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i was born from original sin.

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MessageSujet: i was born from original sin. i was born from original sin. EmptyLun 28 Sep - 2:05


"Je ne sais qu’une chose tu tiens ma joie, ma peine entre tes mains.
Tu es le souffle, le lien, mon enfant-roi ,un magicien."



15 juillet 2015

La lumière des néons se consumait dans les ténèbres de la nuit, la musique assourdissante sur laquelle elle s’était laissée porter ne résonnait plus ni dans sa tête, ni dans son corps; on n’entendait même pas l’ombre d’un frémissement. La foule évaporée prouvait à tous que la fête était finie. Dans le club, il ne restait que des flaques sirupeuses d’alcool, des éclats de verres, semblables à des balles perdues; les derniers témoins d’une course à la débauche, d’une guerre des millésimes. Pourtant, elle demeurait là, seule survivante au milieu du chaos; Eileen, l’invaincue. Assise à même le comptoir zingué, elle contemplait le paysage dévasté et portait un toast solennel à tous ceux qui étaient parvenus à gâcher sa vie. Sous ses griffes laquées de noir, les ultimes perles de champagne périssaient tandis que ses pieds nus se balançaient nerveusement d’avant en arrière. Il était temps, pour elle aussi, de tirer sa révérence, de laisser les rideaux se fermer et les projecteurs s’éteindre, de rejoindre le calme enveloppant d’une suite aux allures de palais. En voulant descendre de son mirador, elle sentit sous sa paume moite les contours plastiques d’un sachet au contenu suspect. Trois petits dragées pareils à des confiseries pour enfants enrobés de couleurs chatoyantes. Rouge. Jaune. Bleu. Elle hésita un instant, tiraillée entre l’envie de les prendre pour découvrir le secret qu’ils refermaient et les échos de sa raison qui lui criaient qu’il était bien trop tard pour s’aventurer sur des sentiers inconnus; l’heure du crime était passée depuis longtemps déjà. Mais une force mystérieuse la poussa à faire le choix du déraisonnable et bientôt, les pilules fondaient une à une sous sa langue. Dans les couloirs labyrinthiques du Bellagio, elle avançait confuse, le visage incliné vers le sol. Soigneusement, elle évitait de croiser son reflet décharné reproduit à l’infini sur les murs en miroir. Il n’y avait rien à voir sinon la personnification d’une descente aux enfers. Mèches blondes en désordre, cernes charbonneuses, démarche vacillante, bouche écarlate et oeil au beurre noir à la teinte délavée. La reine de la nuit, fière et provocante qu’ils connaissaient tous était loin d’ici, derrière les ecchymoses, par delà la honte, en dessous de la strate de regrets. Quelque part où elle parvenait à avoir le dessus sur ses problèmes, où elle ne perdait pas par K.O, où l’on ne se battait pas avec les poings, mais avec les mots. A bout de souffle, elle poussait la porte d’un monde de silence et de solitude, et pénétrait dans l’écrin doré et fastueux que formait sa suite. Convaincue que personne ne viendrait la déranger, et surtout pas lui, elle s’échoua sur son lit, les bras en croix, le coeur déchiré. Les rétines brûlantes tournées vers le plafond, elle attendait que les pilules l’entrainent dans une valse fantasmagorique. La bleue pour oublier. La jaune pour s’endormir. La rouge pour renaître.

Elle se réveillait haletante, en sueur, son palpitant tambourinait à l’intérieur de sa cage thoracique avec la violence d’un ouragan. Lorsqu’elle se redressa, avec toute la difficulté du monde, elle eut un bref moment d’absence pendant lequel elle semblait être devenue amnésique. Elle ignorait tout de l’endroit où elle se trouvait et de la manière dont elle s’était retrouvée dans ce lit, même son nom lui parut enveloppé d’un épais brouillard. Après plusieurs minutes d’une confusion troublante, elle s’extirpa de ses draps de soie migraineuse et en proie à d’intenses vertiges. Puis, elle se mit à parcourir la pièce d’une démarche incertaine, avec un équilibre suffisamment discutable pour qu’elle doive prendre appui sur un mur. « Il était temps que tu te réveilles, je commençais à m’ennuyer. » déclara une voix qui provenait d’on ne sait où sur le ton le plus désabusé qui soit. Mais au lieu de paniquer à l’idée de ne plus être seule, elle s’interrogea sur cette intonation si particulière et étrangement familière. Les yeux presque clos, elle se laissait ses pas la guider vers la narratrice; elle jurait entendre le martèlement de talons inconnus résonner contre le marbre. « Eileen ? » demanda-t-elle surprise en prononçant son propre nom. Face à elle, debout au milieu du dressing, balayant du pied une montagne de vêtements : son reflet. Son double. Une version d’Eileen différente, plus belle, plus jeune de quelques années, visiblement plus heureuse. Elle avait encore quelques pointes d’innocence dans le regard, une fierté à priori intacte et un coeur exempt de tout ravage. « Qu’est ce que tu fiches ? » s’interrogea-t-elle en désignant ses robes de créateurs étendues sur le sol sans même admettre pleinement l’absurde de la situation. Elle était en train de converser avec elle-même, son alter-ego venu tout droit du passé. « Je m’informe sur les tendances à venir. Je vérifie que je n’ai pas perdu mon sens de la mode et autant te dire que je suis plus qu’inquiète lorsque je vois ce que mon visage est devenu. A quel moment tu as pensé que j’avais envie de pratiquer un sport de combat, en l’occurrence la boxe ? » Perchée sur des talons stratosphériques elle s’avançait vers son ainée d’un air écoeuré. « Est-ce que ça fait mal quand j’appuie là ? » souffla-t-elle en enfonçant son index manucuré dans l’ecchymose bleutée de son clone futuriste. Eileen avait oublié à quel point elle était odieuse pendant son adolescente, pendant cette période juste avant son entrée à Berkeley où, elle était persuadée de régner sur le monde du haut de ses dix-sept ans. Jamais, elle n’avait été aussi caractérielle et imbuvable qu’à cette époque, à la recherche d’attention en permanence, elle n’hésitait alors pas à prendre des risques inconsidérés et à traiter quiconque avait la maladresse de l’approcher d’un peu trop près comme son sous-fifre. Toute cette arrogance qui émanait d’elle lui rappelait combien elle manquait d’amour-propre aujourd’hui. Même avec toute la bonne volonté du monde, elle ne retrouvait pas de sitôt cet orgueil exacerbé, cette condescendance royale, cette audace insolente. « Je t’interdis de me toucher espèce de tarée. » Elle dégagea la main de l’inconsciente d’un coup sec et redoutait, rationnellement, la suite de cette conversation irréelle. « Mais regarde-toi ! Il n’y a pas plus de cinq ans qui nous séparent... et tu sembles déjà morte. Si tu crois que je vais te laisser foutre mon avenir en l’air tu te trompes ! » déclarait-elle en laissant tomber une énième robe sur le sol; de son côté Eileen fut prise d’un incontrôlable fou rire. Elle rêvait où la petite connasse immature qu’elle était à dix-sept ans était en train de lui donner une leçon de morale. Il était grand temps de remettre toutes les pendules à l’heure et de replacer, sans plus tarder, les choses dans leur contexte. « C’est à cause des erreurs que tu ne vas pas tarder à faire que j’en suis là. Madame souhaiterait peut-être une liste non exhaustive de ses futurs écarts de conduite ? » répliquait-elle en retrouvant l’espace d’un instant sa légendaire répartie, pourtant elle était bien placée pour ne pas douter une seule seconde des capacités de l’adversaire à contre-attaquer. « Tu as été acceptée à Berkeley, tu es contente ? Profites-en ça ne va pas durer. Tu vas tourner une sextape qui va faire le tour du campus, tomber amoureuse, te faire lamentablement abandonner, épouser pour de faux ton meilleur-ami sur le toit d’un hôtel qui signera le début d’un jeu dangereux -que tu vas perdre-, un jour tu lui décocheras une balle dans l’épaule, tu vas te trainer une réputation de nymphomane désaxée pendant plus de quatre ans, Wren va te détester au moins tout autant que Jorden qui prendra bien soin de t’offrir de la cocaïne à chaque Noël, tu vas embrasser Zadig -ce qui est franchement contraire à tout sens moral-, tu obtiendras ton diplôme parce que malgré tout tu n’es pas trop conne, mais Roman estimera qu’un poing en plein visage pourrait remettre quelques-uns de tes neurones en place, dommage quand on est amoureuse la capacité à réfléchir elle s’en va ,main dans la main, avec la fierté. Tu le connais pas encore Roman, mais tu verras, tu vas le détester dès les premières lueurs du jour. Voilà, c’est ton futur, pas nécessairement dans cet ordre. Je peux applaudir ? » concluait-elle d’un ton acéré et poignant. Remuer tous ses souvenirs, principalement les mauvais, lui donna envie de s’effondrer, de redevenir cette Eileen encore préservée pour tout faire différemment. Faire des choix diamétralement opposés, croiser la route de personnes moins nocives, jouer moins avec les codes de la provocation et cesser d’être en guerre constamment, contre elle-même, contre les autres, contre la terre entière. Face à ses révélations, la plus jeune des deux Eileen resta bouche-bée, elle tentait vainement d’encaisser le choc et ne doutait pas de la véracité des propos énoncés. Au fond, elle se savait capable de toutes ces choses, de tous ces jeux malsains sur fond de course vers le pouvoir, la grandeur; malheureusement la chute paraissait inévitable. « Mais je tiendrai Las Vegas entre mes mains alors, tôt ou tard, je finirai par être heureuse. » affirmait-elle comme s’il s’agissait là d’une vérité absolue. Elle ignorait que la ville du péché ne ferait qu’accélérer sa chute, sous les néons et les dorures, il y avait la noirceur et les tourments, l’étau qui se resserre, la spirale infernale qui ne s’arrête plus, le lent et cruel décompte qui commence. Tous les cotés abjects de cette ville deviendraient son quotidien. « Tu veux mon avis, t’es trop instable pour être heureuse. » L’ambition d’Eileen, hier ou aujourd’hui, ne saurait se contenter des limites de la ville, elle en voudrait toujours plus quitte à se brûler les ailes. Ici, dans les casinos feutrés, il n’y avait pas de fenêtres pour espérer s’échapper, pas d’horloges pour se repérer. Las Vegas était comme elle, aussi belle qu’impitoyable. Sans issues. « Et ce type là, Roman, tu vas lui pardonner ? Parce que moi à ta place je le ferais pas. C’est à cause de lui que tu es dans ce lamentable état, ça se voit. D’autant plus que tu as reconnu être amoureuse de lui. Comment est-il possible d’aimer quelqu’un qui nous fait du mal ? » sifflait-elle en changeant de sujet espérant ainsi récupérer le monopole de la situation et ne pas se laisser démolir par son double insane et désemparé. Elle attrapait une cigarette sur un meuble adjacent et l’allumait dans la foulée en inspirant une longue bouffée de tabac, entourée d’un halo de fumée grisâtre, elle attendait une réponse qu’Eileen était incapable de lui fournir. Elle savait de quoi son passé était fait, mais elle ignorait tout de son futur, des jours à venir; du temps que durerait l’absence de Roman, de sa capacité ou non à lui accorder son pardon, de la quantité de courage qu’il lui faudrait pour mettre des mots sur ce qu’elle ressentait au plus profond de ses entrailles. Elle n’était sûre que d’une chose. « Comment ? Il suffit de s’appeler Eileen Rosenbach; et alors tout devient possible. » certifiait-elle sur un ton presque bienveillant en essayant de se persuader elle-même que tout n’était pas perdu, qu’il restait encore, quelque part, des cartes à jouer et parmi elles se cachaient peut-être l’inattendu joker qui sauverait tout; qui lui permettrait de renaître de ses cendres pour devenir une personne meilleure, une personne stable, une personne heureuse simplement. Sa cadette lui rendit son sourire avec douceur puis, son image se brouilla, les courbes de son corps devinrent floues, d’un instant à l’autre elle disparaitrait, elle se confondrait avec le nuage de fumée tout autour d’elle. « Alors n’oublie plus jamais qui tu es, d’où tu viens et ce que tu veux. Promis ? » disait-elle en déposant une main chaleureuse sur l’épaule d’Eileen, l’encourageant à ne plus jamais se rapprocher si près du gouffre. L’aperçu qu’elle avait eu de son futur était effrayant mais elle se savait capable, avec un peu de volonté, de transformer ces échecs en armure indestructibles. Il fallait y croire, il fallait attraper, avant qu’elles ne s’échappent, les dernières notes d’espoir. « Promis. » jura-t-elle alors que son double s’évaporait dans la brume et qu’une dernière parole résonnait contre les murs de la suite. « Au fait, joyeux anniversaire. »
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Nina Fitzmartin
there's no place like berkeley
Nina Fitzmartin
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