Il était tard. Très tard. Trop tard... Une légère brise soufflait, alors que j'avançais lentement dans la pénombre. Enfin, avancer... C'est un grand mot. Disons plus que je me débrouillais pour rentrer. Ça, ça convenait déjà mieux.
J'étais sorti, et comme d'habitude quand je sors, je ne me contrôle plus. Enfin, au début, si. Je reste sérieux. Un verre ou deux, pas plus. Mais au final... Deux verres, trois verres, quatre verres, et à un moment, j'arrête de les compter. Evidemment, en même temps que les verres, il y a les cigarettes. Deux paquets, deux paquets et demi quand je suis en forme. Sans oublier les autres cigarettes. Mais si, vous savez ? Celles qu'on roule discrétement - ou pas - sur ou sous la table.
Toujours est-il qu'à cette heure-ci, j'étais vraiment mal. A chaque fois que j'étais dans cet état, c'est à dire au moins une fois par semaine, je suis tellement mal que je me dis que c'était la dernière fois. La dernière soirée. Mais ça recommence. Sans cesse. Parce que je ne sais pas me contrôler.
Je suis sur le campus de l'université, et je continue d'avancer. Mais il est tard, il fait sombre, je titube, et je ne vois pas grand chose... Je ne sais même pas vraiment où je suis. J'ai l'impression qu'autour de moi, tout se ressemble. A un moment ou à un autre, je finirai bien par tomber sur le bâtiment qui abrite ma confrérie. Enfin j'espère. Sinon, au pire, je dors dehors. Ou j'appelle le premier contact de mon répertoire téléphonique pour qu'il vienne me chercher et m'amène dans mon lit.
Je regarde autour de moi. Et je soupire. Je ne sais vraiment pas où je suis. Tant pis. J'suis fatigué. J'ai plus envie d'avancer. Je m'écarte légèrement du chemin, et je m'asseois dans l'herbe, les yeux grands ouverts. Plus par réflexe que par envie, je cherche mon paquet de cigarettes. J'en prends une, je l'allume. Je sais qu'il est tard, et que je suis complètement à la masse. Je finirai probablement par m'endormir là. Et je me réveillerai demain matin, ou quelqu'un me réveillera demain matin, peu importe.