Stupides insomnies ! Edward commencait sérieusement à en avoir marre. Pourquoi faisait-il au grand minimum deux insomnies par semaine? A force, il s'ennuyait. Et oui, que pouvait-il bien faire en pleine nuit? La prochaine fois, il pourrait commencer à écrire un bouquin, il devrait ainsi le terminer assez rapidement. N'importe quoi ! Maintenant, on comprenait mieux pourquoi des tonnes de livres étaient rassemblés au coin de sa chambre. Oui... lorsque l'on a du temps à tuer... Soit. allez savoir pourquoi, il trouvait à chaque fois le sommeil une demi-heure avant que son réveil ne sonne. La fatigue se lisait sur son visage, mais si seulement il ne pouvait y avoir que cette fatigue. Non, en plus de ça, il fallait que le manque de sommeil lui donne d'affreuses migraines... chose assez communes chez les personnes victimes d'insomnies me direz-vous. C'est donc durant le cours qu'il donnait en deuxième heures de l'après-midi, qu'un violent mal de tête pointa le bout de son nez. La chaleur n'aidait en rien. Fichue Californie ! Lui préférait tellement l'Irlande ! Un instant Edward lâcha un soupir à peine audible. Qu'est-ce qu'il pouvait être pessimiste et de mauvaise humeur lorsqu'il n'avait pas dormit et trimballait un mal de crâne. Il n'avait qu'une envie, celle de se frapper la tête contre les murs, s'assomer un bon goût pour ne plus souffrir... mais il n'avait pas non plus envie de se retrouver à l'hôpital.

Se dirigeant vers les toilettes, vêtu d'un simple jean et d'un pull noir qui laissait percevoir les manches et le col d'une chemise blanche, il fronçait les yeux comme s'il pouvait ainsi lutter contre la douleur. Devant le robinet, il s'observa dans la glace. En plus de cela, il avait vraiment mauvaise mine, de petites cernes avait prit place sous ses yeux légèrement rougis, et ses sourcils restaient froncés si bien que sa ride du lion ne voulait disparaître. Ouvrant l'eau, Edward y mit les mains puis passa ses dernières sur son visage avant de les glisser dans ses cheveux bruns légèrement bouclés. Il se sentait comme à un lendemain de fête où nous avons beaucoup trop bu. Il prit donc des anti-inflammatoires, en espérant que ça le soulagerait, puis il prit le chemin de la sortie de l'établissement, faiblement, pour se retrouver dans le parc. Ce dernier n'était pas vraiment fréquenté, et les arbres furent assez grands pour laisser pas mal d'espaces d'ombre. Edward alla donc s'asseoir contre un tronc, sur l'herbe fraîche. Néanmoins il gardait les sourcils froncé, incapable de supporter la lumière. Repliant les jambes contre son corps, il passa ses bras sur ses genoux et y enfouit sa tête avant de se retrouver dans l'obscurité.

Les cours étaient très agités aujourd’hui. Dès le matin, les élèves s’étaient montrés particulièrement turbulents. Ils discutaient à voix haute pendant les cours, se lançaient des petits mots pour se raconter leurs soirée et tellement d’autres choses encore. Angelic, en général, ne participait pas à ce genre d’enfantillages. Néanmoins, lorsqu’elle reçut un petit mot de la part d’un de ses ami, elle ne put s’empêcher de répondre. Une longue conversation s’en était suivie jusqu’à ce que le professeur les prenne la main dans le sac. Peu importe. La demoiselle et son ami avaient d’excellents résultats ; ainsi, ils ne reçurent aucune sanction.
Soit. Vint ensuite l’heure du déjeuner. La belle prenait toujours le temps de se nourrir mais ce midi, elle n’avait absolument pas le temps de passer à la cafétéria. Il y avait toujours énormément de monde et l’attente était interminable. De plus, elle avait un devoir de science politique à terminer pour la fin de la journée. Alors, après avoir salué ses camarades -parce qu’elle ne les considérait vraiment pas comme des ami(e)s-, elle fila en direction du parc avec ses cahiers sous le bras.

Il fallait vraiment du courage pour oser travailler à cette heure, avec -non pas cette faim mais- ce soleil qui tapait violemment sur les étudiants. Plusieurs fumaient à l’ombre, d’autres s’installaient sous les arbres pour être caché des rayons. En revanche, Angelic, elle, préférait s’exposer. Le soleil l’avait accompagné durant toute son enfance et toute son adolescence alors évidemment, elle ne le craignait absolument pas. Bref. La belle arriva donc au parc, déposa ses affaires sur l’herbe et s’asseya en tailleur. D’un geste délicat, elle replaça correctement sa robe, puis se pencha en arrière pour être en appui sur ses bras tendus. Tête rejetée en arrière, elle pouvait profiter amplement de ce beau temps ; cela changeait des pluies précédentes…

Finalement, et après quelques minutes dans cette position, elle se redressa de façon à pouvoir écrire convenablement. Ce devoir était vraiment compliqué et très long… Malheureusement pour elle, qui irait d’ailleurs demander gentiment un délai supplémentaire. Soit. Tout en chantonnant tranquillement la dernière chanson de Beyonce, elle déposa son regard sur ce qu’elle avait déjà écrit. Ses paragraphes étaient correctement argumentés et les fautes avaient été corrigé à plusieurs reprises alors maintenant, il ne lui restait plus qu’à rédiger sa dernière question.

Ce parc avait été son refuge à chaque fois qu’elle devait terminer quelque chose, ou bien à chaque fois qu’elle ne se sentait pas son assiette. Et à tous les coups, elle se mettait à chanter, doucement pour que personne ne puisse l’entendre. C’était comme son petit secret. Et malheureusement, c’était rare qu’elle parvienne à terminer une chanson sans qu’on ne l’interrompe. La preuve encore cette fois ci. Les bruits de pas la firent sursauter -bien que ce soit très léger- et le frottement des chaussures contre les brins d’herbe était un son fort familier.
Doucement, Angelic se retourna donc et posa son regard sur … Edward ? Surprise, elle ne put s’empêcher de froncer gentiment les sourcils. Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis leur dernière discussion et depuis, rien. Les regards étaient de moins en moins fréquents, et Ange n’y mettait d’ailleurs pas du sien. Son professeur l’avait déçu, néanmoins, elle ne le détestait pas. Toutes les raisons étaient pourtant réunies… Mais rien n’y fait ; leur soirée demeurait encore dans son esprit. Et sa gentillesse -ainsi que sa bonté - lui faisaient admettre qu’Edward était un homme bien, malgré tout.
Le sourire aux lèvres, elle baissa son regard vers sa copie. Le pauvre n’avait vraiment pas l’air bien alors peut-être valait-il mieux le laisser se reposer tranquillement.

Edward avait l'impression qu'on lui donnait des coups de marteau sur la tête, sans relâche. Il ferma les yeux, gardant la tête enfouie dans ses bras afin de se trouver dans l'obscurité la plus totale. Ah qu'est ce qu'il pouvait détester les migraines ! Enfin, après tout, qui aimait cela? Il resta immobile plusieurs minutes, tentant de penser à autre chose. En effet, lorsqu'il se focalisait sur la douleur, il avait l'impression qu'elle était bien plus forte. La chaleur ne l'aidait en rien. Il fallait qu'il se divertisse, au sinon, les minutes allaient paraître une éternité. En plus de ça, ça le mettait réellement de mauvais humeur, se sentir faible de la sorte ne lui plaisait pas du tout. Plus rien n'existait à part cette saleté de douleur.

Finalement, il prit le courage de redresser légèrement la tête, sourcils froncés, puis ouvrit les yeux. La lumière du soleil l'éblouissait et lorsqu'il posait son regard sur une partie plus sombre, il voyait pleins de flashs, comme lorsque l'on regarde la lumière de l'appareil au moment où l'on nous prend en photo. Silencieusement, ses beaux yeux bleus tentaient de balayer l'endroit du regard. Son ouïe en éveil, il entendit au loin à sa droite une personne jouer de la guitare, à côté un groupe d'élèves discuter. Un garçon jonglait avec des bâtons du diable, un autre, probablement son ami, faisait tournoyer des bolas attachées à des chaines, à l'aide de ses doigts. Un peu plus loin, trois personnes étaient réunies, assis en cercle sur la pelouse, à se faire passer un joint. Du moins, il en déduisait cela, car on ne prêtait pas sa cigarette roulée. Ils n'avaient pas peur de se faire attraper par une personne du personnel. Lui ne dirait rien, il s'en fichait royalement. D'autres étudiants, eux, travaillaient sur la pelouse, soit individuellement, soit en groupe. D'ailleurs, une personne se trouvait non loin de lui, en face. Son coeur se mit à battre la chamade lorsqu'il reconnu Angelic. Toujours aussi magnifique, toujours aussi rayonnante. Edward cala l'arrière de sa tête contre le tronc, tandis qu'il se perdait dans sa contemplation.

Le soleil qui se déposait sur ses cheveux les rendaient toujours plus roux, un spectacle magnifique soit dit en passant. Elle était une nouvelle fois vêtue d'une robe, dévoilant ses divines jambes tout de même pâles à côté de beaucoup d'autres étudiants qui bronzaient bien plus. Edward mettait cela sur le fait qu'elle soit rousse. Néanmoins, sa blancheur était ravissante. Stylo en main, elle semblait concentrée sur son devoir. Elle était particulièrement charmante et désirable. Il aurait voulu céder à une pulsion sexuelle et lui sauter littéralement dessus, même devant tout le monde. Néanmoins, il ne se le permettrait jamais car premièrement, il était un être humain, et non pas un animal, et deuxièmement, après ce qu'il s'était passé entre eux la dernière fois qu'ils s'étaient vus, leur relation avait changé. Il s'était confié à elle, lui avait tout déballé, puis était parti sans même voir sa réaction.

Soudain, comme si son mal de tête voulait attirer la totalement de son attention, Edward eu l'impression qu'on venait de lui assainer un véritable coup de marteau. Posant ses coudes sur ses genoux, il prit sa tête entre ses mains et frotta ses yeux rougis et fatigués à l'aide de ses doigts, si bien que lorsqu'il les rouvrit, sa vue prit quelques secondes à se rétablir. Il avait besoin de s'allonger quelque part. Pourquoi l'infirmière n'était pas présente? Tant pis, il fallait qu'il y aille, il fouillerait, mais la douleur était bien trop insupportable. Ainsi, Edward finit par se lever, tentant de tenir sur ses jambes fébriles. Quelques instants, il garda une main à plat contre le tronc pour se soutenir. Quand il se jugea capable de prendre la marche, il se déplaca, sourcils froncés, lentement jusqu'au bâtiment.

L’envie première d’Angelic était de terminer son devoir dans le but de rejoindre son professeur. Oui, finalement, même après ce qui s’ était passé, elle avait envie d’entendre le son de sa voix. Des mots désagréables pouvaient bien sortir de sa bouche ; ça lui était totalement égal. Au moins, la demoiselle saurait à quoi s’en tenir. Néanmoins, il y avait toujours cette fichue feuille de devoir qui reposait face à elle, alors que faire ? Soupirant profondément, la jeune Bush à inscrire quelques mots en guise de réponse à sa dernière question. Ce n’était pas grand-chose mais elle n’avait étrangement plus la tête à travailler. Soit. Angelic finit par mettre le bout de son stylo entre ses fines lèvres avant de glisser sa main dans ses cheveux aux reflets roux. Le temps lui faisait du bien mais n’était vraiment pas favorable à une bonne concentration. Son esprit divaguait sans cesse et l’envie de s’allonger dans l’herbe pour bronzer un peu la dispersait beaucoup trop.

Finalement, elle détourna son regard. Edward n’avait vraiment pas l’air dans son assiette. Les élèves lui avaient peut-être trop taper sur le système comme on dirait. Ou bien, il sortait d’un lendemain de fête trop arrosée. Quelques soient les raisons de son mal-être, Angelic ne lui poserait aucune question. Après tout, il n’avait aucun compte à lui rendre. Ainsi, après avoir prit soin de glisser sa feuille dans son classeur, elle déposa son stylo dans une pochette plastifiée et se leva. Mince. Le professeur s’était déjà redressé et s’apprêtait à partir en direction de l’université. Alors, sans même prendre le temps de vérifier l’état de sa robe -sait on jamais, peut-être qu’elle était pleine d’herbe- Angie s’approcha de son professeur. Son air gêné et mal à l’aise se lisait sur son visage mais cela ne regardait personne. Après tout, même si une majorité de filles allaient détester l’étudiante -puisqu’elle était sur le point d’adresser la parole au professeur le plus convoité- elle n’avait aucune justification à leur fournir. Soit. La belle s’approcha d’Edward et racla sa gorge, comme pour signaler sa venue. Son but n’était pas non plus d’effrayer son enseignant.

-Monsieur…Oxford.

Angelic grimaça légèrement. Elle était vraiment gênée mais depuis leur ancienne discussion, la demoiselle n’avait pas adressé la parole à son professeur. Ainsi, comment l’aborder ? Le tutoyer de nouveau ? Angelic ne se voyait absolument pas entrer dans leur relation intime alors qu’au fond, ils n’avaient entretenu qu’une brève liaison. Edward et elle s’étaient peut-être rapprochées mais étant donné les circonstances, cela pourrait être difficile de reboucher le fossé qui s’était creusé entre eux.

-Vous…Vous n’avez pas l’air bien.

Angelic se mordit la lèvre. Etant à présent à côté de son professeur, elle fit en sorte de se retrouver à présent juste en face. L’établissement n’était qu’à quelques pas mais la belle savait pertinemment que cela pourrait être extrêmement long à atteindre lorsque la forme n’est pas avec nous. Ainsi, elle se força à esquisser un faible sourire puis jeta un œil rapide en direction de ses affaires. Heureusement qu’il n’y avait pas de vent ; sinon elle aurait l’air complètement idiote à courir après ses feuilles.
Angelic plongea son regard dans celui de son professeur et glissa maladroitement sa main dans sa propre nuque. Elle se sentait complètement inutile, tout comme sa stupide intervention. D’ailleurs, si elle en avait la capacité, elle se serait très certainement fondu avec le décor. Que faire ? S’excuser et partir ? Non. Angie ne voulait pas se montrer lâche à ce point. Malgré cela, elle savait qu’elle n’avait rien à faire ici, face à Edward.

Les jambes fébriles, Edward se sentait faible. Il est clair que l'épuisement et la douleur avaient minimisé ses possibilités de se tenir debout. Sa tête tournait, il avait comme l'impression d'être dans un rêve, perdu, où l'on peut tomber la tête la première sur du bêton, on ne sentirait rien. Il ne s'était jamais drogué, et à ce moment précis, il se demandait si la sensation était la même, du moins pendant un "bad trip". Soudain, il entendit quelqu'un se râcler la gorge derrière lui. Puis la voix si douce à ses oreilles se présenta :

Notre Franco-Irlandais grimaça involontairement. Cherchait-elle à l'achever? Elle avait mit tellement de distance grâce aux mots qu'elle avait utilisé, qu'Edward se sentait comme étranger à elle. C'était comme s'il ne s'était absolument rien passé entre eux. Angelic construisait un immense mur entre leurs êtres, lui, ne le souhaitait pas. Il aurait tellement aimé qu'elle l'appelle par son prénom. Dans l'état où il était, ce qu'il aurait voulu, c'est avoir ses bras autour de lui, ses mains jouant dans ses cheveux, un regard tendre et bienveillant sur lui. Mais avec la façon dont elle s'était adressée à lui, il comprit que cette époque était résolue. Même si quelque part, il s'en doutait, l'admettre lui faisait mal. Il aurait tellement préféré qu'ils se séparent dans de bonnes circonstances, sans qu'elle ne le voit comme le dernier des salops.

Il était tellement évidemment qu'après l'avoir appelé "Monsieur Oxford", elle allait le vouvoyer. Ce changement d'attitude l'énervait, le vexait. Cherchait-elle à oublier la soirée qu'ils avaient passé ensemble? Sourcils froncés, il s'était stoppé. Plissant les yeux, incapable de faire totalement face à la lumière du soleil, il finit par se tourner vers Angelic. Il se permit de la contempler quelques instants, comme si cela serait un remède contre sa migraine. Puis, après une dizaine de secondes, il finit par lui répondre d'un ton las avec une pointe d'agacement dans la voix :

Façon détournée, avec un peu d'humour, de lui faire comprendre qu'il était victime d'une migraine. Glissant sa main dans ses propres cheveux bruns, il croisa ses yeux clairs, un peu de reproche dans le regard. Finalement, il lui lança :

Sur ses mots, il continua de l'observer quelques secondes, avant de tourner les talons, afin de reprendre le chemin jusqu'à l'établissement. Il ne se demanda même pas si elle le suivrait. D'un côté, il le désirait, il avait besoin de sa présence. D'un autre côté, il n'avait pas envie d'une personne distante. Il se rendit donc jusqu'à l'infirmerie vide, sans se préoccuper de rien. Ouvrant la porte, il se dirigea vers le dortoir, également vide, puis s'allongea sur le dos, sur un des lits peu confortables. La pièce était sombre, les rideaux avaient été tiré, ce qui le soulagea un peu. Plissant toujours les yeux, il fixait le plafond, avec cette petite ride désormais marquée entre ses sourcils. Edward replia une de ses jambes et glissa un de ses bras à l'arrière de son crâne, pensif, luttant.

Angelic se détestait tout simplement d’être aussi froide et distante. Mais les circonstances ne jouaient pas en leur faveur ; non seulement ils se trouvaient dans l’université -donc les regards équivoques ainsi que les sourires charmeurs étaient bannis- mais en plus, ils s’étaient quittés en de « mauvais termes ». La belle aurait pourtant aimé lui dire ce qu’elle avait sur le cœur. Lui dire que finalement, il faisait ce qu’il voulait avec sa petite-amie, que cela ne la regardait pas. Lui dire que cela ne changerait rien au fait qu’elle avait aimé être dans ses bras durant cette soirée. Mais, Ange ne pouvait pas. Aucun mot ne sortait de sa gorge.
Quoi qu’il en soit, Edward venait de se tourner vers elle, la mine vraiment malade.

-Et bien, il y a un orchestre dans ma tête. Des tas de batteries et de tambours. Mais ils jouent vraiment très mal.

Angelic se doutait qu’elle ne pourrait rien faire pour soigner ses maux. Néanmoins, elle aurait tellement aimé pouvoir lui venir en aide. La demoiselle hocha doucement la tête, de haut en bas, puis se mordit la lèvre. Son mal-être lui coupait toute faculté à aligner trois mots. Heureusement qu’Edward lui, y parvenait. Même si ce qu’il disait rendait Angelic encore plus mal.

-Et on ne vouvoie pas une personne avec qui on a fait l'amour... à plusieurs reprises.

Que pouvait-elle répondre ? Elle se sentait honteuse et pourtant, elle ne devrait pas. Certes, Angelic avait fait l’amour avec son professeur à plusieurs reprises mais là, le contexte les obligeait à entretenir des relations purement « professionnelles ». La belle n’avait pas le droit de tutoyer Edward, malgré le fait qu’ils soient totalement à l’abri des regards.
Elle aurait voulu répondre, mais c’était malheureusement trop tard. Angelic se décala ; puisque son enseignant voulait passer, puis le regarda s’éloigner. Tout en passant ses mains sur son visage, elle soupira profondément, puis retourna auprès de ses affaires. Terminer son devoir après cette brève conversation lui semblait totalement impossible. De toute façon, Ange n’arrivait à rien lorsqu’Edward était dans les parages. Quelque chose manquait pour qu’ils puissent se séparer. Quelque chose lui prêtait à croire que tout n’était pas fini. Ils devaient parler, s’expliquer. D’ailleurs, n’ était-ce pas le meilleur moment ? Même si le professeur n’était pas au meilleur de sa forme, il pouvait toujours écouter son élève. Celle-ci rassembla alors la totalité de ses affaires et regarda l’heure. D’ici un petit quart d’heure, elle pourrait rejoindre l’infirmerie sans prendre le risque d’être vue ; puisque les étudiants seraient sans doute retourner dans l’amphi.
Soit.
Angelic attendit le temps nécessaire puis finit par se lever. Déjà, dans sa tête, les questions se précipitaient : « Qu’est ce que j’vais pouvoir lui dire ? » « Pourquoi j’m’acharne comme ça, aussi inutilement ? » « Pour quoi va-t-il me prendre… ? ». Angelic soupira profondément puis regarda droit devant elle, la porte de l’infirmerie était fermée. Avait-elle raison de vouloir entrer ? Peu importe. Au pire, Edward lui demanderait de sortir afin qu’il se repose tranquillement. Ce ne serait pas si grave. L’élève entra donc lentement -après s'être assuré que personne ne l'avait vu- et referma la porte derrière elle. L’obscurité n’était pas son fort alors elle attendit d’y être complètement habituée pour commencer à avancer, tranquillement. Aucun mot ne sortit de sa bouche. Sait-on jamais… le migraineux était peut-être en train de dormir ; cela lui ferait le plus grand bien. Angie approcha donc silencieusement une chaise puis posa son fessier dessus, avant de déposer ses affaires sur ses cuisses.

Edward continuait de fixer le plafond, rêvant pour que le sommeil arrive vite. Mais qui aurait pu s'endormir avec une telle douleur? Le silence régnait dans la pièce sombre, tandis qu'il essayait de ne pas se focaliser sur la douleur, chose qui se trouvait être plus difficile que ce à quoi il pensait. Puis il entendit une porte s'ouvrire. Etait-ce une élève? L'infirmière? Finalement ses yeux bleus se posèrent sur Angelic. C'était donc elle. Intérieurement, il souriait, heureux qu'elle ait pensé à ne pas le laisser seul. Quelque part, cela prouvait qu'elle s'inquiétait pour lui, et qu'il n'était pas seulement le dernier des abrutis à ses yeux. C'était plaisant, ça flattait presque son égaux.

Il l'observait se déplacer dans l'obscurité, et s'asseoir sur une chaise, se faisant la plus discrète possible. Edward tourna légèrement la tête vers elle, puis finit par tendre la main.

Il esquissa un sourire puis prit doucement sa main. Ainsi, il l'attira jusqu'au lit. Ce qu'il voulait, c'était ses bras. De cette façon, lorsqu'elle fut avec lui sur le matelas, Edward posa sa tête contre son corps, de façon à avoir les yeux fermés. Une de ses mains se posa sur celle de la jeune femme, dans un geste rempli de tendresse. Ca lui réchauffait le coeur de l'avoir ainsi près de lui. Certes, on aurait pu croire qu'après ce qu'il s'était passé, notre Franco-Irlandais se trouvait culotté d'avoir une telle réaction. Néanmoins, le simple fait qu'elle soit venu le voir à l'infirmerie en sachant pertinemment qu'il n'allait pas bien, lui prouvait qu'il y avait encore un petit quelque chose à sauver. Elle devenait son remède. Il avait besoin d'elle comme un gosse à besoin de sa mère.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, la savoir ici lui faisait du bien. Il se sentait moins seul et avait l'impression qu'il pourrait se focaliser sur autre chose que sur sa douleur. Etait-ce le moment de mettre les choses au clair? Même s'il avait une migraine monstrueuse, Edward ne voulait pas gâcher enfin une opportunité de se retrouver seul avec elle. Bien sûr il espérait sincèrement que personne ne viendrait dans l'infirmerie pour les voir dans un tel accoutrement.

Commença-t-il sur un ton fatigué et souffrant.

Edward soupira un instant. Faire ainsi le point lui faisait comprendre qu'ils n'avaient pas vraiment de points communs. Le fait est qu'elle était probablement restée dans une phase d'immaturité. Après tout, pouvait-on vraiment lui en vouloir? S'il voulait une femme mature, il n'irait pas chercher dans ses élèves. Soit.

Un soupir à peine audible sortit de ses lèvres, alors qu'il relevait légèrement la tête, non sans grimacer suite au "coup de marteau" qu'on venait de lui donner au niveau du crâne.

Malheureusement, sa tentative pour rester discrète et ne pas déranger son professeur fut complètement inutile. Edward venait de se tourner vers Angelic, avant de lui tendre la main. La belle n’eut même pas besoin de faire d’effort puisque son enseignant se chargea directement d’attraper ce qu’il voulait.

-Tu t'inquiète pour moi? C'est trop mignon...

Angelic s’inquiétait vraiment pour Edward, c’est vrai, mais elle voulait surtout lui dire ce qu’elle pensait de tout cela. Leur aventure, leur relation étrangement peu professionnelle, puis cette fameuse discussion qui avait tout foutu en l’air. Parce que malgré cette absence de sentiments amoureux, Angie appréciait énormément son professeur, et aurait aimé le revoir par la suite, sans pour autant passer du temps à faire l’amour. Après tout, ils étaient humains avant d’être enseignant et étudiant.
Quoi qu’il en soit, Angelic n’eut pas réellement le temps d’ouvrir la bouche puisqu’elle était maintenant attirée par Edward, jusqu’à son lit. S’installant confortablement à ses côtés, elle ne put s’empêcher de faire balader sa main libre dans sa nuque, jouant de temps à autre avec ses cheveux bruns finement bouclés.

-Ma "copine" se drogue...

Un soupire évident se fit entendre. Angelic était bien évidemment ici pour mettre les choses au clair mais uniquement entre eux deux. Ce n’était pas une preuve d’égoïsme, loin de là. La jeune femme ne voulait juste pas se mêler de ce qui ne la regardait pas. Edward était assez grand pour gérer sa vie privée seul, maintenant qu’il avait avoué son erreur.

-Si seulement ça ne pouvait être que de simples joints de temps en temps, mais ce n'est pas le cas. Elle prend de la drogue et en fait circuler. Je... c'est trop différent de moi. C'est une jeune femme qui a extrêmement de mal à avouer ses sentiments.

Combien de jeunes se droguaient de nos jours ? Angelic n’était même pas étonnée puisqu’ici même, dans cette université, les trois quarts des étudiants avaient déjà touché à ces substances illicites.

-Elle m'a fait également comprendre que notre histoire était trop compliqué, qu'elle n'était pas prête à faire autant de sacrifices que moi j'étais capable de faire pour elle. J'ai eu le droit de me prendre tout ça dans la gueule le jour de mon anniversaire.

Entendre de telles paroles n’étaient vraiment pas facile à digérer, mais en plus, le jour de son anniversaire, cela pouvait être encore pire. Au fond, faire souffrir une personne était bien plus simple que de la rendre heureuse.
Angelic ferma les yeux, se serrant un peu plus contre son professeur puis écouta la suite de son histoire. Déjà là, elle pensait savoir où est ce qu’il voulait en venir. Quoi qu’il en soit, la jeune Bush se contenta de lui prêter une oreille attentive, sans jamais l’interrompre.

-Tu penses que ce sont des raisons suffisantes pour lui en vouloir? Tu me prends vraiment pour un enfoiré? Je ne suis pas comme tout ces types... j'espère ne pas l'être du moins.

Evidemment, ces raisons étaient suffisantes. Néanmoins, Angelic n’approuvait toujours pas son geste. Ainsi, elle se redressa doucement puis soupira profondément. Elle aimerait lui raconter un passage de sa vie mais cela ne l’enchantait pas plus que ça, finalement. Etant une personne discrète, la demoiselle refusait s’afficher et parler d’elle.

-J’ai… J’ai surpris mon premier petit ami en train de parler à un copain à lui. Il manigançait derrière mon dos pour voler l’argent de mes parents. Il voulait m’amadouer, et faire en sorte que je tombe enceinte aussi. Tu comprends qu’après, j’suis allée voir mon meilleur ami pour lui parler de ce que j’avais appris. J’aurais pu coucher avec lui, parce que notre relation était ambiguë et particulièrement forte, et pourtant, on s’est retenu. On s'est retenu parce que, même si ça n'allait pas durer, j'étais encore en couple. Pourquoi tu n’as pas fais la même chose ? Pourquoi ?

Angelic se mordit la lèvre et passa rapidement ses mains sur son visage. Parler d’elle la mettait mal à l’aise, et elle ne voulait pas donner de mauvaises images d’elle à Edward. Ce qui expliquait très certainement pourquoi elle tremblotait légèrement.

-Je ne suis tombée que sur des salauds. Mais j’peux pas croire que tu en sois un…

Doucement, Angelic souffla puis plongea son regard brillant dans celui de son professeur. Encore une fois, elle se montrait « faible » devant un homme qu’elle appréciait. Intérieurement, cela lui faisait mal mais sa nature reprenait trop souvent le dessus.

-Gère ta vie privée comme tu l’entends. Parle de tout ça avec ta copine, vous trouverez certainement une solution tous les deux, et vous serez heureux. J’pense vraiment que tu le mérites, Edward.

Peut-être qu'au final, Angelic se fichait de toute cette histoire. Peut-être qu'elle ne se sentait pas concernée, tout simplement car elle n'éprouvait aucun sentiment pour Edward. Peut-être qu'il lui racontait tout cela pour rien. Pourtant, il gardait le petit espoir qu'elle se sente visée un minimum. Pourquoi fallait-il qu'il hésite autant entre deux jeunes femmes? Choisir celle qui voudrait bien de lui, était beaucoup trop simple à son goût.

Puis Angelic lui raconta une anecdote, à sa plus grande surprise. Ce qui étonnait autant notre Franco-Irlandais, ce fut que la jeune femme ne parlait jamais d'elle, de son passé, de ce qu'elle avait vécut et cela, encore moins avec lui. La seule fois où il avait réussit à lui soutirer quelques informations, c'est parce qu'il lui avait posé quelques questions précises. Donc, il se contenta de l'écouter, n'ayant pas envie de louper une occasion d'en apprendre un peu plus sur elle.

Edward restait silencieux quelques instants. Le fait est qu'il n'aurait pas du tout réagit comme elle. S'il avait été à sa place, il aurait directement mit fin à cette relation, et aurait pu se comporter comme une véritable peste. Mais les caractères ne se discutent pas, tout comme les goûts et les couleurs. Certains auraient fermé les yeux, d'autres se seraient expliquer avec le fautif, et enfin, d'autres aurait tout foutu par terre.

Lui dit-il sur un ton calme. Edward, lui, restait rarement sans réagir. D'une franchise étonnante, il avait besoin de mettre les points sur les i à longueur de temps. En plus de cela, il restait quelqu'un de rancunier, du moins, jusqu'à un certain point. Puis il finit par ajouter, tout en la regardant dans les yeux.

Edward reposa sa tête contre le corps d'Angelic, caressant sa hanche puis son ventre avec ses mains, dans un geste machinale et tendre.

Quelque part, cette parole le rassurait. Il ne voulait pas être un salaud de plus dans sa vie. Il n'avait pas été élevé comme ça. Depuis son plus jeune âge, on lui avait apprit à respecter les personnes autour de lui, notamment les femmes. Son père lui avait toujours fait comprendre que ce n'était pas parce qu'on avait des "bijoux de famille" que ça faisait de nous des personnes sans coeur, et encore moins les rois du monde. Il lui avait expliquer qu'à un certain âge, ce serait probablement lui qui ramperait derrière les filles. Soit. De toute façon, il avait toujours haït les salauds sur lesquels étaient tombées toutes ses soeurs, donc, il se voyait mal faire partit de l'un d'eux.

Edward l'observa dans les yeux, visiblement bien moins convaincu qu'elle. Il ne croyait pas spécialement au "Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants". Le fait est qu'ils ne se trouvaient pas dans un conte de fée. Il croyait déjà en l'amour, certes, mais pas au monde rempli de princes et de princesses.

Finalement, il baissa les yeux puis reposa sa tête, cette fois ci sur l'oreiller, fixant le plafond. Soupirant une nouvelle fois, il finit par poursuivre :