Si elle avait trouvé sa tenue pour le bal ? Ulrika ne répondit que par un clin d’œil sans même chercher à lui montrer ladite robe de soirée qu’elle avait prévu de porter le soir en question. Ce bal de promo fut en quelque sorte un énorme pas en avant, pour l’un comme pour l’autre. Certes, la jolie violoniste ne sut à aucun moment si Samuel était réellement sincère en étant aussi aimable que cela avec elle, mais une chose était sûre, elle apprécia pleinement la soirée. Le fait qu’il vienne la chercher chez elle en limousine, qu’il lui offre un important bouquet de roses qui toucha une petite part romantique de son âme, et qu’il l’invite à danser devant toute l’assemblée de Berkeley, Ulrika se devait d’admettre que ce simple défi avait été transformé en soirée de rêve digne d’un conte par le professeur de Philosophie. La jeune femme aurait presque aimé savoir s’il avait autant apprécié ce moment qu’ils avaient partagé, ou s’il n’avait eu qu’une hâte, celle de la déposer chez elle et de tourner définitivement les talons. Quelque part, Ulrika sentait chez Samuel un désir d’oublier sa vie monocorde tout près d’elle. Pas seulement en s’adonnant à de frénétiques parties de jambes en l’air, mais bien en partageant autre chose en sa compagnie. Après tout, il n’y avait qu’une étudiante, cachant sa véritable identité comme sa célébrité de surcroît, à ne jamais le caresser dans le sens du poil, à être désagréable et agréable en changeant d’humeur comme de sous-vêtements, et pourtant à égayer ses journées comme personne. La violoniste possédait un Himalaya de défauts, mais elle était unique en son genre et il était proprement impossible de s’ennuyer à ses côtés. En tout cas, le sourire qu’elle offrait désormais à Samuel alors qu’ils étaient dans cette limousine au luxe presque indécent était on ne peut plus sincère. C’était à peine si l’ardente brunette osait prendre la parole de peur de rompre toute la magie de la soirée, alors qu’une foule de paroles lui brûlait presque la langue. A la place, elle s’aventura bientôt à se saisir de la main de Samuel, se contentant de la serrer dans la sienne pendant de longues minutes alors que seule la pâle lueur offerte par les néons de la ville les éclairait. Ulrika n’osait pas réellement le regarder dans les yeux, de peur encore une fois d’avoir le geste de trop, à défaut d’avoir le mot de trop, et ce n’est qu’à un feu particulièrement long qu’elle se permit de prendre une grande inspiration avant de se lancer, avec un ton enthousiaste proprement inhabituel en sa présence : « Cette soirée marque un pas en avant, même si on était au bord du gouffre. Oh, mais détends-toi Samuel, il n’y a plus personne à impressionner là ! Je n’irais pas jusqu’à te tirer les vers du nez pour te faire avouer que tu as apprécié la soirée, mais c’est parfait qu’elle ait eu lieu avant que je ne parte. » Ce petit détail, Ulrika l’avait évidemment gardé pour elle, afin de ne surtout pas gâcher la soirée et d’éviter de faire pleurer qui que ce soit dans les chaumières. Mais il n’en demeurait pas moins que l’été étant de retour, Ulrika n’avait plus aucune obligation envers Berkeley et sa tournée était donc doublement à l’ordre du jour. Elle allait avoir incessamment et sous peu son manager tous les jours sur le poil, devrait changer de ville quasiment tous les jours et se scier les doigts sur les morceaux les plus difficiles afin de satisfaire son public lui ayant grandement manqué durant cette longue année scolaire. Bien que Samuel soit musicien, elle doutait fortement qu’il ait conscience du surcroît de travail qui allait très bientôt être le sien, tout comme des responsabilités qui étaient désormais les siennes. C’était parfait comme ça, en vérité. Ulrika n’avait pas besoin qu’il se mette à la regretter ou se mette en rogne parce qu’elle s’en allait pendant un temps indéterminé…Il y avait un temps pour tout, et cette fin de soirée ne devait surtout pas être celui des larmes. « Je m’en vais dans deux semaines en tournée mondiale. C’était prévu depuis des mois, comme c’est l’été et que je n’ai plus aucun compte à rendre à Berkeley…Juste avant j’enregistre un album avec un autre artiste dont je ne connais pas encore l’identité, donc c’était parfait de partager cette soirée avec toi. Ca me donne une meilleure image de San Francisco, en quelque sorte. » Ulrika n’allait pas jusqu’à dire qu’il allait lui manquer, et ce bien que ce serait sûrement le cas…Il ne fallait ni pousser grand-mère dans la lave en fusion, ni chercher à ce que la violoniste devienne une autre personne. Ils avaient passé une soirée inoubliable, peut-être était-ce parfait ainsi. « Allez, je sais que tu vas me regretter ! Qui va te faire sortir de tes gongs, pendant cet été ? Il faudra que je m’organise, pour décider si je tente une autre année ici ou non. Je ne peux pas faire exactement tout ce que je veux, comme tu t’en doutes. Je sais que toi, au moins, tu es capable de comprendre. Tu n’es pas un adolescent boutonneux n’ayant que deux neurones se battant en duel. » Et afin que les choses soient claires, Ulrika se pencha afin d’embrasser délicatement la joue. C’était sa façon à elle, plutôt implicite, de le remercier pour cette soirée. Il n’y avait bien que lui pour être à la fois vieux jeu et charmant pour un bal de promo…

Au clin d’œil de la jeune femme, Samuel comprit qu’elle avait dû trouver une robe pour le bal, mais qu’elle ne le lui montrerait pas. Il se mit alors simplement à sourire, se demandant ce qu’elle avait bien pû trouver. La couleur, la forme, courte, longue et bien d’autres détails. Mais il ne pû pas y réfléchir trop longtemps, devant partir. Mais il savait que quelques jours plus tard, il reverrait la jeune femme. Ce fut en effet le cas quand le soir du bal fut venu. S’étant battu un peu avec sa cravate, Samuel avait finit de se préparer à l’heure. Une fois son costume bien repassé, mit et la cravate bien accrochée, il pû partir de chez lui. Il avait commandé quelques jours avant, une limousine. Après tout, il devait lui faire vivre le plus beau jour de sa vie, même si elle avait sans aucun doute déjà roulée en limousine plus d’une fois. Après avoir été passer la jeune femme chez elle, il avait enfin pû voir sa robe. Il ne s’était clairement pas attendu à cela, mais ça lui allait plus que parfaitement. Elle savait s’habituer avec classe et il aimait beaucoup cela. De son côté, il avait pensé à amener un bouquet de fleur. Il avait hésité entre une simple fleur, donc pas trop de chichi, à un bouquet complet. Il avait finalement opté pour ce dernier, ce qui semblait apprécier, enfin c’est ce qu’il pensait, sans en être sûr. De toute façon, il n’était jamais sûr de rien avec la jeune femme. Puis, ils avaient roulés jusqu’à arriver à Berkeley. La soirée avait déjà débutée, mais ça n’était pas vraiment grave pour eux. Après quelques temps, Samuel avait invité la jeune femme à danser. Il savait que malgré les professeurs et la direction présente, il pouvait avoir des reproches par la suite, mais il s’en fichait bien. Il avait promit à la jeune femme une soirée de rêve, il le ferait et cela comprenait une danse. A la fin de cette dernière, Samuel avait sourit à la jeune femme, attendant de voir si elle voulait danser encore, mais apparemment pas. Une seule danse semblait lui suffire et il en fut satisfait également. Le français savait qu’elle pouvait lui dire que la soirée n’était pas à son goût et il n’en ferait pas toute une histoire, mais il serait tout de même déçu si elle mentait. Avoir préparé tout cela pour elle avait été à la fois complexe et attrayant. Ulrika était surprenante et il fallait que Samuel soit à la hauteur. Il s’était donné du mal, rien que pour avoir la limousine.

Heureusement pour lui, il avait désormais un agent, qui connaît un gars, qui connaît un gars et comme cela jusqu’à à peu près l’infini. Bref, il avait fait en sorte que tout soit parfait. Il savait que la seule chose qui pourrait poser problème serait la danse face à tout le monde. Mais finalement, tout s’était également bien déroulé. Alors qu’ils avaient reprit la route, Samuel avait laissé la jeune femme monter la première et il s’était installé à ses côtés. A la fois souriant et stressé, Sam ne savait pas vraiment quoi dire à sa partenaire. Lui demander si elle avait apprécié la soirée n’était sans doute pas la chose à faire, mais il apprécia quand elle prit sa main. Il fut d’abord un peu surprit, mais il se laissa faire, tournant la tête vers elle. Il la vit qui regardait ailleurs et il ne savait pas vraiment si c’était bon ou mauvais signe. Il resta tout de même la fixer, tentant de comprendre les pensées de la jeune femme, mais en vain. Les minutes passèrent et rien n’arriva. Il soupira doucement, déçu, mais n’en dit rien. C’est alors que la jeune femme décida de prendre la parole et il écouta avec attention. Souriant à ses propos, il ne répondit pas, mais il fronça les sourcils quand elle parla du fait qu’elle allait partir. Quand ? Pourquoi ? Ah oui pour les vacances sans doute, avant de revenir en septembre. Samuel était persuadé que c’était pour cela, seulement il fut à la fois choqué et déçu par ce qu’elle ajouta. Choqué parce qu’elle partait pour un temps indéterminé, ce qui voulait dire qu’elle pourrait ne plus jamais revenir. Cette idée ne lui plaisait pas du tout et il n’avait pas envie d’y penser maintenant. D’ailleurs, il ne percuta pas tout de suite au fait qu’elle devait aller enregistrer un album avec quelqu’un avant de partir. Ne disant rien du tout, il continua alors à l’écouter. Il ne pû tout de même pas s’empêcher de sourire à sa dernière phrase. Levant les yeux vers elle, il la regarda s’approcher et apprécia le baiser qu’elle déposa sur sa joue. Fixant la jeune femme dans les yeux, il soupira doucement.

Ne martyrise pas l’artiste avec qui tu vas enregistrer un album, ce traitement de faveur est uniquement pour moi.

Gardant son sourire, il continua de fixer la jeune femme, avant de sentir la limousine s’arrêter. Ouvrant la portière lui-même, il tendit la main pour qu’Ulrika la prenne. Une fois fait, il marcha à ses côtés pour aller jusqu’à la porte de sa maison. Une fois devant, il la regarda en soupirant doucement.

Passes un bon été et amuses-toi bien.

Continuant de la fixer dans les yeux, il devait avouer qu’elle allait beaucoup lui manquer. Même s’il allait enregistrer un album et qu’il aurait du travail, il savait qu’une fois seul elle allait lui manquer. Mais, il préféra s’abstenir de le dire.

Bonne fin de soirée.

Se rapprochant alors de la jeune femme, il posa une main sur sa joue et vint l’embrasser. Autant faire les choses à fond. Ils étaient cavaliers pour la soirée, alors le cavalier devait bien tenter d’embrasser sa cavalière juste devant chez elle, non ? Ca n’était pas ça le cliché parfait ? Se détachant finalement de sa partenaire, il sourit de plus belle.

Bonne nuit.

Tournant alors les talons, il soupira en souriant et partit à la voiture. Une soirée de rêve finirait soit avec eux dans le même lit, soit lui en gentleman qui n’aurait rien tenté et il préférait pour une fois être gentleman.