Appie entra dans sa chambre et lança son Ipod sur son lit. À peine essoufflée et réveillée par l'endorphine que lui avait procuré son habituel jogging matinal, elle s'écrasa dans un fauteuil et se mit à lire les textos qu'elle avait reçu depuis hier soir. Pour la Iota, le jogging était un moment sacré de la journée aussi ne répondait-elle jamais au téléphone qui vibrait dans la poche de sa veste. Ses écouteurs restaient scotchés dans ses oreilles, sauf si par hasard quelqu'un qu'elle connaissait se mettait en travers de son chemin. Même quand elle courait (la majorité du temps) avec Imogen, pour un moment la très extravertie Appie se fermait aux autres.
Il n'y avait que deux messages: un, justement, d'Imogen lui demandant si elle était prête, l'autre datant de la veille et qui provenait de sa sœur. À peine avait-elle rangé son indispensable allié que déjà, il vibrait et une petite tonalité l'avertit de l'arrivée d'un nouveau texto. S'attendant à avoir une pratique de cheerleading de plus cette semaine, Appie fit presque le saut en voyant le nom du destinataire. Belammée.
Elle disait vouloir la voir, un peu plus tard dans la journée. Rien de plus simple, n'est-ce pas? Mais pourtant son cerveau enregistrait très difficilement l'information. Se levant d'un bond, elle se fit à faire les cent-pas dans la pièce. La blonde réfléchissait bien mieux quand elle bougeait.
Un instant, elle craint que la Sigma n'ait quelque chose à lui reprocher. La première raison de leur mésentente avait été, clairement, Kienan. Désormais, ils ne se fréquentaient plus donc aucun lien ne continuait de relier les deux filles. Du moins, jusqu'à ce que Belammée réalise que son cher mari, Charlie, s'entendait très bien avec Appie. Et que les deux gamins déconnaient plus souvent ensemble que l'autre ne pourrait le croire. Cette relation n'était aucunement dangereuse pour leur couple, c'était plus qu'évident, mais Appie savait que Bela était aussi.... enfin, presque aussi possessive qu'elle-même.
Bien vite pourtant, elle rejeta cette idée. Cela faisait une éternité qu'elles ne s'étaient pas parlé, pourquoi voudrait-elle soudainement créer une nouvelle dispute? Non, ce n'était pas son genre. Elle n'irait pas chercher la bagarre pour un rien. Surtout que question forme physique, une athlète a beaucoup plus de chance d'emporter un combat qu'une femme enceinte jusqu'aux yeux. Mais bon, là elle s'écartait encore de son sujet. Voilà ce qui arrive lorsqu'on est hyperactive de naissance.
Parce que tout cela la fatiguait, et parce que la curiosité n'est pas un SIII vilain défaut, Appie prit une douche, s'habilla convenablement et prit la direction du café le plus proche. Là où elle avait rendez-vous.

* Ça c'est bien moi, à toujours marcher trop vite avec mes jambes trop longues *

Elle était en avance. Ou bien Belammée était peut-être en retard? Aucune idée, ça n'avait pas grande importance. La belle croisa donc les bras et attendit.
Quelques minutes et la brunette arrivait. Un coup d'oeil vers elle, un coup de poing dans l'estomac presque vide de Appie. Elle ignorait pourquoi mais son ventre parfaitement rond, son sourire radieux et la bonne humeur qui émanait de la jeune femme firent naître en elle une certaine jalousie. Pas qu'elle veuille lui ressembler, au contraire sa plastique quasi-parfaite et son joli minois lui convenaient tout à fait, mais il y avait longtemps que la cheerleader n'avait pas été heureuse comme le semblait l'être l'autre.
Besoin d'amour, dites-vous?
Les étudiantes prirent place face à face dans un bref malaise, puis Belammée n'attendit pas plus longtemps pour lui exposer la raison de cette rencontre.

- Tu dois te demander pourquoi je t'ai fait venir hein ? En fait, je viens pour reparler de Kienan ou quoi, je sais que c'est derrière moi maintenant, parce que ça fait quand même quatre mois qu'on s'est séparés et tout... Mais en fait, certains évènements récents dont que j'ai réalisé que du jour au lendemain, on pouvait perdre tout, ou même un personne et je m'en serais voulu si jamais il t'était arrivé un truc et que tu serais morte en pensant que je t'en veux alors que non. Et puis techniquement, c'est toi qui est censé m'en vouloir d'avoir épousé un autre mec que ton meilleur ami avec lequel j'étais censé sortir... Haha. Enfin, je voulais m'excuser d'avoir un peu... agi comme une pute. La vérité, c'est que certain n'avait pas remarqué mais cela fait un bout de temps que Charlie et moi on se fréquente, du coup, je crois que pour nous, ça nous a pas semblé plus choquant que ça. Euh désolée. Ça va sinon ?

Aussi volubile que pouvait parfois l'être Appie, ce discours la laissa bouche-bée. Qui l'eut cru! La guerre entre elles prendraient fin une bonne fois pour toutes. Suffisait de chasser la rancune à coups de pieds.

- Euh... j'avoue que là te me surprends. Hahaha! Après tout ce temps? Eh bien... d'accord, pourquoi pas? Sincèrement, je crois que cette histoire ne me concernait pas directement. Pas besoin d'expliquer pourquoi j'ai décidé de m'en mêler, non seulement ce serait trop long mais en plus je me perdrais moi-même dans mes mots. Tout cela est tellement stupide. Belammée, je t'assure que je ne t'en veux plus. Plus du tout! En fait j'ai toujours trouvé qu'on se ressemblait sur certains points hihi... ok, désolée, ma gueule.

Elle cligna plusieurs fois des cils, comme épatée par l'étrangeté de la situation.

- Et oui, puisque tu me l'as demandé, ça va pas mal. Toi, avec Charlie? Toujours aussi heureuse?

Sur ce point, la question était carrément inutile; on pouvait le sentir à un kilomètre à la ronde.