CEC & RILEY

Je ne savais absolument pas comment j’étais arrivée là. Le QG de la confrérie des gammas, très peu pour moi en général. J’évitais le plus de les fréquenter. Avec leurs airs de rebelles et leur comportement de je-m’en-foutiste, je ne leur accordais que peu d’importance. Je les trouvais tellement désespérants de prendre la vie de ce côté-là. Pour moi ils ne faisaient que se donner un genre au regard des autres. Après tout je n’étais qu’une petite pom-pom girl superficielle et prétentieuse à leur yeux alors je pouvais me permettre de dire ce que je voulais à leur égard. Je n’étais pas vraiment le genre à aller vers les autres, surtout avec des personnes avec qui je n’avais aucun point commun. Les gammas, par exemple. Plus je me tenais loin d’eux, mieux je me sentais. Je faisais ma petite vie sans me soucier de leur petit côté rabajois et déconcertant. Seulement je n’étais pas arrivée ici pour rien. Je n’étais pas énormément à ce chemin du moins plus depuis un certain temps et il y avait forcément une raison précise qui m’amenait là. Si Manon ou Constance m’avait croisé je leur aurai probablement dit que je passais par là et que je ne voulais qu’admirer leur vie inintéressante mais j’étais la seule à connaître la vraie raison de ma venue. Je refusais tout bonnement de la dire à haute voix, pourtant elle me rongeait presque de l’intérieur depuis quelques mois. Probablement trop têtue ou même trop fière pour admettre que j’étais devant cette porte pour un garçon. Tellement stupide et tellement puérile qu’il n’était pas trop tard pour filer en douce. Il ne m’avait pas encore vu, je pouvais toujours tracer ma route en oubliant mon détour. Je n’étais pas du genre romantique à chanter sous la fenêtre de mon bien-aimé ou même d’arriver avec une bouteille de champagne. C’était moi que l’on devait courtiser, pas le contraire. Seulement cette fois j’avais fait le premier pas. Ce qui était très rare. Je me laissais désirer et faisais en sorte qu’on revienne vers moi, mais une chose que je ne supporte pas c’est qu’on m’ignore et c’est ce qu’il avait fait depuis trois mois en partant pour la Corse sans me donner de nouvelles. Je ne pouvais pas le supporter et il devait le comprendre. Et vite. Je voulais savoir où j’en étais. Pouvoir mettre de l’ordre dans mes sentiments. Ma situation amoureuse était terriblement dans le flou et je voulais être fixée. J’avais attendu qu’il revienne vers moi et qu’il s’excuse mais il avait joué la carte de la facilité en m’évitant depuis son départ en Corse. Il me prenait pour une idiote clairement, et il allait m’entendre ! S’il avait quelque chose à me dire, qu’il me le dise honnêtement. On n’avait jamais retenu une pensée devant l’autre et ce n’était pas le moment. Nous avions toujours été très clairs entre nous, quitte à ce que ça finisse en énorme dispute mais là il vait probablement oublié ce léger détail. Peut-être que finalement il ne voulait plus me voir et me rayer de sa vie. Si c’était le cas, je méritais de l’entendre de vive voix et pas le supposer à cause de son absence. Il m’avait toujours bassiné avec le fait qu’il soit un homme franc alors il était temps qu’il me le prouve. Il avait eu le temps de s’apercevoir que je n’étais pas une fille fragile et sensible, je pouvais très bien encaisser sans problème. Je voulais juste qu’il me dise clairement ce qu’il avait sur le cœur, c’était trop demandé ? Je méritais bien ça. Je montais les escaliers, sous les regards des gammas qui n’avaient pas l’habitude de me voir dans leur quartier. Je portais une des dernières robes que j’avais acheté qui mettaient mes formes en valeur. J’aimais être regardée et je faisais tout pour l’être. Peut-être que ça allait le rendre jaloux et que je pourrai mieux comprendre ses sentiments vis-à-vis de moi. Pour l’instant j’étais très confuse et le moindre indice pouvait m’être utile. J’arrivai très vite devant la porte de sa chambre qui était entrouverte. Je ne le voyais pas d’où j’étais mais en revanche quasiment sûre qu’il soit là. Du moins il le fallait car je ne comptais pas revenir une fois de plus dans cet endroit. C’était maintenant ou jamais. Et je ne comptais pas repartir sans que notre relation soit un peu plus claire. Je ne pouvais pas supporter d’être dans le flou total et de ne pas savoir où nous en étions. Contrôler les choses c’était mon domaine. Je gérai plus que bien quand il s’agissait de diriger ou commander mais là je perdais tout contrôle. Il m’échappait et semblait aussi tirer de son côté pour me rendre la tâche plus difficile. J’allais lui remettre les idées en place et plus vite que ça ! Je pris mon courage à deux mains, prête à assurer un face-à-face explosif pour taper à la porte entrouverte. « Il faut qu’on parle CEC. Et je ne compte pas rester sur le palier de ta porte comme une potiche. Donc soit tu me prouves que tu es un homme soit je m’en vais et ta vie sera un enfer. Du moins plus qu’elle ne l’est déjà. » Il devait savoir dès le début le pourquoi de ma visite et il valait mieux qu’il sache que je n’étais pas venue pour boire le thé ni pour parler du beau temps. Il savait très bien que j’étais sérieuse et à sa place j’aurai de suite ouvert la porte. Défier Riley Jaymes Andriev est une très mauvaise idée si on veut garder un minimum de dignité.