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Salaun, c'est commun comme nom, pas vrai... ?

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MessageSujet: Salaun, c'est commun comme nom, pas vrai... ? Salaun, c'est commun comme nom, pas vrai... ? EmptyDim 19 Juin - 15:07

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22h30. L'Absinthe Bar. À l'Est de San Francisco. Je suis accompagné d'un ami. Oui, aussi étonnant que cela puisse paraître, j'ai réussi à bien m'entendre avec quelques personnes. L'homme a mon âge et est également professeur à l'université de Berkeley. Notre but ? Passer une bonne soirée, et pourquoi pas séduire quelques femmes pour ne pas passer la nuit seuls ? Ça me paraît être une assez bonne idée. Les aventures d'une nuit, il n'y a plus que cela qui compte désormais. Après plus d'une décennie, je ne me sens toujours pas prêt à me lancer dans une histoire sérieuse. Seule Sasha a compté pour moi. Pourtant, même si j'obtiens quelques sentiments pour Cheyenne Hutchinson, une de mes collègues, rien n'est comparable à l'amour que j'ai pu porter à ma femme, à la mère de mon enfant. Et sincèrement, je pense que je ne retrouverai jamais une telle relation avec quelqu'un. Sasha était mon âme sœur, l'amour de ma vie, ma meilleure amie. Jusqu'à preuve du contraire, elle a été et sera mon unique. Donc je me contente désormais d'aventures d'une nuit, dans le but de d'assouvir mes désirs d'homme célibataire. Rien de plus.

Le bar est connu pour être assez fréquenté par les étudiants. La raison ? Ici, on sert de l'alcool sans vraiment demander la carte d'identité. Et, comme aux États-Unis, il faut attendre vingt-et-un ans pour consommer, les jeunes adultes qui entament leurs études, trouvent en cet endroit une belle petite caverne d'Ali Baba. Je tente de négocier avec mon ''ami'' pour aller dans un autre bar. La raison ? Je n'ai pas envie de croiser mon fils, Kilian, alors que je ne suis absolument pas prêt à venir vers lui pour lui faire prendre connaissance de mon identité. Cela fait quelques mois que je suis ici, mais rien à faire, je n'en ai pas encore le courage. Ainsi, Andrew Holden, ancien compagnon d'armes et également professeur de théâtre, a accepté que je m'occupe de quelques classes, celles ne contenant pas mon fils. Je ne sais s'il a déjà connaissance de ma présence. Mais l'université est tellement grande, les matières diverses, les étudiants et les professeurs nombreux, qu'il n'a peut-être pas eu connaissance qu'un enseignant autre que Samuel, détient le nom de famille ''Salaun''. Je sais que je me dois d'agir rapidement, avant qu'il l'apprenne de lui même. Et ça m'étonne que malgré qu'il étudie la comédie, j'arrive à l'éviter, encore et encore.

Mais comment agir face à lui ? « Salut, c'est moi ton père. Tu sais, celui qui a mis les voiles quand ta mère est décédée, parce que je n'arrivais plus à m'occuper ni de toi, ni de moi-même. » Je ne ferais que me prendre un coup de poing dans la figure et ça serait mérité. J'ai déjà croisé plusieurs fois mon fils dans les couloirs. Il ressemble beaucoup à sa mère, même si je lui découvre de nombreux traits semblables aux miens. Il est devenu un beau jeune homme, souriant, visiblement assez populaire et bon élève. Je ressens autant de fierté à l'observer, que de haine envers moi même. Je tente de ne pas trop y penser ce soir. Je bois une bière avec mon collègue, professeur de mathématiques.

Et là, alors que nous sommes en plein débat politique... « Bonsoir professeur Connor ! Professeur Salaun ! » Je tourne la tête vers les quelques étudiants qui nous observent avec de grands sourires, visiblement heureux d'être jeudi soir pour une petite soirée étudiante. Et là, mon cœur loupe un battement. Je croise le regard de Kilian qui se trouve un peu en retrait. Je sens quelques sueurs froides m'envahir. Oh non... Et en quelques secondes, je cherche toutes les possibilités lucides afin de fuir. « Salaun... tiens au fait Kilian, vous êtes de la même famille ? » Je suis au bord de la crise cardiaque alors que mon visage reste neutre. Certains disent non. D'autres estimes qu'il y a quelques ressemblances même frappantes. J'affiche un petit rictus gêné. Mon collègue, au courant de la situation, semble également très mal à l'aise.
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MessageSujet: Re: Salaun, c'est commun comme nom, pas vrai... ? Salaun, c'est commun comme nom, pas vrai... ? EmptyMar 21 Juin - 10:52

    22h30, à l'Absinthe Bar. Ça se sentait que la période scolaire touchait à sa fin, ou presque selon les étudiants, car bon nombre d'universitaires étaient réunis ici, dans ce bar à l'ambiance loin d'être désagréable, autour d'un verre majoritairement alcoolisé. Ils ne s'étaient pas complètement trompés dans les films que l'on peut voir à la télévision, l'université ou bien la faculté, c'est beaucoup de fête, de soirées un peu trop arrosées, et de choses que l'on regrette le lendemain. Depuis son arrivée ici, Kilian n'avait pas fait énormément de choses compromettantes, ce n'était d'ailleurs pas son genre. Il venait de temps en temps à cet bar-là, accompagné de certains camarades de confrérie avec qui il s'entendait plus ou moins bien. On ne pouvait pas encore clairement dire qu'il s'était intégré dans sa fraternité, ou bien dans l'école toute entière, mais il faisait son possible pour s'entourer de personnes qu'il appréciait et qui l'appréciaient en retour bien entendu. Jovial et toujours de bonne humeur (sauf le matin où ce n'est même pas la peine de lui adresser la parole), il n'avait vraiment pas de quoi se faire détester par qui que ce soit.

    Cette soirée avait plutôt bien commencé. Kilian avait suivi les autres jusqu'à un restaurant en ville où ils avaient commandé une quantité énorme de nourriture, c'était impressionnant. Kilian n'a jamais été un goinfre, mais les personnes qui étaient avec lui, c'était tout le contraire. Ils se gavaient de ces aliments comme s'ils n'avaient pas mangé depuis des jours et des jours. Ils avaient au moins la chance de ne pas prendre un seul gramme en dépit de tout ce qu'ils engloutissaient, ou alors ils compensaient cela en faisant une tonne de sport. Par la suite, ils avait envisagé d'aller à la plage, sur le sable encore tiède, et de vider quelques bières, avant de finalement opter pour une tournée de shots à l'Absinthe Bar. Le choix était plutôt judicieux en fin de compte, et, par pure gentillesse, Kilian s'était dévoué pour être le capitaine de soirée. Il se chargerait de raccompagner tout le monde sain et sauf chez lui, uniquement s'ils étaient totalement ivres. Ainsi donc, il avait commandé un simple jus d'orange. Ses amis rigolaient tellement fort qu'il se sentait un peu gêné à certains moments d'attirer l'attention sur lui, ce n'était pas vraiment son genre. C'est à cet instant précis qu'il se demanda concrètement ce qu'il faisait là, avec ces gens. D'accord, certains d'entre eux étaient gentils et compréhensifs, mais d'autres étaient complètement délurés ou à la masse. Il hésita à partir quand il observa ses camarades se diriger vers le bar où deux hommes d'une trentaine d'années étaient tranquillement assis à bavarder.

    « Bonsoir professeur Connor ! Professeur Salaun ! », commença un des membres du petit groupe, d'un air un peu trop enjoué pour être sincère. Kilian les avait suivi sans grande conviction, simplement parce qu'il voulait jeter un oeil aux deux professeurs qui étaient là. La curiosité était pire qu'un défaut, c'était un vice chez le jeune étudiant. « Salaun... tiens au fait Kilian, vous êtes de la même famille ? », continua le même élève. Et là, le drame commença. Un battement. Deux battements. Son coeur se mit à battre la chamade, à la limite de la crise de panique. En l'espace de quelques secondes, le sourire poli et bienveillant de Kilian s'était envolé pour laisser finalement place à un visage décomposé et crispé. Il ne pouvait pas croire qu'il était là, en face de lui. Il ne pouvait pas, tout simplement pas, croire qu'il était revenu. Son père était revenu.

    Comment pouvait-il être décemment sûr que c'était lui qui se tenait là, à quelques mètres de lui assis sur un tabouret de bar ?! Il avait vu des photographies dans la maison de son oncle Samuel, de son père quand il était jeune. Jamais il n'aurait pensé le revoir ici, après toutes ces années où il l'avait abandonné avec ses grands-parents. Bien sûr que ces derniers avaient pris soin de lui, mais Kilian ne pouvait s'empêcher de ressentir de la rancœur envers son paternel pour l'avoir laissé comme ça, sans motif valable. Il était trop jeune pour réaliser ce qui se passait à l'époque, après la mort de sa mère, mais maintenant il n'était définitivement plus le petit garçon innocent qu'il était avant. « J'me tire d'ici. », déclara simplement le jeune étudiant avec une énorme pointe d'amertume au fond de sa voix. Il retourna à la table prendre sa veste d'un pas décidé, prêt à quitter le bar et rentrer.
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MessageSujet: Re: Salaun, c'est commun comme nom, pas vrai... ? Salaun, c'est commun comme nom, pas vrai... ? EmptySam 25 Juin - 18:17

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J'aurais préféré que notre rencontre se passe dans une toute autre situation. J'aurais aimé aller vers lui un jour et tenter de lui expliquer que je suis son père, et tâcher de lui faire comprendre les raisons qui m'ont poussé à partir et à le confier à ses grands-parents maternels. Je ne savais pas exactement comment m'y prendre, mais je savais que j'aurais du temps pour y réfléchir. Ce dont je ne m'attendais pas, c'était bien évidemment que les évènements soient plus rapides que prévu et totalement impersonnels. Je ne pouvais pas rêver plus grand cauchemar en fait. Je ne sus même pas quoi répondre alors que je sentais mon cœur battre la chamade et mes doigts trembler. D'ailleurs, je les cachais sous la table, pour ne pas montrer mon manque de confiance et ma culpabilité. Tout venait d'être dévoilé. Quel idiot je fais. J'aurais dû me douter que ceci allait arriver à un moment où à un autre. C'était même étonnant que la nouvelle n'eut pas été dévoilée plus tôt.

Les réactions furent très contrastées en quelques secondes seulement. Quelques étudiants du groupe, un peu trop joyeux, semblaient fiers d'avoir dévoilé un secret familial. D'autres semblaient se sentir aussi gênés que mon collègue, ne sachant plus où se mettre et hésitant à partir en courant. Puis il y avait la réaction de Kilian qui venait de comprendre ce qu'il se passait ici. Nos regards se croisèrent. Je n'ai jamais eu aussi honte de moi. Lorsque je me trouvais à l'armée, jamais il ne m'est arrivé de perdre le contrôle d'une situation. C'est ce qui avait fait de moi une recrue très utile et compétente. Mais là, je devais avouer que ces entraînements ne m'aidaient en rien aujourd'hui. Face à mon fils, le sol se dérobait sous mes pieds. Je n'étais qu'une merde, une merde à qui l'on vouait la plus grande des haines.

« J'me tire d'ici. », lâcha-t-il avec une pointe de rancœur dans la voix. Je baissais un instant les yeux, alors qu'il faisait volte face pour récupérer sa veste et sortir du bar. « Ouh... on a touché une corde sensible ? », demanda un étudiant dont l'alcool lui faisait perdre la notion d'importance. Si mes yeux avaient été des armes à feu, j'aurais fusillé ce dernier avec le regard noir que je lui lançais. Puis, sans vraiment comprendre ce qu'il me prenait, je me levais pour me diriger vers la porte du bar. Il était grand temps d'arrêter de repousser dans le temps cette confrontation. Maintenant que Kilian savait que j'étais de retour, nous nous devions de discuter. Enfin, encore fallait-il qu'il le veuille bien. Mais à cet instant précis, je ne cherchais pas à réfléchir aux côtés positifs et négatifs. Je sortais de l'Absinthe. La brise légère ne fut pas désagréable, bien au contraire. Elle soulageait de la chaleur du bar. « Kilian... ! », osais-je appeler alors qu'il se trouvait à quelques mètres de moi, énervé, à marcher rapidement.

Mon cœur loupa un nouveau battement, alors que je prenais conscience que la dernière fois que je l'avais appelé, la dernière fois que je lui avais adressé une parole, c'était il y a douze ans. Douze ans. Plus de la moitié de sa vie. Je courrais vers lui afin d'arriver à sa hauteur. « Kilian, laisse moi t'expliquer... s'il te plaît. » Pourquoi n'y a-t-il pas un mode d'emploi ''Comment renouer contact avec l'enfant que l'on a abandonné'' ?
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MessageSujet: Re: Salaun, c'est commun comme nom, pas vrai... ? Salaun, c'est commun comme nom, pas vrai... ? EmptySam 25 Juin - 22:46

    « Ouh... on a touché une corde sensible ? » C'était la voix d'une des personnes qu'il considérait jusque là comme un ami qui venait de prononcer cette phrase. Une corde sensible ? Non, ils avaient touché toutes les cordes sensibles qui pouvaient se trouver à l'intérieur de Kilian. Celui-ci, aveuglé par la haine qu'il voulait à ce qui aurait du être son père, était sorti d'un pas pressé de l'Absinthe Bar sans même regarder derrière lui. Il s'en foutait complètement de laisser ses camarades et autres confrères ici, sans personne pour les ramener, car il avait d'autres chats à fouetter maintenant. Il remontait la rue en soufflant très fort, comme pour exprimer sa colère comme les personnages dans les dessins animés. Non mais sérieusement : aurait-il un jour pensé à des retrouvailles de genre-là avec son père biologique ? Le père qui l'a abandonné avec lâcheté, sans aucune once de remords ou de regrets. Non, il était simplement parti, il avait laissé son fils, son enfant, sa descendance auprès de ses grands-parents, uniquement parce qu'il n'était pas assez courageux pour affronter une telle situation. Kilian avait tenté de nombreuses fois de se mettre à sa place et d'essayer de comprendre sa décision mais jamais, jamais il n'avait réussi à saisir le pourquoi de toute cette histoire. Ce qu'il savait en revanche, c'est qu'à sa place, il n'aurait jamais fait ce choix. Il n'aurait pas laissé son propre enfant avec quelqu'un d'autre que lui. Cette rencontre-là, celle de ce soir exactement, il s'en souviendrait désormais toute son existence. Le jour où j'ai rencontré par hasard mon bâtard de père qui m'a abandonné à l'âge de sept ans. Peut-être un peu long comme titre, mais ça ferait un très bon titre de roman dramatique. Cet énervement soudain avait amené quelques infimes larmes au coin de l'oeil du jeune étudiant : comment aurait-il pu prévenir tout ce qui allait arriver ce soir, hein ?! Et Samuel, son oncle, est-ce qu'il était au courant de son arrivée ici ? Est-ce que quelqu'un d'autre était au courant ? Visiblement beaucoup de monde, dans tous les cas, puisque ces étudiants semblaient connaître parfaitement le "professeur Salaun". Et il était prof de quoi, en plus ? S'il l'avait comme professeur, en tout cas, Kilian se disait qu'il pouvait d'ores et déjà se tirer une balle. Il ne pourrait pas supporter de voir le visage de ce père indigne.

    La mort de sa mère était et est encore quelque chose de pénible et dès qu'il essaie de se rappeler d'elle, il arrive souvent que Kilian ait les larmes aux yeux. Mais de savoir que son père l'a abandonné parce qu'il ne se sentait pas capable de prendre soin de lui, c'était définitivement impardonnable. Oui, pour le moment, Kilian était axé sur une idée et une seule : oublier cette rencontre. Il savait très bien qu'il n'y arriverait pas, que ça allait lui prendre la tête pendant un moment, mais c'était son but. Tandis qu'il accélérait encore le pas alors qu'il remontait une rue parallèle au bar, Kilian entendit des pas forts et puissants résonner contre le bitume, à sa poursuite : Logan était visiblement déterminé à mettre les choses au clair une bonne fois pour toute avec son fils. « Kilian, laisse moi t'expliquer... s'il te plaît. », disait son père indigne en le suivant, le souffle haletant. Kilian fit alors volte face et défia cet inconnu, car oui c'était un inconnu à ses yeux, du regard. « Quoi ?! Qu'est-ce que tu veux m'expliquer hein ?! Que t'as pas été capable de t'occuper de moi après la mort de maman ?! Ou bien quoi encore, que t'es tellement lâche que t'as préféré tout abandonner pour essayer de nous oublier ? Tu m'en voudras pas mais j'ai d'autres choses à faire plutôt que de parler à la personne qui m'a laissé alors que j'étais qu'un gamin. » Il avait sorti ces mots d'une traite, sous le coup de la colère. Il allait peut-être les regretter plus tard mais il s'en foutait, il avait besoin de dire tout ça à haute voix.
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MessageSujet: Re: Salaun, c'est commun comme nom, pas vrai... ? Salaun, c'est commun comme nom, pas vrai... ? EmptyDim 26 Juin - 23:54

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Je savais que la discussion allait être difficile entre Kilian et moi. Le tout était de briser la glace entre nous et je devais trouver une solution pour y arriver. Mais j'avoue que pour le moment, en vue de l'état dans lequel pouvait être mon fils, tout cela semblait clairement impossible. Il fit volte face au moment où je l'interpellais. Je reconnu ce froncement de sourcil, ce côté nerveux qui sont miens. Il tenait autant de sa mère que de moi. Oui, il avait plusieurs traits en commun avec Sasha. Mon cœur battait la chamade, alors que je savais qu'en fermant les yeux, je reverrai le beau visage de celle que je considère encore comme la seule, l'unique, la femme de ma vie, ma meilleure amie, celle pour qui j'éprouverai des sentiments jusqu'à la fin de mes jours. Cela me faisait autant de bien que de mal. Tenter de me rapprocher de mon fils, de ma chair, de mon sang. En contrepartie, cela voulait également dire – en admettant seulement qu'il m'accepte, ce qui semblait peine perdue – ressentir toujours cette souffrance indescriptible liée à la culpabilité mais également aux souvenirs. Kilian est mon passé, un passé sur lequel j'ai rêvé de tirer un trait. Mais je me suis rapidement rendu compte que ceci était impossible. On pourra m'insulter de connard, de tous les autres mots grossiers, il n'en reste pas moins que je ressens aujourd'hui le besoin de reprendre contact avec le plus beau cadeau qui nous a été offert, à Sasha et à moi.

Je sais que j'ai mal agi, mais je continue de croire que je n'ai pas tous les tords. Quand l'amour de ma vie est décédée, après tant de temps à lutter ensemble main dans la main, je suis tombé en dépression. Je n'arrivais plus à m'occuper de moi même, je ne me nourrissais plus, rien. Comment aurais-je pu m'occuper d'un enfant de sept ans ? Donc oui, je suis un salop, mais j'ai fait ça pour son bien. J'ai fait ce qui me paraissait être le mieux. Un enfant mérite-t-il vraiment de devoir vivre avec un boulet de père dépressif ? Je lui aurais volé son enfance car pour survivre, il aurait dû devenir très vite indépendant. Je conçois néanmoins le fait qu'il ne méritait pas de perdre ses deux parents en si peu de temps d'écart. Mais je voulais son bonheur avant tout, et je savais que les parents de Sasha seraient en mesure d'élever Kilian comme leur propre enfant, dans les meilleures conditions. Puis j'ai voulu mourir, oublier tout cela, me délivrer de cette souffrance. J'ai coupé les ponts, me suis exilé de mon plein gré. Peu de gens arrivent à comprendre mon choix. En fait, je ne suis même pas sûr qu'une seule personne approuve mes faits et gestes. Mais c'est ainsi, et pas autrement.

J'ai cependant toujours culpabilisé. Ce fut la raison pour laquelle je prenais des nouvelles par les grands parents de Kilian. J'ai ouvert un compte en banque destiné à ce dernier enfin qu'il puisse s'offrir des études et je suis heureux de voir qu'il s'en est servi pour entrer à l'université de Berkeley. Je sais que ce n'est pas suffisant pour me faire pardonner, j'en suis conscient, ça oui. Mais jamais je ne l'ai oublié. Jamais. « Quoi ?! Qu'est-ce que tu veux m'expliquer hein ?! Que t'as pas été capable de t'occuper de moi après la mort de maman ?! Ou bien quoi encore, que t'es tellement lâche que t'as préféré tout abandonner pour essayer de nous oublier ? Tu m'en voudras pas mais j'ai d'autres choses à faire plutôt que de parler à la personne qui m'a laissé alors que j'étais qu'un gamin. » Nous nous étions arrêtés alors que Kilian enchainait ses paroles comme on m'aurait donné quelques paires de gifles en plein visage. Il avait pourtant bien comprit les raisons de mon départ. Et je me sentis terriblement idiot. Pour une des premières fois depuis plus d'une décennie, je baissais les yeux sous la honte qui m'oppressait. Je pris quelques longues secondes avant de trouver la force de lui répondre. « Oui, c'est tout à fait ça. La mort de ta mère m'a anéanti... et encore aujourd'hui je souffre chaque jour lorsque je pense à elle. Tu penses que j'aurais dû te garder avec moi pour que tu grandisses seul au côté d'un homme dépressif qui n'était même plus capable de se faire à manger, qui se laissait crever ? Tes... je savais que tes grands parents allaient beaucoup mieux s'occuper de toi. Je sais qu'il est trop tard pour des excuses, mais je suis désolé... sincèrement. » Je savais que ça ne serait pas aussi simple, mais il fallait bien commencer quelque part.
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MessageSujet: Re: Salaun, c'est commun comme nom, pas vrai... ? Salaun, c'est commun comme nom, pas vrai... ? EmptyVen 19 Aoû - 18:10

corbeille, membre supprimé.
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