Le week-end s'annonçait parfait pour ce que les Gammas avaient prévu. Ça n'avait rien de trop extravagant comme les Epsilons aurait pu faire - pas de ferry pour quatre cent personnes, pas de coupes de champagnes et de pots de caviars- ni de trop sage ou calme comme les Alphas. En vérité, il s'agissait ni plus ni moins d'une soirée qui s'étalerait sur deux jours, et qui visait à resserrer d'avantage les liens qu'ils avaient entre eux. Au delà de ça, les nouveaux allaient se faire une idée de ce qui les attendait au niveau des soirées Gammas et ce n'était pas plus mal. Après avoir établi quand ce week-end aurait lieu, les dits rebelles s'étaient rapidement fixés sur l'endroit le plus propice et hors de portée de la loi. Après tout, il n'y avait pas grand chose de mieux qu'un parc naturel de plus de 25km² pour les accueillir. En plus de ça, le Parc d'état de Mount Tamalpais était rattaché au comté de Marin à Stonestown. Autrement dit, il était réputé pour ne pas avoir beaucoup de patrouilles de police. Pour les plus sceptiques, les Gammas s'étaient aussi mis d'accord pour rester à plusieurs mètres d'un lagon près de la plage. Il y en avait donc pour tout les goûts, et les amateurs de sable comme les amateurs de mousse verte et de feuilles pourraient s'en donner à cœur joie.

Réfléchissant à tous les détails de ces jours à venir au lieu de se concentrer sur son cours d'économie, Lyzabeth essaya de trouver d'autre moyens de rendre la soirée encore plus délurée qu'elle ne promettait de l'être. Elle savait que l'année courait à sa fin, et qu'elle ferait mieux de réfléchir à ses partiels, mais les Gammas avaient tellement parlé de cet évènement que de ne pas y penser était presque mission impossible. Au delà de tous les points positifs que ca allait apporter à leur confrérie, en particulier cet esprit de solidarité qui les unissait, la Gamma appréhendait un côté beaucoup plus accrocheur mais nocif pour elle. La drogue allait être de mise ce soir, et elle ne savait pas trop si elle allait pouvoir réfréner d'anciennes pulsions après plusieurs verres d'alcool dans son système. Elle savait qu'elle pouvait compter sur plusieurs personnes, et elle parvenait à se retenir de mieux en mieux, pour Maxwell, pour ceux qui l'aidait, pour elle-même, mais sa confiance en elle même n'était pas la meilleure.

Quelques heures plus tard, après avoir terminé sa journée de cours, Lyzabeth avait filé dans sa confrérie pour voir où en était les autres habitants. Certains étaient déjà revenus eux aussi, alors que d'autres avaient des journées plus longues. Il avait été décidé au préalable que tous les Gammas ne viendraient pas à l'endroit indiqué en même temps, histoire de ne pas se faire remarquer dès le départ. Les premiers mettraient donc en place les éléments indispensables à la soirée, et les derniers rapporteraient les choses plus vitales comme la nourriture et l'eau, l'alcool et autres substances peu recommandables en temps normaux- sauf pour les Gammas ou encore les Omegas, naturellement. Après une bonne demie heure dans son dortoir à préparer ce dont elle aurait besoin, Lyz avait filé avec plusieurs de ses confrères au point de rassemblement. Dire que l'endroit était seulement magnifique était un mensonge assez grotesque, et en fixant tranquillement l'eau claire de l'océan pacifique, elle ne put s'empêcher de rêvasser quelques secondes. Il n'y avait pas vraiment d'adjectif pour qualifier les environs, et le week-end s'annonçait déjà très prometteur. Pour preuve, la clairière dans la forêt et la plage se remplissait petit à petit, et Lyz reconnut rapidement les têtes qui lui était plus familières.

Lindsay avait hésité à aller à ce petit week end entre Gamma. Etant assez solitaire, et ne parlant pas à grand monde, elle s’était longtemps demandée si elle arriverait à trouver sa place parmi tous les étudiants présents, et après mure réflexion, la jeune femme avait finalement acceptée d’y aller. De toute façon c’était sa confrérie, et elle se devait d’être présente non ? Ce qui la gênait le plus était le fait qu’elle ait des examens de fin d’année et qu’elle n’avait pas la moindre envie de se louper au dernier moment. Mais étant une fille sérieuse et travailleuse tout au long de l’année, elle pouvait bien se permettre un petit week end de folie avec sa confrérie non ? En plus, la rouquine aimait beaucoup faire la fête, alors avec un petit coup dans le nez elle arriverait à se lâcher.

Quels vêtements prendre ? Telle était la question que se posait la rouquine depuis plus d’une demi-heure. Elle était là, à poiroter devant sa penderie comme une idiote. Finalement elle décida de ne prendre que le strict nécessaire, ainsi qu’un maillot de bain car elle avait appris par un ami qu’il y avait un endroit où se baigner et puis de quoi se couvrir le soir. Une fois son sac fait, la rouquine était descendue rejoindre des membres de sa confrérie afin qu’ils partent ensemble. Lors de ce week end, Lindsay espèrait vraiment faire de nouvelles rencontres, bien qu’elle connaisse tout de même pas mal de monde. Mais c’était l’occasion pour la confrérie de passer de bons moments ensemble. Bon et puis l’alcool et la drogue aiderait certainement à faire des rapprochements. La rouquine avait décidé de rapporter une bouteille d’alcool et des tas de cochonneries à manger. Elle ne se serait jamais vue arriver les mains vide, ce n’était pas son genre d’ailleurs.

Après deux heures de route en voiture, Lindsay et sa petite bande arrivèrent à destination. La jeune femme était vraiment surprise par le cadre de l’endroit. C’était tout simplement magnifique, l’endroit idéal pour passer un excellent week end. En voyant le paysage, la rouquine n'avait qu'une seule envie : se foutre en maillot et se jeter à l'eau ! Le problème était jsute qu'elle risquait de ressembler à une écrevisse si elle restait trop au soleil. Lindsay se dirigea alors vers un petit groupe avec son sac. Rapidement elle arriva à trouver sa place dans le groupe, et commença à rire avec eux pendant que d’autres arrivaient. Le week end allait être génial.

Aoutch.
Doux réveil de l’après midi. 17h00, tiens, cela faisait longtemps que je ne m’étais pas levé si tôt. Mes examens ? Hier. Avant-hier. Sais plus.
Une odeur âcre de tabac froid me titille les narines tandis que je grogne sur mon matelas. Comme si ça allait changer quelque chose. Alors je me lève. Car ce soir, ça recommence.

Premier geste du levé : ouvrir la fenêtre, enfiler quelque chose pour ne pas mourir du trop brusque changement de température (quoiqu’il se fait tard, que le soleil a passé son zénith de peu et qu’il fait techniquement plutôt chaud). Juste enfiler quelque chose pour ne pas passer pour l’exhibitionniste de service. Bien. Se diriger vers la machine à café. Appuyer sur le bouton. Très bien. Allumer la radio. Excellent. Rester immobile quelques minutes afin de contempler le monde qui m’entoure. Parfait.

Je vais prendre une douche le temps que mon café se prépare, une habitude qui se prend facilement. Des gestes automatiques qu’on répète au quotidien. L’eau brûlante tente vainement de me sortir de ma torpeur, mais c’est peine perdue. Mes cernes sont creusés, bleutés, et de nature assez noctambule, j’ai une couleur de cadavre. La buée recouvre mon reflet, je n’y pense plus. L’eau coupée, j’enfile une chemise grise et un pantalon noir. De quoi passer inaperçu quelques minutes avant de trouver un moyen original de me faire remarquer. J’ouvre de nouveau la porte, une odeur agréable d’air frais a eu le temps de se diffuser dans ma chambre, et le bouillottement apaisant de la machine à café m’enchante. Je me rallonge quelques minutes et enfile des chaussettes.

Pfiou. Le soleil tape un peu, tandis que je bois mon café à ma fenêtre, que j’observe les Gammas se préparer pour notre fameuse soirée collective. Je n’y ai pas beaucoup pensé, mais leur activité me fascine, et je me demande ce que je pourrais bien emmener… Pas grand-chose, en réalité. Un gros pull, des cigarettes. Est-ce vraiment la peine que j’achète quoi que ce soit ? De l’alcool ? De la drogue ? Je leur fais confiance, pour tout ça. D’ailleurs, il me semble que quelques membres s’étaient portés volontaires pour faire un pot commun et aller chercher notre matériel de soirée. Il avait été convenu que j’arrive dans les derniers pour clôturer, tandis que d’autres s’étaient portés volontaires pour y arriver les premiers. Bref, j’attendais que le bâtiment se vide, puis je mettais les voiles avec deux trois autres rebels. Tant mieux, naturellement en retard, c’était mieux ainsi. Quoique je fasse, je suis en retard. Même quand je suis en avance.

Certains semblent partir en voyage de trois semaines tandis que d’autres viennent les mains vides. Certains amènent le nécessaire, d’autres se chargent du superflu. Je fais partie de ceux qui ont l’air de venir sur un coup de tête, les mains dans les poches, « comme une fleur », comme on dit. Sauf que la dernière chose à laquelle je me serais comparée en cette fin d’année, c’est bien à une fleur. Une fleur flânée, oui, toute fripée, toute rabougrie. Ça c’est moi. J’ai de la chance de ne pas être le pire pou de Berkeley, je ne pourrais pas me permettre tous ces excès, autrement. Je prends une veste noire, glisse dans la poche mon portable, de la musique, mes cigarettes et mon briquet, et ferme la porte de ma chambre en jetant un dernier regard général au chaos de ma chambre de président. Deux étages plus tard, j’emprunte le chemin des grecs, quitte le campus, l’université, des Gammas me prennent en route, et nous partons.

Sur place, tout semble extraordinaire. Des gens sortent des bois comme de derrière les rochers, la plage est peuplée, derrière chaque arbre se cache un groupe de « confrères ». Une soirée « puriste », tout le monde était heureux d’enfin se retrouver, après ces derniers jours difficiles, ces examens, ces résultats, ces prises de tête sur l’avenir. Personnellement, j’aime à me rappeler que le monde est sans limites, et qu’à partir de là, rien n’a d’importance. A peine ai-je posé un pied sur le point de rendez-vous qu’une voix plus puissante que les autres s’exclame :

"QUI SE BOUGE POUR VENIR AVEC MOI?!"

Je souris. On m’appelle, j’accoure. Je pense avoir reconnu la voix de la crieuse publique, mais les longs cheveux sombres qui dépassent du canapé m’ôtent mes derniers doutes. Perséphone. Je ne la connais pas énormément, assez cependant pour venir la saluer dans les règles de l’art. Je sors une cigarette, même pas la peine de sortir un briquet. Dans cette confrérie, il est de la plus haute courtoisie de présenter du feu sans même que le fumeur aie le temps de demander. J’attrape la cigarette de l’index et du majeur et vais me sociabiliser un coup : je pose ma main sur l’épaule de la brunette et répond tout simplement :

" Moi. "

Dans un sourire. Je salue les autres présents du regard, aller embrasser les participants uns à uns m’aurait pris tout le weekend. Je glisse tout de même un regard vers Lyzabeth, arrivée là plus tôt dans la soirée, mais tout semble se dérouler sans accrocs.

Il n'y avait plus grand chose à faire pour les derniers arrivants, juste admirer les environs et profiter du temps qui passait le plus possible. Le contraste entre les deux endroits choisis semblaient plaire à tout le monde, et la soirée commençait petit à petit. Lyzabeth avait passé les dernières minutes à admirer l'océan du haut d'un rocher, comme si toutes ses émotions étaient amplifiées à ce moment. Lorsqu'elle entendit une voix féminine se démarquant plus des autre, elle tourna machinalement la tête et fixa son regard sur la jeune femme. A vrai dire, il s'agissait d'un groupe dont les têtes lui étaient plus que familières, et elle glissa rapidement du rocher jusqu'au sable, s'avançant ensuite vers les quelques Gammas. Le soleil commençait à faire sa descente progressivement, mais ce n'était là que le début d'une soirée qui s'annonçait déjà mémorable. Avec les quelques flambeaux sur la plage et les multiples lampes torches allumées dans la forêt, tout le monde pouvait se rendre compte que la lumière n'allait pas poser de problème.
Après un petit moment, cigarette toujours glissée entre ses doigts, la Gamma aperçut les derniers arrivants faire leur apparition. D'abord il y avait Perséphone, une gamma qu'elle ne conaissait que de vue, mais dont la rencontre ne dérangeait pas du tout Lyzabeth. Ensuite il y avait Kienan, s'avançant d'un pas serein, qu'elle aurait pu reconnaitre à plusieurs kilomètres. Il avait une allure qu'elle conaissait presque par cœur, et son côté languide semblait ressortir d'avantage ce soir. Elle répondit à son sourire en guise de salutation, et lui tendit du feu avant même qu'il ne le demande. Elle baissa son briquet lorsque il prit une première bouffée de sa cigarette, et murmura d'un ton habitué. Je sais pas ce qu'on va bien pouvoir faire de toi Kienan; en plus de me faire faire ta paperasse de président, t'es même pas capable d'avoir du feu pour toi même. Rangeant ensuite son briquet dans sa veste qui commençait à être de trop, elle lui lança un clin d'œil et reposa son regard sur les autres arrivants. Sterling s'avançait à son tour vers le groupe, et Lyz le salua rapidement. Ça faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas croisés au sein de la confrérie, et la gamma devait bien l'avouer, leurs conversations lui manquait. Ils se connaissaient depuis le début de leur deuxième année et avaient déjà partagé beaucoup de chose entre gammas. D'ailleurs, ca lui rappelait qu'elle devait lui poser une question vis à vis de Chelsea. La Iota faisait partie de ses plus proches amies, même si elle n'avait pas vraiment eu le temps de prendre de ses nouvelles ces derniers temps, mais elle était toujours confuse vis à vis de sa relation actuelle avec Sterling. Jugeant qu'ils auraient tout le temps d'en parler ce week-end, elle préféra lui sourire et le laisser tranquillement saluer le groupe.
Il y avait encore plusieurs gammas que Lyzabeth ne connaissait pas, et elle s'en voulu plusieurs secondes de ne même pas connaitre certains de leurs noms alors qu'elle avait été présidente de la confrérie il y a peu. Cela dit, les dés venaient seulement d'être jetés et la soirée ne faisait que commencer. Elle se reconcentra alors sur la conversation, observant en même temps tout ce qui se passait aux alentours, elle même bientôt prise d'une envie de piquer une tête dans l'eau translucide.

Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours été partante pour faire la fête. Et bien sur en grandissant, plus elles étaient longues et peuplées de produits illicites, plus je les appréciais. Cette année, cela n'allait guère être différent et je le savais. Pourtant je m'étais baigné de faux espoir durant plusieurs mois, me jurant de ne plus comettre les même erreurs. Mais je savais très bien que cela ne servirait à rien. Mon problème? La drogue, encore et toujours la drogue... Je pensais lui avoir échappée mais je m'étais trompée, lourdement trompée. Voilà pourquoi, bien qu'impatiente de participer à des fêtes, j'avais toujours une légère appréhension en y allant. Comme aujourd'hui. Alors que j'étais encore à quelques kilomètres du lieu choisit par les Gammas à savoir un endroit assez reculé pour être tranquille et à l'abri de la police, entre crypte et forêt,; je sentais mon coeur s'accélérer petit à petit.

Encore une fois, je craignais d'être trop faible, de ne pas savoir dire non lorsque l'on me proposera un simple jiont. Puis après, ensorcelée par la fête je ne dirais plus non à aucune drogues des plus douces aux plus dures. Je me connaissais et c'est pour ça que l'appréhension était présente. Parce qu'à chaque lendemain de fête, je me détestais de plus en plus, jour après jour, en me remémorant mes " exploits" de la veille.

" Allez, détends toi Isa', pas de raison de stresser non?"

Parler à haute voix me rassurer toujours, bien que le fait de crisper mes doigts autour du volant, indiquait clairement que je ne croyais guère en mes propres paroles. La sagesse aurait pu me pousser à refuser de participer à cette fête, mais je n'étais pas une fille sage. Pas du tout. Et j'adorais ma confrérie, je ne raterais donc cette journée pour rien au monde. Non, tout ce que je voulais, c'était passer une agréable soirée, un peu tranquille pour une fois. Un peu de volonté suffirait d'ailleurs à réaliser mes souhaits, mais je savais pertinament que cette volonté serait une nouvelle fois absente. J'étais enfermée dans une spirale infernale et c'était ainsi.

Enfin me voilà arrivée sur le lieu de la fête. Les autres Gammas ayant déjà vu l'endroit n'avaient pas menti. C'était tout simplement magnifique. Un endroit de rêve pour une soirée digne de notre confrérie. J'eux un léger sourire en pensant aux soirées des Iotas ou des Epsilons par exemple. I lfallait toujours qu'ils se fassent remarquer en louant des maisons de luxe, des immenses bâteaux privée, des voitures hors de prix... nous, nous nous trouvions tout simplement dans une crypte avec la forêt à quelques mètres de là et loin de tout, et pourtant je trouvais cela bien plus interessant. Et surtout beaucoup plus dans l'esprit des Gammas. C'était d'ailleurs tout ce que je demandais.

Alors que je m'approchais du lieu ou aurait lieu la fête, mon premier reflexe fut d'allumer une cigarette. Je n'étais pas une grosse fumeuse, du moins pas en ce qui concernait la cigarette, néanmoins passer toute la journée sans en voir une seule commençait à faire un peu long. C'est donc avec un certain plaisir que j'en tirais quelques bouffées avant d'adresser un léger signe de tête en guise de salut, aux Gammas que je croisais. Certains m'étaient encore inconnus, alors que d'autres étaient des amis... Peu importe, ce soir nous ferons sans doute tous connaissance, du moins la plupart. Je n'avais pas vraiment peur pour ça, loin de là...

Les fêtes, en compagnie de plusieurs personnes : très peu pour moi. J’avais toujours préféré jouer aux sauvages et me shooter avec quelques amis, en toute intimité. Parfois même seul, pourquoi pas. J’étais drogué et alcoolique, mais au moins je l’assumais. Alors de le faire en bande ou pas, au point où j’en étais, ça ne changeait plus grand-chose. Sauf que là, j’en avais eu marre, d’habiter depuis quatre ans avec les mêmes têtes – et parfois de nouvelles -, et de ne parler à pratiquement personne. Pas que ça me donnait l’impression d’être rejeté, parce qu’au fond on sait tous que je m’en fiche royalement, de ça. Mais je suis quand même un être humain, malgré les apparences, et de ne pas avoir une seule personne dans la confrérie des Gamma de laquelle j’étais réellement proche, ça commençait à me taper sur le système. Je n’étais pas associable, juste un peu étrange et mystérieux dans mon genre. Être une cause désespérée au bord du suicide en change rien au fait que j’ai besoin de certains contacts, dans ma vie. C’est pourquoi j’ai eu cette putain d’idée de me présenter à la fête s’étalant sur deux jours, qu’avaient organisés quelques Gammas. Après tout, si l’alcool et la drogue étaient de mise, ça ne pouvait pas être si mal. Une fois en train de planer, je me ficherais bien de parler à des inconnus ou à une plante. Je me rendis donc en voiture à ce lieu un peu bizarre pour une fin de semaine de pure fête délirante, mais après tout, plus c’était éloigné et insolite, plus ça m’allumait. Il était tard, le soleil s’était couché, mais j’avais fait exprès de ne pas me présenter dans les premiers ; au moins, si la fête battait déjà son plein, je n’aurais pas à supporter les préparatifs et les demoiselles encore sobres. Ouais, j’suis un connard, ça aussi je l’assume. Trou de cul un jour, trou de cul toujours. Je garai ma vieille bagnole dans un stationnement pour les randonneurs, et je sortis de ma valise un sac qui contenait les meilleures drogues que j’avais pu me procurer, ainsi qu’une caisse de bières. Bien sûr, je partagerais un peu des deux, sans toutefois faire mon œuvre de charité. Hé oh, c’était mon argent, fièrement gagné ! Le vol, c’est difficile, vous savez. M’enfin. Je m’aventurai au beau milieu de la forêt et ne mit pas de temps à trouver la crique. Lyzabeth avait fournit de bonnes indications, ce qui faisait d’elle une personne un minimum compétente, ce qui lui faisait gagner des points dans mon échelle d’estime des autres. J’eus la malheureuse surprise, en arrivant, de voir que la fête n’était pas encore commencée. Après tout il était vrai que les Gamma débutaient leurs fêtes passé minuit, mais j’avais espéré, un moment, qu’ils aient décidé de commencer en avance. Là, tout le monde parlait entre eux, une bière ou bouteille à la main, fumant une cigarette ou autre drogue. Je m’avançai vers une splendide brunette aux allures mystérieuses, qui fumait une cigarette, un peu à l’écart. Je souris en lui arrachant la cigarette des mains, la portant à ma bouche, et en aspirant toute la fumée pour ensuite la recracher haut dans la nuit. Je lui repassai sa cigarette. WOODY À ISANA « Je me disais que la soirée était trop jeune pour profiter directement de tes lèvres … il me fallait trouver un moyen de le faire indirectement. » Je rigolai légèrement. Tout à fait mon genre de répliques. Décalées, obsédés, machos, et trop bien formulées. Je tournai finalement mon regard vers tous les Gamma, qui formaient un mélange homogène dont je ne faisais pas encore parti.