15:00 s'affichait à ma montre. J'étais étalé sur mon lit, les yeux fixant le plafond d'un blanc impeccable. J'avais foutu le bordel sur les quatre murs de la pièce. Photos, mais surtout dessins. Portraits, maisons, paysages. J'avais refait une tapisserie à l'aide de punaises, scotch et autres moyens de fixation. Bref, je ressemblait une véritable loque, mon casque sur les oreilles, au milieux d'une exposition surchargée. Mais j'étais terriblement bien, dans mon monde. Mes pensées défilait. Ça donnait quelque chose du genre : Saucisses, lentilles, perspectives, bang, violet, j'ai faim, gin, orgasme, échelle des mesures, Marvin. Oh bordel, pourquoi chacune de mes réflexions aboutissait toujours à lui en ce moment ? Au final, tout tournait autour de ce grand brun ténébreux. Pourtant, je ne l'appréciait pas plus qu'un autre. Enfin si, disons qu'il avait quelque chose. Ce regard joueur et mesquin dont il avait le secret: Quand il le posait sur moi, je me sentait entièrement confiante. Un truc étrange et fascinant. Une sensation inédite. Ce genre de sensation que vous n'avez qu'avec une seule personne dans votre vie. Comme lorsque vous croise un inconnu dans la rue. Une chaleur indescriptible qui vous traverse le corps, puis, plus rien. Merde, il faut que ce mec sorte de ma tête. Il couche plus souvent qu'il ne respire, j'en suis sur.
Je tentai un demi tour sur le matelas, et, complètement obnubilé par la musique, je manquai de perdre l'équilibre sur le bord de lit et me rattrapai justesse. Je grimaçais, en attrapant mon téléphone dans la poche arrière de mon short en jean. Dans un dernier soupire de surprise, je m'étalait de tout mon long sur le sol en gueulant. Vraiment, quand je comatai allongée, j'étais bonne à ne rien faire. Même bouger de 10 centimètres m'était fatal. J'écrivit, temps bien que mal, encore assommé par la chute.

To : Marvin Nightingale Bonjour, il est 15h et je m'ennuie dans ma chambre. Ramène toi, sauf bien sur si tu es encore une fois de plus avec une de tes conquêtes...Bref, je me comprends.

Je me relevais péniblement, retirait mon casque que je lançai sur le lit. Si j'attendais une réponse ? Pas vraiment. Et encore moins sa venue ici. A vrai dire, j'avais l'impression de faire ça juste pour l'énerver, l'agacer, ou du moins le faire réagir. Je voulais le comprendre, le cerner, l'avoir. Dépasser d'une tête toutes les poufs qu'il se tapent. Même si j'en était une parmi tant d'autre. Je désirai toujours l'unanimité de chaque personne. C'est un peu égoïste, certes. Je ramassais un carnet de note par terre, et le fit voler jusqu'à mon bureau. Je rangea pendant 10 bonnes minutes ma collection de bouteille par ordre croissant, décroissant, alphabétique. Je m’apprêtais à faire une galipette sur mon lit pour aller fumer une cigarette à ma fenêtre, lorsque la poignée de la chambre s'abaissa. Je posais un regard malicieux mais étonné.

Jill - J'étais loin de m'imaginé que tu viendrais, en faite.

Je contournais le sommier, pour éviter de paraître encore plus stupide qu'il ne me croyait déjà. J'ouvrait la fenêtre et sortit une blonde du paquet. Une légère brise s'engouffra dans la pièce. Je prenait un air désinvolte face à lui, alors que si ça ne tenait qu'a moi, je lui aurait déjà sauter dans les bras. En vérité, j'en avait terriblement envie, mais je me contentais d'allumer ma cigarette, avant de le regarder de haut en bas et de lancer sur un ton amical.

Jill - Laisse moi deviner...Je suppose que tu ne bossais pas tes cours...Aucun rapport sexuel dans l'heure...Je te vois mal être bénévole à la cafèt... T'es malade ?

J'émit un rictus maladroit en soufflant la fumée dans l'air frais de l'après-midi.

Jill - Un chagrin d'amour, peut être ?

Oh bordel Jill, tait toi un peu. Il finira bien par remarquer que tu t’intéresse à lui, de loin ou de près.

Il est maintenant quinze heures passées, cela doit faire presque deux bonnes heures que je suis en train de transpirer sur ces machines dans notre salle de sport. Mon père a récemment investi pour quelques machines d'entretin, à mon plus grand bonheur évidemment. Je me suis rapidement approprié les lieux car c'est un peu un isoloir, une pièce où je me laisse aller pour me vider la tête. Il m'arrive même d'y venir m'y réfugier après mes soirées trop arrosées. Je suis là, la respiration haletante et le corps luisant sous les efforts alors que ce même corps tente de soulever des poids de plus en plus lourds, comme s'il repouse ses propres limites. Puis finalement, une pause. Quelques minutes seulement, histoire de retrouver un souffle correct et de boire une ou deux gorgées d'eau mais soudainement mes pensées se bousculèrent à l'écoute d'une musique. Pourquoi ai-je allumé cette foutue chaine hifi ? Mon monde s'arrêta subitement de tourner et une personne me vint à l'esprit. Cette musique, j'aurais presque envie de la haïr. Don't stop the party, ouai. ça c'est elle, c'est moi, c'est nous. Jill. Et merde, pourquoi je pense encore à elle hein ? Pourquoi elle et pas une autre au fond, je ne tiens pas à elle plus qu'une autre du moins - c'est ce que j'essaye de me convaincre depuis plusieurs jours. Non, c'est tout simplement pas possible. Mais cette fille, reste un mystère pour moi. Un gros point d'interrogation qui m'appelle et m'interpelle à longueur de journée. Cette fille, c'est ce sourire malicieux et ce comportement désinvolte qui me repousse alors que son regard m'invite à la prendre dans mes bras. Cette fille, c'est des soirées de dingues, des gueules de bois interminables, c'est un jeu dangereux, c'est une attirance indéniable. Cette fille, j'en viendrais presque à dire que c'est moi, au féminin évidemment. C'est ce truc étrange que je ressent lorsque je la croise dans les couloirs, c'est ce truc encore plus effrayant que je ressens lorsqu'elle est en compagnie d'un autre mec. C'est.. un truc jamais vécu jusqu'à présent, et que je n'aurais préféré peut-être jamais vivre. Merde alors, faut que j'arrête de penser à elle. Comme si elle s'interresserait à moi, elle doit avoir des mecs bien mieux à ses pied alors stop Marvin. Je soupirais alors en me grattant la nuque, me levant d'un bond en attrapant une serviette pour me frotter le visage mais la sonnerie de mon iphone m'interpella. Qui est-ce donc, aujourd'hui ? Je n'ai pourtant aucun rendez-vous de prévu ? Curieux, j'attrapais le cellulaire et fut presque troublé de voir que le message reçut provient de cette personne à qui je pensais il y a quelques minutes. Merde, et re-merde. Ouai, je devrais lui répondre qu'elle me dérange en plein ébat tiens, ou alors pas répondre du tout. Elle s'en poserais des questions tu crois ?

From : Jill Bonjour, il est 15h et je m'ennuie dans ma chambre. Ramène toi, sauf bien sur si tu es encore une fois de plus avec une de tes conquêtes...Bref, je me comprends.

Grimaçant, je restais là. Immobile durant de longues secondes, hésitant à répondre ou non. Et finalement, non. J'allais d'un pas calme vers la chaine hifi pour l'éteindre puis, sortit de la pièce pour aller me doucher. Une douche froide ouai, ça me fera du bien et au moins je penserais à autre chose. Peut-être. Mais en vain. Voilà que je repenses à cette phrase qu'elle m'avait écrite "sauf si bien sur si tu es encore une fois de plus avec une de tes conquêtes, bref je me comprends" oui, et moi que dois-je comprendre là dedans ? N'importe quel mec aurait tout de suite assimilé ces mots à de la pure jalousie et aurais lu entre les lignes "ramène toi, viens me voir je ne te veux que pour moi " mais non pas moi, ça ne peux pas être le genre de Jill. Une fois douché, j'enfile bien vite un jean que j'accompagne d'un teeshirt assez simple, moulant mais pas trop. Je me coiffe, tout aussi rapidement et attrape mes clés ainsi que mes clopes. La carte bancaire peut-être ? Ouai, qui sais où l'on pourrait finir.

Et en dix bonnes minutes, me voilà devant sa porte en train de grimacer. J'y vais ou j'y vais pas ? Oh puis merde, j'y vais. Toquant légèrement, je ne prit même pas le temps d'attendre une réponse que je franchissais déjà le seul de la chambre. Me voilà sur son territoire, voilà que j'avais franchis ses limites et donc me voilà presque en train de perdre le contrôle de la situation. Et a en juger le comportement qu'elle adopta dès mon arrivée, elle ne comptais pas y aller de main morte.

- Et dis moi donc, pourquoi ne serais-je pas venue, Jill ? lui lançais-je alors en la regardant s'éloigner, ne me retenant pas pour la regarder de haut en bas. Non, elle n'a pas changé. Oui, elle me fait toujours autant craquer et non, elle ne le saura pas. J'avais insisté sur son prénom de la sorte car elle n'aime pas ça, tout comme je n'aime pas le fait qu'elle se comporte ainsi avec moi. Affichant alors un petit sourire, je contournais le sommier pour aller jusqu'à elle où je m'appuya contre la fenêtre pour sortir à mon tour une blonde de son étui. Bon, oui je commence par une cigarette; je vais pas débarquer ici et lui faire fumer ma weed en deux temps et trois mouvements. Je n'eus même pas le temps de reprendre la parole qu'elle enchaîna tout en affichant un rictus maladroit.

- Non je bossais pas mes cours, tu devrais le savoir j'suis pas de ce genre. Je bossais dans la salle de sport si tu veux savoir.. et non, aucun rapport de prévu pour le moment. Peut-être ce soir, j'en sais rien répondit-je alors en affichant un sourire narquois. Elle voulais jouer ? D'accord. Soufflant ma fumée dans l'encadrement de la fenêtre, je posa mon attention sur la jeune oméga qui n'en perdit pas une pour me lancer un nouveau pic.

Jill - Un chagrin d'amour, peut être ? et là, le silence. levant les sourcils en signe d'incompréhension, je pris plaisir à ricaner tout en recrachant ma fumée délicatement. elle est sérieuse là? elle est jalouse à ce point ? wow, non allez je me fais des films c'est dingue. faut que j'arrête d'ailleurs, j'aurais pas du venir ici.

- Ca doit être ça ouai, un chagrin d'amour. haussant les épaules en tirant sur ma cigarette, je repris aussitôt non allez arrête sois sérieuse tu t'ennuie à ce point pour que tu m'invite presque à te rejoindre ? t'es sûre que c'est pas toi qui est malade hein ?

Faut vraiment que j'arrête de croire n'importe quoi hein, après c'est elle qui se mettra à croire n'importe quoi de moi et on sera dans une belle merde. Puis, elle s'en rendra bien compte un jour qu'elle me plait non ? Enfin, j'espère. Mais à me voir, je me plains de son comportement désinvolte mais j'fais pas mieux. Pauvre con, j'suis même pas fichu de la prendre contre moi et encore moins de lui déposer une bise. J'évite les familiarités on va dire, mais de toute façon entre nous c'est toujours comme ça; un jour tout va bien et le lendemain tout va mal. Fuis-moi je te suis et suis-moi je te fuis, c'est un peu ça. Une sorte de jeu tel que le chat et la souris, qui se cherchent inlassablement. C'est pas qu'une question de sentiment, y'a une question d'égo la dedans. Nous avons chacun notre part dans ce jeu, mais aucun de nous deux ne cherche à y mettre fin bien au contraire, nous l'alimentons de jour en jour tout comme je nourris ce sentiment étrange en moi lorsque je suis à ses côtés.
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Et je restais là, à la fenêtre, incapable de faire ce dont j'avais envie, soit lui sauter dessus et l'embrasser sauvagement. Mais non, mais non, il fallait savoir rester digne, simple, et mystérieuse. Se faire désirer, en somme. Sauf que l'autre aussi se faisait désirer dans ce principe. Au final, l'attirance mutuelle nous faisait perdre un temps infini, alors qu'on aurait pu passer un bon moment sous les draps. Mais ceci n'est pas de les moeurs, alors nous tacherons de rester correct. Je fumait ma cigarette paisiblement, appréciant le léger courant d'air rentrant dans la chambre. Je me retournai. Une photo accrochée au dessus du lit se souleva légèrement au passage d'une brise contre le mur. C'était une photo de Marvin, en soirée. J'avais un tas de photo de tout le monde, j'avais un tas des dessins de toutes mes connaissances, et d'un grand n'importe quoi de maison, d'appartement, de cage d'escalier, de salle de bain, de balcon, de terrasse, de forêt, de plage, d’hôtel, d'immeuble, d'animaux bref...Une tapisserie à ma façon.

Marvin - Ca doit être ça ouai, un chagrin d'amour. Il hausse les épaules et tira sur sa cigarette. Non allez arrête sois sérieuse tu t'ennuie à ce point pour que tu m'invite presque à te rejoindre ? T'es sûre que c'est pas toi qui est malade hein ?

Il essayait donc de me piéger ? Effectivement, j'étais en position de faiblesse. Après tout, c'était lui qui était venu ici après ma demande. C'était moi qui voulait le voir à la base. Lui n'en avait strictement rien à foutre, jamais il n'aurait pris l'initiative de venir toquer à ma porte, même épris par le plus puissant et triste des ennuis. Non pour lui, je n'étais rien. Quelle conne. Je le savais en plus, mais je m'accrochais. Il y a toujours ce semblant d'espoir, qui transforme un regard banale qu'il pose sur vous en une déclaration secrète. Jamais au grand jamais je pourrais effleuré ses lèvres avec une passion sentimentale. Du sexe, rien que du sexe. D'la baise, rien que de la baise. Mon visage se défaisait au fur et à mesure que j'y pensais. La fumée âpre de la cigarette me brûlait la gorge. Je me sentais conne.

Jill - Très drôle... Je baissais les yeux. J'avais tellement envie de dire : T'es qu'un con, embrasse moi, je te veux. C'est pour ça que je t'ai demandé de venir, j'en ai marre de faire l'innocente face à toi. Je suis bien dans tes bras, sur tes lèvres, j'ai envie de rire, d'aimer, merde. Je vais bien, je crois. Je dois être à moitié folle, in fact. Le ton de ma voix força quelque peu, vexée dans mon amour propre : Et puis t'étais pas obligé de venir.

C'est vrai, ça. Après tout, il n'était pas obligé. Il aurait pu me renvoyer braire loin, et ne jamais me revoir si cela avait été son choix. Mais non, il était là, a côté de moi, en train de fumer à la fenêtre. La clope sociable, celle que tu fumes en présence de quelqu'un à qui tu ne sait quoi dire, pour combler le silence affable d'une conversation morte. J'étais déja à la moitié de ma cigarette. J'avais envie de poser ma tête sur son épaule. Il y a 5 minutes, je croyais qu'il n'en avait rien a faire de moi. Mais là...Peut être que...Non Jill, arrête de te faire des espoirs. Je n'osait même pas le regarder dans les yeux. Tout celà me fit sourire, aucun garçon ne m'avait jamais mis dans un état pareil. Je me sentais perdre pied. Je voulais qu'il me rattrape. J'étais déjà à la moitié de la clope. Angoissée ?

Jill - C'est sympa nous deux quand même. Enfin, c'est un peu chiant. Je sais jamais ce que tu penses en fait...? Je m'éclaircit la gorge et posait un regard faussement confiant mais amusé sur lui. Avoue le que je suis géniale, je sais que tu le sais.

Je fit une petite moue, et haussa les épaules, innocente. Je cherchais à lui faire dire ce que je voulais entendre. Je voulais qu'il me rassure, par les mots ou par les gestes, mais qu'il me dise que je n'étais pas rien. Pas une fille comme tant d'autre. Pourtant c'était ce que j'étais. Et dans cas, je voulais qu'il me le dise, clairement, qu'il me crache à la gueule. J'hurlerais des jours et des semaines, puis je l'oublierais et je passerais à autre chose. Du moins je l'espère. Je regardais ma cigarette de consommer seule. Et j'espérais silencieusement : Peu importe la vérité, arrête de jouer à ce jeu stupide, et dit moi tout... Et pourtant je savais que ma fierté ne m'en ferais pas en faire autant.

Il a suffit d'un message, témoignant de son semblant de jalousie pour que je fasse apparition dans sa chambre. Bon éivdemment, inutile que je m'attende à un accueil explosif et chaleureux. Inutile que je l'imagine me sauter au cou et me couvrir de baisers ou même qu'elle n'ose m'avouer que je lui manque et qu'elle crève de jalousie lorsqu'elle me voit près d'une autre. Je sais pertinemment qu'elle se renfermera sur elle même ou alors, jouera la forte face à moi afin de me déstabiliser. Dans quel but ? Je soupire bruyemment. Appuyé contre le rebord de la fenêtre, l'un à côté de l'autre sans même que nous parvenions à nous décrocher un mot, voir même un simple regard. Je me retenais, comme jamais. De lui sauter dessus, de l'embrasser sauvagement. Le truc, c'est que je veux qu'elle me désire. Qu'elle me montre qu'elle en a envie elle aussi, qu'elle me montre son impatience. Mais elle aussi, sais se faire désirer. On se retiens inlassablement, on se prive comme deux gamins qui affrontent la timidité du premier rendez-vous; sauf qu'ici c'est loin d'être le premier rendez-vous, et que ce scénario se répète à chaque fois.

Jill - Très drôle... me répondit-elle simplement, avant de reprendre Je vais bien, je crois. J'haussais les épaules d'un air peu convaincu mais mon regard se fit plus rond à l'écoute des mots qui suivirent Et puis t'étais pas obligé de venir.

Elle m'énerve. Comme si je m'étais senti obligé de venir ici, de répondre à son invitation. Un nouveau soupire se fit entendre alors que je tirais une énième fois sur ma cigarette. Comme si je cherchais à me calmer sur cette dernière, en vain. Pourquoi réagit-elle ainsi putain, pourquoi est-elle si froide ? J'suis pourtant persuadé qu'elle meurt d'envie de se coller à moi, en tout bien et tout honneur mais enfaite non même pas. Rien. Elle reste là, à fixer ce mur personnalisé à sa manière. Je me reconnais sur quelques photos, sur certaines je suis seul et sur d'autres, elle est près de moi. Sur ces photos, on sourit. On dirais un couple, on est bien et on transpire le bonheur. C'est si dur à comprendre ? Même un aveugle le comprendrait. Elle s'attends sûrement à une réponse mais non, je n'en prendrais pas la peine. Ca m'énerve, royalement qu'elle pense cela de moi. Je tue le silence à ma manière, en fumant et me perdant dans mes pensées. Je sais que de son côté, elle doit en faire de même. Elle doit même se torturer l'esprit à se poser milles et une questions, à se dire ceci et cela. Peu importe, elle reprit la parole d'une voix néanmoins plus délicate. Allant même jusqu'à afficher un léger sourire.

Jill - C'est sympa nous deux quand même. Enfin, c'est un peu chiant. Je sais jamais ce que tu penses en fait...? me lança t-elle en posant son regard sur moi. son air faussement confiant ne m'intimidait guère mais ce sourire amusé me rendait dingue. comment peut-elle me poser ce genre de question en ayant ce genre de sourire ? elle s'amuse de tout. elle s'amuse de moi, de nous. je le sais, je ne suis qu'un mec de plus. qu'un oméga avec qui elle prend son pied de temps en temps et avec qui elle aime s'afficher pendant les soirées. mais à part ça ? ouai, c'est sympa. elle vient de le dire, mais quoi d'autre ? elle veux savoir ce que je pense. et puis encore sérieux ? Puis, elle reprit la parole Avoue le que je suis géniale, je sais que tu le sais. et là, le spectacle. tel une enfant, elle fit une petite moue en haussant les épaules. son regard digne du chat botté me coupa le souffle. au fond de moi, j'aurais aimé lui dire ces mots que je retenais au fond de moi. par fierté sûrement. non, enfaite c'est encore plus compliqué que ça. j'ai peur qu'elle en rigole, qu'elle rigole de ce que je ressent et me nargue. qu'elle me craque presque à la gueule en me disant que je rêve, que je n'suis rien pour elle et que je n'serais jamais rien. J'étais là, appuyé sur le rebord de la fenêtre à un petit mètre d'elle et je regardais le mur face à moi tout en fumant ma cigarette. Tentant de me calmer, je tirais bouffée sur bouffée jusqu'à presque en fumer le filtre. Beurk, quel con ! Une grimace se dessina sur mon visage avant que je ne jette mon mégôt par la fenêtre pour reposer mon regard froid sur Jill.

Marvin - T'es géniale ouai, mais avoue que tu l'es encore plus lorsque t'es prêt de moi ?

J'affiche un sourire très léger, esquivant sa question tant bien que mal. Mais est-ce la solution, fuir ce que je pense et ce que je ressent ? Pas vraiment. Je la regarde, sans retenue et je n'ai qu'une envie; la serrer contre moi et la couvrir de baisers. Lui murmurer des mots doux, sentir son souffle et son parfum. Et merde. Je déraille totalement. Mais subitement, je me redresse et m'approche d'elle. Elle veux des mots, elle veux savoir ce que je pense afin d'être rassurée de ne pas être une fille de plus c'est ça non ? Sans réfléchir je la prends délicatement contre moi, sans un mot. Appuyant mon menton sur le haut de sa tête alors qu'une de mes mains se glisse dans sa chevelure avant que je ne murmure à nouveau

Marvin - Arrête de te prendre la tête j'ten prie.. Oui c'est sympa nous deux, et moi aussi j'trouve ça chiant. J'trouve pas pas assez sympa, mais j'trouve ça aussi trop chiant. Je déteste faire semblant, mais avec toi ca devient presque une obligation avouais-je alors sans trop penser à ce qu'elle pourrait en tirer comme conclusions. Je me pinçais la lèvre, comme si je voulais retenir les mots de ma bouche mais ceux-ci ne supportent sûrement plus d'être gardés au fond de moi Tu sais jamais ce que je pense en effet car j'oserais jamais te dire c'que je pense ni c'que je ressent Jill.. suite à ces mots, un silence. un silence qui m'apaisa durant une ou deux secondes J'ai trop peur que tu penses que ca soit un jeu..

Et voilà sûrement l'affiche de l'année. D'ici quelques secondes, elle me repoussera en ricanant, elle plantera un regard froid dans le mien et m'enverra chier. Oui j'avoue, je le mérite car c'est bien trop souvent moi qui a ce rôle auprès de la gente féminine. Mais cette fois, c'est pas pareil. Elle n'est pas comme les autres. Jill, c'est Jill. Jill, c'est moi au féminin. Jill c'est mon double. Jill, c'est une femme. La mienne, c'est décidé mais elle n'en saura rien. C'est un sourire craquant, un rire cristallin, une voix délicate, un regard pétillant. C'est un tout. Une femme parfaite, ma femme parfaite. Je reste là, contre elle. Fermant les yeux et respirant le plus doucement possible. J'espère, j'espère silencieusement qu'elle lève son regard dans le mien et m'ouvre son coeur. Qu'elle me l'ouvre enfin je dirais mais je sais que je rêve, que c'est tout simplement impossible.
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