De toute la visite qu’ il avait fait au parc l’ après midi, Elyott retenait plusieurs choses. En premier lieu, le garçon se souvenait de la mini fugue qu’ il avait faite avec Maïa Dawson dans le but de rejoindre le centre équestre, fuite qui non seulement n’ avait pas le moins du monde été remarquée par les instituteurs mais qui lui avait donné le sentiment que les absences n’ étant pas remarquées, elles pouvaient avoir lieu le plus souvent possible et, c’ était certain, il recommencerait dès l‘ occasion se représenterait, si possible avec la petite fille qui l‘ avait accompagnée, qu‘ ils soient tout les deux ou avec d‘ autres amis. Ensuite venait dans les idées de l’ enfant la forte envie qu’ il avait éprouvée de poser ses lèvres sur celle de Maïa, désireux de savoir quel sensation cela faisait quand on embrassait quelqu’ un. S’ il s’ était retenu au dernier moment, craignant que l’ enfant ne se mette à courir en plein milieu du centre équestre en hurlant à quel point ce qu’ il venait de faire était dégoutant, Elyott s’ était promis d’ essayer le plus tôt possible, avec la petite ou avec une fille plus âgée. Et enfin venait le fait le plus intéressant, celui selon lequel la jeune Dawson l’ avait invitée à venir à la maison ou elle vivait au cours de la soirée. Sur le coup, Elyott avait parlé presque sans réfléchir lui semblait il maintenant, et plus le moment d’ aller chez Maïa approchait, plus l’ enfant Weelsher espérait qu’ un événement inattendu vienne foutre en l’ air la soirée qui était prévue. Si aller dormir chez un de ses amis ne l’ aurait pas gêné le moins du monde, parce qu’ il savait que les chambres de Bryan, d’ Andrew, d’ Eoghan, de Jonas et autres camarades de classe étaient des plus rassurantes parce qu’ elles regorgeaient de jouets pour garçon, allant des petites voitures de police et des camions de pompier jusqu’ aux game boy, Elyott considérait comme une toute autre affaire le fait d’ entrer dans la chambre d’ une fille. Il n’ aurait jamais du accepter, en y réfléchissant. Il aurait du inventer une excuse bidonnée, une connerie qui n’ aurait peut être pas tenu la route mais qui au moins lui aurait évité d’ aller chez la jeune Dawson. Prends ce que tu veux mais tu joueras avec moi aussi avaient été les mots de Maïa lorsqu’ ils avaient parlé des jouets alors qu’ ils discutaient dans le parc. Et c’ était bien cela qui, si sur le moment cela avait paru normal à l’ enfant, restait désormais en travers de la gorge d’ Elyott. Elle pouvait toujours courir, songea un vague instant le jeune garçon avant d’ essayer d’ imaginer quelque chose d’ agréable à jouer avec une fille. Papa et maman, par exemple, lui permettrait sans doute de poser ses lèvres sur celle de la plus jeune, le jeu donnant à la chose un côté tout à fait normal. Et même si quand il y réfléchissait, ce côté était le seul intéressant que pouvait avoir le jeu, cette pensée avait fait sourire Elyott qui dès lors n’ avait presque plus pensé qu’ a voir Maïa, quitte à supporter la marelle, les poupées, la dinette, tout le rose et autres idées qu’ il se faisait des jouets pour les filles. De toute façons, la jeune Dawson lui avait bien dit qu’ il pouvait emmener des jeux et il ne s’ était pas privé. Son avion téléguidé, son camion de pompier sa game boy, sa collection de petites voitures avaient ainsi fusés dans le sac à dos qu’ il avait préparé pour la nuit à venir. Avec le sentiment d’ être fin prêt après avoir terminé de bourrer le sac en question, le jeune Weelsher se rongea légèrement les ongles, jetant un regard anxieux sur son univers de garçon qu’ il quittait pour la première fois en direction de la chambre d’ une fille et non pas d’ un autre garçon. A voir le regard nerveux que l’ enfant jetait sur la pièce, on aurait cru qu’ il allait mourir durant la nuit et qu’ il ne la reverrait plus, ou du moins pas avec le même regard si jamais il venait à survivre. Quoi que dans un sens, s’ il venait à être aperçu sur le trajet vers la maison de Maïa par un de ses camarades, mourir était peut être préférable à avoir une vie sociale toute à fait ruinée de son point de vue enfantin, lorsque ses amis se rendraient compte en en parlant par la suite entre eux qu’ il n’ était pas allé chez un garçon.

Les mains croisées sur sa poitrine, chacune tenant la bretelle du sac à dos du côté opposé, Elyott attendait en face de la porte du logement ou il trouverait la petite fille, se mordant l’ intérieur des gens jusqu’ a presque avoir mal pour cacher son anxiété. Dans quelques instants, après l’ ouverture la porte, il se trouverait probablement en face de Maïa à moins que cette dernière ne soit restée en arrière, et lorsque ce fut chose faite, l’ enfant ne trouva pas d’ autre chose à faire que de poser son regard sur Alcide, se mordillant plus qu’ avant l’ intérieur des joues sans ne pas savoir quoi dire sinon deux mots qu’ il murmura en regardant Maïa et sa mère, et qu' il trouva lamentables lui-même tellement il devait transpirer la gêne en les prononçant :


« Euh.. Bonsoir.. »

Si la vie avec un enfant avait d’abord eu pour Alcide tout d’effrayant, finalement, dans la réalité, il s’était vite rendu compte qu’un gosse, ça n’avait rien de terrifiant et que, moyennant quelques aménagements dans sa vie quotidienne, les seuls changements vraiment conséquents n’avaient rien de déplaisant. Le professeur avait, petit à petit, acquis l’impression d’être ce que l’on pouvait appeler un « père célibataire ». Sauf qu’il n’était pas le père d’Elyott et qu’il n’était pas un célibataire pur et dur, puisqu’il aimait plutôt la compagnie des représentantes de la gent féminine. Au fond, grâce aux conseils qu’Edward lui avait prodigués avant l’arrivée d’Elyott, van Stexhe trouvait qu’il se débrouillait plutôt bien… ou en tout cas pas trop mal. Bien sûr, l’homme avait dû se mettre à pratiquer des activités qu’il avait délaissées jusque là, à commencer par la cuisine, mais à cinquante ans, se rendre compte qu’on a encore pas mal de choses à découvrir dans la vie, c’était plutôt rassurant.

L’enseignant avait pris l’habitude d’organiser sa vie autour du centre de gravité qu’était devenu le jeune Weelsher pour lui. Aussi ne sortait-il plus comme avant, préférant ne pas être trop souvent absent du quotidien de l’enfant, parce qu’il savait pertinemment qu’il lui fallait un exemple masculin, à ce petit bonhomme, quelqu’un qui puisse lui servir de référence… et pour cela, il avait fallu changer certaines choses dans ses propres habitudes. Toutefois si, au début, ça avait été un peu difficile, maintenant, avec un peu de recul, Alcide était persuadé que tout était mieux comme cela, tant pour Elyott que pour lui. Ce n’était pas plus mal.
Et puis, tous les jours, en allant conduire et rechercher son filleul à l’école, van Stexhe avait l’impression d’élargir son cercle de connaissances. Quand il était devant les grilles, à attendre son petit protégé avec les parents venus chercher leurs enfants, il n’était pas rare que se noue une conversation. C’était ainsi qu’Alcide avait fait la connaissance des parents de Bryan, de ceux d’Andrew et de ceux d’Eoghan, très certainement les trois meilleurs amis d’Elyott. Des gens fort sympathiques, qui, malgré la différence d’âge évidente avec l’enseignant, avaient quelque chose de commun avec lui, puisqu’ils étaient tous dans le rôle de responsables d’enfants. Ça créait des liens, ce genre de choses.

Ce jour-là, l’école d’Elyott organisait une sortie dans un parc, pour lequel il avait fallu donner une autorisation parentale pour permettre aux enfants d’embarquer dans le car qui allait les conduire jusqu’au petit coin de paradis où il était prévu qu’ils passent une journée inoubliable. Une petite excursion à laquelle Alcide n’avait vu aucune raison de s’opposer, bien au contraire, il aimait bien l’idée d’organiser de petits séjours dans des parcs, dans un environnement plus naturel que la cour de récréation. Et puis, vu la variété d’âge des enfants, ça ne pouvait qu’être bénéfique pour Elyott qui avait un peu trop l’habitude d’évoluer dans un monde d’adultes plus ou moins jeunes.
De son côté, van Stexhe passait une journée normale, entre des cours à donner, des travaux à analyser, des articles à lire et des envies inassouvies de sortir, de voir du monde et de s’amuser un peu. Rien de bien extraordinaire…

Jusqu’à ce qu’il aille chercher son filleul à l’école, vers seize heures, et que celui-ci lui apprit qu’il avait été invité à dormir chez une fillette prénommée Maïa. D’après ce que le petit garçon lui avait dit précédemment, cette enfant était plus jeune que lui, mais ils s’entendaient bien tous les deux. Et c’était une des rares filles qu’Elyott autorisait à graviter dans son cercle de relations scolaires. Le jeune Weelsher avait confié à sa copine le numéro de son parrain, afin que les adultes puissent organiser au mieux cette soirée et cette nuit. Et, apprenant cela, l’homme ne put s’empêcher de penser qu’il pouvait en profiter pour inviter une personne qui lui était chère à passer la soirée ensemble… Puisque la maman de la fillette était une femme qui était venue à l’école lire des contes aux enfants, Alcide était plutôt confiant. Elyott avait parlé d’elle en termes élogieux et Al savait donc que son filleul allait être entre de bonnes mains.
Cependant, lorsque son téléphone portable sonna, Alcide tomba des nues. D’abord parce qu’il était indiqué que la personne qui le contactait n’était autre que la jeune femme qu’il avait songé inviter… ensuite parce qu’il s’avéra que mademoiselle Dawson était la mère de la petite Maïa.

Sur le coup, à vrai dire, Alcide était resté sans voix quelque temps. Heureusement qu’Eileen l’avait contacté par SMS, car sinon, elle aurait pu croire qu’il hésitait à lui confier son filleul. L’homme avait alors été très franc, disant carrément à la jeune femme qu’il aurait aimé profiter de l’occasion pour l’inviter à passer la soirée avec lui… de fil en aiguille, tous deux avaient tenu des propos devenant proches des confidences… et Eileen avait finalement convié Alcide à passer la soirée au manoir de la grand-mère maternelle de Maïa. Amusante coïncidence, van Stexhe s’était alors dit que miss Dawson vivait chez ses parents. Soit. Ce n’était qu’une idée fugace qui lui traversa l’esprit durant quelques instants seulement.

Il avait fallu préparer le sac d’Elyott. Celui-ci avait bourré un sac à dos avec un tas de jouets et Alcide avait tout de même vérifié qu’il ait bien pensé à emporter ses affaires de toilette, des sous-vêtements et des vêtements.

Il était convenu que l’homme apporterait du vin rouge pour la soirée et il était donc passé rapidement dans une boutique spécialisée où il avait tenté, tant bien que mal, d’expliquer ce qu’il désirait comme breuvage. On finit par lui faire goûter un vin chilien dont il ne retint pas le nom, mais dont il acheta quatre bouteilles, songeant que dans de telles situations, il fallait toujours prévoir plus, quitte à laisser le surplus chez leurs hôtes.
S’il avait eu le temps, van Stexhe serait allé fouiner dans quelque magasin pour acheter un jouet pour Maïa, mais il ne connaissait pas du tout les goûts des petites filles. Et Elyott n’était pas plus avancé que lui dans le domaine. Alors il avait opté pour une solution de facilité et avait choisi d’acheter un DVD de Disney, tout simplement, laissant son filleul le conseiller.

A dix-neuf heures, l’homme et son filleul arrivèrent à Caroll Street, là où se tenait la demeure de la mère d’Eileen. Alcide se gara dans l’allée, un peu impressionné par la taille de la bâtisse. Il était sûr qu’il pourrait se perdre dans les dédales de couloirs que devait receler ce manoir ! Et là, sortant de l’Audi, van Stexhe se chargea de prendre le DVD et les bouteilles de vin pour laisser Elyott frapper à la porte. Le petit garçon avait l’air un peu gêné, mais quand la porte s’ouvrit et qu’il vit apparaître la jeune femme qui travaillait si assidûment sur Shakespeare, le professeur eut immédiatement un sourire.

"Bonsoir Eileen…" Il ne savait pas trop comment la saluer. Pas question de serrer la main. Le baisemain, c’était démodé. Et la bise… c’était peut-être encore un moindre mal…
Ce fut donc ce qu’il choisit comme option, avant de se pencher vers la fillette qui restait un peu en retrait. "Salut… Maïa, je présume…"

Evidemment, qui cela aurait-il pu être d’autre ? A moins que miss Dawson ait deux filles, Alcide ne pouvait pas s’être trompé. Avec un sourire un peu contrit, van Stexhe se redressa pour faire face à l’étudiante.

"Quatre bouteilles de vin rouge, j’espère qu’il sera à votre goût… comme vous le savez, je suis loin d’être un spécialiste…"

Et dire qu’au départ il devait y avoir que Maïa, Eileen et Elyott. Et finalement, Alcide est également de la partit. Autant dire que ça gêne un peu la petite. De un, parce qu’elle ne le connait pas plus que ça et deux parce qu’elle voulait être toute seule avec son ami. Chose qui est tout à fait normal lorsqu’on invite un enfant à dormir à la maison le soir même. Enfin bref, Maïa fera avec. Elle n’est pas obligée de rester dans le salon avec deux adultes. Elle peut très bien joué dans sa chambre avec Elyott au lieu de les écouter à parler de chose d’adulte. D’ailleurs, c’est même obligé qu’Eileen dise à sa fille de ne pas venir dans le salon pendant toute la soirée. Allez savoir pourquoi. En tout cas, les deux enfants avaient de quoi s’amuser ce soir. Evidemment, Maïa est une petite fille différente des autres. Question jouets. Et oui, ce soir elle ne va pas proposé à Elyott de jouer à la poupée ou je ne sais trop quel autre jeu de fille. Non, au contraire. Si ses souvenirs sont bons, il y a un souterrain dans la maison, une cave ou le noir fait très souvent son apparition. Une petite frayeur pour ce soir ? Pourquoi pas. La fillette adore avoir peur ! Surtout lorsqu’elle est en si bonne compagnie. Elyott ne doit pas avoir peur du noir, enfin en tant que Macho il doit certainement un petit peu avoir la chair de poule. Maïa verra bien ça ce soir. Elle a bien l’intention de lui faire découvrir les cachots du manoir de sa grand-mère. Le manoir est très vieux, il a plus de milles ans. Enfin c’Est-ce que Naomie raconte après ce n’est pas sur que la petite fille y croit. Pour elle, c’est un nouveau bâtiment construit il y a très peu de temps. Il se peut que les deux enfants tombent nez à nez avec des crânes ou des os d’autres animaux. Voir même des humains. C’est vraiment vieux comme endroit, même si la petite n’en as pas réellement conscience. Elle comptait vraiment s’amuser ce soir, la maison est vraiment grande. Alors de plus, si le cache-cache intéresse le petit garçon ça serait une vraie partit de plaisir. Rien que d’y penser, Maïa en avait l’eau à la bouche - je ne sais pas si ça se dit comme ça /sbaff/ - et donc elle avait son programme de ce soir en tout cas.
Après c’être légèrement endormi devant la télévision, au bout d’une bonne demi heure, elle sursauta lorsqu’elle entendit la sonnette retentir. Elle fut toute en joie et se précipita vers la porte en attendant l’arrivée de sa mère. Elle se positionna simplement derrière elle, légèrement caché. Maïa n’avait jamais rencontré Alcide et donc, elle avait un peu peur de voir à quoi il ressemblait. Eileen ouvrit la porte et les deux hommes faisaient apparitions. Deux hommes, pour deux femmes. Elle n’est pas belle la vie. Maïa regardait cet homme, il est grand, il est pas mal non plus, mais il a de la barbe. Alors, Maïa regarda sa maman avec un air assez bizarre. Elle n’aurait sans doute pas cru qu’il serait aussi vieux, c’est sans doute l’effet de la « barbe » qui fait ça. Bref, elle s’écarta tout doucement en regardant le vieux monsieur la saluer tout en se demandant si c’était bien Maïa. Evidemment c’est bien elle. Elle restait en retrait, un peu gêner. Elle est très timide et n’ose jamais parfois, en tout cas elle restait poli avec ses invités. « Bonjour.. » dit-elle d’une petite voix tout en mettant son doigt dans la bouche. Vous savez, quand une petite fille est gêner elle fait souvent un petit truc avec sa bouche en y mettant son doigt sur ses lèvres. Enfin bref, elle resta collée contre sa mère avant de voir Elyott rentrer. « Salut ! » Dit-elle un peu plus joyeuse. Il était là, enfin. Elle allait pouvoir passer une bonne soirée. C’est d’ailleurs la première fois qu’elle invite quelqu’un à venir coucher à la maison. On verra bien par la suite, ce que nous réserve cette soirée. Le grand monsieur avait quatre bouteilles dans ses bras, Maïa fut très surpris. En plus c’est pour l’apéro, Maïa et Elyott ne boivent pas d’alcool. Elle voulut faire une réflexion du genre « pis nous ont boit quoi ? » sauf qu’évidemment, Eileen avait du jus d’orange, jus de pomme et ainsi de suite dans le frigo. Alors elle ne disait rien en restant souriante. Elle avait très envie d’embêter le monsieur, malgré qu’elle ne le connaissait pas assez pour l’ennuyer. Et Eileen, ne risquerais pas d’apprécier. Ensuite, la jeune maman demanda à la fillette de montrer la chambre pour qu’Ely puisse déposer ses affaires. Maïa souriait, elle regarda le garçon en lui faisant signe de la suivre. Elle monta les nombreux escaliers du Manoir pour enfin arriver à une immense porte. Elle se mit sur la point des pieds et parvient alors à ouvrir la porte. « C’est ma chambre, enfin quand je viens ici. » Chose surprenant, il n’y avait pas de jouets de petite fille. Si ce n’est qu’un faux four en plastique pour enfant et deux trois bricoles genre assiette, verre, fourchettes et couteaux en plastique. C’est rare que Maïa joue à la dînette. Bref, le garçon devait certainement ce demandé à quoi elle joue lorsqu’elle vient ici. « Elyott, j’ai un jeu pour tout à l’heure. Tu as peur du noir ? » Demandait-elle au petit garçon. Tout d’abord, elle voulait s’assurer qu’il n’est pas peur du noir. En attendant sa réponse, elle s’installa sur le lit couvert d’une couette avec des chevaux de couleur noir dessus.

La gêne que ressentait le jeune Weelsher s’ envola presque instantanément lorsqu’ il aperçu sa camarade qui le salua d’ un air joyeux. Le garçon adressa un sourire à la petite, cessant de se mordiller l’ intérieur des joues avant de reporter le sourire en question sur la mère qui venait de l’ embrasser sur le front et enfin sur Alcide près duquel il serait sans doute rester collé si Eileen n’ avait pas demandé à Maïa d’ aller montrer sa chambre. Les mains pressant toujours les bretelles de son sac à dos, Elyott n’ accorda plus d’ importance aux adultes autrement qu’ en y pensant et commença à suivre son amie à travers les escaliers du manoir. Montant chaque marche en songeant qu’ une demeure pareille devait être magnifique à visiter et en se demandant quelles sortes de jeux Maïa pourrait lui proposer, Elyott finit par esquisser un sourire lorsque la petite s’ arrêta devant une porte, qu’ elle ouvrit en se dressant sur la pointe des pieds. Elle entra alors dans la pièce qui lui servait de chambre, quand elle venait ici du moins précisa la petite, et le jeune garçon la suivit avec un sourire, content de voir enfin à quoi ressemblait la chambre d’ une fille. Ce fut à se moment qu’ il se mordit la lèvre, se rappelant avoir oublié le DVD acheté pour Maïa en même temps que le vin entre les mains d’ Alcide. Tant pis songea finalement Elyott, Eileen le donnerait à sa fille soit au cours de la soirée soit le lendemain quand l’ enfant et son parrain seraient partis. Et, en constatant qu’ a par quelques jouets ici et la, comme un four et des quelques couverts en platisque, aucun jouet faisant vraiment « fille » ne trainait dans le coin, l’ enfant Weelsher en oublia totalement de songer un instant de plus au DVD. Regardant Maïa bizarrement, se demandant à quoi elle pouvait jouer l’ espace d’ un instant puis se rappelant qu’ elle avait dit que la chambre n’ était à elle que lorsqu’ elle venait ici et en déduisant qu’ elle devait en avoir une autre ailleurs, plus féminine sans doute, Elyott sentit à nouveau un sourire se peindre sur son visage lorsque la petite parla du noir, d’ un jeu qu’ elle lui proposait à condition qu’ il n’ ait pas peur de l’ obscurité. C’ était évident pour Elyott, et même s’ il l’ idée lui était venue d’ être effrayé par les endroits sombres, il ne l’ aurait pas précisé de peur de passer pour un lâche. Ce fut donc en continuant de sourire qu’ il répondit, sur un ton qui montrait fortement l’ intérêt qu’ il avait pour la proposition soudaine de son interlocutrice :


« Noir, plus noir que le cheval du centre équestre ? Bah ! Bien sur que non, on commence le jeu quand tu veux. »


Posant son regard sur la pièce, observant les chevaux miniatures en jouet disposés sur le lit ou Maïa était allée s‘ asseoir, le jeune Weelsher semblait vouloir retenir le maximum d‘ informations sur la chambre, à la manière d‘ un dessinateur qui se représentait mentalement et le mieux possible un endroit pour pouvoir le reproduire - ou dans le cas d‘ Elyott, le gribouiller plutôt - sur papier par la suite. Toujours était il que, n‘ osant pas aller s‘ asseoir aux côtés de la petite, restant immobile en ne bougeant que ses mains fourrées dans la poche de son pantalon, le jeune garçon reprenait peu à peu la gêne qui l‘ avait gagné tandis qu‘ il attendait devant la porte du manoir en compagnie d‘ Alcide.


« A quoi tu joue donc quand tu viens ici ? Cela ressemble pas vraiment à une chambre de fille, enfin j‘ en sais rien, j‘ ai jamais vu de chambre de fille avant la tienne. Tu as déjà invité des amies ? »


En somme, il était facile de se rendre compte qu‘ Elyott n‘ avait aucune idée d‘ un sujet de conversation quelconque qu‘ il pourra entamer avec la petite. Il parlait de tout et de n‘ importe quoi, ses pensées davantage dirigées vers le jeu que Maïa lui proposerait au cours de la soirée plutôt que sur un thème de discussion divers. En fait, la découverte de la chambre avec complètement coupé au ciseau ses plans de jouer à papa et maman mais ce que la jeune Dawson avait proposé était davantage intéressant, et Elyott sentait déjà que le moment à compter de cet instant jusqu‘ a celui ou il pourrait enfin jouer au fameux amusement dont parlait la petite allait être long, très long, même si Maïa lui révélait à l‘ avance le fond de son idée. .L‘ impatience se lovait d‘ ailleurs tellement au creux de son ventre qu‘ il lui aurait été facile en sentant la boule formée de dire aux adultes qu‘ il n‘ avait pas faim s‘ il avait eu l‘ idée de se montrer désagréable mais cela aurait de son point de vue impoli pour Eileen et il n‘ avait pas envie de cela. Il pouvait d’ ailleurs bien patienter, le jeu ne paraitrait sans doute que meilleur si l’ impatience de le découvrir s’ en mêlait. En attendant, conservant toujours sa pose immobile, ses yeux brillants posés sur Maïa, Elyott se décidait enfin à se débarrasser de son sac à dos, le posant dans le premier coin venu histoire de faire discret le sac en question et se demandait - curiosité enfantine obligée de son point de vue - ce dont discutaient les adultes restés en bas et quand est ce que Maïa lui parlerait un peu plus du jeu qu‘ elle avait évoqué et qui occupait à présent toute les pensées d‘ Elyott.

Si cette soirée était, au départ, censée être une soirée et une nuit réservée à l’amitié entre Elyott et Maïa, Alcide avait fini par être invité lui aussi à cette soirée, puisqu’il s’était avéré que la maman de la fillette n’était autre que la jeune femme avec qui van Stexhe avait eu envie de passer la soirée, justement. Était-ce un coup du destin ? C’était encore une fois le monde qui complotait pour que tout soit finalement réalisable…
Une fois la porte ouverte, face à Eileen et sa fille, Alcide s’était senti un peu bizarre, comme s’il n’était pas à sa place… Miss Dawson embrassa Elyott sur le front et fit la bise à van Stexhe. Lui, il s’était penché pour saluer, un peu maladroitement, la fillette… puis il avait eu droit à une des remarques habituelles d’Eileen à son sujet : il se dénigrait trop et il devait arrêter ça. Levant les yeux au ciel, l’homme suivit les deux enfants et la jeune femme à l’intérieur.

Là, Eileen s’empressa d’envoyer Maïa et Elyott dans la chambre de la petite fille et l’homme fut invité à suivre l’étudiante au salon. La situation mettait l’homme un peu mal à l’aise… les messages qu’ils avaient échangés avaient éveillé tant de choses en lui qu’il craignait de ne pas savoir comment réagir ce soir…
Cependant, la question ne se posa pas vraiment, puisqu’Eileen prenait les devants, elle le regarda un instant droit dans les yeux, après lui avoir annoncé que tout ce qu’elle avait dit par SMS était sincère, et puis, elle l’enlaça.

Sur le moment, van Stexhe se sentit con. Il ne s’était pas attendu à cela et était quelque peu pris au dépourvu. Il se contenta de refermer les bras sur la jeune femme lovée contre lui. Cette étreinte dura bien quelques minutes, durant lesquelles l’homme, se mordant la lèvre inférieure, ne trouva rien d’adéquat à dire ni à faire. Lui qui pouvait être sûr de lui à cent pour cent avec les femmes, voilà qu’il se retrouvait dans le genre de situations qu’il avait pu connaître alors qu’il n’avait que seize ou dix-sept ans…

"Eileen, je…" Je quoi ? Il voulait lui dire que lui aussi était intimement convaincu de tout ce qu’il lui avait écrit, mais que la situation était tellement inhabituelle qu’il ressentait une sourde angoisse rien qu’en s’imaginant ce que pouvait donner une vie de couple avec deux enfants. Car oui, il avait eu le temps de penser à cela et à voir la tête de Maïa lorsqu’elle l’avait vu à la porte d’entrée, ça n’allait pas être du gâteau. Conscient que la jeune femme devait attendre la suite de ses paroles, Alcide hasarda quelque chose qui n’avait rien à voir avec ce qu’il aurait aimé dire : "J’ai amené un DVD pour Maïa… Pas pensé à lui donner tout à l’heure…"

Il venait à peine de refermer la bouche qu’il se sentit effroyablement con. Un vrai cas désespéré.
Heureusement, miss Dawson mit fin à leur étreinte, ce qui permit à van Stexhe de respirer un peu mieux, tant la proximité de l’étudiante le déstabilisait. Elle lui montra alors le canapé et lui proposa de prendre un apéritif avec elle…

Prenant une importante inspiration, l’homme alla s’asseoir, tandis que son hôte installait sur la table toute une série de bouteilles d’apéritifs parmi lesquelles il repéra le porto rouge. Elle n’avait pas oublié qu’il avait pris cela au restaurant, sans doute, et avait dû acheter la bouteille en prévision de sa venue. À moins qu’il ne se fasse des idées.
Van Stexhe suivait miss Dawson du regard, il ne pouvait pas faire autrement. Il trouvait que ce silence pesait lourd sur ses épaules et cherchait un moyen de détendre l’atmosphère, mais n’en trouvait pas. Il attendit que la jeune femme revienne près de lui pour parler à nouveau.

"Eileen, je ne suis pas sûr d’être à ma place…" Dans pareille situation, il se disait qu’il valait mieux dire les choses telles qu’elles étaient. Et malgré tout ce qu’il ressentait, malgré toutes les justifications contradictoires qu’il pouvait trouver, il y avait quelque chose qui le retenait, qui l’empêchait de se sentir à l’aise chez la mère de miss Dawson. "Vous me l’avez suffisamment répété, nous sommes deux adultes, capables de prendre des décisions et d’être responsables…" Evidemment, avec le nombre de fois qu’elle le lui avait dit lorsqu’ils avaient partagé un repas dans ce petit restaurant italien, Alcide ne pouvait pas avoir oublié ça. "Mais il y a deux enfants en bas âge près de nous… Et tout ce que j’aimerais pouvoir vous dire… et vous faire, ça n’a pas lieu d’être lorsque deux gosses peuvent surgir à tout moment…"

Van Stexhe avait dit cela en regardant la table basse et, quand il tourna la tête vers la jeune femme, il avait sans doute l’air un peu désolé.

"J’ai toujours été franc avec vous, Eileen, mais je suis un homme maladroit et bien souvent à côté de la plaque… Je n’aurais jamais imaginé qu’il serait si difficile pour moi d’être ici avec vous…" Certes, les enfants étaient à l’étage, mais l’homme n’était pas à l’aise pour autant et il repensait avec une certaine gêne aux propos qu’il avait tenus auprès d’Eileen par SMS. Par écrit, c’était facile, mais oralement, avec en face de soi l’objet de son désir, c’était autrement plus complexe. "Je me sens comme si j’étais nu face à vous, Eileen… Je n’ai pas ma carapace pour me protéger, j’ai oublié mes sarcasmes chez moi et je ne sais pas du tout comment je dois me comporter."

Voilà, comme ça, les choses étaient claires. Déstabilisé par une situation dont il n’avait pas l’habitude, Alcide se sentait comme désarmé. Il craignait tant de tout foutre en l’air en étant trop gauche ou en cherchant à plaire à la jeune femme… c’était sans doute ça le pire. En étant aussi sincèrement lui-même, en avouant ses limites à Eileen, il avait déjà l’impression de tout gâcher. Dans des moments comme celui-ci, en règle générale, l’homme fuyait, parce que franchir la limite normale de leur complicité avait quelque chose d’effrayant…