the great escape
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -40%
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + ...
Voir le deal
29.99 €

Partagez

« puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
AuteurMessage
Invité
Invité
avatar

« puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa Empty
MessageSujet: « puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa « puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa EmptyMer 21 Déc - 2:06



« Why do all good things come to an end ? »
Je devrais être habituée au froid, habituée à cet engourdissement qui fait craquer la peau et nous balance dans un état second. Je devrais savoir qu’il vaut mieux rester chez soi, qu’un nez rouge n’est jamais joli et que le reste fait peur à voir. Qu’est-ce que je fous là ? J’observe les alentours, les voitures qui roulent au ralenti, les étudiants qui eux avancent à mille à l’heure et je ne sais pas où me placer. J’ai la sensation de rester figée, de ne pas arriver à me défaire de ces chaînes qui me rattachent à la Russie, de ces chaînes qui me heurtent à la douleur. Vassili est mort. Répète-le encore. Peut-être que tu t’en souviendras Zoïa. Ou peut-être que je ne m’en souviendrais jamais. Peut-être vais-je me réveiller chaque matin avec le même boulot à faire : passer du déni à la colère puis de la colère au chagrin pour finalement revenir à la case départ. Qu’est-ce que ça peut leur faire là-haut que j’oublie les deux étapes les plus importantes ? Qu’est-ce qu’ils en ont à foutre de savoir que j’ai zappé la résignation et l’acceptation ? Rien. Parce qu’ils ont le fils prodige de la famille Vikhrov à leurs côtés et que ça, c’est un super paquet de Noël. Ils en oublient qu’ici bas, il y en a qui ont mal. Ils en oublient que sur Terre, il y en a que l’absence fait crever. Vassili est mort. Ces trois mots déchirent l’intérieur de mon estomac comme un verre de trop m’aurait écorché le foie et je me sens presque obligée de poser ma main sur mon ventre. Je n’en peux plus. Je marche avec l’impression de reculer, je me tiens debout mais tout me tire vers le bas. Rien n’attire mon attention. Ni les enfants qui rient, ni les chient qui aboient. Je crois que je suis perdue entre deux mondes, partagée entre mon frère et le reste de l’humanité. J’dois bien marcher vingt mètres au-dessus de leurs gueules à tous pour me sentir autant à côté de la plaque. J’ai dû me planter de voie, loupé mon train direction l’paradis. Alors je me retrouve ici, perdue en plein milieu de San Francisco, incapable de savoir si la cabane abandonnée dans laquelle Nikolaï se rendait souvent pour réfléchir se situe dans mon dos ou encore loin devant. J’suis épuisée, éreintée, claquée. J’suis finie.

« Excusez-moi, pourriez-vous m’indiquer la cabane abandonnée ? » Il y a ce vieil homme qui semble faire partie du décor, ce vieil homme qui a vécu et a fait vivre. Mes pupilles glissent sur son visage marqué par ces années qui passent et ne reviennent jamais et la culpabilité m’étreint doucement. Qui suis-je ? Rien. Le mutisme dans lequel il se terre fait souffler un vent de tristesse sur mes épaules et bientôt, j’enfouis davantage mon nez dans mon épaisse écharpe, comme si je tentais d’échapper à ce que ses yeux racontent. Regarde-le mon Amour. Tu remarques comme il suinte l’usure ? Et pourtant, si tu savais comme il est beau. Il est usé, a sans doute vécu la guerre, eu des enfants qui ont fini par oublier qu’ils avaient un père, qu’ils avaient quelqu’un qui les attendait quelque part, quelqu’un de plus sûr que l’aventure et l’amour. Il est beau. Avec ses rides, ses yeux gris remplis de sagesse. Ca fait mal Vassi. Ca fait mal parce qu’il y a ce mètre soixante de vie, ce mètre soixante qui me murmure de me battre, de courir avant que ce ne soit trop tard. Et si j’ai pas envie ? Et si je n’en suis pas capable ? Il est beau bon sang. Putain ce qu’il est beau, lui qui a perdu plus de monde qu’il n’en est entré dans ma vie, lui qui continue de repousser le destin. Même si c’est dur. Même si on a souvent envie d’abandonner. Même si on en crèvera tous. « Est-ce que tout va bien mademoiselle ? » La main du vieillard me sort de ma torpeur et je mets quelques secondes à me rendre compte que je suis secouée de tremblements. Barre-toi Vassi, va plus loin. S’il te plaît… « Je… Oui. Il faut que j’aille à la cabane abandonnée. » « Vous voulez retrouver le blondinet qui y passe des heures par semaine, n’est-ce pas ? Tournez, au bout de la rue, et allez jusqu’à la forêt. Ne perdez pas de temps, je devine que ça fait longtemps qu’il vous attend… » Un sourire serein s’étire sur sa lippe et mon cœur loupe un battement. Nikolaï… « Merci mille fois. » « Va belle enfant. Il est temps de rallumer les étoiles. » Un dernier salut avant de prendre la fuite, un dernier salut avant de me mettre à courir, l’espoir accroché aux tripes.

Mes pieds s’enfoncent dans la terre, imitant le bruit d’un froissement. Il est là. La porte du cabanon est fermée et pourtant, je n’ai plus aucune hésitation : celui qui a participé aux plus belles années de ma vie se trouve dans cette petite maison en bois, à l’écart du monde et de son avancée. Alors je parcours les derniers mètres qui me séparent de lui, les derniers mètres qui me séparent de mon passé avant d’ouvrir la porte, déterminée. Il est là. Et ce putain de contraste entre la réalité et la projection que je me faisais de celle-ci. J’ai envie de me barrer, de m’éloigner de lui et de tout ce qu’il dégage. J’ai envie de le laisser pourrir là, au milieu de ses canettes de bière et de ses bouteilles de vodka. J’ai envie de m’envoyer en l’air parce que ça me tue, parce que j’ai beau chercher, je ne retrouve plus une miette de cette complicité qui nous aurait fait gravir des montagnes et bousiller des peuples entiers. Pourquoi t’es là-haut Vassi, pourquoi est-ce que tu nous as abandonnés ? Pourquoi est-ce à nous de se battre ? On ne va pas s’en sortir, j’te jure, on va s’écraser si bas qu’on sera plus foutus de remonter. Tu sais c’est quoi le pire ? On va s’écraser. Mais séparément. On va se bousiller l’un l’autre, jusqu’à ce qu’on en oublie qui l’on est, d’où l’on vient. Tout ça parce que t’es mort Vassili. Tout ça parce que t’es mort et que la douleur est beaucoup trop lancinante à supporter. On est faible, la facilité c’est pour nous. Tiens, ris, ils sont beaux les rois du monde. « Je peux m’asseoir ou tu vas encore me vomir que j’aurais mieux fait de rester en Russie ? » Soupir. « Oh et puis j’m’en fous. Entre nous, ça fait bien longtemps que j’ai arrêté de me dire que tu attendais quelque chose de moi. » Je me laisse glisser contre le bois bouffé par la nature dans un silence pesant, bien plus pesant que les insultes qu’il me lançait au visage il y a moins d’une semaine. Bien moins pesant que son absence, que la mort de Vassi. Que la vie même. Sauve-nous…
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

« puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa Empty
MessageSujet: Re: « puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa « puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa EmptySam 24 Déc - 17:17

« puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa 177185zozozozozo

j'ai pas trouvé de citation encore c'est pas ma faute c'est la faute à camille si si c'est vrai ZOLAÏ


On vit dans un enfer. Dans un putain d'enfer. Si le ciel est bleu, c'est parce que là haut, tout est plus beau. Si la terre à cette couleur de merde, c'est parce qu'ici, on a rien à attendre de la vie. Rien à attendre, à part le moment où l'on finira par mourir, et par pourrir enfin. On ne peut pas être plus bas que terre, on ne peut pas être plus mal que sur cette Terre. Et quand je lève mes yeux vers l'infini, je me dis que toi là haut, tu dois être bien Vassi. Assis au milieu des anges. Je t'imagine chanter avec eux, danser avec eux, rire avec eux. Comme avant. Quand tu étais encore là, quand nous n'étions que des gosses. Quand j'étais assez naïf pour être persuadé que le paradis était sur Terre. Quand je pensais que les anges, c'était nous. Zoïa, toi et moi. C'était le bon vieux temps, celui qui a si vite fichu le camp. Aujourd'hui, tout a changé tu sais. Y'a tout qui part en couille. Moi surtout, je sais. J'ai perdu le nord, je ne me contrôle plus. Oui, je vais voir une psy, mais ça n'arrange rien. On me dit souvent "tu devrais t'faire aider Niko". Ce qu'ils ne savent pas, c'est que seul un miracle pourrait m'aider à sortir la tête de l'eau. Mais je ne crois pas aux miracles. Je ne crois en rien. La seule chose qui m'aide ces jours-ci, c'est l'alcool. Il me réchauffe, m'aide à oublier, me fait me sentir mieux. Même si au fond je n'en suis que plus mal. Et il y a Zoïa aussi, encore et toujours Zoïa. Elle me retourne le coeur. Me le broie, le mâche, l'écrase. Elle va me tuer Vassili. Je l'ai vu l'autre jour. Quelques minutes. Je lui ai gueulé dessus, et je me suis barré. Elle a pas le droit d'être là bordel. Elle doit retourner là-bas. Elle doit disparaître. Je voudrais t'oublier. Même si je t'aime Vassi, il faut que je t'oublie, que j'oublie la Russie, notre enfance. Ça me tue tu sais. Mais je ne pense pas être assez fort pour pouvoir vivre avec ce souvenir. Pour faire mon deuil convenablement. Je crois que ça, c'est impossible. Vas t'en, et prends ta soeur avec toi. Vas toi, et laisse moi. Seul. Oui, laisse moi pourrir tout seul.

Je suis en t-shirt. Mais ça caille. Je crois que la température est dans les négatifs. À la limite, je m'en fiche. Parce que j'ai mon pack de bière, et mes trois bouteilles de vodka à la main. Je les ai achetées tout à l'heure, à l'ouverture du supermarché. Et à travers les feuillages des arbres, je vois le soleil qui se lève. Oui, il se lève, et il se fout de ma gueule. Alors je lui lance un regard noir, et il finit par se planquer derrière un nuage. Il ne reviendra pas aujourd'hui. Ça sera une journée sans soleil, sans lumière. Une journée noire, une journée de merde. La forêt est déserte. Comme à chaque fois que je viens. Pourtant, je ne saurais comment l'expliquer, mais j'ai l'impression qu'on m'observe. Je sais pas si c'est toi là-haut. Si oui, tu risques bien de ne pas me reconnaître. Je vais me détruire. Je vais boire, tellement que j'en aurai la tête à l'envers. C'est pour ça que je m'isole dans cette vieille cabane abandonnée. Parce que là-bas au moins, je pourrais cracher ma haine contre personne, je n'aurais personne à blesser. Car quand je bois de trop, je ne me contrôle pas. Je me transforme en monstre. Je disparais. Et c'est la haine que j'éprouve qui tire les ficelles. C'est elle qui me guide quand je suis saoul. Je marche toujours dans le froid. Je ne sens plus mes pieds, ni mes mains. Mes muscles sont contractés, j'ai la peau blanche. Le froid, ça me rappelle que je ne suis pas encore mort. Ça me pique, et ça brule ensuite. Je tremble, mes yeux pleurent. Mais c'est bien fait pour moi. Je ne mérite que ça. Et encore, la douleur physique ne sera jamais comparable à celle que je peux ressentir à l'intérieur. Celle qui a la rage à l'intérieur de mon corps. L'air glaciale que je respire me déchire les poumons. Et mes expirations laissent des nuages éphémères dans cette atmosphère pourrie. Pourrie par les hommes qui crachent leur merde sans se soucier de leurs gamins qui crèveront asphyxiés. On est tous cons. Tous autant que nous sommes. Et y'en a pas un pour sauver l'autre.

La cabane abandonnée est là. Toute aussi abandonnée que je le suis. C'est peut-être pour ça que je l'aime autant. C'est peut-être pour ça que j'y viens si souvent. Car elle est la seule qui ne m'abandonnera pas, et je suis le seul qui ne l'abandonnerait pas. Ce lieu est mon échappatoire, mon refuge. Le seul endroit où je suis tranquille, où je peux penser, écrire ce fichu journal parfois aussi. Et c'est là-bas que je vais boire. Que je vais me mettre la tête à l'envers. Seul avec mon alcool et ces planches de bois en décomposition. Je pousse la porte, qui grince comme à chaque fois. Puis je la referme derrière moi. Il n'y a aucune lumière ici. Juste celle du jour qui pénètre comme elle peut à travers les planches. Je m'assieds, dans un coin, dans mon coin. J'ai froid, si froid que je ne m'en rends même plus compte. Mes bras nus tremblent sans que je ne puisse les contrôler. Et je ne sens plus mes doigts, qui se saisissent difficilement d'une des canettes de bière. Je vais commencer avec ça. Je l'ouvre, et je la bois d'une traite, avant de la balancer au coin opposé au mien. Puis j'ouvre une bouteille de vodka, et j'en bois une bonne gorgée. Elle me réchauffe le gosier, et je la sens couler dans mon corps. Ça fait du bien. Je bois une autre gorgée, et encore une autre. Ma tête tourne déjà. Et la première bouteille de vodka se vide à une vitesse affolante. Je parie que tu peux pas faire mieux Vassili ! Je parie que… La porte s'ouvre, et grince. Son parfum, je reconnais son parfum. Il me brûle le nez. Pourquoi elle est là putain ? C'est toi Vassi, c'est toi qui me l'envoie ? T'aurais pas dû, si tu savais à quel point t'aurais pas dû ! Et puis ça y'est qu'elle s'assied. "Tu fais c'que tu veux, j'en ai rien à foutre." Je bois une nouvelle gorgée de vodka, un peu trop grosse peut-être. "Puis j'attends rien de personne, et encore moins de toi." Le silence commence à emplir la cabane, qui me semble tout à coup bien trop petite. J'ai l'impression d'étouffer à côté de Zoïa. Il reste un fond dans ma bouteille, mais je l'attrape et je la balance contre le mur en face de nous. Elle explose en mille morceaux dans un vacarme sans nom. Et le reste de vodka s'étale sur le bois pourri. Je me lève brusquement, et je commence à hurler. "T'as pas l'droit d'être là putain Zoïa ! T'as pas l'droit, c'est ma vie ici ! Et j'veux pas d'toi dans ma vie, c'est pas assez clair pour toi ça ? T'es obligée d'insister comme ça ?" J'attrape un morceau de verre qui gise sur le sol je le serre de toutes mes forces. Du sang coule de mon poing serré, et je finis par le rouvrir. J'ai même pas mal. Ma main est tellement glacée que je ne sens rien d'autre que le sang chaud qui coule sur ma peau. "Dégage Zoïa, dégage parce que ça va dégénérer."
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

« puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa Empty
MessageSujet: Re: « puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa « puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa EmptyJeu 29 Déc - 0:23



« This is the bad before the worse and the storm before the storm. »
Que sont les promesses ? Pourquoi sont-elles façonnées avec autant d’intérêt et si peu d’amour propre ? Ma tête se pose contre le bois humide de la cabane abandonnée et, puisque le silence ne se fait pas envoyer valser, des dizaines de questions décident de squatter mon esprit. Que sont les promesses ? Pourquoi sont-elles façonnées avec autant d’intérêt et si peu d’amour propre ? Nous nous transformons tous en putes dès qu’on en vient à parler du passé, dès qu’on en vient à remettre sur le tapis les erreurs qu’on a pu faire, celles qu’on fera le lendemain matin. On se met à baiser en échange du silence, à baiser au nom de la survie. Parce qu’on craint le malaise qui s’installe avec nous autour de la table dès qu’on effleure du bout des lèvres le mot « promesse ». L’homme en a promis des choses. Il a promis qu’il prendrait soin de la nature et c’est pour honorer cette promesse qu’il construit chaque année des buildings plus hauts les uns que les autres, buildings qui s’écraseront un jour contre le bitume qui tue nous poumons. On fait tous des promesses qu’on ne tiendra jamais : s’aimer pour la vie, ne pas s’oublier et puis ne rien oublier. On est tous des peureux face à la solitude, des petits cons devant la peur de mourir seul. Et pourtant, moi, des gens qui s’aiment pour la vie, je n’en ai jamais vus. Et quand j’y pense, même des gens qui s’aiment et crèvent ensemble, j’en ai pas connus. Quand on crève, on est toujours seul. Toujours. J’me demande souvent comment ça s’est passé pour toi mon Amour. Est-ce qu’ils ont été cléments ? Est-ce qu’ils t’ont torturé jusqu'au bout ? Tu avais l’air si calme allongé dans tes draps blancs. Est-ce que tu m’entendais parler ? Est-ce que tu entendais ma respiration et puis mes grands moments de solitude ? Et puis bordel, à quoi tu pensais pour ne pas avoir envie d’ouvrir les yeux une seule fois ? C’était ta vie qui défilait à l’intérieur ? T’aurais pu ouvrir les yeux, rien qu’une fois. T’aurais pu me couver du regard comme tu le faisais si souvent et me promettre que tout irait mieux. Même si c’était faux, même si c’était un mensonge. Parce qu’on sait tous les deux pertinemment que toi, je t’aurais cru jusqu’au bout, jusque dans les abysses de la folie. Alors pourquoi tu n’as rien dit ? T’es un égoïste Vassili. Avant de te barrer au paradis, t’aurais pu me proposer de venir. A croire que tu voulais être le seul roi du monde et que nous, on était de trop. Tu voyais les choses en grand, hein ? J’ose à peine respirer. Chaque souffle crée un nuage blanchâtre et nous enferme dans un genre de bulle où nous ne sommes que tous les deux. Seuls au monde. Paumés jusqu’à l’os. Et lui qui ne parle pas, lui qui se la ferme, s’étouffe avec sa rancune et sa colère. Où se sont barrés ces deux gosses insouciants qui emmerdaient le monde entier tant qu’ils étaient ensemble ? Où est passée la complicité qui leur permettait d’apprécier le monde même s’il était un peu trop gris, un peu pourri ? Je regarde devant moi sans oser croiser le regard de celui qui faisait battre mon cœur à mille à l’heure, de celui qui me donnait envie de me battre. Pour tout. Pour rien. Au nom de la vie, bordel.

« Tu fais ce que tu veux, j’en ai rien à foutre. » Bien. « Puis j’attends rien de personne, et encore moins de toi. » Ordure. C’est trop petit autour. C’est trop petit autour mais tellement grand à l’intérieur. Ma paume se pose instinctivement sur mon estomac et je le caresse doucement, le suppliant silencieusement de remplir le vide qui se creuse depuis que les mots de mon ancien meilleur ami ont pris possession du silence, silence qui vient de retomber. Tranchant. Etouffant. Est-ce que c’est vrai Vassi ? Quand il dit qu’il n’attend rien de moi, est-ce que c’est la vérité ? J’vous déteste putain. J’vous déteste. Et puis merde, j’vous aime. Une des bouteilles de vodka qui jonchait le sol il y a encore quelques secondes s’éclate contre le mur d’en face tandis qu’un sursaut me casse le dos. Et puis les choses s’enchaînent sans que je n’arrive à les différencier, ni même à marquer un arrêt le temps de reprendre mon souffle, le temps de fermer les yeux, de me boucher les oreilles et d’attendre que la tempête passe. « T'as pas l'droit d'être là putain Zoïa ! T'as pas l'droit, c'est ma vie ici ! Et j'veux pas d'toi dans ma vie, c'est pas assez clair pour toi ça ? T'es obligée d'insister comme ça ? » Nikolaï transpire la douleur et le mépris. Et je ne mets pas longtemps à deviner que je suis le fruit de toute cette haine, le fruit de ce dégoût. Alors la flotte me monte à la gueule, mes yeux sont à deux doigts de se noyer dans une eau salée, comme ça, parce que c’est insupportable et que ça me blesse là où personne ne m’a jamais blessée. Je n’arrive pas à détacher mes pupilles de ses muscles tendus, de son poing serré, de ce filet de sang qui dégueulasse ce qui sert de parquet. Il est là, debout, si beau, si triste. Il est là, debout, à moitié mort, seulement ranimé par la colère qui inonde ses poumons. « Dégage Zoïa, dégage parce que ça va dégénérer. » Et qu’est-ce que ça peut me foutre que ça dégénère ? Une balafre de plus, une balafre de moins… Qu’est-ce que ça peut me foutre qu’il nous enterre tous les deux ici, au milieu de nulle part ? On s’fera peut-être bouffer par les oiseaux qui picoreront le peu de vie qui nous restait, à nous qui avions trop souvent joué avec ce que ces autres appelaient communément destin. Peut-être qu’on brûlera là quand la sécheresse aura décidé de décimer ces quatre murs de bois enracinés dans la forêt. Mais ce n’est pas si grave finalement, c’est presque rien tout ça. Tu veux savoir pourquoi mon Amour ? Parce qu’on nous a trop souvent dit que le temps qui passe ne revient jamais, qu’il court des kilomètres devant et qu’il n’attend jamais les gosses perdus. Alors c’est pas si grave de crever ce soir ou demain, de perdre une journée ou même de la gagner. L’important, dans tout ça, c’est qu’un jour, on sera soulagé. Comme toi. Comme eux. « Zolatka… » Il arrive qu’on plonge dans le passé comme ça, sans vraiment y faire attention, à cause d’un souvenir, d’un choc, d’une attention particulière qu’on s’offrait. Zolatka. Petit or. Pépite d’or. J’inspire et le rejoins dans le coin de la pièce, le cœur au bord de la crise, les poumons si près de l’euphorie. Et j’me jette dans l’inconnu, j’me jette là où personne n’a osé s’enfoncer, là où il fait trop sombre pour s’en sortir indemne. Pourquoi ? Parce que j’ai besoin de ce blond, parce que j’ai besoin de lui comme j’ai besoin de personne. Parce que je l’aime, aussi. Comme un meilleur ami, comme un frère, comme l’amour d’une vie. « J’ai besoin de toi Niko. J’ai besoin de toi. Et j’crois que t’as aussi besoin de moi. Vassi doit bien se marrer là-haut. Tu te souviens ? Il disait toujours qu’on était deux grands malheureux, deux gros crétins qui dramatisaient tout. J’suis sûre qu’il se fend la poire et qu’il nous traite de débiles. » J’essaye un sourire que j’efface rapidement : je ne suis pas prête à plaisanter. J’suis même pas capable de me réveiller avec la certitude que mon frère est six pieds sous terre. Et puis il y a ce sanglot qui balance dans ma gorge, ce sanglot qui est bien vite craché dans l’air frais. « Lâche ça, s’il te plait. » Ma main effleure sa paume afin d’y retirer le bout de verre qui s’y trouvait et un frisson me parcourt l’échine. Sensation tenace. Tellement longtemps que je ne l’ai pas touché plus que ça, tellement longtemps que je n’ai pas atterri dans ses bras au beau milieu de la nuit, parce qu’en réalité, il n’y a que là que je dors tranquille. « On devrait arrêter le saignement, tu ne penses pas ? » Je relève enfin le menton pour le regarder. Et je couche avec le désespoir, la culpabilité. Le malheur.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

« puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa Empty
MessageSujet: Re: « puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa « puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa EmptySam 7 Jan - 15:56



Et noyé dans cet enfer, je t'attends. Toi, ma bonne étoile. Car il n'y a que toi pour me sortir de là. Mais tu peux très bien prendre la fuite, refuser de me tendre la main, et me laisser couler. ZOLAÏ


Je saigne. De partout. Le sang coule, comme la pluie tombe. Les gens meurent, comme ils respirent. Comme ça. La Mort enlève des âmes, comme les secondes qui passent enlèvent du temps à ceux qui restent, à ceux qui vivent. Il est facile de mourir, il est facile de partir. Mais ô combien plus difficile de vivre. Il faut se lever chaque matin. Préparer son café, s'habiller, et partir bosser ou étudier. On rentre le soir, crevé. Il faut se faire à manger, laver la vaisselle sale. Et ensuite, il ne nous reste plus qu'à penser à ceux que l'on a perdu, ceux que l'on ne reverra plus. Puis la nuit tombe, et on s'endort. Le pire dans tout ça, c'est que le lendemain, tout recommence. Je n'ai jamais voulu que tu t'en ailles Vassi. Jamais. Qui es-tu, toi là-haut, qui es-tu pour choisir qui doit partir et qui doit rester ? Alors c'est ça la vie, une simple partie d'échec avec le destin ? J'en ai fini avec le destin. C'est bon, j'abandonne, échec et mat. Le truc, c'est que je suis toujours là. J'suis toujours en vie bordel ! Alors que je ne veux plus. Alors que je ne peux plus. Je n'ai plus rien à donner, plus rien à attendre… À part les corbeaux. J'attends qu'ils viennent me dévorer, qu'ils m'enlèvent enfin, loin de cette vie sans espoir. J'attends, alors que toi Vassili, tu aurais sûrement tout donné pour vivre encore, pour être là, à ma place. Je suis pitoyable. Je n'ai pas ta force, je ne l'ai jamais eue. Je ne suis qu'un abruti. Pourtant elle est là. Ta soeur est là, avec moi, dans cette cabane en bois. Elle est là, mais je ne veux pas la voir. Enfin c'est plutôt que je ne peux pas. Parce qu'elle, c'est toi. C'est tes yeux, ton nez, ton menton. Tu me pardonnes… tu me pardonnes de lui faire du mal comme ça ? Je voudrais juste la faire fuir. J'ai besoin d'être seul. Je ne veux pas d'elle. Parce que je sais que je ne serai pas bon pour elle. Et j'ai peur. J'ai peur de la perdre elle aussi. Comme je t'ai perdu toi. Juste comme ça. Comme on tourne la page d'un livre. Comme on met le point final à une phrase. Parce que c'est juste la vie, qu'on y peut rien, et que ça doit finir un jour. Même si j'espère le contraire. Oui, j'espère qu'il y a quelque chose après la mort. Un endroit, bien au chaud, où tout ceux que l'on aime nous attendent. Est-ce que c'est ça ? Est-ce que c'est là que tu nous attends Vassi ? Dis moi que oui, s'il te plait…

Le sang s'échappe de mon poing, en un fin filet qui coule sur le sol en bois. J'ai gueulé ma haine, j'ai craché ma douleur. Sur Zoïa. Elle ne le méritait pas. Elle n'aurait jamais dû venir ici. Se frayer un chemin jusqu'à cette cabane. Elle n'avait pas le droit. Je n'aurais jamais dû lui en parler. J'aurais dû me douter qu'un jour ou l'autre, elle ferait son apparition sans prévenir. Qu'elle pénètrerait dans ma vie pour tout bouleverser. Je suis là, dans un coin de cette cabane, un morceau de verre au creux de ma main, et je saigne. La haine, la douleur, tous mes sentiments se mélangent. Et l'alcool n'arrange rien. L'alcool amplifie tout. J'ai mal au crâne, alors mon autre main, celle qui n'a rien, vient légèrement masser mon front. Puis sa voix résonne et emplit la pièce. "Zolatka…" Mes yeux se ferment. Les souvenirs, depuis longtemps enfouis, remontent doucement à la surface. Toutes ces parties de cache-cache dans nos anciennes demeures, toutes ces fois où Zoïa me forçait à chausser les patins pour aller glisser avec elle. Elle me suppliait toujours en utilisant ce surnom, petit or. Je cédais, à chaque fois. Je cédais devant ses grands yeux brillants, devant son visage enfantin. Et en grandissant, elle n'avait pas changé, elle était restée la même. J'entends ensuite ses pas qui se rapprochent de moi, et lorsque je tourne légèrement ma tête, elle est là, juste à côté. Je baisse les yeux, les sourcils froncés. Et je l'écoute, sans rien dire. "J’ai besoin de toi Niko. J’ai besoin de toi. Et j’crois que t’as aussi besoin de moi. Vassi doit bien se marrer là-haut. Tu te souviens ? Il disait toujours qu’on était deux grands malheureux, deux gros crétins qui dramatisaient tout. J’suis sûre qu’il se fend la poire et qu’il nous traite de débiles." Je ne la regarde pas, mais pourtant je sens son sourire éphémère me caresser la joue, comme pour tenter de me réconforter, de me donner un minimum de force, d'espoir. Mais je n'ai pas la tête à sourire, ni même à espérer quoi que ce soit. J'ai la tête à me laisser crever à petit feu, c'est tout. Ma mâchoire se serre. "Tu crois qu'il se marre toi ? En nous regardant nous détruire comme ça, tu crois sincèrement qu'il se marre ?" Je la regarde, d'un air froid et méchant, lui tournant ensuite le dos. "Si c'est pour dire des conneries pareilles, il vaut mieux que tu te la fermes."

J'ai la gorge qui se serre Vassili. J'ai la gorge qui se serre, parce que ta soeur, je l'aime. Comme je n'ai jamais aimé. Je l'aime d'un amour particulier, unique. Depuis toujours. Mais cette idée me tétanise, alors je la rejette. J'ai toujours refusé d'y penser trop longtemps, préférant me persuader du contraire. Mais elle est là, elle est revenue vers moi, comme pour me ramener à la réalité. Elle est revenue vers moi au pire moment. Je lâche un soupir, désemparé. Et son sanglot vient me briser le coeur, me rappeler que je la fais souffrir. Que je ne suis qu'un con. Et puis il y a sa main, qui vient effleurer la mienne. "Lâche ça, s’il te plait." Le morceau de verre qui m'a entaillé la peau s'écrase sur le sol. "On devrait arrêter le saignement, tu ne penses pas ?" Je pourrais lui répondre violemment, lui cracher à la gueule, comme je sais si bien le faire. Mais je ne fais qu'hausser les épaules. "Mmh." Je me tourne doucement vers elle, le regard baissé, alors que je sens que ses yeux s'attardent sur mon visage. Ma main, celle qui est indemne, attrape la sienne. Doucement, et en silence, j'entrecroise mes doigts avec les siens. Puis je la relâche, me contentant ensuite de caresser le dos de sa main. Sa peau est si douce, et beaucoup plus chaude que la mienne. Je dois sans doute lui donner froid. Ma main remonte doucement le long de son bras, glisse sur son cou et vient se poser sur sa joue. Alors je relève les yeux, plongeant mon regard dans le sien. Je reste là, immobile et silencieux le temps de quelques secondes, avant de faire quelques pas en arrière. Mon coeur se tord dans tous les sens. Ma gorge se serre encore plus fort. J'ai mal bordel. Et ma douleur se retrouve amplifiée par l'alcool. "Laisse moi Zoïa, laisse moi pourrir ici. Laisse moi mourir seul. Je ne mérite que ça. Après tout, je l'ai laissé mourir seul lui aussi." J'ai les larmes qui me montent aux yeux. Je ne peux pas les contrôler. Et elles finissent par tomber silencieusement, par glisser le long de mes joues. Je me retourne, je me retourne parce que je ne veux pas qu'elle me voie pleurer. Je n'ai jamais pleuré depuis que tu t'es envolé Vassi, jamais. C'est la première fois. J'aurais voulu ne pas craquer, être fort pour toi. Mais je ne suis pas fort, je ne l'ai jamais vraiment été. "Vas-t'en Zoïa, laisse moi…" Non en fait reste. Aide moi. Aime moi. S'il te plait...
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

« puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa Empty
MessageSujet: Re: « puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa « puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa EmptyMar 7 Fév - 16:44

-->
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar

« puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa Empty
MessageSujet: Re: « puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa « puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa EmptyMar 7 Fév - 16:45

-->
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

« puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa Empty
MessageSujet: Re: « puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa « puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa Empty

Revenir en haut Aller en bas

« puisqu'on ne sera jamais que la moitié de nous. » ❉ niko & zoïa

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Sujets similaires

-
» « make this go on forever » ❉ terry & zoïa
» « santa claus won't come tonight. » ❉ peter & zoïa
» Atha&lenn ○ À jamais à toi, à jamais à nous.
» Ce ne sera jamais terminé [pv Emy]
» Entre nous, l'amitié n'a jamais eut de limite ...

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
the great escape :: flood and trash :: corbeille rp-