Party is in the house tonight charles and isaac

Je n'avais jamais osé réfléchir à ce que serait ma vie maintenant, si je n'avais jamais eu ce maudit accident. De toutes façons je n'ai aucun indice, ni aucune piste pour savoir ce qu'elle serait. La seule chose qui était sur, c'est qu'elle serait radicalement différente d'aujourd'hui. J'essayais de m'imaginer autour de ma famille, devant un grand festin. Cependant ce n'était que des rêves car j'avais abandonné depuis longtemps la perspective de les revoir un jour, si un temps soit-il ils avaient existé. Car même cela, je n'en étais pas sur. C'est ça qui est abominable dans mon histoire, je ne me rappelle de rien, je n'ai aucun souvenir et tout ce que je pense ne sont que des suppositions. J'en étais arrivé là lorsqu'il y a huit ans, je n'avais rien trouvé de mieux pour fêter en solo ma majorité que de m'aventurer dans le désert grec sans rien. Ni eau, ni nourriture, ni protection solaire. Ce que j'ai pu être abruti en prenant cette décision. Résultat au bout de quelques heures, je suis tombé et on m'a ramassé quelques jours plus tard, dans le coma au bord de la mort. Lorsque je me suis réveillé, là première chose que je me suis dite c'est " où suis-je ? ". Bon, j'ai perdu la mémoire mais beaucoup de choses élémentaires me sont restées comme le fait qu'il faut se nourrir pour vivre ou que la capitale de la Grèce est Athènes. En fait, la chose que j'avais perdu se trouvait au niveau des sentiments. Aucune famille ne m'avait réclamé et moi je ne me rappelais même pas de son existence. Le problème c'est que j'étais certains, et je le suis toujours, que j'ai une famille quelque part, qui m'attend. Malheureusement, cela fait bien longtemps que j'ai arrêté les recherches. Il faut dire que l'on m'a toujours poussé dans ce sens subtilement, sans que je m'en rende compte. Mais je n'ai plus la force, ni l'envie de retourner ciel et terre pour savoir d'où je viens sachant qu'à présent je suis plus qu'heureux là où je suis. Malgré tout, cela me chagrinait quand même car je savais que l'on m'avait caché quelque chose à mon réveil et l'attitude quelques jours plus tard du ministère de la Défense grec ne fit que ranimer cela. Une fois que je fus rétablis et qu'une paysanne me proposa l'hospitalité, le ministère m'offrit un poste dans l'armée alors que je n'avais strictement rien demandé et que je me dirigeais droit dans une carrière dans l'agriculture. Oui, entre le Isaac Harros agriculteur et le multi millionnaire que l'on connait aujourd'hui, ça change. Bref, sans hésité je pris naïvement la direction de l'armée où je restais pendant cinq ans avant que l'on ne me propose de commencer, enfin, mes études. Comme si le gouvernement avait une dette envers moi, ils me proposèrent de me payer les études de mon choix, dans l'université de mon choix, dans l'appartement de mon choix. Je choisis l'université d'Athènes pour commencer mes études de médecine, dans un vulgaire deux pièces en plein centre ville. A force de réfléchir, j'en étais bien entendu arrivé à la conclusion que tout cela n'était pas net alors je décidai de profiter du système en allant à Berkeley dans un appartement de deux cent cinquante mètres carré avec vue imprenable sur la baie de San Francisco. Après tout, ils m'avaient fait une crasse alors pourquoi ne pas leur rendre l'appareil. Arrivé aux Etats Unis, je pus enfin vivre comme je le souhaitais, sans rendre de compte à personne. Cependant, ma vie était devenue trop calme. J'en avais marre d'être mis dans la case de riche coincé comme beaucoup de personnes le pensait. Alors, pour remédier à cela, cet été j'avais pris par au voyage à Cancun qui m'avait permis de me lâcher un peu mais ce n'était pas assez. J'avais envi que ma vie devienne enfin excitante. J'avais envi de rentrer chez moi à quatre heures du matin pour avoir cours le lendemain à huit heures. Bref, je voulais que ça bouge. Malheureusement, personne ne voulait m'accompagner en semaine dans mes soirées de beuverie alors je fis appel au maître de la discipline ce cher Charles. Tous les deux avions la mentalité du Sud de l'Europe : des soirées, tout le temps des soirées. Il allait devenir en quelques sortes mon mentor en ce qui concernait les soirées et rien qu'à cette idée, je me mis à sourire. Tous les deux, nous nous connaissions depuis quelques mois déjà mais nous nous parlions qu'occasionnellement lors, justement, de soirées en compagnie de la haute société californienne. Mais ce soir, ça allait être différent. Au Lexington, tout est fait pour que vous soyez ivre en deux temps trois mouvements et cette perspective me rassurait. Je ne voulais en aucun cas être sobre ce soir. Le tableau de bord de ma Bentley affichait minuit lorsque j'arrivais sur les lieux de la boite de nuit qui commençait à peine à se remplir. Je voulais le meilleur canapé avec la plus belle vue sur la piste. Garant ma voiture bien à la vue de tout le monde, oui j'étais devenu légèrement prétentieux ces derniers temps, je pris la direction de l'entrée de la boite. Une fois le videur passé je regardais autour de moi pour voir si Charles ne se trouvait pas dans le coin. Je ne le vis pas. Prenant mon mal en patience, je me dirigeais vers le bar où je commandais une simple bière. Oui, autant y aller doucement pour commencer une soirée. Je m'installais au bar et inspectais les environs tout en gardant un oeil sur l'entrée de la boite lorsque j'entendis juste derrière mon oreille une voix qui me fit sursauter. Enfin il était là. Ce n’étais pas trop tôt. J’avais clairement envi de m’amuser comme je ne l’avais jamais fait auparavant. Je voulais sortir de mon monde de coincés, avec leurs soirées sur yacht, ventes aux enchères et soirées caritatives. J’avais tout sauf envi d’être caritatif ce soir. Si je faisais un gros chèque en cette soirée d’hiver, ce sera uniquement pour le barman, pour qu’il m’apporte des dizaines de bouteilles d’alcool, toutes plus fortes les unes que les autres. « J’ai bien cru que tu allais me faire attendre. » Oui, un Harros n’attend jamais, ça sait une règle qu’il faut savoir. Je lui sourris car j’étais tout de même content de le voir. J’avais attendu cette soirée toute la semaine et il était hors de question que n’importe qui ou n’importe quoi vienne la gâcher. Cette soirée s’annonçait vraiment bien surtout qu’une ou deux riches héritières commençaient à nous regarder avec beaucoup d’intéressement.