❝I love you Dad but i just can't let you know; i just can't.❞ Jan Cruz && Penelope ☼ You have a place of honor, deep within my heart. You've been my superhero, Dad, right from the very start...

Les premiers traits de l’aube vinrent s’aplatir délicatement contre les terres californiennes. Très lentement, le soleil se hissa dans le ciel, annonçant ainsi le début d’une journée aguichante. D’un pas assuré, je cheminais les couloirs de Berkeley où l’agitation se fit de plus en plus palpable. Il était près de neuf heures quand je me plantais devant le bureau de Mr. Del Toro. Respirant un bon coup, je m’apprêtais à frapper à sa porte quand Juno se posta à mes côtés après m’avoir soufflé un bonjour presque inaudible. Fronçant les sourcils, je lui demandais de m'éclaircir la raison celée derrière son chuchotement. Elle répondit à ma question par une autre question, beaucoup plus complexe. Elle voulait désormais savoir le pourquoi du comment je tournais autour de Jan. Elle ne le disait pas ainsi, mais ses propos impliquaient la même chose. J’avais donc le choix : Lui dire toute la vérité ou lui faire part d’une demi-vérité. Who am i kidding ? En réalité, je n’avais pas vraiment le choix.-« Juno écoute, ce n’est vraiment pas ce que tu crois. Je…Si je suis ici, c’est pour demander à Mr. Del Toro des cours de soutien dont j’ai le plus grand besoin en ce moment. Le niveau de ma promotion est trop élevé et je n’arrive malheureusement pas à suivre le flow. » M’exprimai-je sous le regard douteux de mon amie. Elle avait du mal à gober mes propos, mais pour le moment, j'étais vraiment incapable de satisfaire sa curiosité et encore moins apaiser son âme où planait doute et ambigüité. Avant qu’elle puisse réfuter une fois de plus mes paroles, le professeur Del Toro fit son apparition de derrière les portes de son bureau et après nous avoir salués de sa politesse habituelle, il se dirigea vers les amphis. Regardant hâtivement ma montre, je disais à Juno que je la reverrais à midi pour déjeuner ensemble et après une accolade à l’américaine, je la laissais rejoindre son cours de thermodynamique avant que je file à mon tour retrouver « mon père » pour l’un de ses cours captivants sur la littérature anglaise. La séance fut trop courte à mon goût. Fermant mon bloc-notes, j’attendis que l’amphi se dégage un peu pour que j’aille à la rencontre du professeur Del Toro qui se préparait déjà à déserter la pièce. Laissant ma timidité ailleurs, je me plantais aussitôt devant lui, lui bloquant ainsi le chemin. S’arrêtant net, il me lança un regard intrigué. Tantôt, un silence pesant embauma la salle avant que je l’interrompe pour dévoiler une chétive partie de mes intentions. –« Professeur Del Toro, bonjour, je m'appelle Penelope McCarthy. Une étudiante en première année de littérature anglaise.» Me présentai-je assumant qu’il ne se rappelait point de ma personne, pas alors que chaque jour, des milliers d’étudiants se défilaient devant lui. –« Ces derniers temps, je me trouve incapable de vous suivre. J'ai apparemment un peu de retard, surtout au niveau de l’analyse des œuvres...» Mentis-je avant d’enchaîner. –« Je voulais donc savoir si c'est possible que vous me donniez des cours de soutien !» En apparence, j’illustrais la confiance en toute sa magnificence fantastique, mais au fond, j’étais au bout de craquer. En effet, une terrible envie de fuir s'était emparée de mon corps tandis qu'une voix stridente retentissait en coeur dans ma tête, m'ordonnant tous de décamper les lieux avec ce qu'il me restait de dignité. Did i just make the biggest mistake of my life ? I'll just have to wait and see !

Penelope & Jan Cruz

« Things are not always what they seem »

♦ ♦ Mon cours allait commencer dans quelques minutes mais je faisais les dernières rectifications sur la bibliographie que je comptais donner à mes élèves de première année. C’était un boulot monstre entre trouver le livre intéressant et celui qui représentait parfaitement le cours. C’était justement ce travail de fourmi qui me plaisait tant dans mon métier en parallèle avec le plaisir de former des étudiants et de leur transmettre ma passion pour ma matière. Etudier et instruire étaient donc deux de mes grandes passions et j’aimais dépenser mon temps sans compter. Megan m’avait souvent rappelé à l’ordre sinon, j’aurais fini par y passer la nuit. Seulement ma femme n’était plus là pour me sortir la tête de mes cours. Tacos, mon fidèle chien de deux ans avait repris le flambeau. La dernière fois que j’étais rentré tard, il m’avait éventré tous les coussins du canapé. Ce jour-là, j’avais saisi le message et m’étais mis en tête de rentrer suffisamment tôt pour pouvoir le sortir et ainsi calmer son côté hyperactif.

Dix minutes avant mon cours, je rangeais mes documents dans ma sacoche et sortie en trombe de mon bureau pour tomber sur Juno et une de mes étudiantes. Penelope McCarthy. Je l’avais rapidement repérée parmi mes autres étudiants. Il faut dire qu’elle me regardait souvent fixement. De temps en temps, c’était limite perturbant. Je saluais donc les deux jeunes femmes tout en accordant un franc sourire à ma petite terreur alias Juno puis, pris le chemin menant à l’amphithéâtre où se déroulait mon cours. Tout en marchant, je me demandais ce que Penelope faisait devant la porte de mon bureau. Cette fille était étrange mais pour une raison inconnue, je me retrouvais en elle. J’avais franchement besoin de vacances loin de Berkeley. Heureusement que l’année se terminait. D’ailleurs en parlant de vacances, je me posais justement la question, il y a quelques temps de savoir où est-ce que je pourrais aller. Le Mexique s’imposa à moi mais le souvenir de mes derniers congés au pays m’empêcha de réellement retenir cette possibilité. Peut-être la France ?! Maxence me parlait souvent de son pays, ce serait donc l’occasion rêvée pour y aller à moins que je ne retourne en Angleterre.

Quoiqu’il en soit, à peine avais-je franchi la lourde porte de l’amphithéâtre que j’oubliais tout ce qui n’était pas mon cours. La session commença et j’alternais entre extrait de livres, théorie et jeux de questions/réponses avec mes élèves. J’aimais quand les cours étaient interactifs entre mes étudiants et moi afin de leur donner plus de vie, plus de profondeurs. Toutefois, chaque bonne chose avait une fin et je terminais par clore le cours. « N’oubliez pas de me rendre vos copies pour la semaine prochaine dernier délai ! J’ai mis à votre disposition sur mon bureau des bibliographies pour les plus courageux d’entre vous. Je vous souhaite une bonne fin de semaine ! » Leur dis-je tout en passant derrière mon bureau pour ranger mes copies. C’est alors que Penelope s’approcha de moi et me demanda des cours de soutien. Je fronçais les sourcils car je savais qu’elle était bonne élève. A force de la voir toujours dans mon champ de vision ou presque, je m’étais penché sur son dossier scolaire. Honteusement, j’avoue que c’était pour voir si elle n’avait pas un grain quelque part mais à part un très bon dossier, je n’avais rien trouvé d’autre.

« Je sais qui vous êtes miss McCarthy » commençais-je tout en lui souriant chaleureusement car j’étais toujours ainsi avec mes élèves. D’ailleurs, j’étais quelqu’un de foncièrement chaleureux à la base. « Je suis surpris, vous êtes une de mes meilleures premières années mais si vous le désirez vraiment, je peux vous donner des cours de soutien. Je suis disponible les mardis, jeudis et vendredis soir. Quelle soirée vous irait ? » Lui demandais-je tout en fermant ma sacoche. Cette jeune femme m’intriguait au plus haut point pour une raison inconnue. Peut-être son regard qui me rappelait quelqu’un mais je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus.

❝I love you Dad but i just can't let you know; i just can't.❞ Jan Cruz && Penelope ☼ You have a place of honor, deep within my heart. You've been my superhero, Dad, right from the very start...

Tels des échos sourds, les voix excitées des étudiants retentèrent brutalement dans la pièce, proclamant ainsi la fin d’un cours concentrant innovation et réflexion, soit un cours typique du professeur Del Toro. Contrairement à la majorité de son domaine, il était passionné par son travail et ceci, se lisait naturellement dans son fascinant regard d’émeraude, dans sa voix tantôt rauque tantôt douce, dans tous ses gestes et ses dires. Je ne l’adulais pas parce que je détenais une part de ses gênes et que son sang coulait dans mes veines, mais parce qu’il était compétant et qu’il savait parfaitement ce qu’il faisait. Selon moi, il méritait le titre du meilleur professeur de littérature anglaise de tous les temps. Il le valait bien !

Après avoir noté soigneusement les derniers propos de Jan Cruz, je ramassais rapidement mes affaires avant de me ruais vers son bureau, là où il avait délicatement aligné quelques bibliographies à consulter. J’en prenais une avant de m’introduire de la plus courtoise des façons. La réponse que j’eue après me fit l’effet d’un baume au cœur. Je me sentais presque renaître en l’entendant dire qu’il savait exactement qui étais-je. Ce n’était peut être pas bon signe, mais en ce moment, je m’en foutais royalement. Le fait qu’il savait que j’existais, c’était déjà pas mal. En effet, c’était tout ce que je voulais pour le moment ! –« Vous, vous savez qui suis-je ? C’est…je…désolé. » Balbutiai-je avant de me taire. Avec ce que je voulais lui dire et ce que je devais lui dire, je ne savais plus où donner de la tête. Cette peur, la peur de lui dire ce qu’il ne fallait pas ou lui dire un mot de trop, ne cessait de me rongeait le fond du coeur. C’était exaspérant, limite insupportable ! Afin de ne pas tout foutre en l’air, je me contentais donc de lui rendre son sourire ; le plus merveilleux de tous ceux qui m’ont été donnés de voir ! Face à mes dernières paroles, Jan Cruz n'avait pas pu retenir sa surprise. Il savait très bien que je n’avais pas besoin d'aide, encore moins de cours de soutien. Le convaincre me semblait donc plus difficile que prévu. –« J’avais cette colocataire, une master en littérature anglaise. C’est grâce à elle que j’ai pu obtenir de meilleures notes le semestre d’avant, mais pour mon plus grand malheur, elle vient de déménager et… » Marquai-je après le grand mensonge avant de continuer, plus sûr cette fois-ci. « Donc pour garder mon niveau, j’aurais vraiment besoin d’aide...de la vôtre...si c’est possible ! » Appuyais-je, tentant tant bien que mal de passer la plus persuasive possible. Quand il me fit part des soirées où il était libre, je restai un moment à le regarder sans rien répliquer. Quelle soirée m’ira-t-elle ? Toutes les soirées de la semaine ? Et ce, jusqu’à la fin de mes jours ! J’avais déjà perdu trop de temps sans lui, mon père, mon héro, le seul et l’unique. Si je pouvais, je le prendrais en ce moment même dans mes bras avant de tout lui raconter, tout lui avouer ! J’avais envie de lui confesser mon amour éternel, lui dire combien il me manquait et à quel point j’avais besoin de lui, de sa présence dans ma vie. Mais je me retrouvais incapable de dire mort pour la simple raison : La peur de se faire rejeter ! Je préférais encore l’admirer de loin que de ne pas le voir, du tout. Soupirant, je m’extirpais enfin de la noirceur de mes pensées pour me trouver devant un Jan Cruz débordant d’interrogations. Si je continuais à agir ainsi, Il finira, un jour ou l’autre, par me croire folle ou encore amoureuse. Ça, s’il ne le pensait pas déjà ! Je n’étais pas folle, mais je l’aimais, oui, je l’aimais plus que tout au monde. Il était mon père, comment ne pas l’aimer ? –« Ce Mardi ? Le plus vite sera le mieux ! » Dis-je en acquiesçant un léger sourire qui disait long. –« Puis-je donc avoir votre numéro de téléphone ou de quoi vous contacter ? » M’enquis-je alors qu’au plus profond de moi, le doute commence à me troublait atrocement l’âme. To be honest, je ne savais plus si c’était une bonne idée de le revoir en dehors des cours. Ça devenait de plus en plus dur de continuer à mettre en œuvre cette burlesque comédie dont j’étais la misérable héroïne.

Penelope & Jan Cruz

« Things are not always what they seem »

♦ ♦ Penelope était perturbante en plusieurs raisons. La première était peut-être qu’elle semblait me vouer une adoration sans faille et la seconde, dans la mesure où j’avais l’impression de la voir dès que je tournais la tête. Pourtant, même si je trouvais cela dérangeant à l’égard du fait que j’étais son professeur, je ne me sentais pas menacé. Certes, il m’arrivait d’imaginer mille et un scénario débile dans la tête allant de la folle furieuse à l’étudiante voulant coucher pour avoir de bonnes notes mais aucun ne semblait tenir debout. Tout d’abord parce que la demoiselle était une très bonne élève d’où mon étonnement à sa demande de soutien et de l’autre parce qu’elle m’avait adressé une seule fois la parole à savoir aujourd’hui. Au départ, j’avais l’impression qu’elle était timide, réservée mais la manière dont elle réagissait à notre conversation de ce jour me faisait pencher plus vers de l’hésitation comme si elle possédait un secret qui la maintenait loin de moi. Dire que je m’interrogeais sur le cas de cette étudiante alors que j’en côtoyais des dizaines et des dizaines chaque semaine. Cependant, je devais avouer que mon intérêt envers cette jeune femme me dépassait totalement. C’était plus fort que moi comme si j’étais attiré par elle. La seule chose qui me rassurait dans toute cette histoire était que mon intérêt n’était pas d’ordre sexuel. Il ne manquerait plus que je sois attiré par une élève. Déjà que lors de mes précédentes vacances au Mexique j’avais couché avec une étudiante de Berkeley sans le savoir, je n’avais donc pas l’intention de réitérer l’expérience. « C’est une très bonne initiative. Vous êtes motivée pour vos études et je ne peux que vous félicitez de vous montrer aussi contentieuse dans ma matière » lui souriais-je en retour à ses précédents propos. « Voyez-vous, quand j’avais votre âge, mon professeur m’a été d’un grand soutien et m’a donné cette passion pour mon métier. Aussi, quand j’ai commencé à enseigner à Berkeley, je me suis juré de lui faire honneur de faire mon possible pour transmettre à la foi mon savoir mais aussi mon attrait pour la littérature anglaise » continuais-je tout en me massant la nuque.

J’avais conscience de raconter ma vie mais je ne sais pas, pour une raison encore inconnue, je me sentais proche de Penelope et lui raconter quelques anecdotes semblait naturel. Tout en fermant ma sacoche, je lui énonçais donc mes disponibilités qu’elle s’empressa d’accepter. Eh bien, en voilà une étudiante motivée. Pour autant, je ne pouvais m’empêcher de voir un sens caché à son comportement. Le seul problème étant que je n’arrivais pas à mettre le doigt sur ce mystère. « Et bien commençons mardi soir. Disons 19h à mon bureau ? Cela vous va ?! » Lui proposais-je avant qu’elle ne me demande mon numéro de téléphone. Je n’hésitais pas une seule seconde et pris mon carnet de notes pour y inscrire mon numéro de portable ainsi que mon adresse mail avant de lui tendre dans un sourire « Voilà, vous pouvez me joindre à ce numéro. N’étant pas un grand consommateur de téléphone, il vous sera plus aisé de m’envoyer des messages. J’ai tendance à ne pas décrocher quand on m’appelle. Je ne suis pas très à l’aise avec les téléphones » rigolais-je tout en contournant mon bureau, ma sacoche à bout de bras. « Dites-moi Miss McCarthy, qu’est-ce qui vous a poussé à étudier la littérature anglaise ? Je suis toujours curieux concernant mes étudiants ! » Lui demandais-je en lui faisant signe de me suivre. Peut-être que nous pourrions faire quelques pas dans les couloirs si elle le désirait. Ce cours-là était mon dernier cours de la journée donc j’avais tout mon temps.

❝I love you Dad but i just can't let you know; i just can't.❞ Jan Cruz && Penelope ☼ You have a place of honor, deep within my heart. You've been my superhero, Dad, right from the very start...

Depuis ce jour là où j’ai appris l’existence de mon père biologique, je ne cessais d’imaginer à cœur joie les scénarios de notre rencontre. Devant la grande baie vitrée de ma chambre, là où dansait l’oiseau de l’aube et l’astre argenté du crépuscule, j’ai rêvassé une myriade de fois, de notre première entrevue qui, en somme, ne ressemblait en rien à celle d’aujourd’hui. Celle-là, elle dépassait mes fantasmes en large et en travers. Ce que je ressentais en ce moment, je ne l’avais jamais ressenti auparavant. Devant lui, je me perdais dans un océan de sensations suprêmes ; des sentiments d’affection, de sécurité et d’une confiance sans égale. Devant cette vague d’émotions, j’étais presque impuissante et donc faire mine de rien me semblait de plus en plus ardu ! –« Merci, merci beaucoup ! » Rétorquai-je après ses encouragements qui m’ont touché en plein cœur.-« Je ne peux nier que c’est en partie grâce à vous que je me retrouve très intéressée par cette matière. Vous êtes l’un de ces rares professeurs qui savent enseigner, communiquer l’information et transmettre leur savoir de la plus prenante des façons, c’est admirable ! On a de la chance d’avoir un professeur aussi amazing que vous, vraiment. C’est un privilège ! » Avouai-je en toute sincérité, le sourire toujours accroché aux lèvres. Le professeur Del Toro me fit ensuite part d’un petit bout de son passé d’étudiant que je trouvais extrêmement intéressant. C’était l’un de mes rêves de connaitre un peu plus sur lui, des choses autres que ce que ma mère m’avait raconté. Aujourd’hui, si je lui avais donc demandé des cours de soutien, c’est surtout pour passer un peu de temps en sa compagnie ; pour le connaitre un peu plus. –« Mardi à 19h dans votre bureau, parfait, c’est noté ! » dis-je, un énorme sourire me fendant les lèvres. Jan Cruz me passait ensuite un bout de papier sur lequel il avait bien noté son numéro de téléphone ainsi que son E-mail. –« Les cellulaires c’est l’une de ces inventions qui ne servent pas à grand-chose, si ce n’est que pour nous éloigner encore plus les uns des autres et puis j’ai entendu dire que ça donne le cancer…Bref, moi non plus je n’en suis pas fan ! » Ripostai-je suite à ses propos, un brin taquin. Maintenant je savais de qui je tenais ma réticence envers les portables.-Génétique quand tu nous tiens -Rigolai-je intérieurement à cette petite pensée qui me traversait hâtivement l’esprit.-« Mon père ! » Répondis-je sans trop réfléchir alors que je m’engouffrais dans les couloirs en sa compagnie.-« Il a toujours été très passionné par le domaine. C’est un truc de gêne, je pense ! » Dis-je en souriant. Le simple fait de savoir que mon père avait été un étudiant en ce domaine m'avait poussé à l’adorer et même en faire une passion ! D’ailleurs si j’étais ici, c’est pas juste pour réaliser le rêve de monter ma propre maison d’édition, mais surtout pour être proche de Jan Cruz. Mon père. Un moment passé avec lui n’avait pas d’égale ; j'en étais bien plus que persuadée.-« Et puis j’ai toujours ce rêve de monter ma propre maison d’édition et ce n’est qu’à travers ce domaine que je souhaite le réaliser.»

Penelope & Jan Cruz

« Things are not always what they seem »

♦ ♦ En rigolant, je lançais « Et bien cela nous fera un point commun Miss ». Finalement, je m'étais peut-être fait des films sur cette jeune personne car le contact passait très facilement entre nous et je rencontrais une personne fort sympathique et très bien élevée. Nous nous engageâmes dans le couloir jouxtant l’amphithéâtre dans lequel je venais de donner mon cours tout en bavassant gaiement. « Votre père ? Et bien je suis certain qu'il doit être fier de sa fille car vous êtes une élève appliquée et passionnée comme je les affectionne ». Quelle ironie dans l'histoire car je parlais en mon nom sans le savoir mais cela était une autre histoire. Penelope m'expliqua alors qu'elle comptait ouvrir une maison d'édition. Un projet ambitieux que je ne pouvais que féliciter. « Ma foi, c'est un projet conséquent dans lequel vous vous lancez. Avez-vous déjà fait un stage dans une maison d'édition afin de savoir comment ça se déroule ? J'ai quelques contacts avec lesquels, je me ferais un plaisir de vous mettre en relation » continuais-je tout en marchant à ses côtés. « Quand j'avais votre âge, je venais à peine de débarquer en Californie et j'avais des rêves plein la tête. Je me voyais à la fois musicien, grand écrivain, critique littéraire et puis en début de deuxième année, j'ai décidé de m'orienter vers l'éducation et le professorat. Je crois qu'on peut parler de vocation donc je ne peux que vous soutenir dans votre choix en espérant que vous réalisez vos rêves. » lui confiais-je en souriant.

Je me souvenais si bien de ma première année comme si cela s'était déroulé hier. Fraîchement débarqué de mon Mexique natal, je parlais très mal l'anglais même si je le comprenais parfaitement. Disons que j'avais un accent à couper aux couteaux. Heureusement pour moi, il s'était amélioré au fil des années même si je conservais encore une certaine sonorité chantante. Berkeley m'était apparu comme un eldorado de connaissances mais aussi comme une chance inespérée de faire quelque chose de ma vie. Mon enfance au Mexique avait été merveilleuse, je ne la niais pas malgré les problèmes engendraient par le fait d'avoir été élevé par deux femmes. L’intolérance humaine était violente surtout provenant des enfants. Un enfant pouvait se montrer cruel envers un autre mais j'avais appris à passer outre et à oublier. Mais peut-on oublier toutes les rancœurs ? Je ne pense pas. La seule chose que j'avais mis de côté, c'était cette colère destructrice. Ma famille m'avait aimé et c'était le principal pour moi. « Pendant que j'y pense, vous habitez sur le campus ? Car vous n'êtes pas sans vous rappeler qu'il y a un règlement et les étudiants ne doivent pas sortir à partir de 22h. Je ne pense pas que nos séances de travail durent des heures mais je possède un chien très caractériel, du coup, il vaudrait peut-être mieux que l'on se retrouve chez moi. Bien sûr, si cela vous dérange, je trouverais bien un moyen pour pouvoir rester à mon bureau. » grimaçais-je en me souvenant à la dernière minute de mon chien Tacos. Peut-être pourrais-je demander ce service à Grace. Toutefois, nous n'étions pas encore suffisamment proche pour que je lui demande de sortir mon chien. Non ?! Tacos était encore trop enthousiaste pour l'amener dans mon bureau à Berkeley. Maria me tuerait s'il mordait le précieux canapé en cuir. « Quoiqu'il en soit, je vous ferais un mot pour expliquer votre présence en dehors du couvre feu dans les couloirs de l'université. » la rassurais-je.

A vrai dire, cela m'arrangerait énormément si elle acceptait ma proposition. De un, parce que la majorité de mes ouvrages se trouvaient à mon domicile et de deux, si cela se prolongeait trop tardivement, je pourrais toujours cuisiner un en-cas. Oui, un de mes nombreux défaut est d'être un gourmand et je ne sautais rarement un repas voire jamais sous peine d'être d'une humeur exécrable. Chacun ses faiblesses comme qui dirait.