Assit au bar, Samuel parlait avec le barman. Souriant, il devait avouer que passer du temps dans le club n’était pas pour lui déplaire. Il connaissait désormais tout le monde, étant devenue un des leurs. Même si en journée il donnait ses cours et que le soir, il venait ici pour travailler en temps que streap-teaseur, il aimait cet endroit. Evidemment, en temps normal ça serait à lui d’être le client, mais désormais, il était là en temps qu’employé. Regardant les filles danser sur scène, li souriait à l’une d’entre elle. A vrai dire, il s’agissait de la streap-teaseuse qui l’avait aidé pour les chorégraphies et qui avait toujours été là pour lui depuis son arrivée. Elle avait été la première à l’accueillir et elle l’avait vraiment aidé. Au bout d’un moment, ils avaient couchés ensemble et ça n’avait pas été pour leur déplaire. Evidemment Samuel et elle n’en parlait jamais, ils préféraient juste se voir de temps en temps. De son côté, il savait que la jeune femme faisait ce métier, non pas par plaisir, mais parce qu’elle n’avait pas pû faire d’études. Ses parents n’avaient pas eu assez d’argent pour lui payer la fac, alors elle était arrivée jusqu’ici. Continuant alors de fixer la jeune femme, il gardait son sourire. Puis, une fois le show terminé, il alla dans les coulisses. Parlant avec les filles, il alla voir la jeune femme. Cette dernière lui demanda comment il allait, avant de parler du show qu’ils allaient faire dans quelques minutes. Tout en se changeant, Samuel lui demanda quelques derniers conseils sur la chorégraphie.

Répétant encore un peu, ce fut le moment pour monter sur scène. Avec toujours le même feutre noir sur la tête, Samuel alla dans un coin de la salle. Ce soir, tout le monde pouvait venir, pas de soirée privée pour qui que ce soit. Commençant donc à danser et à profiter pleinement de la soirée, il dansa avec ses collègues, hommes et femmes. Puis, une fois que la musique fut terminée, il alla se rhabiller. Une chemise bleue claire et un pantalon en toile plus tard, il alla voir les femmes qui étaient dans la salle. Souriant, en faisant son travail, il devait bien avouer que ce soir tout allait pour le mieux … ou presque. En effet, alors qu’il parlait avec deux femmes qui semblaient intéressés par ses services, pour la soirée, Samuel vit son frère Logan entrer dans le club. S’excusant auprès des deux femmes, Sam alla voir le videur et lui demanda de faire en sorte que Logan ne le voit pas. Retournant alors près des femmes, il leur proposa d’aller tout de suite dans une chambre. Après tout, autant aller s’amuser, sans se faire remarquer.

« Je te jure ! Soit c'était Salaun, soit c'était son sosie. » Je sortais de la salle de théâtre. Mes sourcils se froncèrent en entendant mon nom de famille. Je restais néanmoins silencieux, me montrais plus que discret, en espérant en connaître un peu plus sur cette histoire. « Et comment tu le sais ça ? Tu vas souvent dans les boites de strip tease ?! » Un de mes sourcils se arqua, alors que je tournais la tête vers le couple d'étudiants à quelques mètres de moi. La jeune femme semblait énervé, mais je n'y prêtais pas vraiment d'attention. Non, mon esprit se concentrait davantage sur ce qu'ils étaient en train de se raconter. Le jeune homme voulu prendre sa défense. « Non... mais on m'y a emmené de force... Et... et là, on est plusieurs à avoir vu Salaun faire un strip tease. Et je ne suis pas le seul à l'avoir vu. On l'a tous vu ! » Mais de quoi parlait-il ? Samuel faire un strip tease ? Ou pire ! Parlaient-ils de Kilian ? Non, il y avait forcément une erreur sur la personne. « Lequel Salaun ? Le nouveau, le plus ancien ou l'élève ? » Ah c'est sûr que ce n'était pas moi. « Samuel, le prof de philo quoi ! » Mon cœur manqua un battement. « Parce qu'il ne se trouve pas assez bien payé en étant prof ici, qu'il doit en plus être strip teaseur ? La blague... » Visiblement, la jeune femme était aussi sceptique que moi. « Ba viens, on va demander aux autres. Tu vas voir. » Et ils disparurent. Je restais là, sur le cul. Oui, c'était le cas de le dire. Qu'est-ce que toute cette histoire signifiait ?

Je fermais la porte du théâtre à clef, et prenais la route de la cafétéria, en espérant y croiser Samuel, afin de lui poser clairement la question. Je passais devant quelques étudiants dans les couloirs qui discutaient entre eux. Au moment de ma venue, un silence s'instaura dans le local. On m'observa avec quelques sourires moqueurs. « Vous avez un problème ? », leur demandais-je avec agressivité, si bien qu'ils tournèrent rapidement les talons pour partir. Je fronçais de nouveau les sourcils. Et forcément, mon frère aîné était introuvable...

Le soir, donc, je décidais d'aller au fameux club de strip tease après avoir écouté discrètement quelques conversations sur mon frère. J'avais peur de ce que j'allais y voir. Peut-être étaient-ce de simples rumeurs ? Auquel cas je m'en voudrais d'avoir ainsi douté de mon frère. Mais après tout, nous avions chacun fortement changé. Peut-être trouvait-il un certain plaisir à faire ce genre de choses ? Ah non, c'était écœurant, l'idée que Samuel se trémousse devant des femmes en chaleur. Il est bel homme. S'il a uniquement envie de tirer son coup, il n'a qu'à chercher un peu. Beaucoup de femmes donneraient cher pour passer une nuit avec lui, j'en suis sûr.

Bref. Je m'approchais d'un homme qui semblait travailler dans le club. « Excusez moi. Samuel Salaun travaille ici ? » Il m'observa avec un drôle de sourire. « Bien sûr. Mais désolé, il ne s'occupe que des femmes. » Je fronçais les sourcils. Eurk ! Horrible ! « Je me doute bien. Je suis son frère. J'aimerais le voir. » L'homme secoua la tête. « Désolé, il travaille là. » Je me montrais donc plus agressif. Je m'approchais de lui avec un regard malveillant. « Dites moi où se trouve mon frère, où je casse tout dans ce putain de club. Et votre tête aussi, en prime. » Il hésita un moment, et, en voyant que je ne plaisantais pas, il accepta de me dire où se trouvait Samuel. Je m'y rendis donc. L'endroit m'écœurait énormément. Et quand j'ouvrais le porte, je voyais mon frère là, en compagnie de deux femmes. « A quoi tu joues putain ?! »

Son frère avait-il besoin de compagnie féminine ? Samuel espérait que c’était la raison de sa venue ici. Après tout Logan était célibataire, alors il avait bien le droit de venir dans le club. Mais Sam n’avait pas vraiment envie que son frère le voit travailler. Alors, il proposa aux deux jeunes femmes à ses côtés d’aller dans un endroit plus privé. Heureusement, elles acceptèrent la proposition et il pû s’éclipser. Laissant les femmes entrer, il leur expliqua qu’il était là pour leur faire plaisir et que c’était à elles de décider ce qu’elles voulaient pour la fin de la soirée. Assit dans un canapé, Samuel regarda les deux femmes qui vinrent s’asseoir à ses côtés. Souriant, il les laissa se décider, quand il les vit chacune poser une main sur son torse. Gardant son sourire, il devait avouer que satisfaire deux femmes ne le dérangeait pas plus que cela. Elles étaient agréables à regarder et à écouter. Elles lui avaient fait comprendre qu’elles étaient célibataires et qu’elles voulaient simplement prendre du bon temps avec un homme. Il était là pour ça et ça serait pour son plus grand plaisir. Autant certains soirs il regrettait d’avoir prit ce boulot, autant ce soir, il devait avouer que ça lui plaisait énormément. Les laissant faire, il garda son sourire et il sentit une main sur sa joue. La tête tourné à droite, il se laissa embrasser par la première femme. Evidemment, il y mettait aussi du sien. C’était ça son boulot, faire plaisir à des femmes et en profiter, même si parfois, il préférait s’abstenir. Mais ce soir, il comptait bien en profiter pleinement. Se retrouvant ensuite embrassé par la seconde femme, il apprécia de sentir leurs caresses. Puis, les regardant l’une après l’autre, il allait leur demander si elles avaient choisit le déroulement des évènements, quand la porte de la pièce s’ouvrit. Fronçant les sourcils, Samuel vit son frère qui semblait énervé, mais pas autant que lui. Fixant les deux femmes, il leur sourit et les embrassa chacune leur tour.

Excusez-moi, je reviens. Faites comme chez vous pendant ce temps.

Souriant, il attrapa le bras de son frère et le fit sortir de la pièce.

Qu’est-ce qui te prends ?

Apparemment Logan n’était pas venu pour passer du bon temps avec une femme. Amenant l’homme avec lui à l’extérieur du club, il fronça les sourcils à nouveau.

Ne reste pas là et rentres chez toi Logan.

Se tournant vers le videur, Samuel soupira.

Ne le laissez plus entrer.

Allant vers l’entrée du club, Samuel se sentit retenu et il se tourna pour voir son frère.

Laisse-moi tranquille Logan. Ca fait des années que tu es partit, alors ça n’est pas maintenant qu’il va falloir te manifester.

Il n’aurait pas dû s’énerver, il le savait parfaitement, mais il n’avait pas envie de donner la moindre explication sur son travail ici.

Je ne suis pas un grand fanatique de boites de nuit, loin de là même. En fait, je n'apprécie pas cela. J'ai aimé un peu quand j'étais jeune, sans pour autant en être un grand adorateur. J'y ai été quelques fois, avec des amis et encore, je ne pouvais pas vraiment me le permettre dans la mesure où ma petite amie est tombée enceinte bien tôt et pendant que les personnes de mon âge s'amusaient en allant faire la fête presque tous les soirs, nous, nous nous occupions comme nous le pouvions d'un petit garçon nouveau né. Quelque part, ainsi, nous avons dû tirer un trait bien tôt sur notre adolescence, mais d'un côté, je ne le regrettais pas. Sasha et moi avions fait le choix de garder l'enfant, et nous nous y sommes tenus. Nous étions conscients de la responsabilité que cela pouvait entraîner. Nous l'avons accepté, point final. Quand on prend ce genre de décisions, on ne peut pas revenir en arrière. On assume. Et cela fut mûrement réfléchit.

Pour ce qui est des boites de strip tease, encore moins. Certes, comme beaucoup d'hommes, je peux ressentir une certaine excitation à l'idée de voir des femmes se dandiner devant moi en petite tenue voir complètement nue. Mais jamais je n'ai payé pour cela, et jamais je le ferais. Et même si je suis un ours mal léché, qu'on qualifierait comme une montagne de muscles bourrée de testostérones, je trouve l'idée de payer une femme pour la voir se dévêtir, est très humiliant pour elle. Je garde tout de même quelques valeurs... Et sincèrement, je n'ai pas besoin de cela pour assouvir ma libido. Rencontrer une femme, la séduire et la ramener dans mon lit, je sais le faire, ça marche d'ailleurs assez bien.

Ainsi, ma venue ici ne pouvait pas avoir d'autres motifs que personnels. Ainsi j'ouvris la porte où se trouvait Samuel accompagné de deux femmes. Si nous nous étions trouvés dans une autre situation, j'aurais été assez fier de voir mon frère embrasser deux femmes. Néanmoins, l'idée qu'il soit strip teaseur et payé pour faire plaisir aux femmes, sans penser à la dégradation que cela occasionnait, me rendait fou. Il était professeur dans une des plus prestigieuses universités des États-Unis. Pourquoi s'adonnait-il à ce travail là ? Ça me dépassait, sincèrement... Et là, quand mon regard croisa celui de Sam, je sus que ce dernier n'était pas spécialement heureux de me voir ici. Il savait certainement que j'allais lui faire la morale. Mais merde ! Les étudiants se moquent totalement de lui. Il perd bien trop de crédibilité à être ainsi à la vue de tous.

« Qu'est-ce qui te prends ?! », me lança-t-il en m'entraînant à l'extérieur de la pièce où se trouvaient les deux femmes. Je fronçais les sourcils face à son comportement. Nous nous retrouvâmes bien vite en dehors du club. Une certaine brise soufflait. Il me demanda de rentrer chez moi et intima à l'armoire à glace à côté de nous de ne plus me laisser entrer ici. Je n'allais pas me laisser faire ainsi. Ainsi quand il tourna les talons, je le suivais et le rattrapais en posant ma main sur son épaule. « Non tu restes ici ! », lui lançais-je, énervé. « Laisse-moi tranquille Logan. Ça fait des années que tu es parti, alors ça n’est pas maintenant qu’il va falloir te manifester. » Je ne faisais même pas attention au gardien qui tentait de me stopper dans mon élan. J'étais blessé par les paroles de Samuel. « Pourquoi tu fais ça ? Tu ne gagnes pas assez bien ta vie en étant professeur dans une des plus grandes universités du pays ? Pourquoi tu te donnes ainsi en spectacle ?! Même les étudiants sont au courant ! » Puis on m'obligea à me retourner et je sentais un poing rentrer en collision avec mon visage. Probablement a-t-on cru que j'étais sur le poing d'agresser mon frère. Je tombais en arrière et rencontrais bien vite le sol, quelque peu sonné. Je passais ma main sur ma tête, silencieux.

Ca n’était pas le travail qu’il voulait le plus faire au monde, loin de là même. Seulement, il s’était laissé trop aller et les factures s’étaient bien trop accumulées. Il ne voulait demander d’aide à personne et aujourd’hui, il se retrouvait sans aucunes ressources. Il avait bien pensé à demander de l’aide à sa mère, mais il savait que Nathan s’y opposerait. Alors, le club avait été sa dernière solution. En plus de ça, il était parvenu à rembourser une bonne partie de ses factures. D’ici la fin du mois, il pourrait sans doute être à flot, mais il allait devoir faire plus de travail. Les vacances arrivant, il pourrait travailler souvent toute la journée, ce qui lui ferait plus d’argent. Alors les deux femmes qui étaient avec lui ne devaient pas bouger et il devait se débarrasser de son frère au plus vite. L’amenant donc en dehors du bâtiment, il lui expliqua que ça n’était pas maintenant qu’il devait se manifester. Il s’en voulu d’avoir dit ça, mais Samuel devait avouer qu’il était plus qu’énerver et lui faire perdre de l’argent n’était pas vraiment quelque chose qu’il appréciait vraiment, alors qu’il en avait vraiment besoin. Ecoutant alors la réponse de son frère, il n’eu pas le temps de répliquer que le videur frappa Logan en plein visage. Soupirant et levant les yeux au ciel, Samuel regarda le videur.

J’ai dis de ne pas le laisser rentrer, pas de le dévisager.

« Je fais mon boulot. »

Soupirant, Samuel regarda son frère.

Je m’en contre fiche de ce que les étudiants disent de moi. Beaucoup de choses ont été dites à mon sujet et souvent c’était vrai, comme le fait que j’ai eu une liaison avec une étudiante et que à partir de là ma vie est devenue un véritable enfer. Oui j’avais cherché, mais à trop m’apitoyer sur mon sort, les factures se sont accumulés et le seul boulot qui paye bien et vite, c’est ici que je l’ai trouvé.

Peut importe que quelqu’un d’autre entende ça, il s’en fichait pas mal. Sa vie ne valait plus la peine d’être cachée, vu à quel point elle était misérable.

Maintenant j’ai deux femmes qui m’attendent et qui vont me payer pour coucher avec elles. Oui ça peut te choquer et je n’en suis pas fier, mais c’est ce que je fais. Je suis grand et je sais ce que je fais.

Laissant son frère, il soupira et rentra dans le club. Il savait que son frère ne pourrait plus entrer, en tout cas par cette entrée là. Samuel ne voyait pas l’utilité de le dire aux autres videurs. Il voyait mal son frère vouloir discuter plus ou alors c’est qu’il ne voulait vraiment pas lâcher l’affaire. Ca aussi, ça ressemblait bien aux Salaun, mais le français ne voulait pas que son frère reste ici. Se reprenant, il passa entre les tables, avant de retourner voir les deux femmes. Elles étaient toujours là et … plus que dénudées. Souriant, il ferma la porté à clé derrière lui et se décida à enfin faire son boulot.

Je pensais que Samuel allait me défendre à la seconde même où le videur leva la main sur moi pour me frapper en plein visage. Oui, je pensais naïvement que mon frère allait revenir à lui. Je me trompais. Et alors que je me redressais légèrement pour adopter une position assise sur le sol gelé, mes yeux se levèrent juste assez pour rencontrer ceux de Sam. « Les factures se sont accumulées et le seul boulot qui paye bien et vite, c’est ici que je l’ai trouvé. » C'était donc une question de fric ? Je pouvais très bien lui en donner. Et si cela le gênait, il aurait tout le loisir de me rembourser. Pourquoi ne m'a-t-il pas proposé ? Je lui devais bien ça dans la mesure où nos rôles étaient inversés il y a presque vingt ans. C'est moi qui avait eu besoin d'argent pour élever mon fils et payer mes études en même temps. Et même si je travaillais comme un forcené, je n'étais pas dans la possibilité de payer l'école, un loyer dans Paris – en vue du prix qu'un appartement coûte, même minable – et subvenir aux besoins de ma famille. Mais Samuel avait été présent pour ce coup dur et jamais je ne le remercierais assez. Que croyait-il ? Que je n'étais pas prêt pour faire de même ? Pour le soutenir et lui tendre la main ? Il me décevait. J'aurais dû être sa première et unique option face à ses soucis financiers.

« Maintenant j’ai deux femmes qui m’attendent et qui vont me payer pour coucher avec elles. Oui ça peut te choquer et je n’en suis pas fier, mais c’est ce que je fais. » Mon cœur loupa un battement. Déjà que l'idée qu'il soit stripteaseur ne m'enchantait pas, mais si en plus il jouait la prostituée, non, c'en était trop pour moi. Je me relevais rapidement alors qu'il tournait les talons. « Non, attends Sam ! » Et alors que je fonçais vers lui, je sentis de nouveau une masse mais contre mon torse. Le videur était toujours là et refusais de me laisser entrer. « Lâche moi toi ! » Je me débattais, mais rien à faire. J'avais beau être caractérisé comme étant une montagne de muscles, je ne faisais pas le poids contre lui. De plus, j'étais bien trop énervé pour me concentrer sur autre chose que sur mon frère.

Mais je suis particulièrement têtu. Ainsi, le videur fut surpris que je tente encore d'entrer. Et, comme l'énervement commençait sérieusement à pointer le bout de son nez, je me pris sérieusement la tête avec lui. Je lui intimais de ne pas poser ses mains sur moi et quelques minutes plus tard, notre joute verbale termina en bagarre. Mais comme dit précédemment, je ne fis pas le poids. Même si je me montrais beaucoup plus rapide, quand je me prenais un coup de poing de sa part, c'était comme si je recevais une grande charge dans la figure qui me faisait reculer voir tomber sur le sol.

Une heure du matin. Je me trouvais sur le parking du club, assis sur le capot de la voiture de Samuel. Je l'attendais depuis maintenant deux heures, dans le froid. Oui, même si nous nous trouvons en Californie, cette nuit là était particulièrement fraîche. Mais je ne me plaignais pas. L'armée m'avait apprit à être patient, et à être capable de rester dans un endroit, sans bouger, tout en restant silencieux. Oui, la force mentale aussi doit être travailler. Ainsi, je restais là, calmement. Ma lèvre fendue, une coupure sur l'œil droit, j'avais essuyé le sang d'un simple revers de la main. J'étais en train de fumer une cigarette quand j'entendis des pas venir dans ma direction. Cette démarche, le bruit de ces chaussures, sans aucun doute, c'était Samuel. « Pourquoi tu ne m'as pas demandé de l'argent ? », lui demandais-je à voix basse quand je jugeais qu'il se trouvait assez près pour m'entendre. J'étais étonnement blessé par la situation. Je ne l'observais même pas, contentant à mes yeux de fixer un point juste en face de moi.

Dire la vérité à haute voix, ça n’était pas simple pour Samuel, mais il avait déjà dû le dire une fois. C’était face à une personne qui lui était étrangère, Ulrika, mais qu’il connaissait légèrement mieux aujourd’hui. Quoi qu’il ne l’avait vu que deux fois. Une fois en cours, où elle l’avait humilié devant toute la classe et la seconde fois, chez les Sampi et ça ne s’était pas passé comme il l’aurait souhaité. Il l’avait dit une fois et ça avait vraiment été dur. Vu qu’il ne l’avait pas admit avant de le dire, ça lui avait joué des tours. Mais là, que son propre frère découvre la vérité, c’était encore plus humiliant. Samuel qui avait pensé ces derniers temps que le plus humiliant était ce que lui avait fait subir Ulrika, il avait trouvé pire finalement. Après avoir dit la vérité à son frère, Samuel repartit dans le club. Il avait entendu Logan parler, mais il ne voulait pas se justifier plus. Allant rejoindre les deux femmes qui l’attendaient, il eu peur qu’elles ne soient partit. Heureusement pour lui, ça ne fut pas le cas.

Allongé sur le lit, Samuel fixait les femmes se rhabiller. Oui, il venait de coucher avec elle et il était partagé. D’un côté ça avait été plus que parfait et d’un autre, il n’était pas fier. Il aurait largement que tout ça se passe sans l’ambiance du club et sans l’argent qu’il recevait d’une des femmes. Se rhabillant à son tour, il prit l’argent, qu’il glissa dans la poche de son pantalon. Puis, il sortit de la chambre avec les deux femmes, pour les raccompagner dans la salle et même jusqu’à l’entrée du club. Il ne pouvait pas sortir, il n’avait pas encore terminée sa soirée. De plus, demain il ne commençait pas avant 9h, du coup il resterait plus tard que d’habitude. Allant prendre une douche, il se posa ensuite dans la salle. Enchainant les femmes qui voulaient coucher avec lui, il passa une soirée plutôt bonne niveau rentrée d’argent. Finissant sa soirée, il salua ses collègues et il sortit du club. Passant sa veste, il eu un frisson et soupira. La soirée était vraiment fraiche. Avançant vers sa voiture, il releva le col de sa veste et prit les clés de sa voiture, dans la poche de sa veste. Seulement, il n’avait pas encore levés les yeux vers sa voiture. C’est la voix de son frère qui le fit sursauter et il grogna en levant les yeux au ciel.

Mes problèmes ont commencés avant que tu ne reviennes et je veux m’en sortir seul.

Ouvrant sa voiture, il regarda son frère qui était toujours assit sur le capot de sa voiture. Soupirant, il alla s’asseoir lui aussi sur le capot.

Tu sais bien que nous bretons avons un sale caractère. Ma fierté c’est ma fierté Logan et je ne veux l’aide de personne.

« Mes problèmes ont commencés avant que tu ne reviennes et je veux m’en sortir seul. » Je reconnaissais bien le caractère familial des Salaun dans ses paroles. Néanmoins, je suis son frère et ça me paraissait plus que logique de vouloir l’aider à s’en sortir. Si j’avais été à sa place, il aurait été le premier à me tendre la main, ou bien à me prendre la mienne de force si j’avais tenu de telles paroles. Nous sommes là pour se serrer les coudes, et je ne voulais pas lui venir en aide uniquement parce qu’il l’a fait pour moi auparavant. Non, même sans cela, j’aurais aimé être présent pour lui, l’aider à trouver une solution pour qu’il n’ait plus à subir cela. « Tu sais bien que nous bretons avons un sale caractère. Ma fierté c’est ma fierté Logan et je ne veux l’aide de personne. » Parce qu’il appelait cela de la fierté ? Vraiment ? Se déshabiller devant une foule, sans se cacher des personnes qui forment son entourage, baiser contre de l'argent comme une prostitué ? C'est ça de la fierté pour lui ? S'il n'avait pas été mon frère, j'aurais éclaté d'un rire certain...

Il avait prit place sur le capot de la voiture juste à côté de moi, en voyant que je n'allais pas partir comme ça, sans un peu plus d'explications et sans essayer encore et encore de faire en sorte qu'il accepte mon aide. Je ne peux pas laisser mon frère dans cette merde. Non, c'était inconcevable. J'ai des défauts, mais je suis très persévérant et têtu. Samuel est bien placé pour le savoir. Ainsi, il savait que je ne baisserais pas les bras aussi facilement. Et s'il voulait me faire partir maintenant, il ne pouvait qu'utiliser la force contre moi et encore, j'étais bien plus carré que lui pour qu'il vienne à bout de moi. « T'appelle ça de la fierté toi ? Tu joues la pute et tu te déshabilles devant une foule. Foule dans laquelle doivent maintenant se trouver des étudiants, uniquement pour te prendre en photo et se foutre de ta gueule. Tu peux appeler ça comme tu le souhaites, mais ce n'est pas de la fierté, selon moi, loin de là. Et puis... »

Je tournais la tête vers lui, alors que pour le moment, je m'étais uniquement contenté d'observer un point juste en face de moi. « Tu dis que ne demander de l'aide à personne, c'est ça la fierté ? » Mes yeux observaient les siens à présent. Les sourcils légèrement froncés, plus dans une expression de tristesse, je repris la parole. « Quand j'ai demandé de l'aide à mon grande frère il y a vingt ans, c'était un manque de fierté de ma part à tes yeux ? Je... je pensais qu'on pouvait s'aider dans ce genre de moments. C'est ça une famille, non ? » Mes mains puissantes passèrent dans mes cheveux, alors que je laissais un soupir s'échapper de mes lèvres.

« Je sais que je n'ai pas été un frère exemplaire. Tu me l'as encore rappelé tout à l'heure. Mais... j'ai vraiment envie de changer. Tu es ma famille Sam, que tu le veuilles ou non. Alors laisse moi t'aider et arrête avec ce club. C'est... ce n'est pas toi. »

Niveau argent, la soirée avait été plutôt bonne. Niveau vie privée, ça avait té un vrai fiasco. Samuel se retrouva donc assit sur le capot de sa voiture, à parler avec son frère. Il voulait lui faire comprendre que c’était tout ce qu’il avait trouvé pour pouvoir enfin sortir la tête de l’eau financièrement. Ecoutant attentivement les propos de son frère, il soupira doucement. Logan n’avait pas tort sur toute la ligne, mais Samuel ne voulait pas de l’argent de son frère. Il ne voulait de l’argent de personne d’ailleurs. Il voulait pouvoir s’en sortir seul, comme il l’avait fait face à son père, après avoir été alcoolique, après avoir été toujours plus bas. Il voulait simplement s’en sortir et seul.

C’est moi Logan.

Il tourna la tête vers son frère.

Je sais que tu veux m’aider et je t’en remercie, mais je me suis mit dans la merde seul et je dois m’en sortir seul.

Se passant les mains sur le visage, il soupira à nouveau et regarda face à lui.

Je sais que les étudiants sont au courant, j’ai déjà eu des remarques, mais je m’en contre fiche. J’ai regardé les petites annonces, j’ai été voir pour un boulot plus décent, mais rien ne pouvait m’aider à avoir un salaire qui me permettrait de tout payer rapidement.

Tournant à nouveau la tête vers son frère, il fronça doucement les sourcils.

Je ne suis pas fier de faire ça, pas fier du tout même. Je n’aime pas ce que je fais, sauf quand ça me permet de jouer du piano et de coucher avec des femmes agréables. Pour tout le reste, ça me répugne, mais je dois faire abstraction de tout ce qui est mauvais et faire mon travail.

Il n’était clairement pas fier de ce qu’il faisait, mais il voulait pouvoir se sortir de toutes ses factures encore impayées avant d’en avoir d’autre qui lui tomberait dessus.

Tu es aussi ma famille Logan, mais je ne veux l’aide de personne.

Sa décision était irrévocable et il l’avait prise depuis bien longtemps. Rien ni personne ne lui ferait changer de point de vue et il comptait bien continuer ce qu’il faisait jusqu’à avoir assez d’argent pour tout payer et en finir, pour passer à autre chose.