Tasha & Abbygail ♥

L'argent est l'argent, quelles que soient les mains où il se trouve. C'est la seule puissance qu'on ne discute jamais. Par conséquent, les jumelles Vodianova seront bientôt les maîtresses du monde...CQFD. Ne jamais croire à la poupée qui tousse, ne jamais vendre la peau d'une Vodianova avant de l'avoir tuée non plus. CQFD (bis).

Et dire qu’Abbygail avait eu la naïveté de croire qu’elle aurait pu couper aux fêtes de fin d’année en famille…Tasha avait toujours eu cette spontanéité extraordinaire, celle de choisir de célébrer ou non un évènement en particulier à la dernière minute. La jolie blonde avait été avertie par un simple message laissé sur son téléphone, et cela par son majordome unique et préféré, Charles. Le pauvre homme avait été mis à l’amende dès le matin de bonne heure, faisant face à la tornade formée par la plus jeune des jumelles Vodianova…Abby était presque heureuse de ne pas avoir eu à supporter cela jusqu’à lors. Elle s’était terrée à l’université jusqu’au bout, réglant les énièmes démarches administratives. Un abandon en cours de semestre, même pour cause de grossesse, incitait plus facilement à la paperasse que ce à quoi elle s’était attendue. Mais pour cette fois, c’était un avantage certain, et elle remerciait presque les responsables de bureau d’avoir instauré toutes ces règles. Abby ne prit donc un taxi direction Financial District que tard, en début de soirée. Elle ne le savait pas encore, mais il était près de dix neuf heures lorsqu’elle accepta enfin de se diriger vers l'abattoir…Il fallait dire qu’elle ne s’embarrassait jamais d’une montre dont elle ne pouvait pas discerner les aiguilles sur le cadran et ne perdait jamais son temps à demander l’heure. A la place, elle allait et venait à l’horaire qui lui convenait, avec en l’occurrence l’idée bien arrêtée de quitter le domicile familial si jamais la discussion prenait une tournure lui déplaisant. Abby s’attendait à ce que Tasha l’attende avec deux couteaux de boucher, une folle envie de meurtre présente dans ses yeux et un discours proprement assassin. En somme, les réjouissances seraient de mise pour ce Noël, et elle n’était pas au bout de ses peines. C’était à un point tel qu’elle manqua de rebrousser chemin une fois arrivée devant l’immense grille de la demeure sur Financial. La jolie blonde était possédée par l’irrépressible envie de choisir la case ‘poudre d’escampette’ rien qu’une toute petite fois. Après tout, aussitôt revenue de l’échange avec la Sorbonne, elle s’était empressée de refaire ses bagages pour aller s’installer ailleurs…A savoir dans un appartement, en solitaire. Elle n’avait pas laissé le moindre mot à Tasha, ne donnant ses instructions qu’à Charles, le majordome, afin qu’il transmette le message. Sa jumelle aurait donc toutes les raisons du monde de l’inonder de sa colère, même en cette veille de Noël. « Bonjour auguste compagnie ! » lança-t-elle sur un ton faussement enjoué alors qu’elle avait à peine foulé le sol du hall d’entrée. Aussitôt, Charles l’inonda de paroles abondantes en gentillesse, tout en lui autant son magnifique manteau de fourrure ainsi que ses gants. Ce fut donc vêtue d’une magnifique robe de soirée noire, mettant en valeur ses rondeurs de grossesse lui allant à ravir, qu’elle foula le sol de la cuisine. Le silence de mort qui s’en suivit manqua de lui glacer le sang. Elle entendait juste le son du poulet que l’on dépose dans le plat, qui n’aurait pas pu échapper à la jolie jeune femme atteinte de cécité qu’elle était, mais l’absence du moindre petit salut de la part de la jumelle manqua de la faire entrer dans une colère indicible. Très bien…Puisque Tasha voulait jouer aux devinettes muettes, elles allaient jouer.

ABBY – « Tu vas bien Abby ? Oh oui Tasha, c’est très gentil de demander. Les jumeaux se portent à merveille aussi. Tu es l’empathie personnifiée, sœurette ! »

Le coup du monologue ferait probablement sortir Tasha de ses gongs, mais c’était le but recherché après tout. Abby se risqua donc à avancer, sans la moindre trace d’un quelconque sourire narquois présent sur ses lèvres. Elle gardait jusqu’à lors un masque d’impassibilité, au cas où il faille faire face à de quelconques représailles. Après tout, nul ne connaissait Tasha mieux qu’elle…Si Abby était le feu sous la glace, sa jumelle lui était semblable en tout point là-dessus. Ce fut pourquoi elle finit par déposer sa canne d’aveugle contre le plan de travail, à portée de sa main, avant de se hisser sur l’un des tabourets de bar bordant celui-ci. Elle n’avait pas l’intention de laisser sa sœur unique et préférée ruminer…Pas tant qu’elle ne connaîtrait pas la raison exacte de son silence, même si fatalement elles pouvaient être nombreuses.

ABBY – « Tu vas continuer encore longtemps ce numéro du ‘je suis aussi aimable qu’un gardien de cimetière à Halloween’ ? Non parce qu’on peut toujours jouer à je te tiens tu me tiens par la barbichette, le premier qui parlera aura une tapette, c’est efficace aussi. Tu me reproches quoi, au juste ? D’avoir mis les voiles sans prévenir ? Je n’avais aucune intention de croiser Papa, j’ose espérer que tu es assez intelligente pour l’avoir compris ! »

Alea jacta est comme dit l’autre…

Tasha & Abbygail ♥

L'argent est l'argent, quelles que soient les mains où il se trouve. C'est la seule puissance qu'on ne discute jamais. Par conséquent, les jumelles Vodianova seront bientôt les maîtresses du monde...CQFD. Ne jamais croire à la poupée qui tousse, ne jamais vendre la peau d'une Vodianova avant de l'avoir tuée non plus. CQFD (bis).

ABBY – « Ah oui, se bourrer la tronche à la vodka, mais quel choix horriblement intelligent ! »

Sans se contrôler davantage, la jolie blonde tapa légèrement son poing contre la table de travail, tout en levant les yeux au ciel. C’était officiel, sa jumelle avait complètement perdu l’esprit. Certes, les deux avaient du sang russe dans les veines, mais jamais elles ne s’étaient vraiment laissées aller à une quelconque débauche ou un abus d’alcool. Cette fois, Abby le savait, Tasha voulait noyer son quelconque chagrin dans l’alcool…Quelque part, cela lui faisait mal d’entendre cela, surtout qu’elle la rendait sûrement responsable de nombreuses choses, néanmoins, elle pouvait en avoir autant à son service : Tasha, qui ne lui avait jamais rien caché jusqu’ici, ne lui avait jamais dit qu’elle était tombée enceinte. Un secret bien lourd à porter, si bien qu’Abby s’était juré de n’en piper mot qu’en étant prête elle-même. Soit, la soirée allait être bien longue, et tandis que les gestes de Tasha trahissaient son intense colère, la jolie blonde ne manqua pas de remarquer qu’elle lui avait posé et la bouteille de vin, et un immense verre de luxe à côté d’elle. Si cela continuait à ce train là, elles n’attendraient pas le jour de l’an, ni l’une ni l’autre, pour se mettre minable. L’espace de quelques secondes, Abby se plut à imaginer l’expression d’Adrian s’il la voyait ainsi tentée par un bon verre de vin qui ne pourrait lui faire du bien face à tant de tensions. C’était boire ou supporter inlassablement la peur de Tasha de se lâcher une bonne fois pour toute. C’était son tempérament tout craché ! Intérioriser au maximum afin d’éviter de se disputer…Mais c’était un très mauvais calcul en présence d’Abby. La jeune aveugle préférait mille fois qu’elles se prennent la tête le temps qu’il faut, que l’abcès soit bien crevé pour reprendre une discussion plus normale ensuite. Elles étaient liées par le sang, plus que n’importe qui d’autre sur cette bonne planète, mais elles étaient réduites à compter les non dits dans un cahier secret de leur âme. C’était…Pathétique, du moins au goût de la blondinette.

ABBY – « A ce rythme là, tu n’auras même pas besoin de te beurrer la gueule au jour de l’an, t’auras mal aux cheveux avant. J’espère que tu bois du bon, au moins. »

S’emparant finalement de la bouteille, se versant un verre avec une précaution infinie afin de ne pas en gâcher la moindre goutte, elle portant ensuite le verre près de ses narines afin d’en humer le délicat parfum s’en dégageant. C’était une pure merveille…Néanmoins, Abby n’ayant pas fait d’études d’œnologie et n’étant pas spécialement experte en vins, elle ne pu décemment reconnaître l’identité de cette véritable œuvre d’art. Elle en but donc une gorgée, dont elle laissa le goût lui imprégner le palais avant de l’avaler. Elle posa ensuite son verre afin de frôler l’étiquette du bout des doigts, pour découvrir sans surprise que Tasha buvait là l’un de ses vins favoris. Un Saint Emilion grand cru, sûrement une grande année connaissant ses goûts raffinés, cependant, elle n’était pas spécifiquement en état d’en apprécier toutes les caractéristiques. Un vin, cela se déguste dans le calme le plus complet, cela se discute, se philosophie, mais cela ne se boit pas à la sauvette entre deux paroles cinglantes avec sa jumelle aveugle. Bien entendu, tout ce charmant intermède fut brisé à l’instant même où Abby vida son propre verre cul sec, afin de lui faire comprendre que quoi qu’il advienne, elles auraient toujours leur taux d’alcoolémie leur restant pour bavasser de choses incompréhensibles dictées uniquement par le degré alcoolique dans leur sang… « Je croyais que tu voulais te saouler à la vodka pour le nouvel an…Sans vouloir t’offenser sœurette, je doute que Demyan soit très fan de sa fiancée alcoolique ce jour là. A moins qu’il n’apprécie les séances glamour consistant à te tenir les cheveux pendant que tu vomis tes tripes au dessus de la cuvette. Mais connaissant l’homme, j’en doute. »
Abby avait fini par se relever de son tabouret pour se ruer sur les avocats que Tasha martyrisait depuis tout à l’heure. Même en étant aveugle, certains réflexes restaient, fort heureusement. Tant qu’il n’était pas question de couteaux de cuisines et autres armes blanches en tout genre, Abby ne risquait pas grand-chose. Éplucher ces fameux avocats lui permettait une formidable porte de sortie pour répondre à l’accusation, pourtant parfaitement justifiée, de Tasha.

ABBY – « Premièrement, pour ton information, Adrian m’a larguée comme une vieille chaussette. Alors si tu pouvais m’épargner ton air faussement sadique, j’avoue que ça me plairait énormément. Deuxièmement, au cas où tu serais prise d’amnésie soudaine, Papa est un mafieux. Ca fait des années qu’on supporte le poids du FBI sur nous, et perso, j’en peux plus ! Merde Tasha, si ça t’amuse de te faire interroger tous les quatre matins, d’être harcelée par courrier, par téléphone, de te faire déloger d’un amphi en plein cours par des agents armés jusqu’aux dents…Moi j’en ai ras le bol ! Je veux MA vie, tu comprends ? Ca fait des années que je supporte pour éviter de te blesser, mais là merde, je me permets d’être égoïste. Alors OUI, ne t’en déplaises, je compte bien envoyer Papa en taule. Qu’il paye un peu pour une fois…C’est trop facile de faire tout et n’importe quoi, de s’en mettre plein les fouilles et de laisser des innocents payer l’addition. Adrian a été emprisonné par sa faute ; ça, je ne suis pas prête de l’oublier. »

Finalement, la jolie blonde faisait subir exactement le même sort à ces pauvres avocats, les écrasant presque en les déposant sans la moindre douceur contre le plat où il allait être servis. Abby n’avait plus aucune patience, ni même l’envie de prétendre le contraire. Elle se remplit un autre vin de la bouteille qui était déjà pratiquement vide, avant de le boire à nouveau cul sec. Il n’y a pas de mal à se faire du bien, parait-il. « T’as bien choisi, c’est une merveille ce pinard…Pardon, ce vin. » Elle déposa son verre à nouveau vide contre le plan de travail, ne sentant pas le moindre syndrome de tête qui tourne. A croire qu’elle soit bien plus résistante à l’alcool que ce à quoi elle s’attendait…

ABBY – « Demyan accepte peut-être pour l’instant d’être avec toi, mais si jamais tu payes un pot cassé à cause de Papa, je doute qu’il reste sans rien faire. Et puis merde, je te rappelle que je suis enceinte jusqu’à la glotte, alors les conneries des uns et des autres, ça me fait suer ! Je suis coupable d’être partie sans rien dire, d’accord. Tu veux quoi, que je te supplie de me pardonner ? »

Abby n’avait pas l’intention de se chamailler comme une chiffonnière avec sa jumelle, mais si elle y était contrainte, elle n’allait certainement pas hésiter. Adrian l’avait abandonnée, elle était dans les ennuis administratifs jusqu’au cou, et pourtant, elle était venue passer Noël avec Tasha. Si ce n’était pas une preuve de bonne volonté… « Oh, et pour ton sous entendu sur Noah, tu as encore du chemin à faire, sœurette, ne t’en déplaise. J’ai eu le malheur de coucher avec lui, ça va, pas de quoi en faire un camembert coulant et odorant ! Je me sens assez crétine sans avoir besoin que t’en remettes une couche. » En épluchant le dernier avocat, Abby l’explosa littéralement contre le plat tellement il était mûr. Ce fut à cet instant qu’elle comprit que l’alcool avait un léger impact sur elle : La blondinette en avait plein la main, et son premier réflexe fut d’éclater de rire…Alors qu’il n’y avait somme toute rien de drôle. Puis, tout en s’essuyant à l’aide d’un essuie-tout, elle poursuivit :

ABBY – « Je te prie, je te supplie, je me roule à tes petits petons mignons…Bon, maintenant que tu m’as pardonnée, aboule la vodka ou une autre bouteille de vin. On a des choses à célébrer…Ou plutôt à oublier ! »

Tasha & Abbygail ♥

L'argent est l'argent, quelles que soient les mains où il se trouve. C'est la seule puissance qu'on ne discute jamais. Par conséquent, les jumelles Vodianova seront bientôt les maîtresses du monde...CQFD. Ne jamais croire à la poupée qui tousse, ne jamais vendre la peau d'une Vodianova avant de l'avoir tuée non plus. CQFD (bis).

ABBY – « Ce sale type ?! Je te signale à toute fin utile qu’il fut un temps où tu te l’est tapé, ce sale type ma chère soeurette ! Ta mémoire serait-elle aussi courte ? Diable, je ne pensais pas que le vin pourrait nous monter aussi vite après deux verres seulement… »

Se plaquant la main contre son front tout en se fendant d’un nouveau rire, Abbygail constata avec bonheur qu’elle n’était possédée par aucune migraine. La gueule de bois était encore bien loin, elle avait donc tout le temps du monde pour se payer une gentille murge de Noël. Comme Tasha l’avait si justement fait remarquer, elles avaient beaucoup de tracas à oublier, l’une comme l’autre. C’était franchement dommage que la jolie blonde n’ait pas eu le coup de main d’amener le dossier à la taille homérique qu’elle avait en sa possession en vue de faire emprisonner leur père. Cela dit, elle avait été à des années lumière d’imaginer que sa jumelle prendrait aussi bien la nouvelle. Aussi loin que remontent ses souvenirs, Tasha idolâtrait leur père, il était son héros, son guide entre chaque aléa de la vie. Toute petite fille finit par grandir, et si cela se trouvait, les nombreuses épopées vécues à cause du FBI avait eu raison de ce conte de fées dans lequel s’était enfermée sa sœur depuis sa plus tendre enfance. Tout en sirotant les quelques gouttes restantes de vin présentes dans son verre, elle ne pouvait s’empêcher d’essayer de trouver une raison à cette haine si soudaine. Tasha n’était pas du genre à rayer quelqu’un aussi facilement de sa vie…Elle n’avait pas l’amour vache, elle s’attachait aux gens et ne les lâchaient jamais en court de route. Si cela se trouvait, Demyan avait déjà eu des déboires avec Vodianov père, et sa jumelle avait choisi entre sa famille de base et celle qu’elle comptait fonder avec son petit ami. Tasha était une romantique devant l’éternel, nul ne le savait mieux qu’Abby…Ce côté l’avait toujours à la fois estomaquée et impressionnée chez sa sœur. Elle était l’équilibre là où la blondinette était la sauvagerie et la grossièreté incarnées, faisant en sorte de ne jamais être impressionnée par quoi que ce soit. Sauf que cette fois, Abby devait bien admettre que sa sœur la battait à plat de couture : Tasha ne semblait ni offusquée par le fait qu’elle se soit envoyée en l’air avec Noah, ni sur son intention de flanquer leur père en prison pour le restant de ses joues. Était-ce l’alcool qui s’exprimait déjà ou bien un lien de jumelles que personne n’avait jamais su expliquer ? Allez savoir… « Diable sort de ce corps » finit-elle par dire, tout en essayant de boire une énième goutte de vin qui n’existait pourtant pas. Par chance, Tasha avait déjà sorti la bouteille de vodka du congélateur…La déshydratation ne serait pas leur problème à venir ; plutôt le coma éthylique, ou une bonne gueule de bois le lendemain s’il n’y avait pas de séance glamour au dessus de la cuvette des toilettes.

ABBY – « Alors là, je suis littéralement sciée. Je n’aurais jamais cru que tu le prendrais aussi bien ! Papa, c’était ton héros avant, t’as été piquée par quel type de mouche pour retourner ta veste à ce point là ? Je te préviens, si je réussi à faire mouche, si je peux dire les choses ainsi, il sera en taule pour le reste de sa vie. Je n’hésiterais pas un seul instant, mais toi ? »

Tout en prenant la bouteille de vodka et en l’ouvrant avec une passion qu’on ne lui connaissait pas, elle en servit deux shooters afin de rafraîchir leurs gorges respectives. Après le vin, elles n’étaient plus à ça près, de toute façon. Et en bonnes connaisseuses qu’elles étaient, elles avaient évité de commettre l’hérésie de faire l’inverse : La vodka avant le vin…Il fut bien évident qu’Abby s’empressa de vider son shooter cul sec, grimaçant face au fait que cela était en train de la nettoyer littéralement de l’intérieur. On aurait pu croire qu’Abby allait se mettre à être d’autant plus bavarde, confiant ses moindres secrets à sa jumelle unique et préférée, mais il n’en fut rien. Aussitôt après avoir bu, elle laissa échapper un nouveau rire, non sans se saisir d’un avocat présent dans le plat afin de l’écraser contre le plan de travail. Il n’y avait aucun mal à se lâcher de temps en temps, et du reste, cela faisait bien trop longtemps qu’elle était raisonnable. Elle explosa donc littéralement le légume contre le plan, mimant métaphoriquement la manière avec laquelle elle traitait ses moindres soucis. Fatalement, elle devait bien reconnaître que Tasha était dans le vrai : Si Adrian ne revenait pas, alors c’était l’idiot de service. « Mais ces dix de retrouvés, ils sont où ? Mais où sont les chippendales nom de dieu ! »
Sans se resservir aussitôt de la vodka, Abby écrasa un second avocat, mais pas contre le plan de travail cette fois. Elle l’envoya valser contre le mur, créant une forme presque artistique qu’elle ne pu malheureusement pas contempler de ses propres yeux. C’était dommage, car elle aurait probablement rit avec nettement plus d’éclats si d’aventure elle avait été capable d’admirer la scène proprement navrante.

ABBY – « Ne t’inquiètes pas pour moi sœurette, je sais très bien m’occuper de moi. Je suis seule, mais pas désespérée pour autant…Quoi que, tu crois qu’avoir envie de se foutre une balle en pleine tête, c’est signe de dépression ? Passons. Quand tu dis ‘au point où j’en suis’ tu entends quoi par là, au juste ? Me dis pas qu’il y a anguille sous roche avec Demyan ! Franchement, j’y croirais pas à un truc pareil, c’est impossible. Pas avant d’avoir torché au moins une autre bouteille de ce grand cru de vodka. »

Abby haussa les épaules avant de poursuivre son esquisse, balançant à nouveau un avocat contre le mur de la cuisine, qui somme toute avait bien besoin d’être repeint. Tasha étant une artiste, la blondinette ne doutait pas un seul instant qu’elle trouve l’occasion fabuleuse pour jouer du pinceau. Évidemment, Abby finit par attraper quelques amuse-gueule afin d’éviter de continuer à boire l’estomac vide, se délectant de ce qu’avait concocté sa cuisinière de jumelle. « Prête à écraser les soucis ensemble ? Préparée comme tu l’es, tu as sûrement un autre caisson d’avocats en stock ! »

Tasha & Abbygail ♥

L'argent est l'argent, quelles que soient les mains où il se trouve. C'est la seule puissance qu'on ne discute jamais. Par conséquent, les jumelles Vodianova seront bientôt les maîtresses du monde...CQFD. Ne jamais croire à la poupée qui tousse, ne jamais vendre la peau d'une Vodianova avant de l'avoir tuée non plus. CQFD (bis).

ABBY – « T’inquiètes, ça peut venir vite sœurette. »

La jolie blonde parlait du fait d’être saoule, bien évidemment. Avec la vodka, elles étaient déjà bien loties, sans compter qu’elles s’étaient déjà éméchées avec du Saint Emilion. Cela avait beau être un grand cru de quatre vingt cinq, il n’en demeurait pas moins de l’alcool. Mais Abbygail s’en moquait complètement…Peut-être que pour une fois, elles passeraient un réveillon de Noël à peu près potable, qu’elles rigoleraient aux éclats même si pour cela il fallait passer par une consommation anormale d’alcool. La blondinette n’était plus à ça près, étant donné que le départ d’Adrian l’avait laissée sans la moindre force de continuer. Le fait qu’elle soit encore debout, prête à réveillonner en bonne russe qu’elle était relevait du miracle à vrai dire. Ne jamais sous estimer le pouvoir du lien fraternel ; Abby était la première à pouvoir comprendre l’absence de Demyan, du reste, mais ce qu’elle ne saisissait pas, c’était cette froideur soudaine que Tasha envoyait à son encontre. Elle l’avait toujours adoré Demyan, elle se sentait bien avec lui, du moins de ce qu’Abby avait pu observer jusqu’à lors. Elle avait énormément de mal à imaginer ces deux là séparés, après qu’ils aient été si longtemps comme cul et chemise. Évidemment, le passage Jaimie lui trottait dans un coin de la tête, malgré le fait que son esprit soit déjà nettement embrumé par l’alcool, elle n’avait rien oublié du dossier plutôt homérique qu’elle avait appris sur Tasha. Sa grossesse clandestine, sa souffrance solitaire, tous ces mensonges contraints par l’égoïsme d’un seul, ce maudit Jaimie qu’elle n’avait jamais pu voir en peinture. Certes, Abby essayait de voir le côté positif des choses et de se concentrer avant tout sur son envie de faire la fête. L’heure n’était pas à la déprime, ou à la prise de tête…Finalement, l’alcool avait cela de formidable, car il désolait complètement les éventuelles colères latentes.

ABBY – « Je serais pour le pompier, la flicaille, l’avocat –et merde ça va me rappeler que j’en ai balancé sur les murs même si c’est pas les mêmes ! Quoi d’autre ? Pourquoi pas le maître nageur ? Ca fait fantasmer à mort pour peu qu’il ait de belles tablettes Milka ! »

Tout en pouffant telle une gamine de dix ans, la jolie blonde ne manqua pas de se saisir du shooter que Tasha avait préalablement remplit à nouveau. Elle s’empara de quelques crevettes, décortiquées spécialement par sa jumelle pour l’occasion semble-t-il, avant de se saisir nonchalamment du verre d’eau qu’elle lui avait servit. Évidemment, après en avoir bu une gorgée, une intense grimace prit place sur ses traits indiquant que la demoiselle n’était pas du tout prête à boire de l’eau pour cette soirée de fête. Quitte à se lâcher, autant aller jusqu’au bout et ne pas trinquer avec de la flotte, n’est-ce pas ? « Me dis pas que t’as osé sortir du château la Pompe !! Je t’interdis de me servir de la clairette, aboule la vodka illico presto ! » s’exclama la blondinette, feignant une colère qui en vérité n’existait pas. Disons que son esprit festif était accentué par l’alcool déjà ingéré, et qu’elle se moquait éperdument du fait de faire un coma éthylique. Sa grossesse n’était plus en ligne de compte, Adrian avait temporairement quitté son esprit, et il ne lui restait plus que son amusement enfantin en présence de sa jumelle. Si elle devait repeindre entièrement le mur de la cuisine à l’aide de matières diverses et variées, alors advienne que pourra. En apprenant la tragédie de la disparition des avocats, morts avant même d’être ingurgités par leurs augustes estomacs, Abby arbora une moue presque triste avant de remplir son shooter de vodka et de le lever à la santé de ces chers légumes. « Ci gît nos chers avocats, morts au combat pour une beuverie meilleure » énonça-t-elle solennellement. N’importe qui entrant dans la pièce à ce moment là aurait pu croire qu’elle avait fumé quelque chose de pas net ou qu’elle avait bu des litres d’alcool avant de venir. Pourtant, Abby était à peine éméchée, même après avoir ingurgité le shooter qu’elle tenait préalablement entre ses doigts. Elle attrapa une nouvelle crevette qu’elle mâcha quelques instants, avant de se diriger vers le frigo avec une précaution infinie, prenant la boîte d’œufs au passage.

ABBY – « Je sens à ton regard sur moi que tu vas en avoir besoin, donc je t’en laisse douze et j’en prends douze. C’est un bon gentleman agreements non ? »

Dans sa grandeur d’âme sublime, elle alla même jusqu’à déposer la boîte d’œufs rescapés pour de la véritable cuisine devant Tasha, sur le plan de travail où il semblait y avoir eu une tornade, avant d’ouvrir la seconde et de commencer à bombarder gentiment le mur avec. Même Picasso n’aurait sûrement pas pu avoir un tel trait de génie, s’il l’avait voulu. Abby mettait une telle ferveur à repeindre d’une manière singulière que cela ne pouvait qu’être considéré comme de l’art. Alcoolisé sur les bords certes, mais artistique quoi qu’il en soit.

ABBY – « J’ai jamais aimé la couleur de ce mur, je crois. Quand on avait visité la maison, tu te souviens de cette moue horrible que j’avais eue ? Tu cherches toujours des occasions pour peindre, je t’en donne une fabuleuse ! Tu devrais me vénérer ! Fais pas ta rabats-joie et aide moi à poursuivre mon œuvre ! »

Pour marquer le coup, Abby lui tendit sa boîte tronquée de quatre œufs déjà, avant de boire une petite gorgée de vodka directement à la bouteille en passant. Elle qui avait enfilé une jolie robe, elle était bonne pour en faire des chiffons après coup…Mais ce n’était pas bien important. « D’ailleurs…Tu crois que de la farine ça ferait plus ‘in’ ? »