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 |  Sujet: On the beach by sunrise Mer 20 Juil - 17:50 | |
| Lendemain de soirée.
Ou plutôt, quelques heures à peine après. Cade avait plongé dans un sommeil de plomb une fois rentré dans sa chambre d'hôtel, mais la sieste n'avait pas été particulièrement longue. Quatre heures après s'être couché, ni fourbu ni vraiment reposé, il sortit du royaume des songes pour revenir au monde réel. Première chose qu'il fit : vérifier à côté de lui ; personne. Soulagé, puisqu'il ne se souvenait pas avoir ramené qui que ce soit, comme il ne se souvenait pas plus que ça de la fin de cette nuit, il s'assit au bord. Les pieds posés à plat sur la moquette moelleuse, il secoua sa tête et cligna des yeux.
Il avait faim.
Après avoir inspiré et expiré profondément, il entreprit de se lever, et alla se faire une grande tartine au beurre de cacahuètes, en silence, pour ne pas réveiller son camarade de chambrée. Tranquillement, il mangea la tartine tout en se servant un verre de jus d'orange, et alla faire couler un filet d'eau dans la douche pour avoir une bonne température en entrant.
La douche faisait du bien. Une serviette enroulée autour de la taille, il se rasa, se nettoya le visage, et se brossa les dents. Après une soirée, c'était bien connu, les priorités au réveil étaient toilettes → manger → nettoyage complet. Ceci étant fait, il s'observa un petit moment. Il commençait à oublier le spectre de douceur qui pesait sur son cœur, mais il revenait, parfois, dans un élan de nostalgie. Alors qu'il passait le bout des index sur ses paupières grisées par la fatigue, il se demanda ce que faisait Janessa, à ce moment. Avait-elle déjà intégré Harvard, et l'équipe de cheerleaders locale ? Arriverait-elle à bien s'intégrer ? A Berkeley, elle avait passé des années avec un groupes d'amies bien soudé, et le changement risquait d'être difficile.
Pendant qu'il se passait une crème anti fatigue sur les paupières, il hésitait à prendre des nouvelles ; mais il y renonça bien vite. Elle était partie, et elle saurait s'adapter, et construire une nouvelle vie là-bas. Elle trouverait chaussure à son pied ; et cela ne faisait que le miner.
Il fallait qu'il fasse quelque chose, qu'il s'aère ! La chambre sentait le renfermé ; il ouvrit les volets et entrebâilla les fenêtres du séjour pour faire circuler un peu d'air. Il faisait encore sombre, dehors, mais une traînée turquoise, là-bas, à l'horizon, par-delà la mer, annonçait que le jour se lèverait bientôt. Il ferait aussi chaud que l'enfer, dans les rues de Cancun, dans moins d'une heure.
Alors, avant d'aller se réfugier dans une salle climatisée à attendre les frères et sœurs Gammas qui devaient descendre l'un après l'autre pour raconter leurs anecdotes de cette nuit, il se décida à sortir, et alla chercher un short de bain propre, qu'il enfila rapidement, avant de récupérer une serviette de plage sèche et de quitter la chambre. Il laissa un mot à son camarade pour lui souhaiter une bonne journée, et fila.
Le sable était encore chaud de la veille, et il était si fin qu'il ne crissait pas entre les oreilles de Cade. Le jeune homme inspira à fond, profitant du silence relatif de la ville qui se remettait de la soirée d'hier en préparant celle de ce soir, et de l'air vivifiant de l'aube mexicaine. Il était déjà venu dans le Yucatan, pour un projet de fouilles, et il en avait un de prévu encore pendant cet été. Le climat était tout aussi étouffant, tropical ; mais là où il menait ses fouilles, il n'y avait pas les eaux du Golfe de la Mer des Caraïbes pour aller se rafraîchir. Pour lui, la plage, c'était ce qui pouvait faire de n'importe quel coin de cette péninsule un paradis sur terre.
Laissant sa serviette sur le sable, à distance respectable du rivage pour éviter qu'une forte marée l'emporte (on n'est jamais trop prudent), il trottina en direction des flots et plongea, d'un coup, tête la première. L'eau était encore plus chaude que l'air à cette heure-ci, ce qui ne durerait pas ; mais elle restait à une température où on s'y sentait comme un poisson dans l'eau. Doucement, les soucis s'envolèrent, tandis que Cade nageait, nageait, droit devant lui, jusqu'aux bouées qui délimitaient la limite de baignade. Lorsqu'il en agrippa une, il s'arrêta, sortit la tête de l'eau, et reprit son souffle, se passant une main sur le visage et dans les cheveux pour écarter les filets d'eau salée. Il se sentait vivant, ici, loin de la terre ferme, et loin du monde, pourtant si proche, qui l'attendait avec tous ses problèmes et ses papiers à remplir.
Il resta là, un moment, à profiter de sa tranquillité, doucement bercé par les flots. Le soleil pointait maintenant au-dessus de la ligne d'horizon, gros disque éblouissant de clarté. Et puis, comme si un signal lui avait ordonné, il repartit en sens inverse, nageant, plus tranquillement, vers le rivage. Il était maintenant pleinement réveillé, calmé, tranquillisé. Il était prêt à prendre cette nouvelle journée avec le sourire, et de profiter de toutes les nouvelles rencontres qu'il lui serait donné de faire. Un jour, sa mère lui avait dit qu'on ne devait laisser personne sur le bas-côté. Cade avait des progrès à faire, certes, mais il essayait de créer un contact avec toutes les personnes qui croisaient sa route, qu'importaient les circonstances, et qu'importaient les premières impressions.
En arrivant sur la plage, il émergea des vagues, ramena ses cheveux trempés en arrière, et repéra sa servietten qui l'attendait un peu plus loin. Alors qu'il se dirigeait vers elle, il remarquait, aussi, qu'il n'était plus seul sur ce coin de plage (il y avait des gens sur la plage, mais, à cette heure-ci, ils étaient bien éparpillés et peu nombreux). Le garçon prit sa serviette, la secoua pour en retirer le sable, et s'essuya le visage, pour pouvoir observer la personne qui s'était installée là et qu'il n'avait pu vraiment détailler à cause de l'eau salée qui lui dégoulinait devant les yeux.
C'était une jeune femme, plutôt (très) jolie (ravissante), qui s'était allongée là et faisait la bronzette en feuilletant un magazine féminin ; sûrement people. Cade l'observa, sans détailler pourtant avec insistance les courbes de son corps comme pas mal de badauds l'auraient fait, tout en s'essuyant rapidement. Il se demandait qui elle était, ce qu'elle faisait là. Elle lisait un magazine en anglais (au vu des gros titres aguicheurs et multicolores qui bardaient les pages), elle devait donc être américaine ; ou anglaise. Peut-être même était-elle de Berkeley ? Il ne se souvenait pas l'avoir vu.* Ben la meilleure façon de trouver une réponse à toutes tes questions est d'aller les lui poser, mon p'tit gars. * Cade était bien d'accord avec lui-même, encore une fois. :0978:
Alors, sans s'imposer ni la tirer brusquement de sa lecture, soit en faisant preuve de politesse et de tact, il s'agenouilla à côté d'elle, assez loin pour ne pas paraître trop lourd, et, son sourire du matin encore scotché au visage, il parla d'une voix douce et amicale.« Hi. » Tranquillement, il attendit qu'elle porte son attention sur lui, et se présenta. « Excuse-moi de venir t'aborder. Moi, c'est Cade, et je me demandais : tu ne serais pas de la BCU, toi aussi ? » 
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