Il y a des moments qu’on n’oublie pas. Des amitiés qui restent gravés plus que d’autres. Aucune explication, que des sentiments, un donné un rendu. Je n’ai pas beaucoup d’amis. Car je n’accorde pas ma confiance à n’importe qui. Depuis toujours, mon meilleur ami fut mon ombre. On ne peut pas faire toute complicité avec un homme. Un jour où l’autre, il essayera quand même de vous piquez votre petite amie. Je l’ai vécu et il n’y a pas encore si longtemps que ça. Je n’étais peut être plus avec Vraona mais Keyllan devait se douter qu’elle compte malgré tout. Cette première femme pour qui j’ai changé, celle avec qui j’ai osé imaginer un futur. Alors le peu de sincérité que j’accorde, c’est pour mes quelques amies. Il y a toujours une plus particulière par rapport à une autre et malgré la distance ou le temps, je ne l’ai jamais mise de côté. Alyssia est le genre de personne que l’on n’oublie pas. Une personnalité à qui je me suis accroché et une amitié pour laquelle je pourrais tout donner. Sauf que nos chemins se sont éloignés. Comme chaque vie, on a particulièrement chacun une route à suivre et il semblerait que les nôtres se soit éloignées. Pourtant ce n’est pas les souvenirs qui me manquent. Je m’en rappelle comme si c’était hier, la première fois que j’ai vu ce visage, la première fois où j’ai sourie et qu’elle me l’a rendu. Simplement et directement, nous nous sommes liés. On était la fille et le garçon. La gentille et le méchant. On a fait des conneries à deux francs, des jeux qui ne faisaient marrer que nous et des secrets partagés. Pour moi, elle a toujours fait partie de ma famille. Nous n’avons surement pas le même sang mais ça ne m’empêche pas de vouloir la protéger comme ma propre sœur. Bien sûr, Reagan reste l’unique frangine. Mais Alyssia est ma protégée, sans limite, sans frontière et seulement à moi. J’ai toujours été protecteur avec elle. J’ai toujours eu peur que quelqu’un profite de sa fragilité et s’en serve à ses dépens. Je sais de quoi l’homme est capable et je pense qu’elle aussi, étant donné le comportement étrange qu’à eux son père ses dernières années. En effet, la distance a creusé ce fossé entre nous. Notre relation est devenue plus difficile à gérer. Surtout après cet incident si je puisse l’appeler comme tel. Cette nuit où j’ai craqué, où j’ai remarqué ses plus jolies courbes et où je suis devenu un homme comme il y en a mille. Je me suis laissé tenter. Je l’ai couvert de mes lèvres et je l’ai savouré. J’avoue que cette nuit-là, j’ai trop joué, j’ai mis tapis et pris le risque de tout perdre. De tomber amoureux ou de ne pas ressentir ce qu’elle pourrait voir naitre de son côté. Enfin, la situation bien compliquée, bien unique en son genre. J’ai pris mes distances avec Alyssia car je ne voulais pas qu’elle me voit plus que son meilleur ami. Je ne pouvais pas accepter qu’une telle fille tombe sous ses sentiments pour un mec comme moi. Oh non, je ne pouvais pas l’accepter. Je ne pourrais pas être à la hauteur de ce qu’elle mérite. J’avais tant de choses à faire, tant de moment pour profiter de plusieurs chaleurs. Je ne pouvais pas avoir ce rôle, avoir cette place si près d’elle, si près de ses sentiments. Car je ne voulais tout simplement pas la blesser, la voir triste ou déçue de moi. J’ai préféré agir comme un abruti de première et c’est avec du recul que je m’en rends compte. Elle est sans aucun doute ma plus belle amitié, ma plus grande fierté. Tous ces partages n’ont eu aucunes limites. Je me rappelle ce jour, où il pleuvait et qu’on était tous les deux chez moi. Elle avait peur de l’orage et je pouvais me la jouer super héros. Je lui ai donc raconté qu’en se mettant les passoires en métal de ma mère sur la tête, on ne craindrait rien. En toute innocence, elle a osé agir comme je lui avais conseillé. Je sortis deux nouveaux masques protecteurs et on a passé toute la soirée comme ça. Simplement et souriant, on s’amusant et ça m’évitait de voir ce côté crispé à chaque fois qu’un coup de tonnerre retentissait. Je n’ai jamais rien oublié, pas même cette nuit où elle est devenue mienne.

Je ne savais pas où j’avais cours et je dois avouer que ça me tracassais peu. Je n’étais pas d’humeur à m’assoir sur un banc et à écouter le professeur de dessin m’expliquer comment dessiner un mouton. Je suis à l’université avant tout pour apprendre la littérature et c’est surement l’une des seules matières qui m’intéressent vraiment. Comme disait mon père : parlons peu, parlons bien. Alors j’éraye dans les couloirs à la recherche d’un visage connu aussi perdu que moi. Quand soudain, je passais à côté de ce local que je fréquentais peu. Normal, c’est la salle de musique et aux dernières nouvelles, je ne sais pas jouer d’un instrument. Je ne voyais pas l’utilité de faire le curieux ou de me faire passer pour un artiste. Sauf qu’aujourd’hui, en longeant ses murs, j’entendis cette mélodie qui ne m’était pas inconnue. Cette chanson me rappelait Alyssia. Sans aucune hésitation, je m’en rappelle comme si c’était hier quand elle me fit écouter son début de talent, ce début de chanson qu’elle avait commencé à composer. Comme n’ayant jamais quitté ma mémoire, je m’avançais de la porte et réalisais combien les notes ressemblaient à mes souvenirs. Je souriais bêtement et ceux qui passaient à côté de moi devaient croire que j’étais fou. Quand je me décidais de pousser la porte et que je remarquais cette silhouette. Cette chevelure brune, cette tenue toujours aussi droite. Je ne savais pas si je rêvais car c’est ce que mes yeux voulaient voir ou si c’était vraiment la réalité. Je restais un moment silencieux. Le temps pour moi de rentrer dans la pièce et de fermer la porte, dans le plus grand des silences qu’il soit. Pour laisser échapper : « Je me doutais qu’il n’y avait que toi pour faire sortir de telles notes de musique. » Naturellement et tendrement, je m’avançais à sa hauteur, sans savoir comment elle allait réagir. Si elle allait me gifler, me serrer ou m’ignorer. Je ne savais pas si je faisais bien d’avancer après ce long silence dans notre amitié. Je tentais le tout pour le tout. Juste parce qu’elle me manquait. J’avais réalisé combien mon quotidien sans Alyssia n’était pas le quotidien que je voulais. « Tu te renfermes toute seule dans la salle de musique ou tu attends peut être de la compagnie ? » J’avais commis des erreurs et je réalisais le point de ces dernières. Je réalisais combien j’avais été trop égoïste, trop bête pour laisser quoi que se soit nous éloigner. A cet instant précis, je ne voulais pas non plus être la personne de trop, celle qu’elle ne voudrait plus voir juste parce qu’elle a été trop inconsciente. J’ai trop joué et je suis prêt à en payer le prix. Cependant, ça ne m’empêche pas de vouloir revenir en arrière, pour ça, il me faut son seul accord.