J'avais vulgairement haussé les épaules. La simple et bonne raison était que j'avais moi-même du mal à saisir. Aller bien, c'est tout un concept. Il fallait déjà connaître la limite du bien et du mal, ce qui semblait vraiment différent pour chacun vu que moi-même, on m'a souvent dit que je faisais des trucs pas très biens sans que je trouve ça mauvais. C'était comme ça, je n'aimais pas cette question de toute manière, ça me mettait le cerveau dans une compote pas fraiche pas très bonne à manger – déjà que je mange pas de viande, alors du cerveau, non merci, encore moins le mien, il a du griller – et je ne savais jamais vraiment dire oui ou non. Ça allait. Sans plus. Enfin, on ne pouvait pas forcément aller bien quand on voyait son (ex?) mari main dans la main avec une autre. Heureusement que je n'étais pas violente non plus, elle aurait pris cher. Je souris à Maël dans la cuisine, en l'entendant dire qu'il faisait déjà comme chez lui. J'aimais que les gens se sentent bien dans l'appart, Rosie avait proclamé un débarquement lorsque je lui avais envoyé un message pour lui annoncer que Charlie et moi, c'était fini. C'était le bordel depuis. Dans l'appart et dans ma tête. Mais Maël était là, comme un métronome, qui régulait un peu toutes les choses contradictoires qui se passaient dans ma tête, un repère fixe auquel se référer en cas de soucis, ça me reposait de l'avoir dans la même pièce que moi, je sentais que je pouvais enfin respirer sans me soucier de si je n'allais pas évacuer trop de bactéries en expirant ou alors si jamais ma proportion de plantes vertes n'étaient pas trop petite comparée au nombres de respirations dans l'appartement. Des choses inutiles du genre. Quand ça n'allait pas, je préférais faire des confitures avec les fruits trop murs. Oublier que les fraises sont inutiles et les faire cruellement bouillir avec du sucre pour la tartiner sur mes cracottes. Enfin, n'importe quel fruit et n'importe quel support céréalier, en fait. Oh oh oh, j'en connais une qui va bien manger ce soir. Je portais mon verre à ma bouche et avala difficilement. Si j'étais sérieuse ? J'aurais aimé dire que non. En fait, je ne l'étais pas vraiment, parce que ça me tuait de l'être. Que si je prenais tout ce qui m'arrivais au sérieux, j'allais finir par ne plus jamais rire du tout. Ma vie était un soap américain, du genre, le gros cliché où il y a des rebondissements tous plus probables les uns que les autres, mais qui à la suite, donne un aspect de.. folie. Je posais mon verre à côté de moi. « Yep. T'as faim ? » Sans déconner, je voulais pas me plaindre pendant une heure et demie devant une comédie romantique à la con avec un pot de glace. Premièrement, ces films étaient vraiment merdiques. Deuxièmement, hors de question que je prenne du poids, pas après avoir accouché fin février. Oh mon dieu, si ça se trouve, Charlie m'avait laissé à cause de ça en fait. Je le savais. Les couples mariés finissent toujours comme ça. Je pris une chips dans paquet et l'avala, toujours pour être polie (et pas trop écœurante.) « Adele. Sigma. Deuxième année de musique. Non, je ne l'ai pas espionnée, juste que je connais les membres de ma confrérie. Même ceux qui me rembarrent au début, hein. » Je lui fis un clin d'œil. La première fois que je l'avais rencontré, je m'étais faite balader. Grosse erreur de sa part, c'était devenue un jeu et une quête – comme dans Word of Warcraft, haha – que d'intégrer Maël chez les sigmas. Et le résultat était là, il était en face de moi et pas retourné dans son pays où le président est très petit. Il fait penser à grincheux, dans les sept nains. Mais bon, on était pas là pour ça. Je finis mon verre et me le resservi. Je finis par faire une moue enfantine au jeune homme. « Juste... Que tu la connaisses ou pas, tu veux pas me dire que je suis plus belle qu'elle ? » Je finis par rire, franchement. Je ne m'intéressais pas plus que ça à elle, je ne l'aimais pas par principe. Elle volait ce que j'avais de cher, et ça, ça ne passait pas. Je me mis à réfléchir, à voix haute, plus pour qu'il m'aide qu'autre chose. « J'ai envie de me venger, genre un vieux coup de merde, juste pour riposter mais je suis pas pro à ça. Je sais que c'est pas trop mature mais.. C'est mature de se mettre avec une fille moins de deux semaines après s'être disputés avec sa femme ? Bref. Toi ? Enfin, j'ai entendu des rumeurs, tu sais comme ça va... Et comme je sais jamais ce qu'il y a de vrai ou si tu veux en parler.. Je suis là, quoi. » Je lui fis un sourire franc. J'étais contente qu'il soit là, vraiment. Je n'avais jamais soupçonné, avant, que je puisse m'attacher à quelqu'un comme ça sans rien tenter. Même mariée, je sais reconnaître quelqu'un de sexy quand j'en vois un, parole de Belammée Olympe Canterburry(-Silver). Je n'étais pas là pour déblatérer pendant des heures sur ma douleur intérieure, j'étais là pour trouver un moyen d'avancer, le plus cruel soit-il, pour faire face à ce qu'il se passait et ne pas montrer que quelque chose pouvait m'abattre. J'avais ma fierté.

Je n'avais jamais vraiment saisi ce que m'unissait à Maël. D'accord, j'étais toujours assez proche des mes ami(e)s qui devaient aussi s'habituer à mes élans d'affection. Je me souviens qu'on s'est pas mal chamailler avec lui, au début, parce qu'il soufflait dès que je lui sautais dessus ou que je lui fonçais dedans pour lui faire un câlin dans les couloirs. Il était pas vraiment fan de tout ça, mais il ne se gênait pas pour prendre une fille comme excuse de son retard. Tss. Souvent, dans ces cas-là, je tentais de faire la gueule, mais c'était dur, déjà que j'étais pas une fille très froide, quelqu'un qui me demande si je lui en veux, ça me fait étrangement beaucoup rire, et je n'aime pas mentir. Je n'ai pas le souvenir d'une réelle dispute avec lui. C'était des gamineries, dont on riait après, comme se battre pour la télécommande. L'appartement était un peu un chez nous improvisé quand on voulait tout les deux changer un peu d'air. Mais je connaissais sa peur de l'engagement, même s'il n'en avait pas vraiment parlé, un mec aussi bien qui reste célibataire aussi longtemps, je suis désolée, mais c'est par choix. Maël, c'est un peu comme des nouvelles chaussures. Faut s'y faire et que les chaussures se fassent aussi. Je finis par me lever et ranger le paquet. Ça allait me donner envie de vomir. A chaque fois, je n'avais pas vraiment besoin de trouver une vengeance, étant celle qui commet les fautes ou qui agit un peu trop impulsivement. Mais là, j'avais été prise de cour. Je fis un sourire à Maël, et me lui déposait un baiser sur la joue. « Et toi t'es le meilleur de tous. » Je continuais à sourire et finit par sortir une bouteille d'alcool. « Je suis pas douée pour trouver des idées de vengeance, d'habitude, je subis les vengeances alors... Tu veux bien être un homme vil pour moi et m'aider à trouver comment je vais me débrouiller avec ces conneries ? » Je m'installais derrière la table sur l'autre chaise, après avoir ramené mon verre et la bouteille. Je soupirais. « C'est nul de se marier. J'veux dire, j'ai du casser avec Kienan parce que je me mariais avec un vieux con qui arrive pas à contrôler ses hormones, merde quoi. » Je lâchais un petit rire, même si je savais que dans le fond, sur ce coup là, je n'avais pas trop tord. Sauf que Charlie était jeune. Je me servis un verre, j'avais toujours eu une résistance à l'alcool surprenante au vue de mon gabarie de petite minette. J'étais persuadée que cela venait du fait que j'avais tout de même commencé les conneries du « sex, drugs and rock'n'roll » à mes 13ans et demi. En plus, en bonne enfant précoce, j'avais tout fait un même temps. J'avais pris un malin plaisir à me foutre en l'air et maintenant, c'était l'inverse. Sartre l'avait bien dit « l'enfer, c'est les autres. » A côté de tout ça, Maël à l'air d'un ange. Mais il allait falloir que l'on trouve ce qu'il y avait de pire en nous et en ressortir comme crime parfait. Il savait que à partir du moment où il s'était proposé « au besoin » il allait être sollicité. J'avais toujours eu un peu de mal à le comprendre, certaines fois et d'autres il ma paraissait soudainement limpide et ça me faisait flipper. Comme là. Je savais qu'il mentait, parce que même si c'étaient des rumeurs d'étudiants, elles partaient toujours de quelque part. Il n'y a pas de fumée sans feu, comme on dit. Je finis par lui proposer un toast, un peu particulier, un peu comme nous. « Bon. On parle plus de ces conneries et on parle des conneries que l'on peut inventer comme vengeance, d'accord ? Tout idée est la bienvenue, j'ai pas de limite à l'immoralité. » Malheureusement trop vrai. Mon père disait toujours de faire ce qu'il me semblait juste, les autres auraient souvent un avis différent du mien et je ne devais pas m'en occuper. C'était des questions de relativité. C'est tout. Je soupirais avant de porter mon verre à mes lèvres. Sérieusement, quand on est ados, on pense que grandir, ça va être cool, qu'on pourrait faire plein de trucs nouveaux, que les conneries vont s'arrêter, qu'on va murir, qu'on va enfin stopper les coups de putes ou de cracher sur les autres, et en fait, non. Tu descends tes fesses de ta chaise haute de bambin pour te retrouver le cul par terre dans toute la merde que t'as foutu en te croyant le souverain d'un monde qui se résumait à un pot de compote. C'était facile en ce temps-là, quand un garçon était méchant, tu pleurais un bon coup, il t'embrassait sur la joue et il te proposait de faire un château de sable avec lui. Quand est-ce que tout était devenu compliqué ? Avant, on ne se posait pas autant de questions, c'était plus naturel. Je soupirais, face à la réalité. «  ça craaaaaaaint. » Je l'avais lâché direct, ça me faisait chier. Je détestais cette situation, ce conflit, les problèmes, les études, j'en avais marre de tout. Sauf de Maël. Je le regardais le réfléchir, me disant que j'étais tout de même vraiment chanceuse de l'avoir. Je me mordais la lèvre inférieure, soucieuse. Je me demandais ce qui allais nous passer par la tête. Peu importe ce que c'était, j'avais le pressentiment que ce ne serait pas le plus sain de plans.

J'avais rarement des problèmes avec les gens. Je les aimais bien. Souvent, ils craquaient avant moi en cas de dispute, parce que je devais faire partie de la catégorie de personne la plus chiante. Malheureusement, j'étais persévérante aussi. Un peu trop. Mais cela m'avait amené Maël, alors je ne pouvais – pour une fois – qu'être heureuse d'être aussi barbante. Je ne savais pas vraiment si on pouvait dire que nous étions amis. Ça me paraissait trop... simple ? Non pas que je cherchais la complexité ou... peut-être un peu. J'avais toujours cette mauvaise habitude de me compliquer la vie, de me poser trop de questions,c'était ça de ne plus être défoncée. Adolescente ou même enfant, c'est tellement plus facile. On ne se pose pas de questions... Cette innocence me manque. Aller au soleil sans crème solaire et se sentir presque surhumain de survivre aux rayons ultraviolets. S'émerveiller devant des ballons gonflés à l'hélium, rire en sautant dans les flaques d'eau (bon, ça, je le fais encore, certes.) et ces trucs de cons. Ces trucs qu'on fait que parce qu'on a fumé un truc pas net ou un peu bu. On a besoin de se détruire les cellules pour sourire à nouveau, parce qu'en grandissant, ils nous arrivent des trucs encore pire que d'oublier son gouter à la maison. On s'étaient blessés avec des armes qui ne tenaient pas dans nos mains, parce qu'on est vraiment trop ambitieux, qu'on veut tout, tout de suite, que tout soit sous contrôle. Et tout de suite, la situation m'échappait. Je ne savais pas comment gérer. Les bras de Maël me semblaient alors encore plus attirant que d'habitude, j'en avais besoin. Je grimpais sur ses genoux et logeait ma tête dans son cou. Comme si ça allait me protéger de tout les malheurs du monde, que tout allait aller maintenant. Comme si c'était fini. Je ne pouvais décemment pas renoncer. Enfant, les grandes personnes, qu'on voulait à tout prix rendre fières, nous disaient qu'on étaient « trop jeunes pour comprendre » leurs trucs « d'adultes ». Je commençais à réaliser que c'était seulement parce qu'ils voulaient nous faire échapper à tout ces plans, à toutes ces mauvaises idées comme la vengeance et les plans aussi fourbes les uns que les autres. Oui, j'en avais un. Je déposais un léger baiser dans le cou de Maël avant de relever la tête. Je me mordis la lèvre inférieure. C'était vraiment vraiment risqué mais à première vue, la seule idée qui pouvait marcher avec Charlie. « J'ai peut-être bien une idée. » J'avais parlé tout bas, comme si je venais de lâcher un secret que les États-Unis d'Amérique voudrait garder pour eux tout seul, comme comment on a fait pour devenir une superpuissance. Personnellement, je n'aimais pas trop les histoires de puissances et tout ça, être égaux c'est quand même beauuuucoup moins prise de tête, je le dis comme ça. Je me redressais en gardant mes bras autour de son cou et le regardait, pour voir sa réaction face à mon plan. « S'il y a bien une chose que l'on ne supporte pas tout les deux, et c'est bien pour ça que l'on s'est disputés, c'est le partage. Monsieur Maël Lefèvre, je vous prierais d'être mon vrai faux petit ami afin de rendre mon mari, un peu stupide parfois parce qu'il croit que je préfère les autres à lui , jaloux. Si cela ne vous pose point de problèmes et n'ébranle pas votre vie sentimentale, bien évidemment. » J'avais toujours cette façon de faire des demandes un peu risquées. Le truc, c'est que ce plan pouvait être parfait mais il pouvait aussi rater. Un peu comme la question à un million, on le joue à quitte ou double. Les exs revenaient sur le tapis et ça partait en cacahouète. Et ce n'est pas comme si faire semblant de sortir avec Maël allait être une vraie corvée, s'il acceptait. Et c'était encore la meilleure solution, il ne fallait pas chercher à faire pire mais à montrer la douleur que ces actes pouvaient faire – et en profiter un peu, cela va de soit, parce que si je n'avais pas revu Charlie à cette fête chez les Omégas ou même croisés à la foire et que Maël était arrivé, je ne sais pas si les choses seraient encore les mêmes mais nous ne sommes pas dans retour dans le futur donc... - et faire réaliser que toutes ces disputes étaient futiles. Enfin, une chose était sure, les couples libertins, après un certain temps, c'est impossible. Je veux dire, en première année, ça se passait tranquillement, certes on étaient pas ensemble, certes on sortait avec d'autres et on couchait ensemble quand même et c'était pas très bien pour le karma je crois, mais on avait moins de soucis. Je finis par reporter mon attention sur Maël, qui avait du prendre quelques secondes pour réfléchir, ce qui est compréhensible. « Verdict ? » Je pensais sérieusement que ça pouvait marcher.

C'était presque adorable de la part de Maël de me demander si j'étais vraiment sure de vouloir faire ça. Bien sur que oui. J'étais plutôt lunatique et donc du genre à vite changer d'humeur. Je n'allais pas pleurer éternellement sans rien faire. Bien sur que ça me faisait du mal d'être séparée de Charlie, mais ce n'était pas en avalant de la glace devant un film à la con que j'allais le récupérer. C'était ça que je ne comprenais pas chez pas mal de filles. Elles abandonnaient vite. Et franchement, faire semblant de sortir avec Maël, ce n'était pas pénible, oh, loin de là. J'avais même de la chance qu'il accepte. On se connaissait bien à force, et je savais qu'il était le seul assez immoral dans mon entourage actuel. J'avais bien un ou deux exs dans le coin qui auraient pu faire l'affaire, mais sachant que je ne parlais plus à l'un après m'être mariée alors que je sortais avec lui... mais pas avec lui. Et que l'autre devait surement être en prison, après avoir tenté de tuer Charlie. Mhm. Non, Maël était sans doute le meilleur choix que je puisse faire. Je sentais ses mains sur mes hanches et je lui souris, collant me front au sien, je le regardais dans les yeux, mêlant nos deux souffles. « C'est pas comme si c'était une corvée » Je lui souris et finit par poser mes lèvres sur les siennes, pour le première fois depuis notre rencontre, fermant mes paupières. Je réduisais l'espace entre nos deux corps, instinctivement, en collant nos torses. Je ressentais ce mal singulier au creux du ventre qui faisait étrangement du bien. Je le sentis répondre au baiser, après tout, on avait passé l'âge des simples contacts entre deux bouches. Ses mains me faisaient l'effet d'une plaque électrique sur mes hanches et je me maudissais presque de l'avoir rencontré aussi tard, même si j'aime Charlie. Je dirais que c'est différent. Maël et moi, ce n'est pas de l'amour, c'est autre chose. Une alliance envers et contre tout, même la morale. Surtout la morale, actuellement. Je décollais mes lèvres des siennes, avant de déposer un dernier léger baiser et finir par m'éloigner légèrement, tout en restant sur ses genoux. Je me sentais de nouveau comme une adolescente, prête à se faire juger par son premier petit ami. J'avais perdu cette boule au ventre d'appréhension après un premier baiser dans le début d'une relation, même si celle-là n'en était pas vraiment une. Faire semblant d'être en couple, d'accord. Avec quelqu'un qui embrasse comme un pied, il ne fallait pas pousser. Je pouvais donc dire que j'avais eu de la chance d'être tombée sur Maël. Je sentais mes dents appuyer ma lèvre inférieure, j'avais une once de culpabilité qui disparut aussitôt. « Non définitivement, ce ne sera pas une corvée. » Je finis par rire et replonger ma tête dans le creux de son cou. Parfois, je me dis que je dois vraiment être une fille qui veut pas être seule, à coller tout le monde. Mais avec Maël, j'en avais encore plus besoin, de sentir qu'il était là, en quelques sortes. Je respirais son odeur et chuchotais un « Merci infiniment. » à peine audible, étouffé par sa propre peau, mais que je sais qu'il entendrait. Le silence de l'appartement résonnait trop pour qu'il ne l'entende pas. C'était comme ça. Je savais qu'il n'était pas du genre à s'attacher, mais j'avais peur de craquer, d'aller trop loin, de jouer en dehors du terrain qui nous est accordé par des limites propres à chacun que l'on appelle la décence. Que faire alors ? Renoncer à ma vengeance ? Certainement pas. Alors, pour une fois, j'allais contrôler tout ce qui se passait naturellement au creux de mon ventre et de ce fait, aussi éviter de passer pour une parfaite nymphomane. Même si j'en avais terriblement envie, je ne pouvais juste pas coucher avec lui. Je crois sincèrement que le plus dur n'allait pas être de faire semblant d'être en couple mais bien de ne pas s'y prendre trop. Dans combien de romans à l'eau de rose une femme devait impressionner sa mère avec un faux genre qui est la connaissance d'un pote d'une amie et qu'ils finissaient ensemble en prenant trop goût à une mascarade mal ficelée ? Mon éducation légèrement de garçon manqué, n'ayant que mon père à la maison avec une mère qui s'était enfuie, emportant un frère que je ne connais pas, m'avait bien appris qu'il ne fallait pas trop se fier à ces choses là. Je passais mes doigts délicatement dans son dos, remontant jusqu'à sa nuque. J'étais inquiète tout de même. « T'es bien sur que ça ne te gêne pas, hein ? Je sais que je suis la plus belle mais tout de même. » J'eus un léger rire. Ma question était sérieuse, mais comme je n'aimais pas trop ça, j'avais fini par dire une stupidité, comme toujours. Non pas que l'atmosphère était tendue, loin de là, je me sentais bien sur les genoux de Maël – je ne pensais pas l'écraser, ayant perdu plus de poids que j'en avais pris dans ma grossesse, ayant passé la première semaine après dispute à rester allonger et attendre de voir si la douleur grandissante passait – dans un silence rassurant qui ne m'inquiétait pas. J'avais plus peur de la réponse, bien que je savais qu'elle ne me froisserait pas. Mais par principe, j'angoissais. Sans doute parce que cela faisait longtemps que je n'avais pas demandé à quelqu'un de sortir avec moi, même pour construire une fiction naissante.