Liam & Kaeleigh

Du bonheur à l’état pur, brut, natif, volcanique, quel pied ! C’était mieux que tout, mieux que la drogue, mieux que l’héro, mieux que la dope, coke, crack, fitj, joint, shit, shoot, snif, pét’, ganja, marie-jeanne, cannabis, beuh, péyotl, buvard, acide, LSD, extasy. Mieux que le sexe, mieux que la fellation, soixante-neuf, partouze, masturbation, tantrisme, kama-sutra, brouette thaïlandaise. Mieux que le Nutella au beurre de cacahuète et le milk-shake banane. Mieux que toutes les trilogies de George Lucas, l’intégrale des muppets-show, la fin de 2001. Mieux que le déhanché d’Emma Peel, Marilyn, la schtroumpfette, Lara Croft, Naomi Campbell et le grain de beauté de Cindy Crawford. Mieux que la face B d’Abbey Road, les CD d’Hendrix, qu’le p’tit pas de Neil Armstrong sur la lune. Le Space-Mountain, la ronde du Père-Noël, la fortune de Bill Gates, les transes du Dalaï-Lama, les NDE, la résurrection de Lazare, toutes les piquouzes de testostérone de Schwarzy, le collagène dans les lèvres de Pamela Anderson. Mieux que Woodstock et les rave-party les plus orgasmiques. Mieux que la défonce de Sade, Rimbaud, Morisson et Castaneda. Mieux que la liberté.

Qu’est ce qui pourrait être mieux que tout ça ? Patience, vous le saurez bien assez tôt.

Encore une journée dès plus banale pointa le bout de son nez. Ce matin-là, Kaeleigh se réveilla seule. Fait plutôt rare pour une fille qui collectionne les histoires d’une nuit. A vrai dire, cela faisait bientôt une semaine qu’elle n’avait pas amené de mâle dans sa chambre. Pas depuis sa liaison avec Liam Lancaster, un membre de sa confrérie. Pourtant, lors de leur rencontre, rien ne laissait penser qu’ils finiraient un jour dans le même lit. Leur relation était dès plus étranges. D’abord parce que tout avait commencé à cause du secret de Kaeleigh. Secret qu’elle pensait pourtant bien caché et surtout bien gardé. Mais il faut croire que non. La preuve, Liam, un garçon à qui elle n’avait jamais adressé la parole, s’avéra être au courant pour le meurtre commis au Japon. Fait plutôt inquiétant lorsqu’on sait que seulement deux ou trois personnes sont censées partager ce secret sur le campus. Sans pour autant se méfier dès le départ, engagea la conversation avec ce fameux Lancaster après s’être présentée comme étant sa présidente de confrérie. C’est seulement quelques jours après leur rencontre qu’il lui avoua connaître l’existence du meurtre dont elle était l’auteur. C’est dans ces moments-là qu’on a tendance à paniquer. Cette tâche noire dans son passé menaçait de manière conséquente son avenir à Berkeley, pour ne pas dire son avenir tout court. Les choses auraient pu en rester là, mais ça aurait été trop facile. Liam commença doucement, mais sûrement, à lui faire du chantage, espérant lui soutirer quelques services en échange de son silence. Il était devenu son maître-chanteur, ni plus, ni moins. Kae’ qui avait l’habitude de toujours tout dominer, de contrôler sa vie, et parfois même celle des autres, se sentit soudainement très vulnérable. Elle ne contrôlait plus rien et sa place dans l’université ne dépendait plus que de lui. Rassurant, n’est-ce pas ? Kae’ essaya de trouver quelques informations sur Liam, espérant pouvoir le faire chanter à son tour. Mais à part le fait qu’il ait un fils, rien de très croustillant. Elle aurait pu prendre sa progéniture en otage et le menacer de mort si Liam disait quoi que se soit à propos du meurtre. Mais ça aurait été trop cruel. Alors qu’elle se faisait à l’idée qu’elle allait devoir être aux pieds de Lancaster pendant de longs mois, une occasion des plus surprenantes se présenta. Alors que Liam était sur le point de rejoindre son appartement en début de soirée, Kaeleigh l’interpella et lui proposa de venir boire un verre chez elle. Elle voulait tenter le tout pour le tout. Dans un sens, elle savait qu’il attendait ce moment. Il avait beau la faire chanter et elle, le détester, tout ce cirque avait un but. Elle ne comptait pas le mettre dans son lit dans l’espoir qu’il la laisse tranquille. Au début, il est vrai que c’était son premier objectif, et sa seule idée pour s’en sortir. Mais si il n’avait pas été à son goût, si il ne l’attirait sous aucun prétexte, elle aurait bien du trouver une autre solution. Et bizarrement, une fois chez elle, ils ne touchèrent pas à une seule bouteille d’alcool. A croire que l’attraction du canapé puis de Kae’ fut plus forte. Et pendant les heures qui suivirent, elle oublia qu’elle était dans les bras de celui qui menaçait sa place à Berkeley. Encore aujourd’hui, elle s’en veut d’avoir accordé autant d’importance à ce moment. Après tout, il n’était qu’un homme parmi tous ceux qu’elle avait déjà côtoyé sous ses draps, non ? C’est pourtant là que demeure toute la question.

Kaeleigh finit donc par se lever après avoir scruté le plafond pendant de longues minutes. Elle prit une douche avant de se rendre dans sa cuisine. A vrai dire, elle n’avait pas très faim. Elle qui est pourtant une grande adepte des bons petits déjeuners… Mais elle avait devant elle une longue journée, notamment en matière d’organisation, et un bon café ne lui ferait pas de mal. Elle ouvrit donc le placard où elle rangeait sa potion magique et face à une étagère déserte, réalisa qu’elle avait oublié d’en racheter. La journée commençait bien. Préférant éviter les magasins en ce début de matinée, elle décida de se rendre dans un café. Elle enfila son blouson, sa paire de bottes, s’empara de son sac et sortit de l’appartement, pas franchement ravie. Elle croisa quelques membres de sa confrérie qu’elle salua avec plus ou moins de vivacité. Elle ne les portait pas tous dans son cœur, c’est peu de le dire. Une fois sortie de la maison de confrérie, elle entreprit une marche jusqu’au café ; pas question de prendre un taxi. Et elle avait grand besoin de s’aérer l’esprit. Elle avait beau essayé de faire le vide, Liam revenait toujours, d’une manière ou d’une autre. Si bien que ça en devenait presque agaçant. Elle avait connu des dizaines d’amants, et rares sont les fois où elle y repensait. Pourquoi lui ? Il faisait tout pour qu’elle le déteste. Que cherchait-il alors ? C’est surtout à cette question que Kaeleigh tentait de trouver une réponse.

Après quelques minutes de marche, Kaeleigh rentra dans l’un des cafés de Stonestown District. Elle s’assit à l’une des tables dans le renfoncement de la salle. Elle retira son manteau tandis qu’un serveur venait prendre sa commande. Elle commanda ce fameux café avant que son téléphone ne retentisse. « Dad » s’afficha sur l’écran. Kae’ raccrocha aussitôt. Elle ne voulait pas parler du décès de sa mère, que se soit avec ses amis ou sa famille. Elle soupira longuement tout en passant ses mains dans ses cheveux. Un certain agitement provenant d’une des tables voisines la sortit de ses pensées. Une serveuse semblait s’afférer à éponger le contenu d’une tasse de café renversée tandis que le client tentait tant bien que mal de nettoyer son jean. Kae’ ne parvint pas à voir le visage du malchanceux mais n’eut pas le temps de s’en inquiéter. Le serveur lui ramena sa commande, qui elle, arriva entière sur sa table. Elle trempa aussitôt ses lèvres dans le breuvage et grimaça. Elle n’avait pas mis de sucre. Le serveur avait du oublier d’en mettre dans sa coupelle. Elle regarda en direction du garçon malchanceux qui se trouvait dos à elle. La serveuse semblait avoir fini de nettoyer et quitta la table pour aller fumer sa cigarette. Quant à son serveur, il avait disparu. Quel service ! Remarquant que l’autre client n’utilisait pas son sucre, elle se leva et continua dans sa direction. Elle pouvait toujours lui demander. Au pire, il refuserait. Mais bon, ce n’était que du sucre. Elle se posta devant sa table et s’apprêta à lui demander de lui céder son sucre.

« Excusez-moi, vous pourriez me la… »

En effet, très mauvaise journée.

Liam & Kaeleigh

Du bonheur à l’état pur, brut, natif, volcanique, quel pied ! C’était mieux que tout, mieux que la drogue, mieux que l’héro, mieux que la dope, coke, crack, fitj, joint, shit, shoot, snif, pét’, ganja, marie-jeanne, cannabis, beuh, péyotl, buvard, acide, LSD, extasy. Mieux que le sexe, mieux que la fellation, soixante-neuf, partouze, masturbation, tantrisme, kama-sutra, brouette thaïlandaise. Mieux que le Nutella au beurre de cacahuète et le milk-shake banane. Mieux que toutes les trilogies de George Lucas, l’intégrale des muppets-show, la fin de 2001. Mieux que le déhanché d’Emma Peel, Marilyn, la schtroumpfette, Lara Croft, Naomi Campbell et le grain de beauté de Cindy Crawford. Mieux que la face B d’Abbey Road, les CD d’Hendrix, qu’le p’tit pas de Neil Armstrong sur la lune. Le Space-Mountain, la ronde du Père-Noël, la fortune de Bill Gates, les transes du Dalaï-Lama, les NDE, la résurrection de Lazare, toutes les piquouzes de testostérone de Schwarzy, le collagène dans les lèvres de Pamela Anderson. Mieux que Woodstock et les rave-party les plus orgasmiques. Mieux que la défonce de Sade, Rimbaud, Morisson et Castaneda. Mieux que la liberté.

Le jeu… Kaeleigh connaissait ça très bien, pour ne pas dire qu’elle excellait en la matière. Toujours là pour dépasser et surtout tester ses limites, quoi qu’il puisse arriver. Elle n’avait pas froid aux yeux, c’est le moins que l’on puisse dire. Et si en plus il y a un risque à la clé, vous pouvez être sûre qu’elle ne se fera pas prier. Elle sait que la vie et courte et qu’il faut en profiter. Que tout le monde n’a pas la chance d’avoir une vie étudiante, de pouvoir profiter de son existence comme il le voudrait. Alors quand elle a l’opportunité de sortir de son quotidien, elle saisit sa chance. Et c’est plutôt commun chez elle. Peut-être à cause de tout ce qu’elle a déjà vécu, malgré son jeune âge. Elle est rapidement devenue indépendante, et sa soif de nouvelles découvertes s’est vite fait ressentir. Parcourir le monde est sa première passion, devant la photographie. Enchaîner les histoires d’un soir est plutôt un passe-temps, une sorte de loisir gratuit qui ne fait de mal à personne. Elle n’a pas honte de l’avouer ni même de l’assumer ; ça ne fait pas d’elle une péripatéticienne pour autant. Elle sait se faire entendre et rare sont les fois où les hommes se sont imposés. Lorsqu’elle dit non, c’est non. Alors pourquoi ne pas s’être imposée face à Liam ? Pourquoi ne pas avoir résisté, avoir dit non ? Certainement parce que la tentation était trop forte. Parce qu’au fond d’elle-même, elle savait que cette situation était inévitable. Il l’avait menée par le bout du nez pendant deux semaines ; il possédait la seule zone d’ombre dans sa vie, la seule chose qui pourrait la faire exclure de BCU voir même des États-Unis et l’envoyer derrière les barreaux au Japon, ou en Australie dans le meilleur des cas. Autant dire qu’il avait un fort moyen de pression pour la faire céder à tous ses désirs. Mais ce soir-là, difficile de savoir qui avait cédé à l’autre. Kaeleigh avait tout fait pour l’amadouer, elle avait tout prévu, alcool, séduction… Mais rien de tout ça n’avait servi. Elle s’était contentée de le regarder sur le pas de la porte, sans arrière pensée, son plan s’envolant aussitôt. Il n’avait plus été son maître chanteur pendant quelques heures. Mais un amant plutôt exceptionnel qui avait marqué son esprit plus qu’elle n’aurait pu l’imaginer. Elle qui pensait mettre fin à son espère de calvaire en couchant avec lui se retrouvait embarquée dans un amalgame de souvenirs de leur nuit. Autant dire que les conséquences n’étaient pas vraiment souhaitées. Avec du recul, elle se dit que cette nuit allait aggraver la situation ; il avait certainement eu ce qu’il voulait (coucher avec elle) mais allait-il s’arrêter là ? Kaeleigh espérait que oui, mais quelque chose lui dit que non. Elle commençait à le connaître, et ce qu’elle savait de lui suffisait à la faire douter quant à la suite des évènements.

A croire qu’il allait lui pourrir son année. Elle qui pensait pourtant que cette journée allait être meilleure que les autres, elle se rendit compte dès le début de matinée que se ne serait pas le cas. Tomber nez à nez avec Liam dans l’un des milliers de café de San Francisco à peine 2 heures après s’être levée… Elle maudit le serveur qui ne lui avait pas mis de sucre dans la coupelle de son café jusqu’à ce que Liam mette fin au silence et surtout à la stupéfaction de Kaeleigh, qui se demandait si la scène était bien réelle. « Kaeleigh, tu tombes bien. Justement j’étais entrain de me demander comment j’allais bien pouvoir rendre cette journée intéressante et toi voila ! » La jeune femme déglutit difficilement, se demandant si elle devait le pousser de sa chaise maintenant ou attendre un peu avant de passer à l’action. Il avait le don de la pousser à bout avec son air sarcastique. Elle ne répondit rien, se contentant de le fixer pendant quelques secondes. Après un instant de réflexion, elle empoigna fermement l’avant-bras gauche de Liam et le força à se lever. Elle le poussa jusque vers la sortie, la rage au ventre, c’est le moins que l’on puisse dire. Il l’avait poussée à bout et elle n’était pas fière de l’avouer. La porte s’ouvrit à la volée et les bruits de la ville reprirent le dessus sur le calme du café. Elle lâcha Liam une fois à l’extérieur.

« Qu’est-ce que tu m’veux ? Pourquoi ça t’amuse, hein ? Tu connais même pas toute l’histoire ! T’arrives, là, fier d’avoir entre tes mains la seule chose qui pourrait me faire chuter à Berkeley. Mais ça t’apporte quoi finalement ? T’as tellement de mal à attirer les filles dans ton lit que c’est le seul moyen fiable que t’ais trouvé pour satisfaire ta libido ? »

Kaeleigh n’avait pas lâché Liam du regard. Elle aurait pu le pousser sous une voiture ; mais son nombre de meurtre se serait alors élevé à deux, et ce n’était pas son but. Elle finit par détourner le visage et passa une main dans ses cheveux, les mettant en arrière, avant de prendre une grande bouffée d’air (pollué, certes, mais bon). Elle avait fait l’objet d’une certaine attention sur ce trottoir public, mais elle s’en foutait. Pour elle, il n’y avait que Liam et elle devant ce café. Juste elle et lui. Elle voulait mettre fin à cette situation dès plus insupportables, et surtout , oublier qu’elle avait pu ressentir quelque chose cette nuit-là avec l’homme qui rendait sa vie impossible depuis deux semaines.