Allistair referma doucement derrière elle la porte du complexe tout en essayant de faire le moins de bruit possible. La main dans une mèche de ses cheveux, signe de sa nervosité bien présente, elle regardait autour d'elle, veillant à ce que personne d'autorité supérieure ne soit présent dans les alentours. Autant l'avouer, elle était morte de trouille. Certes, elle adorait faire la fête et se laisser aller à ses envies de temps à autres, cependant elle n'était pas vraiment du genre à enfreindre les règles, aussi minimes qu'elles soient. Une certaine distance avait beau la séparer encore de l'eau azure et attirante, plusieurs portes également, cependant la musique parvenait déjà à ses oreilles, forte et entrainante. Rapidement, elle posa son sac dans un coin dont elle était sûre de se souvenir en fin de soirée et se débarrassa de la robe qu'elle avait enfilé à la va-vite juste avant de quitter son appartement. Un frisson la parcourut immédiatement. Elle avait toujours été comme ça, frileuse. Elle se dirigea comme automatiquement vers l'une des douches, passant sous l'eau froide appréciant le contact avec l'air ambiant. Une habitude d'enfance : froid plus froid était toujours égal à chaud, comme elle avait pu l'expérimenter par le passé, voila pourquoi elle se préparait toujours à la température basse des piscines par une douche glacée au préalable.

Finalement parée à se 'confronter' aux autres étudiants présents, mais par pour autant complètement à l'aise, elle se dirigea vers le bord de l'eau, un sourire quelque peu crispé au bord des lèvres. Au passage elle salua brièvement bon nombre de personnes avait qui elle partageait un ou plusieurs cours et engagea la discussion avec plusieurs d'entre eux pendant quelques minutes. Allistair n'avait jamais vraiment eu d'amis proches à l'université, cependant, elle appréciait toujours passer du temps avec les gens de sa confrérie, et même avec certains des autres. Lorsque l'une d'entre elles lui proposa une boisson, sans aucun doute alcoolisée, mais avec quel alcool, tout le monde se pose encore la question, elle refusa poliment. Elle voulait bien s'amuser, mais elle n'allait pas se mettre à boire pour autant. Elle n'avait jamais ingurgité ne serait-ce qu'une seule goute d'alcool et elle s'en sortait très bien. Elle opta pour un jus de fruit, certainement là au départ pour être le résultat d'on ne sait quel mélange douteux, mais ça l'importait peu. Une fois son verre terminé, elle se décida enfin à entrer dans l'eau. S'asseyant au bord de la piscine, elle commença par tremper ses pieds, se mouilla la nuque et les bras puis finit par entrer complètement dans l'eau. La sensation était géniale ; elle avait toujours adoré nager, ça la rendait comme libre et sans limites. Mettant la tête sous l'eau une bonne fois pour toute, elle effectua quelques peu nombreuses brasses puis s'adossa contre l'un des bordes de la piscine. Après quelques secondes à contempler, mal à l'aise, ses orteils et à lancer des regards perdus aux gens autour d'elle, elle se jeta finalement à l'eau, et c'était bien le cas de le dire. ━ Salut, bonne soirée ? Elle ne s'adressait à personne en particulier, et sa phrase lui parut bien plus coincée que ce qu'elle espérait au départ, mais il fallait bien que quelqu’un engage la conversation, non ?

Une fête des Alphas était organisée à la piscine universitaire. Un événement rare provenant de la confrérie la plus coincée du campus. Une confrérie qui n’était pas réputée pour organiser des fêtes à tout va et à passer ces soirées bouteille à la main et surtout qui n’avait pas pour habitude d’enfreindre les règles. Et pourtant, je suis fière de montrer que les ALPHAS ne sont pas nécessairement toujours derrière leur bouquin entrain de bosser tout les soirs, à se coucher tôt comme des poules. Ils savaient s’amuser de temps en temps. Du coup, pour honorer comme il se doit ma confrérie, je me devais d’être à cette soirée. Et j’étais d’ailleurs motivée d’y aller. Bon je n’y allais pas forcément accompagnée, mais je savais que là bas, j’y retrouverais sûrement mon meilleur ami Shane et sûrement ma colocataire aussi, Niham. Et puis, j’avais pas mal d’autres connaissances dans la confrérie. Disons que j’ai eu le temps en trois ans de me faire des amis. J’avais rejoint cette confrérie dès mon arrivée à Berkeley. Je ne connaissais personne, moi qui suis canadienne pure souche et je trouvais que c’était un excellent moyen de s’intégrer. Bien sûr, mon choix aurait pu se porter sur une autre confrérie que celle-ci, mais je voulais rejoindre une confrérie qui me ressemblait. Je ne regrette absolument pas, les personnes qui sont dans cette confrérie sont dans la même optique que moi et c’est ce que j’apprécie. Et, même si nos soirées ensemble sont rares, je sais qu’à chaque fois, chacune d’elle réserve son lot de surprise et que c’est loin d’être une soirée où on s’ennuie. Au contraire, les fois où nous faisons la fête sont tellement rares, que lorsque c’est le cas, nous en profitons à fond. Nous la dégustons même. Nous savourons nos fêtes largement plus que les autres confréries, étant donné que nos fêtes sont rares. Mais c’est une bonne chose au final.

Bref, ce soir, je ne travaille pas. C’est mon jour de repos. Et étant donné que je ne veux pas me faire remarquer en éveillant les soupçons quant à mon éventuelle absence et dire à tout le monde que je n’étais pas là parce que j’étais agrippée à une barre dans la boite de nuit où je bosse cinq soirs par semaine, j’ai décidé d’aller à la soirée et d’en profiter un max. Je me prépare donc pour celle-ci en enfilant un simple mini short en jean avec un débardeur rouge. J’enfile quand même une veste sur mes épaules et je quitte ma chambre universitaire. Je me dirige alors en dehors du bâtiment de la confrérie pour rejoindre le plus discrètement possible le bâtiment sportif où se trouve le lieu de la fête. Le lieu en question ? La piscine universitaire. Et oui, nous aussi Alpha nous aimons enfreindre les règles. Je ne rencontre aucun problème majeur pour m’y aventurer et commence à entendre la musique tout à m’approchant du lieu de rendez-vous. Je pénètre donc à l’endroit dit et découvre que beaucoup d’étudiants sont de la partie. Et certains sont déjà en très bon état. Je souris alors, je salue quelques personnes puis me dirige vers le bord de la piscine. De l’autre côté, j’y vois mon meilleur ami, Shane, assis tout seul au bord ayant comme seul compagnie une bière. Je lui fais signe alors et je contourne la piscine pour le rejoindre. Une fois à sa hauteur, je me baisse afin de m’assoir à ses côtés, lui déposant un baiser sur la joue

« Salut Salvadore. Tu sais qu’on est à une soirée et que dans ce genre de trucs, on est censé se lâcher, aller vers les gens, s’amuser ? »

Je le taquinais évidemment. Je ne connaissais que trop bien Shane pour savoir qu’il n’était pas du genre à faire cela. Du moins pour l’instant. J’étais motivé à le tirer par la peau des fesses s’il le fallait pour qu’il fasse déjà un un tour dans la piscine et de deux, qu’il ose s’amuser tout comme le faisait les autres membres de la confrérie ici présent. J’avais évidemment ma petite idée en tête pour le pousser à se lâcher un peu mais pour l’instant, j’en restais au stade où je le mettais à l’aise dirons nous.

« Tu permets ? »

Je lui souriais puis ne lui laissais pas vraiment le temps de répondre avant de lui piquer sa bouteille de bière d’entre les mains pour amener celle-ci à mes lèvres et en boire une bonne gorgée.

Mes yeux se posèrent sur la pendule accrochée au mur de ma chambre. Vingt-deux heures vingt-deux, l’heure de faire un vœu pour les plus superstitieux, l’heure de faire un choix pour moi. Ce soir était un « grand » soir pour la confrérie Alpha : Une soirée clandestine était organisée par Camille et tous les bleus pâles du campus étaient invités. De quoi réjouir la plupart d’entre eux car ils n’avaient pas l’habitude de sortir énormément de notre maisonnée. Pour une fille comme moi qui sortait de cure de desintox, l’euphorie n’était franchement pas au rendez-vous. J’imaginais déjà l’alcool coulant à flot et pourquoi pas des substances illicites. De quoi ranimer mon passé que je tentais désespérément de cacher aux yeux de tous. Sans conviction aucune, j’attrapais l’affichette qui reposait sur mon bureau et que certains alpha s’étaient amusés à distribuer. Début des festivités à vingt-trois heures. Il me restait encore quarante minutes pour me décider. Participera, participera pas ? Dilemme cornélien. Finalement, au bout d’une dizaine de minutes, j’optais pour une participation. Minime certes car j’avais très peu de contact avec les personnes de ma propre confrérie mais une participation tout de même. Faire acte de présence en somme pour ne pas être accusée d’être totalement associable envers les autres. Un code vestimentaire était exigé : Maillot de bain pour tout le monde. Pas étonnant quand on connait l’endroit où se déroule la soirée. La piscine universitaire. Je n’osais même pas imaginer les représailles que notre cher président se prendrait si jamais quelqu’un venait à nous dénoncer auprès du nouveau doyen. Quoi que, après tout, ce n’était pas mon problème. S’il aime jouer avec le feu, grand bien lui fasse. Ouvrant mon placard, je pris le premier maillot que je vis et ensuite direction la salle de bain pour me préparer. Pour ne pas attraper froid durant le court trajet que je devrais faire à pied, je mis par-dessus un jogging et un t-shirt. Rien de bien glamour, m’enfin je n’allais pas draguer non plus. Il était à peine vingt-trois heures quand je sortis de ma chambre. Parée pour cette soirée avec cependant un nœud dans le ventre : Dans quoi venais-je de m’embarquer.

A mon arrivée, je pus rapidement constater que la plupart des bleus pâles avaient répondu présents. Je n’étais encore que dans les vestiaires que j’entendais des cris de joie et des rires résonner. Je me mis rapidement dans la tenue exigée, puis je découvris la piscine totalement relookée pour l’occasion. De la chaine sortait une musique bruyante sur laquelle certains se dandinaient tels des canards tandis que d’autres avaient déjà investi la piscine pour faire quelques longueurs. Un étudiant passa devant moi, un verre à la main. Une lueur vive s’alluma au fond de mes prunelles. La tentation allait être forte ce soir et j’allais devoir lutté comme jamais pour ne pas retomber dans mes travers. Pour l’instant, le plus simple était encore de me diriger vers la piscine et de plonger dedans pour oublier toutes les bouteilles qui m’entouraient. Alors que je m’approchais, prête à nager, j’entendis une voix féminine s’élevait. J’étais assise sur le rebord et je me doutais bien que la phrase ne m’était pas destinée. Toutefois, curieuse je tournais la tête et je vis une jeune femme blonde qui s’adressait à … A vrai dire, aucune idée. Il y avait à la fois tout le monde et personne. N’ayant pas énormément de connaissance et ne souhaitant pas passer ma soirée toute seule sur le bord de la piscine, je lui tendis la main. « Calypso. » Dis-je avec un léger sourire. J’étais bien loin d’avoir fait une entrée en matière extraordinaire mais les relations humaines n’étant pas mon point fort, il fallait faire avec. Puis de cette manière, les présentations étaient faites, la glace était rompue. Je jetais un coup d’œil aux alentours et d’un signe du menton pour lui désigner la foule qui s’agitait dans tous les sens, je repris. « Tu connais quelques personnes toi ? Parce que personnellement, je me sens un peu étrangère à toute cette agitation. » Etrangère à sa propre confrérie, rien de bien glorieux. J’aurai mieux fait de me taire pour une fois parce que je venais de lui démontrer par a plus b que j’étais tout sauf intégrée.

À vrai dire, Allistair avait toujours adoré faire de nouvelles rencontres, cependant on ne peut pas dire qu'elle avait énormément d'amis. Certes, c'est une personne très sociable et des plus généreuses, cependant elle n'accorde sa confiance que très difficilement et ses vrais amis peuvent être comptés sur les doigts d'une main, comme dit l'adage. Pour elle, la notion de 'meilleur' n'a jamais signifié grand chose. Bien sûr, elle apprécie certaines personnes bien plus que d'autres, comme Lou, par exemple, mais elle n'a jamais aimé se référer aux gens comme ses 'meilleurs amis'. Le seul 'meilleur ami' qu'elle ait, et même, ça la dérange presque d'utiliser ce terme, c'est son père. La seule personne qu'elle considère supérieure à n'importe qui, la seule personne pour qui elle ferait vraiment tout et n'importe quoi. La relation qu'elle entretient avec son géniteur est presque fusionnelle, et beaucoup de gens, notamment les collègues de son père, sont étonnés par ce lien qui les rassemble. Eux aussi avaient rêvé d'une fille passionnée par le ballon rond, cependant, ils n'ont eu 'que' des jeunes filles rêvant d'être des princesses. Allistair n'a jamais été comme ça. Elle assume ce qu'elle aime, elle s'intéresse aux passions des autres et c'est comme ça qu'elle lie des liens, grâce aux points communs qu'elle se trouve avec les gens. Et c'est ce qu'elle avait espéré en venant ici : trouver quelqu'un qui s'intéresse à ses idées, à ses passions, mais pourtant, personne n'avait vraiment l'air de lui porter attention. Du moins, jusqu'à ce qu'une main fasse apparition dans son champ de vision et qu'une voix inconnue s'adresse à elle. Levant le regard, ses yeux croisèrent ceux de la jeune femme, tout aussi clairs que les siens. Son visage lui disait vaguement quelque chose, peut-être l'avait-elle déjà croisée sur le campus, mais rien de bien concret, voila pourquoi elle se saisit de la main que la jeune brune lui tendait. ━ Niham, ravie de voir que certains sont encore assez sobres pour réagir. Elle ponctua sa phrase par un rire tinté d'exaspération mais pas pour le moins sincère. Autant l'avouer, le fait que la dénommée Calypso lui ait adressé la parole la rassurait; passer sa soirée seule dans une piscine alors qu'elle était entourée d'une tonne de gens l'aurait passablement ennuyé, soyons honnêtes. Et il y en avait du monde. Pourtant, ses yeux se perdant dans la foule, elle ne put reconnaître que très peu de gens. ━ Je crois avoir aperçu ma colocataire dans les parages et deux trois personnes avec qui je partage quelques cours, mais si ça peu te rassurer, je crois être autant perdue que toi. Certes Niham-Isleen adorait passer du temps à décompresser, et elle aurait adoré connaitre l'étendue de sa confrérie, cependant ses études étaient sa priorité et si elle était venue à Berkeley c'était avant tout pour quitter l'établissement avec un diplôme en poche et non pas pour perdre son temps à diverses bêtises. Certains, et même beaucoup, trouvaient son raisonnement un peu coincé mais elle avait toujours été comme ça et personne ne la ferait changer. N'appréciant en rien le silence qui s'était installé depuis déjà plusieurs minutes alors qu'elles venaient à peine de se rencontrer, Allistair réengagea la conversation pour empêcher quelconque malaise de s'installer. ━ Sinon ça fait longtemps que tu es là ? je veux dire, à Berkeley. Après tout, elle ne connaissait absolument rien de la jeune femme, et elle adorait en apprendre plus sur les gens. Elle espérait juste que Calypso ne la trouverait pas trop envahissante, car ce n'était en rien son but. C'est juste qu'elle était comme ça; directe et en aucun cas elle ne tenait sa langue.

D’accord, Maya n’était pas forcément friande de tout ce qui touche aux soirées en grand comité, mais là, ce n’était pas n’importe quelle « party » comme disent nos amis d’outre manche, il s’agissait d’un rassemblement d’intellos à lunettes, de cerveaux plus illustres les uns que les autres, tous plus prêts à connaître enfin un degré de débauche dépassant le seuil zéro. Autrement dit, l’intérêt de la blondinette avait tout de suite été piqué au vif, non pas qu’elle n’ait le rôle d’une perverse parmi les perverses, mais elle avait appris ce que signifiait le mot « amusement » depuis quelques semaines et depuis, elle s’y accrochait comme une bouée de sauvetage ; car il n’était pas question de faire étalage de ses problèmes de santé lors de cette soirée. Pour la peine, la jolie japonaise avait même dépoussiéré son plus beau bikini, composé de deux pièces d’un noir de geai ne portant que quelques petits strass sur le haut du tissu. Là dedans, plutôt que d’affoler les foules et avoir une irrépressible envie de se cacher afin d’éviter tout contact physique incongru, elle allait tâcher de passer une soirée agréable, de ne pas cracher dans la soupe en refusant tout verre d’alcool lui étant proposé et, surtout, elle allait faire connaissance avec ses différents camarades alphas, notamment avec ceux qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam. Vu sous cet angle, la perspective d’une telle rencontre aurait dû la pousser à arriver à l’heure, au moins. Mais n’est pas héritière Kammiya qui veut, et comme beaucoup d’autres filles de richards comme elle, Maya s’était plu à ne faire se fier à l’horaire, à prendre son temps avant que la journée ne finisse et qu’elle ne se rende effectivement compte que le moment de son « rendez-vous » arrivait à grands pas. Ce n’est que cinq minutes avant qu’elle s’était hâtée pour prendre une douche, coiffer le Bronx qui lui servait de chevelure et se mettre à courir à travers les couloirs de Berkeley en vue de ne pas être la dernière arrivée. Comme quoi, il n’existait qu’une blonde au monde à se pointer comme une fleur, en retard en prime, mais avec ce panache tout à fait indéniable.

« Helloooooo les bleus ! Désolée, je suis grave à la bourre, mais emploi du temps de fou… J’ai loupé quelque chose ? »

L’énergumène sachant jurer pire qu’un charretier et tout juste vêtu d’un peignoir en soie venait de se pointer, d’ouvrir la porte de la piscine de l’université avant de ne se hâter de se mettre en maillot de bain. Au menu, peu de gens connus hormis Camille, qu’elle connaissait depuis des lustres, et à qui elle se permit de faire la bise. En dehors de ce charmant jeune homme, il y avait bien évidemment Shane, mais celui-ci n’eut évidemment pas le même traitement de faveur : On ne pouvait pas dire que c’était l’amour fou entre eux et Maya ne préférait pas que qui que ce soit ne se fasse de fausses idées. C’est fou comme sa maladie avait diamétralement changé sa façon de cacher sa véritable personnalité…De personne discrète elle devenait parfois aussi aiguisée et dure que la lame d’un sabre de samouraï. Elle se plu donc à ne faire que hocher la tête avant de serrer la main aux autres convives, toute prête qu’elle était à devenir aussi douce qu’un agneau pour l’occasion. Après tout, Maya, on l’aime ou on la déteste. La demi-mesure n’a jamais existé dans son monde si particulier de nénette adoptée.

« Enchantée en tout cas, moi c’est Maya. Excellente idée, le coup de la soirée piscine…Qui a eu l’idée au fait ? Camomille a sûrement organisé, mais histoire que je sache devant qui me prosterner… »

Ne pas tout prendre au premier degré concernant cette ardente petite blondinette. Maya était adepte du second degré et ce soir, il n’était pas question de se vexer au premier propos énoncé de travers. La preuve, elle s’était empressée de s’emparer d’une bière et de lever la cannette à l’attention de l’assemblée de manière tout à fait solennelle, afin de boire à la santé des convives déjà présents. C’était en soi différent de d’habitude…

« On attend encore du monde j’espère ? »

Les autres personnes de ma confréries s’amusaient comme des enfants à la piscine municipale un mercredi après-midi et plus je les observais avec leurs sourires heureux, plus je me disais que je n’étais pas grand-chose à faire ici. Je ne fais pas partie de cette catégorie de jeunes qui s’amusent pour un rien. Je me sentais comme un poisson hors de son bocal : totalement perdue et désorientée. Je ne devais mon salut qu’à la jeune femme blonde qui avait osé émettre un son à l’adresse de tout le monde et personne à la fois. Il fallait avec du cran pour ouvrir la bouche alors qu’il y avait toutes les chances au monde qu’elle n’ait pas de retour. J’avais dû la croiser une ou deux fois dans les couloirs de la maison des bleus pâles mais je ne la connaissais absolument pas outre mesure. Impossible de mettre un prénom sur les traits fins de son faciès, c’est pourquoi dans un élan de curiosité, je me présentais avant de lui tendre la main. Mon père m’avait toujours appris que la politesse était la base de toute relation amicale. J’avais beau ne pas être la fille la plus sociable du campus universitaire, je savais me tenir un minimum. Et si je souhaitais me fondre dans la masse pour ne pas rester seule dans mon coin durant les prochaines, je devais y mettre du mien. Autant commencer tout de suite. Je lui souris légèrement tout en hochant la tête à ses paroles. Elle n’avait pas foncièrement tort. « Enchantée Niham. Et ne t’inquiète pas, niveau sobriété, on ne peut pas faire mieux. » Lâchais-je tout en laissant échapper un rire quelque peu sarcastique. Parler d’état sobre à une ancienne alcoolique et drogué. La situation avait de quoi faire rire à gorge déployée. Toutefois, l’autre Alpha ne pouvait pas être au courant de mon passé, je ne pouvais pas lui en vouloir pour cette malheureuse parole. A cet instant, je vis un étudiant passer non loin de non, une bouteille dans chaque main. Mes yeux se détournèrent immédiatement pour ne pas avoir à subir la torture que représentait cette vision. J’entendis à nouveau la voix de Niham tinter dans le creux de mes oreilles. Un soulagement intense m’envahit. La discussion repartait sur un autre sujet, ce qui était parfait. « Mon colocataire a quitté la confrérie, il y a peu de temps alors à part le président Camille, il n’y a aucun visage familier. » Avouais-je sur un ton neutre. Adieu Cameron et bonjour la vie en solitaire. J’étais comme un vieux loup en retrait de la meute. Au lieu de l’intégrer, je m’en éloignais tous les jours un peu plus. Ce détail me fit réaliser que je ferai bien de me mettre dès le lendemain à la recherche d’un ou d’une colocataire histoire que j’essaye de me faire au moins un ami au sein de ma propre fraternité. Notre conversation s’arrêta durant plusieurs minutes. Je ne savais pas sur quoi enchaîner alors je préférais garder le silence plutôt que de débiter un flot de banalité sans nom. J’ouvris la bouche pour répondre à mon interlocutrice lorsqu’une blonde fit son apparition. Entrée et grande pompe, on ne pouvait pas la louper. Elle s’exprimait avec une assurance hors norme et même si mon chemin n’avait jamais croisé le sien je me doutais qu’elle devait faire partie des emblèmes des Alphas. Tout mon contraire. Détournant mon regard des convives, je reportai mon attention sur Niham. « Je suis ici depuis à peine six mois. Je suis arrivée pour la rentrée. Je suis originaire de Londres. » Déclarais-je sans entrer dans les détails. Raconter ma vie dans ses moindres recoins n’était pas ma spécialité. Et garder un brin de mystère et son jardin secret n’était pas un mal non plus. « Et toi ? » La questionnais-je à mon tour.