Take a bite of my
bad girl meat

— Tu... tu crois que tu peux marcher ?

Je relevai lentement ma tête de la cuvette des toilettes et hochai le menton. Encore une soirée qui partait en sucette, j'avais de plus en plus l'habitude. Dans la pièce d'à côté, la fête battait son plein, la musique explosait les tympans. Même un sourd en aurait mal au crâne. Je me relevai maladroitement, appuyant mes mains sur les murs carrelés des toilettes. Tout tournait autour de moi, et ça ne m'aurait pas étonné qu'on eût mit une cochonnerie dans mon verre. Un homme complètement sexy me faisait face, me retenant de ses bras puissant. Comment s'appelait-il, déjà ? John ? Jack ? Jim ? Aucune idée. La nuit de folie dans les toilettes, ce serait pour une autre fois. Alors qu'il m'avait promis un moment inoubliable, il s'était contenté de tenir mes cheveux en arrière tandis que je vomissais tripes et boyaux. Pour le glamour, on repassera. Il passa ses bras sous les miens et attendit que je sois stabilisée pour me relâcher. Il se plaça face à moi et, comme il devait me dépasser d'au moins vingt bons centimètres sans mes escarpins, il dût se pencher pour être à ma hauteur. Yeux chocolat profonds, cheveux blonds, il avait un certain air de ressemblance avec mon frère Gabriel. Rien que de penser que j'avais été à deux doigts de coucher avec un sosie de mon frère je fus reprise de hauts-le-cœur. Je pris une grande inspiration.

— Aide-moi à sortir d'ici, s'il te plait.

Aussitôt il ouvrit la porte et pendant quelques instants, j'eus l'impression que ma tête allait imploser. D'une main ferme plaquée dans mon dos, il m'entraîna au cœur de la fête, là où les gens se saoulaient au champagne et se droguaient aux yeux de tous. Qui a dit que les riches étaient plus sages que le bas-peuple ? Parfois en tout cas, ça aide d'être cheerleader, on peut accéder à ces fêtes ultra branchées. Après un voyage d'une dizaine de minutes -qui aurait pensé qu'un hall put être si vaste ?- j'arrivai enfin dehors avec mister serviable. Il me raccompagna sans un mot à sa voiture. Elle doit coûter une sacré fortune. L'odeur de voiture neuve me pris quand j'ouvris la portière. Je fis une moue de dégout.

— S'il te plait Anna, ne vomis pas dans ma voiture. Je viens de l'acheter et les sièges sont en cuir. Enfin, sauf si tu veux payer le lavage...

Anna ? Je fus tellement choquée qu'il ait oublié mon nom que ma nausée s'évapora. Je ne relevai pas, cependant, me contentant de m'asseoir sur les sièges ultra-confortables. Comme il était bien gentil de s'occuper d'une fille tellement bourrée qu'elle n'était même pas capable de se déplacer seule -c'est à dire moi- je me contentai de sourire et de lui donner, machinalement, mon adresse. Il parut surpris que j'habite dans une résidence pour étudiant. Je n'étais pas Oméga et mes parents n'étaient pas acteurs ou sénateurs et j'avais quand même réussi à entrer dans cette superbe baraque. Mais voyez-vous, quand on est cheerleader et qu'on connait beaucoup de gens, ce n'est pas si difficile d'intégrer les super soirées. Je renversai ma tête en arrière et fermai les yeux. Les dix minutes de route me parurent interminable. Mon conducteur et moi restions silencieux mais je savais qu'on fond, il me détestai : j'avais gâché sa soirée. Il se gara enfin devant la Milky Way Residence. Il me demanda si j'avais besoin d'aide pour aller à ma chambre, mais je refusai poliment. Après tout, je n'étais plus malade, ou encore complètement Stone, les effets de l'alcool s'évaporaient petit à petit, laissant place à une grosse migraine. Il ne me demanda pas mon numéro, je n'en fus pas surprise. Je sortis et refermai la portière. Il ouvrit sa vitre et je m'appuyai contre sa voiture.


— Merci, murmurai-je dans un souffle.

Il remonta la vitre et s'en alla dans la nuit sans un au-revoir. Justicier des temps moderne. Je regardai mon portable ; 4h23. Il était temps que j'aille me coucher. Je remontai dans mon chambre. Guillaume n'était pas là. Tant mieux. J'allai dans la cuisine me prendre une aspirine, puis m'enfilai un pot de glace Häagen-Dazs à la vanille. Allez savoir pourquoi, me bourrer la gueule, ça me donne faim. Une fois ma glace finie, j'allai dans ma chambre. Je retirai mes vêtements, restant en sous-vêtements, puis allai me coucher. La nuit serait courte, le lendemain j'avais manucure à 12heures. Je fermai les yeux et m'endormis.

Comme chaque fois que je bois trop, je rêve de ma mère. Pourquoi ? Aucune idée, c'est comme ça depuis sa mort. Elle m'enlaçai, bien vivante. Je pouvais sentir sa peau, son parfum. Je souris dans mon sommeil, et elle me sourit en retour. Elle ouvrit la bouche, lâchant ces quelques mots avant de disparaître.

— Amour... wake-up baby.

Je m'entendis couiner. Mes rêves sont vraiment bizarres parfois. Je voulus me retourner mais quelque chose me glaça. Un corps chaud, des pieds froids étaient collés contre moi. J'ouvris grand les yeux, le peu de lumière dans la chambre me fit souffrir. Je me souvenais très bien être rentrée seule ! Quelqu'un s'était tapé l'incruste dans mon appart' pendant mon sommeil ! Je poussai cette personne, encore à moitié endormie. Pocf ! Le corps tomba sur le parquet et j'entendis une plainte. Je me redressai, maintenant j'étais bien réveillée. Je regardai quelques secondes l'intrus avant de capter... que c'était Brianna ! J'ouvris de grands yeux, l'aidait à se relever.


— Oh Brianna, je suis tellement, tellement désolée !

Brianna ? Je pourrais dire que c'est ma meilleure amie, je l'aime beaucoup en tout cas. On est très proches... Qu'elle vienne s'incruster dans mon lit ne me gênait pas le moins du monde. Alors qu'elle se frottait la tête, je demandai :


— Ça va ? Tu veux des glaçons ou....ou... une bière ?

Premier truc qui m'était venu à l'esprit. Je la regardai quelques instants. Elle était en sous vêtements. Est-ce qu'on avait couché ensemble ? Mon sang se glaça tandis que je me relevai, elle avec moi.