, et je crois qu'il est décidé à me donner des cheveux blancs avant l'heure. Ce qui ne m'a pas empêché de lui sauter dessus façon je suis une catin des bas-étages en manque, j'ai honte rien que d'y repenser. Mais t'inquiètes, Ty', les blondes vaincront, vaut mieux en rire qu'en pleurer, tu le sais. » Le numéro n’était pas enregistré dans mon répertoire, ça ne pouvait donc être qu’une vieille conquête qui recyclait le coup typique du : « oh mince, je me suis trompé de numéro ». Pauvre conne. Sa façon d’écrire ne me disait rien, mais après tout je ne connaissais jamais rien de mes prétendantes.Je n’allais pas répondre. Ni maintenant, ni jamais. « Satana chéri, on recommence ? » Ta gueule. Sa voix criarde me filait la nausée. Je ne recommençais jamais. Une fois, c’est un essai. Deux fois, c’est une terrible erreur. Je lui fis signe de se taire et replongea les yeux sur mon écran, ce texto s’avérait finalement être un très bon alibi. « Se taper son ex revient à ravaler son vomis. Change de proie. J’aime les blondes, les cheveux blancs c’est beaucoup moins sexy. Catin des bas-étages, ça tombe bien. J’habite au premier. Tu viens ? » Votre message a bien été envoyé. Suivante.

Tu veux que je te fasse un truc à manger ? me murmura-t-elle en se penchant plus que sensuellement au dessus de moi, me laissant apercevoir une vue imprenable sur ses énormes … atouts. Je faillit recracher mon kebab. Sans façon chérie. Claque la porte en sortant. lui avais-je répondu sans même lui offrir un regard. Elle allait me maudire et chialer sur mon répondeur à peine les escaliers de l’immeuble descendues et puis elle se plaindra à ses copines du campus, qui elles-mêmes lui confirmeront à quel point je suis un enfoiré sans cœur et sans remords. Pauvres de vous. Je vous emmerde. Sans rancunes. Bzz, Bzz. Le vibreur de mon portable m’évita le spectacle nauséeux de cette idiote qui prenait tout son temps pour réunir ses vêtements éparpillés autour du canapé dans lequel j’étais toujours avachi. « Tu réponds souvent aux messages qui ne te sont pas destinés ? Surtout de cette façon ? On va se mettre d'accord très rapidement, not interested, but nice try. Je ne viens pas, et j'apprécierais grandement que tu ne t'accordes pas le droit de commenter un message qui ne te concerne pas. Quant à la métaphore de l'ex et du vomis... je crois qu'il vaut mieux prétendre que je ne l'ai pas lue. » Son texto me fit doucement rire et ma victime n’en fut que plus attristée, elle lâcha un soupire sonore qui aurait aimé attiré mon attention. Nada. Mes doigts s’afféraient déjà sur le clavier de mon téléphone. J’y réponds quand des idiotes se trompent de numéro, effectivement c’est assez rare. Nice try, nice shoot ? Ne viens pas alors, restes chez toi à t’auto-flageoler et à te vanter d’être une horrible catin … dans ton vomis. C’est tellement excitant comme programme, je t'envie. Message envoyé. Je mis un moment avant de m’apercevoir qu’un sourire bordait les commissures de mes lèvres. La nuit n’était peut-être pas finie finalement.