Il était cinq heures du matin lorsque le réveil de la brunette retentit dans sa chambre. S’extirpant dans son lit, elle l’arrêta immédiatement avant que le bruit ne réveille les autres habitants. Sebastian, six ans et Leonora, douze ans vivaient avec elle dans leur nouveau chez soi et comme si les choses n’étaient pas assez complexes, ils partageaient leur appartement avec une autre personne, un étudiant de Berkeley, un Iota plus précisément. Aaron ne causait pas beaucoup de problèmes mais, il arrivait parfois que Sashenka se pose la question quand à l’âge réel du beau brun. A croire qu’on lui avait confiait la tâche d’élever trois gamins et non pas deux. Quittant la chaleur de ses draps, elle prit la direction de la cuisine où elle mit la machine à café en route avant de rejoindre la salle de bain. Une bonne douche lui ferait le plus grand bien. Pas évident d’être à la fois une étudiante et une tutrice. S’occuper à plein temps de deux enfants n’était pas de tout repos. Cependant, la jeune femme ne se voyait pas changer de vie, ni même de passé. Leonora et Sebastian représentaient tout pour elle. Prenant soin de faire le moins de bruit possible, elle prépara le petit-déjeuner après avoir pris sa douche. Déposant tout sur la table, elle retourna dans sa chambre afin de se préparer. Prenant un sac où elle y déposa toutes ses affaires, elle quitta ensuite l’appartement, un léger pincement au cœur. Laisser ses frères derrière elle lui déchirait à chaque fois le cœur mais, elle ne pouvait faire autrement. C’était le seul moyen pour eux de vivre enfin une vie normale, une vie qu’il méritait plus que tout. Sahsenka gara sa voiture dans le parking de l’université, y laissant son sac avant de verrouiller son véhicule et d’aller faire son jogging habituel. Courir lui permettait d’oublier, de penser à autre chose et de se concentrer sur ce qui était le plus important dans sa vie. Venir s’installer à San Francisco était bien la meilleure idée qu’ils avaient eue avec Kurt. Personne ne se doutait de rien, personne ne le pouvait d’ailleurs. La jolie mexicaine n’avait pas vraiment eu le temps de s’asseoir et discuter avec son frère, leurs emplois du temps respectifs ne l’avaient pas permis et leurs vies non plus. Ce n’était qu’une question de temps avant de pouvoir fêter leurs retrouvailles comme il se devait.

Il était près de huit heures lorsque la jeune femme franchit les portes de Berkeley, elle prit le chemin des vestiaires, une bonne douche après tout cet effort ne serait pas du luxe. Qui plus, un entrainement l’attendait. Beaucoup pensait que le cheerleading n’était pas un sport ou que cela ne demandait pas beaucoup d’effort à part une paire de jolies jambes et des jupes assez courtes. Ceux qui se permettaient de telles remarques ne savaient strictement rien à cette discipline, ils étaient bien loin de la vérité. Cela demandait du talent, de la concentration et un entrainement sans relâche. Prête pour l’entrainement, la brunette commença ses échauffements au gymnase. Il n’y avait pas meilleur endroit pour cela. Certes, les entrainements à l’air libre étaient bien mieux mais, avec le froid qu’il faisait, elle allait se contenter de cela. Malheureusement, le gymnase n’était pas tout à fait vide, il y avait certaines personnes qui s’entrainaient, elle aussi ce qui n’était pas pour la mettre de bonne humeur. Ne prêtant aucune attention à la blonde qui semblait s’entrainer, Sashenka entreprit quelques figures après avoir terminé ses échauffements. Seulement, le bruit du ballon qui rebondissait commençait à sérieusement l’agacer.

« Tu ne pourrais pas aller taper dans ta balle ailleurs s’il te plaît ! » Fit-elle un rictus aux lèvres.

Avec les restrictions budgétaires imposés par le nouveau Doyen, chacun devait faire des concessions, c’était d’ailleurs pour cela que la jolie mexicaine se retrouvait à s’entrainer au gymnase plutôt que dans un autre endroit beaucoup plus approprié. Elle ne l’appréciait pas, pas plus que les autres cheerleaders mais, elle n’y pouvait rien. Elle se devait de faire avec même si son avis était autre. S’ils avaient été au Mexique, ce problème aurait été réglé plus vite qu’il ne fallait pour le dire seulement, tout était différent dans ce pays. Et puis, elle ne connaissait pas encore grand monde pour faire en sorte de pourrir la vie à ce cher Doyen qui semblait prendre un malin plaisir à embêter les étudiants. L’une des raisons pour lesquelles elle se retrouvait au gymnase pour ses entrainements, qu’il en déplaise à certains. « Tu me fais bien rire ! Parce que tu appelles ça jouer au basket, même un gamin de cinq ans serait plus doué que toi… » Sashenka en toute sa splendeur. Lorsqu’elle se mettait en tête quelque chose, rien ne pouvait l’en dissuader et cette fille commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Elle devait s’entrainer, certes mais, rien ne l’empêchait de prendre du bon temps avec cette pauvre fille qui ignorait sur qui elle était tombée. « Tu sais, il ne suffit pas de savoir taper dans un ballon pour être un champion, il faut ce qui va avec et malheureusement pour toi, tu ne l’as pas….Tu devrais peut-être penser à te trouver un autre hobby, ce serait mieux pour toi parce que là ma pauvre fille, tu cours droit au désastre ! » Offrant son dos à la blondinette qui partageait l’espace du gymnase avec elle, la jolie brune retourna à ses acrobaties. Elle n’avait pas de temps à perdre avec une fille qui ne faisait pas la différence entre pratiquer un sport et se ridiculiser.

Ne pas se laisser marcher sur les pieds, avoir du répondant et un sale caractère, voilà ce qu’il fallait pour pouvoir survivre dans ce monde. Ca avait toujours été ainsi et ça le serait pendant encore longtemps. Sashenka ne se cachait pas, elle se connaissait mieux que personne et était indifférente au regard des autres à son égard. La vie ne lui avait pas fait de cadeaux et elle savait ce que c’était que de se retrouver plus bas que terre, au fond du gouffre à essayer de s’en sortir, en vain. Elle s’était promis sur la tombe de son père de ne jamais laisser qui que ce soit la rabaisser comme l’avait fait sa belle-mère pendant des années et elle mettait un point d’honneur à respecter cette promesse.