Il a fallu que je prenne du recule par rapport à ma vie ces derniers temps. J'étais entrain de redevenir la personne que je n'aimais pas. Je me suis éloigné de tout le monde en me disant que c'était probablement la meilleure solution. J'ai revu ma mère après tant d'années. Elle ne s'est jamais remis de ce qui c'est passé. Jamais j'aurais pensé qu'elle serait restée à jamais dans ce centre pour personne souffrant d'une maladie mentale. Elle a carrément sauter un câble. Probablement dû à une forte dépression qui l'a complètement anéanti. Ce qui me rend le plus triste dans tout sa, c'est qu'elle ne me connaissait plus. J'avais beau lui répéter que j'étais son fils, je ne voyais aucune réaction dans son visage. Probablement qu'elle ne se souvient même plus de mon passage. Donc quand on y pense, je n'ai plus de père ni de mère. Ça nous gruge en dedans d'apprendre cela. J'avais beau avoir abandonné ma mère, j'avais quand même l'espérance d'en avoir tout de même une. Après avoir appris cela, j'ai décidé de revenir ici à San Francisco pour retrouver ma vrai famille, soit mes amis qui me sont si chère. Je n'avais pas vu la plupart de ceux-ci depuis longtemps. En direction de ma chambre de confrérie, je tombai alors sur celle de Dylan qui était à côté de la mienne. Avec le sourire au lèvre, je décidai de cogner à sa porte. J'avais juste envie de la prendre dans mes bras et de lui dire que je suis revenu dans la ville. Peut-être qu'elle ne serait pas contente de me voir aussi. Je ne savais pas que penser en faites. J'avoue que je suis un peu perdu dans ma tête. J'ai l'impression d'avoir perdu tant de choses. J'ai de la peine et je l'avoue, mais je dois la surmonter, comme j'ai dû surmonter tant de choses dernièrement.

Je venais enfin de rentrer de ma journée de cours. Autant dire qu’elle avait été bien pleine et éprouvante. Dès le midi je n’avais eu qu’une envie, celle de me blottir dans mon lit, sous ma couverture avec un bon Marc Levy. Oui, c’était certainement ce dont j’avais rêvé à peu près toute la journée. Pourtant, ce n’était pas gagné. Après avoir passé une matinée pourrie à écouter un professeur de Psychologie radoté pendant je ne sais combien de temps sur Freud et l’importance que ce dernier avait eu sur le vingtième siècle, oui j’avais eu une folle envie de me blottir dans mon lit. Je l’aurai bien fait directement après être sortie de cours, le temps de mes trois heures de pauses, mais bien sur, les choses ne s’étaient pas passées de la manière que je l’aurai espéré. J’avais pris la direction du starbucks coffee, histoire de me prendre une boisson chaude pour me réchauffer dans le lit. J’étais rentrée normalement, avais commandé normalement mon caramel macchiatto quand soudain, un dingue, oui le mot était bien un dingue, était rentré dans le starbuck, arme à la main et dans l’intention de braquer le café. C’est sur, une telle enseigne engrangeait une sacré quantité d’argent, mais de là à la braquer, là c’était carrément du délire. Enfin, je m’étais retrouvée là où il ne fallait pas évidemment. Lorsque l’homme nous avait tout ordonné de nous allonger au sol et que j’avais soupiré d’ennui – pauvre folle que je suis - , le frapa’dingue était alors entré dans une colère noire et m’avait frappé à la tête avec la crosse de son arme. Resultat des courses, une belle entaille sanginolante au niveau de l’arcade sourcilière gauche. Je m’étais donc rallongée tout en fermant ma bouche, histoire d’éviter des blessures plus grave. Tout le monde était totalement pétrifié et moi je n’avais qu’une envie c’était de dormir. Je ne pensais qu’à ça et en y repensant, je me demandais si je n’avais pas des restes de drogue dans le sang à ce moment là pour en arriver à penser de telles choses en de telles conditions.
J’avais donc suivi le mouvement, j’avais attendu que le voleur prenne son butin et s’enfuie. J’avais juste eu le temps de le prendre en photo sans qu’il me voit. Après tout, il m’avait frappé et il devait en éprouver des remords puisqu’il ne pouvait s’empêcher de m’éviter du regard. Il n’avait pas commis ce vol par gaieté de cœur, c’était une certitude. Une fois qu’il était sorti, juste avant l’arrivée de la police, j’avais tenté de me relever. Quoi de plus normal bien sur. Mais d’un coup, je m’étais sentie comme valsée, comme entourée d’un tourbillon de couleurs toutes plus étranges les unes que les autres. Oui, en réalité, j’étais tombée dans les pommes. Je m’étais réveillée quelques minutes plus tard – enfin c’est ce que l’on m’avait dit – et la seule chose dont j’avais conscience été des tâches rouges et blanches. Pendant quelques secondes, le temps que ma vue se réhabitue à la lumière, je n’avais vu que cela. Ce n’était qu’après que j’avais compris qu’il s’agissait de pompiers qui s’affairaient auprès de moi. N’aimant pas tellement la vue de ces personnes – oui très étrange pour une fille de ne pas aimer les pompiers – je tentais de les repousser et de me relever. Mais bien sur, c’était perdue d’avance. Les deux pompiers –qui au demeurant je devais le reconnaître, étaient quand même sexy - m’avaient allongé de force sur une civière et m’avaient porté jusqu’à l’ambulance. J’avais essayé de leur parler, de leur dire que ce n’était pas la peine. Mais bien sur, mes paroles avaient été vaines, et j’avais du être transporté à l’hôpital, où la police m’avait interrogé. Bien sur, adieu mon après midi de cours, et bonjour l’après midi à l’hôpital.
J’avais été prise en charge par mon médecin personnel qui refusait depuis bien longtemps de voir quelque d’autre que lui s‘occuper de moi. Après m’avoir expliqué qu’il n’aurait qu’à me faire quatre petits points de sutures, il me libéra de l’hôpital tout en me rappelant son blabla habituel qui m’était réservé dès que je le voyais. J’avais beau me plaindre, j’appréciais grandement ce monsieur qui m’avait tant apporté. Il m’avait donc fait appeler un taxi, histoire de pouvoir rentrer chez moi tranquillement et sans me prendre la tête.
Une fois arrivée à la maison des sampi, je montais une à une les marches, faisant le plus rapidement possible afin que personne ne me voit. Oui je n’avais aucune envie que mes confrères me voient dans cet état et se pose un tas de question. Je m’étais donc affalé dans mon lit, prête à faire un bon somme. Mais à la plage, j’avais allumé la télé, histoire de m’endormir tout doucement.
Une demi heure plus tard, quelqu’un vint frapper à ma porte. Au moment où je proposais à la personne d’entrer, j’eus la surprise de voir apparaître la tête d’Aidhan. Cela devait faire quoi, au moins trois mois qu’il avait déserté la maison des sampi, ou plutôt l’université tout simplement. Je ne savais pas trop si je devais être contente ou non de le voir. Je n’aimais guère qu’on parte sans me prévenir mais en même temps, il s’agissait d’Aidhan, je le connaissais assez bien pour savoir que c’était tout à fait son genre de partir comme cela, sans donner la moindre nouvelle. Il avait déjà fait le coup auparavant et je n’avais pu dire quoi que ce soit. Il était comme ça, je devais l’accepter tel quel.

_ « Aidhan quelle surprise ! Tu es de retour parmi nous à ce que je vois ! Que me vaut le plaisir de ta visite ? »

Oui je devais bien l’avouer, j’avais été moins agréable que je ne l’aurai voulu. Mais en même temps, il ne pouvait désespérément pas pensé que j’allais l’accueillir les bras ouverts, comme si de rien n’était. Les choses étaient restées en suspens la dernière fois que nous nous étions vus. Nous avions parlé de beaucoup de choses, et à l’époque, j’étais plus ou moins en couple avec Zander. Il avait d’ailleurs émis quelques remarques à son sujet qui m’avait fort déplu mais qu’aurai-je pu bien dire ? Sur le fond, il n’avait pas tord, loin de là.
J’étais restée telle qu’elle, allongée dans mon lit, couverture remontée jusqu’au cou. J’avais chaud, j’étais coucounnée, et légèrement shootée, je devais bien le reconnaître. Mais le médecin avait été assez consciencieux pour me donner quelque chose qui ne me replongerait pas dans mes addictions passées. Oui, décidement, j’aimais vraiment beaucoup ce vieux monsieur qu’était le Docteur Saltzman.

J’étais fatiguée, voir même épuisée, et pourtant je l’écoutais parler. Ma bonté me perdrait, c’est ce que bien souvent les gens me disent. Je dois leur reconnaître cela, ils ont raison. J’avais toujours été trop gentille. Comme dit le dicton « trop bonne trop conne », et bien c’était exactement ce qui me caractérisait. J’en avais conscience pourtant, mais impossible pour moi de changer cela. Je n’avais pas changé pour mes parents, je n’allais encore moins changé pour les gens, ça c’était clair et net. J’avais beau être gentille, il ne fallait pas pousser. Enfin bref. J’étais donc entrain d’écouté Aidhan me raconter les raisons qui l’avaient poussé à fuir, et sa dernière phrase me fit éclater de rire, ce que je regrettais immédiatement étant donné le mal de tête que cela me filait.
Mon impertinence inhabituel me punissait là en me donnant un si grand mal de tête.
Apparemment, monsieur Di Brescia s’était marié à Las Vegas. Toutes les choses qu’il avait pu me dire auparavant étaient passées à la trappe tellement cette nouvelle avait fait l’effet d’une bombe. Je n’aurai jamais cru Aidhan capable d’une chose aussi irresponsable et impulsive que cela. Mais si au moins cela l’avait ramené vers San Francisco, c’est qu’il y avait du bon, c’était là le point positif. Et pour couronner le tout, l’avocat avait refusé de les présenter devant le juge pour qu’ils divorcent. Digne du film Jackpot quoi. Han en y repensant, ce film m’avait vraiment marqué tellement j’avais rigolé. Je l’avais vu avec Calla, et autant dire que l’ambiance avait été délirante toute la journée. Nous avions rigolé comme des folles, et bavé devant le corps si parfaitement sculpté du sexy Ashton Kutcher. Quand je pense qu’il divorce… A mon avis, il ne va pas rester très longtemps sur le marché. Enfin revenons à nos moutons, Aidhan m’avait expliqué en deux trois mots pourquoi il était parti et apparemment c’était dans le but de faire le point ou un truc du genre. Je trouvais l’excuse un peu mince, même trop mince à mon goût. Moi aussi je m’étais déjà barrée de la maison des sampi pour faire le point. Mais jamais je ne m’étais absentée autant de temps, sans prévenir qui que ce soit et surtout sans donner le moindre signe de vie, en laissant mes amis s’inquiéter.

_ « Et alors, quand tu es partie faire le point tu ne pouvais pas prévenir ? Tu ne pouvais pas envoyer un simple petit message pour dire : je vais bien, je suis toujours en vie. Mais non tu as préféré te barrer sans donner aucune nouvelle. Que tu veuilles prendre du recul, de la distance est réfléchir ? Oui très bien c’est normal, tout le monde a le droit. Mais de ne pas donner de nouvelles, Ah ça non ! Alors si tu te demandes si je l’ai mal pris, la réponse est oui. J’estime que tes amis ont le droit de savoir que tu es en vie ! Quant à ton mariage, j’imagine que les félicitations sont de rigueur… »

Je ne savais pas vraiment quoi lui dire concernant son mariage. Oui ça m’avait fait rire car c’était quand même une nouvelle assez étrange, surprenante et rigolote, il fallait bien l’avouer. Mais après, en prenant le recul qu’Aidhan aimait tant avoir, je me rendais compte que ça avait un côté assez stupide. Jamais une chose pareille ne pourrait m’arriver mais en même temps, qui étais-je pour juger ? Ce n’était pas ma place, loin de là. Je n’étais pas une sampi pour rien, peace & love, pas de jugement et de peur du regard des autres, c’était en quelque sorte notre credo. Enfin bref, c’était ma façon de penser, et je n’allais pas changer de manière de faire juste pour lui, même si je devais l’avouer c’était assez tentant.
Il me demanda aussi comment j’allais, truc basique que tout le monde demande à ses amis. A vrai dire, j’étais tentée. Est-ce que je lui raconte ma mésaventure de cet après midi ? Ou bien je fais ma mauvaise tête et je ne lui dis que le strict minimum, à savoir le ca va merci. Je ne savais pas trop ce que j’allais faire. J’étais assez rancunière malgré mon côté peace&love. J’étais en temps normal, très ouverte, et je me fichais de ce que l’on pouvait faire contre moi. Mais lorsque l’on me contrariait vraiment, que l’on me faisait une grosse crasse alors que cette personne me tenait vraiment à cœur, oui je devais l’avouer cela me mettait hors de moi. Manque de pot, Aidhan faisait partie des gens auquel je tenais énormément et pour lesquels je n’acceptais pas les crasses que l’on pouvait me faire. Alors non, je n’allais pas lui faire le plaisir de lui dire comment j’allais ou non.

_ « Je vais très bien merci beaucoup. »

Je remontais la couverture bien contre moi, histoire d’être au chaud, bien emmitouflée. J’avais peur d’avoir un peu de fièvre et de faire une infection. J’espérais que non parce que ce n’était définitivement pas le moment pour moi de tomber malade. Mes partiels venaient juste de se terminer, et je devais attaquer très rapidement mon second semestre. Il allait être déterminant pour obtenir mon premier diplôme. J’avais bien l’intention de tout déchirer ce semestre, histoire d’avoir les meilleures appréciations possibles. J’avais bien conscience que pour devenir psychologue, il allait falloir que je me débrouille à avoir les meilleures notes possibles si je voulais avoir la possibilité d’intégrer le meilleur programme possible et de devenir l’une des meilleures dans mon domaine. Oui, il fallait que je cartonne ce semestre, et j’allais m’en donner les moyens. J’espérais seulement que cette vilaine entaille et cet après midi n’allaient pas être synonyme de retard dans mes études. Je ne pouvais décemment pas me le permettre. Et puis, en matière de surf, je devais être en forme aussi. La saison des compétitions allait reprendre d’ici le mois de mars, et il fallait que je sois absolument en pleine forme pour gagner un maximum de compétition. Je voulais garder mon niveau actuel, et faire partie des meilleures. Mais pour ça, il fallait que je m’entraine, et cette blessure gacher un peu tout pour le moment.Aucune blessure physique ne m’avait jusqu’à présent contrainte à arrêter le surf. Seule mon anorexie avait été un soucis dans mon ascension. Il m’avait été difficile de continuer à surfer alors que je pesais si peu en poids et que je ne pouvais à peine tenir debout. Mais tout cela était derrière moi, et j’espérais bien ne pas avoir d’autres soucis physiques pour être prête à fond.