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Invité Invité
| Sujet: let it all go. (holden) Jeu 1 Oct - 18:43 | |
| « But I don't just stay with him by default as if there's no one else available to me. I stay with him because I choose to, every day that I wake up, every day that we fight or lie to each other or disappoint each other. I choose him over and over again, and he chooses me. » Il paraît qu’il n’y a rien de plus bruyant que New-York en début de soirée. Il paraît que les klaxons se font entendre jusque dans l’horizon, que les musiciens jouent plus fort, que les pas martèlent deux fois plus les trottoirs. Sourde de naissance, Thelma avait pendant longtemps ignoré cette face de la ville, grandissant au milieu du vacarme sans jamais s’en rendre compte. Et puis un soir, son père s’était mis à lui raconter les bruits par-delà la fenêtre. Il lui avait parlé des conversations qui deviennent plus denses que l’air à l’heure où le soleil se couche, des gens qui s’entassent dans les bistrots, des sirènes qu’on croirait venir d’ailleurs. Il n’avait rien omis, ni le bruit de la toux des clochards, ni celui de la colère des gosses issus de quartiers différents du leur. Thelma avait écouté, soir après soir. Elle avait dévoré les discours de son père jusqu’à faire du début de soirée son moment favori de la journée. Ca fait des années, maintenant, pourtant rien n’a changé. Dès qu’elle en a la possibilité, Thelma sort dans la ville à l’heure où les gens rentrent chez eux et à défaut d’entendre le bruit, elle se met à le respirer de toutes ses forces. « Tu sais pourquoi les gens sourds ont tendance à rester ensemble ? » Thelma jette un regard interrogatif à Holden avant de picorer à nouveau dans son plat de saumon. « Parce qu’en restant ensemble, ils ont l’impression de ne plus être différents. » Elle essaye de capter son attention, d’attiser sa curiosité. Holden n’a pas décroché un mot depuis leur entrée dans le restaurant, à part pour commander puis pour s’excuser avant d’aller répondre au téléphone deux fois d’affilée. « Moi, je me suis toujours moquée d’être différente. Pourtant, c’est drôle, je me rends compte que le moment qui m’effraie le moins, c’est quand le soleil se couche et que New-York devient une marée de sons. Parfois, au-delà des gratte-ciels, je crois entendre l’écho de Broadway et tout à coup, je ne me sens plus différente des gens autour. C'est reposant, tu sais, de ne plus être tout à fait à part le temps de quelques minutes. » Elle sourit, dans le vide, parce que c'est tout ce qu'il y a entre elle et Holden depuis le début de ce dîner : du vide. Il grouille autour d'eux, s'immisce dans leurs vêtements et balaie au loin leur complicité habituelle. Si ce n'était pas lui assis là en face d'elle, elle ne prendrait très certainement pas la peine de terminer son assiette et partirait déambuler dans les rues. Elle irait se gonfler les poumons au rythme du monde puis rentrerait chez elle, se glisserait sous la douche et frotterait sa peau très fort pour enlever le vide qu'il y aurait laissé. « Je déteste les silences entre nous. » Elle dit ça comme on raconte une histoire et pourtant, ses pupilles viennent s'attarder sur son saumon qu'elle est en train de réduire en miettes à l'aide de sa fourchette. Elle évite soigneusement son visage parce que tant qu'elle ne le regarde pas, il ne peut pas communiquer avec elle, et tant qu'il ne communique pas avec elle, le retour en arrière est encore possible. Tant qu'elle n'affronte pas le mouvement de ses lèvres, il peut encore faire le tour de la table pour la chatouiller, ou bien la tirer par la main pour l'emmener à une exposition, lui faire une grimace et lui crier "je t'ai bien eu hein ?", il peut encore envoyer valdinguer ce malaise et les prochaines minutes qui seront probablement faites de mots durs et de pluie. « Surtout ceux qui prennent autant de place et ressemblent à des montagnes infranchissables. » Elle lève enfin les yeux pour accrocher les siens. Ce soir, Holden ressemble à une montagne infranchissable, à ce rocher qu'on voit au loin mais qu'on n'atteint jamais. Il ressemble à la nuit froide et au brouillard dans lequel on se prend parfois les pieds. Là, il est tout ce qui lui fait peur depuis qu'elle est enfant et pourtant, elle s'agrippe à sa chaise et refuse de partir. « Est-ce que tu as passé une mauvaise journée ? Est-ce que tu es en colère contre moi ? Dis-moi, s'il te plait. » Mais dis le pas trop fort, dis le comme un murmure au vent. |
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| Sujet: Re: let it all go. (holden) Dim 11 Oct - 20:39 | |
| Il est de mauvaise humeur, Holden. Comme il l'est presque tous les jours depuis près de trois semaines. Et il a beau chercher des raisons de ne plus l'être, il n'en trouve pas. Lola ne lui donne pas de nouvelles, son couple est une mascarade grotesque qui lui pèse, et son entreprise se casse la gueule. Aujourd'hui, c'est à cause de ça qu'il est de mauvaise humeur. Les chiffres du dernier trimestre ont été annoncés aujourd'hui, et ils ne sont pas bons. Vingt millions d'écart entre l'objectif et le chiffre réalisé, la valeur de l'action a chuté de près de 13 % à la Bourse de New York, du jamais vu. L'un des investisseurs, dont l'intronisation dans son board devait être faite dans les jours à venir vient de faire marche arrière, le laissant avec un déficit de capital tel que Carlisle Telecoms n'en a jamais connu. Plus que jamais, il sent le poids des responsabilités peser sur ses épaules, mais il n'y trouve plus aucun plaisir – s'il en a déjà trouvé un jour. Non, ce poids-là, c'est un putain de fardeau dont il pense ne jamais pouvoir se débarrasser autrement que par sa destruction complète. Si son père le voyait, il aurait honte de son incapable de fils, qui ne sait rien faire d'autre que d'apporter des problèmes. Sans doute qu'il rêvait d'avoir son digne successeur, plutôt qu'une fraude éhontée assurant vaguement la direction d'un business qu'il comprend à peine. Sa seule fierté est d'avoir réussi à s'entourer à peu près décemment, mais même eux ne peuvent rien contre la méfiance des investisseurs et de son Comité de Direction dont il a subi les foudres trois jours plus tôt. C'est dur, de diriger un empire. C'est dur, et il n'en trouve aucune satisfaction. Pas la moindre. A la place, Holden est devenu aigri avant l'âge, les traits fermés et la main greffée à son téléphone professionnel auquel il répond même au milieu de la nuit, réveillant Thelma par la même occasion. Thelma, qui s'obstine à dormir avec lui, alors que rien ne les oblige à préserver l'illusion une fois cachés des regards indiscrets. Mais elle le fait quand même. Il lui en était gré, avant. C'était une constante dans sa vie, la présence de Thelma. Plus maintenant. Parce que maintenant, il sait que son cœur bat furieusement pour un autre, et ça lui laisse un goût bizarre dans la bouche. Pas de la jalousie, juste un mélange mal contenu de colère et d'amertume. Parfois, il rentre et la voit, le sourire aux lèvres, simplement parce qu'elle a vu celui qui à défaut de partager sa vie, possède son cœur. Il tente vaguement de faire des efforts, et il peut pas s'empêcher de songer qu'ironiquement, il a l'air de vouloir tout faire pour sauver son couple. Sauf que son couple, il n'existe pas, c'est qu'une illusion qu'ils balancent aux autres. Il croirait que ça suffirait pour réussir aux yeux des autres, mais c'est pas le cas. Il pourrait tout arrêter dès maintenant, puisque ça ne sert à rien. Il pourrait, mais il n'y arrive pas. Il a besoin de Thelma. Il a toujours eu besoin de Thelma. Mais elle lui semble distante, à présent, hors de portée. Peut-être que c'est parce que lui aussi l'est devenu, de semaine en semaine. Pour essayer de compenser, il l'a amenée dans un restaurant chic de Manhattan, mais son cœur n'y est pas. Les résultats économiques de Carlisle Telecoms continuent de hanter ses pensées, et l'idée que Thelma se détache de lui aussi, petit à petit. Bientôt, il se retrouvera seul. Elle ne restera pas longtemps auprès de lui, pas si elle peut avoir mieux ailleurs : l'authenticité, la promesse d'un vrai futur, heureux et rempli d'amour. Il sait bien qu'il ne pourra jamais lui offrir ça, mais il est comme un gosse qui refuse de la voir s'en aller. Holden n'a pas décroché un mot depuis leur arrivée dans le restaurant, excepté pour commander une viande mal cuite et s'éloigner répondre à un appel professionnel. Thelma tente maladroitement de faire la conversation pour meubler le silence, lourd de sens, qui les entoure depuis quelques minutes, et tout ce qu'il parvient à voir, c'est la solitude presque palpable. C'est encore pire que le silence. La mâchoire contractée, il se retient de lui répondre que si elle savait ce qu'il avait en tête, elle choisirait le silence. Mais il ne dit rien, évidemment, prétend prendre du plaisir à manger un plat immonde avec un mauvais verre de vin rouge, bien trop cher pour sa qualité médiocre. Et quand elle se met à poser des questions anodines, il comprend qu'il n'y échappera pas, à sa discussion. C'est drôle, Thelma a toujours été plus bavarde que lui. Plus brave, aussi. Comment expliquer autrement qu'elle soit capable de s'exprimer malgré sa surdité, et parfois sans s'arrêter ? Il repose ses couverts qui s'entrechoquent dans un cliquetis métallique et pèse soigneusement le poids de ses mots avant de les prononces. « Non Thelma. Non, je n'ai pas passé une bonne journée. Les chiffres sont mauvais, les investisseurs se désistent, l'action a chuté en Bourse et un magazine économique prestigieux a estimé que la boîte aura coulé dans moins d'un an » débite-t-il d'un ton glaçant sans se donner la peine de la regarder dans les yeux. Il finit par le faire, cependant, un regard dur et perçant. « Je veux que tu arrêtes de le voir » poursuit-il, aussi froidement. Il n'a pas besoin de préciser qui ce 'il' désigne, elle le sait déjà. Holden est possessif, mais c'est pas ce sentiment-là qu'il ressent quand il dit ça. Pourtant, ça en a tout l'air. Il ne se comporte jamais comme ça d'habitude. Jamais. Il est précautionneux avec Thelma, qui sera toujours à ses yeux une petite poupée fragile dont il faut prendre grand soin. Mais ce soir, elle a le malheur d'être au mauvais endroit, au mauvais moment, et de poser les questions qui fâchent. « Et ce n'est pas négociable. » |
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| Sujet: Re: let it all go. (holden) Dim 25 Oct - 17:21 | |
| « She said darling you know, darling you know I can’t stay cos I've given my heart and my word to a boy far away. I spoke soft and pretended to cough, like I didn’t care either way. I never knew I could get my heart broken in so many ways. And the last time I saw her standing in the pouring rain, hair a little shorter but everything else looked the same, I could’ve told her that I adored her and she could’ve said she felt the same way but we just smiled cos sometimes words aren’t the right words to say. » « Non Thelma. Non, je n'ai pas passé une bonne journée. Les chiffres sont mauvais, les investisseurs se désistent, l'action a chuté en Bourse et un magazine économique prestigieux a estimé que la boîte aura coulé dans moins d'un an » Innocemment, Thelma espère que tout ce vide entre eux n’a rien à voir avec elle, que si Holden est exécrable depuis plusieurs jours, c’est à cause du reste - sa société, Lola, le pressing qui lui aurait rendu des chemises mal repassées ou bien tout simplement un quotidien un peu trop fade. Alors quand la réponse du jeune homme franchit la barrière de ses lèvres, elle ne peut s’empêcher de se la repasser en boucle dans la tête, comme une poésie dont on veut apprendre chaque syllabe pour se la rejouer les soirs de grand froid. Mauvais chiffres, investisseurs qui se désistent, action en chute, mauvaises prévisions pour Carlisle Telecoms. Si beaucoup de femmes ne comprendraient pas grand-chose à cette liste, Thelma, elle, est capable d’en assimiler tous les codes. Elle y voit tous les sacrifices qu’Holden a faits et qui n’ont servi à rien, tous ceux qu’il fera encore et qui prendront le même chemin, et les restes de cet homme libre dont elle aurait pu tomber amoureuse mais dont il ne reste plus rien. Et puis au milieu de tout ça, au milieu du vide en eux, du vide autour d’eux, du vide entre eux, Thelma aperçoit surtout le reflet de ce que sera sa propre vie, un jour, quand son père aura décidé qu’il est temps pour elle aussi de rayer la liste de ses envies pour commencer celle, interminable, de ses obligations. Ce reflet-là, qu'elle croise chaque fois qu'elle s'attarde un peu trop au fond d'Holden, lui fait tant peur qu'elle en oublie un instant tout ce qui se hisse entre eux deux et pose sa main sur celle de son ami. « Au diable les chiffres et les journalistes, Holden. Ils ne te connaissent pas. Moi, si. Tu vas y arriver. Non, d'ailleurs, on va y arri... » S'il lui avait laissé le temps, elle lui aurait dit qu'ils vont y arriver, ensemble, parce que c'est bien ensemble qu'ils sont les meilleurs, et qu'elle compte rester là, dans sa vie, à rallumer autant d'étoiles qu'elle le peut et à décrocher toutes celles qu'ont trop brûlé. Seulement Holden la coupe et après ses mots, de son discours il ne reste rien sinon un vague souvenir. « Je veux que tu arrêtes de le voir. Et ce n'est pas négociable. » Elle manque de s'étouffer avec son saumon et laisse tomber sa fourchette dans son assiette avec un bruit qui fait tourner les têtes dans leur direction. Mais Thelma est trop préoccupée -et surtout trop sourde- par ce qui se joue entre eux pour le réaliser. Tout ce qu'elle réalise, là, c'est cet amas de sentiments qui se bousculent au fond de son estomac, le mettant sans dessus dessous. La surprise, d'abord, puis l'incompréhension, la colère, le dégoût, la déception, le chagrin et la colère encore. « Tu as le droit de me faire rater trois rendez-vous de suite avec mes amies pour que je t'accompagne à tes dîners, t'as le droit de glisser ta main dans le bas de mon dos chaque fois qu'on met le pied dehors et même quand on ne le fait pas, de caresser mes cheveux en me parlant d'elle quand je fais semblant de dormir parce que je ne supporte pas de perdre une miette de ton palpitant qui souffre. Tu peux me demander en mariage et je te répondrai oui, oublier de te pointer à mon récital et je me forcerai à ne pas t'en vouloir, t'as même le droit de me réclamer un gosse pour reprendre un jour l'empire Carlisle, un gosse qui finira aussi malheureux que toi, même là, je te dirai oui. Tu peux exiger beaucoup de choses de moi Holden, mais ça, tu vois, tu peux pas. » Elle lui donne déjà tellement d'elle. Elle lui donne ce qui compte le plus, sa liberté et chaque jour qui lui reste à vivre s'il le veut. Elle lui donne ses demain et prend sur ses épaules tous les hier d'Holden, les joyeux, les douloureux, ceux qu'ils n'ont jamais réussi à classer mais avec lesquels ils doivent quand même vivre. Renoncer à Simon, ce serait comme imaginer un monde où les bateaux volent, où les gens ne tuent pas pour du fric, les oiseaux parlent et où Lola n'aurait pas tout cassé dedans Holden : impossible. « Pourquoi ? » lui demande-t-elle finalement avec un calme déroutant. Pourquoi maintenant ? Pourquoi après tout ce temps, après toutes ces étapes qu'on a déjà franchies et ces sacrifices qu'on a acceptés de faire en pensant qu'être ensemble suffirait ? « Donne-moi une seule raison valable de t'écouter, et je le ferai. Une seule Holden. » Elle reste assise mais recule déjà légèrement sa chaise : elle va quitter cette table, ce restaurant, peut-être même la ville pour mieux le quitter lui et son égoïsme qui prend soudain trop de place et l'empêche de respirer correctement. Il ne va pas trouver de raison valable, elle en est certaine, mais elle attend quand même. Car elle se souvient avoir passé des nuits entières à le regarder dormir d'un sommeil agité par l'esquisse de Lola et que, comme lui, elle a parfois rêvé d'une vie où il n'y aurait eu qu'eux deux sans l'univers et toutes ces comètes de désillusions autour. |
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| Sujet: Re: let it all go. (holden) Ven 30 Oct - 22:45 | |
| Thelma est l’innocence faite femme. Elle a les traits doux, les lèvres qui s’étirent en des sourires tendres et un optimiste si naïf qu’elle donne l’impression d’être encore une enfant. Il se dit souvent que c’est dommage qu’il soit jamais parvenu à tomber amoureux d’elle, Holden, parce qu’elle est de loin l’élément le plus sain de sa vie à l’heure actuelle. Quand tout se casse la gueule autour de lui, elle reste là, inébranlable, l’entourant de sa candeur. D’habitude ça fonctionne, elle réussit sans même avoir à forcer le trait, elle dit les bons mots au bon moment et le poids s’envole un peu de ses épaules. Même si ça ne dure pas, c’est agréable, étonnamment rafraîchissant. Il mentirait s’il disait qu’il n’y a pas un peu pris goût, contre toute attente. Elle était le choix de la facilité, mais être avec elle devient de plus en plus évident, au fur et à mesure que son affection pour elle grandit. Mais pas ce soir. Parce que ce soir, pour la toute première fois, c’est elle qui appuie le poids sur ses épaules, et qui l’enfonce un peu plus. Il se sait cruel, lui qui ne l’a jamais été avec elle, mais il est bien trop convaincu que c’est le mieux à faire. Holden se fout bien de se donner le mauvais rôle, parce qu’il va de pair avec la vie qu’on lui a choisie, il ne peut pas lutter contre ça. Elle le trouvera sûrement égoïste, à juste titre, mais il lui rend service en lui demandant ça. Probablement qu’elle ne le croira pas, mais il ne le fait pas pour lui. Pas uniquement du moins. Une petite part de lui, dont il n’est pas fier, voudrait rester le centre de l’attention de Thelma même quand il ne la traite pas bien, parce qu’elle le rassure et l’apaise, qu’elle calme ses peurs et ses colères, mais la vérité, c’est que ça les dépasse tous les deux. Ce qui n’était qu’une façon de tromper ses actionnaires est devenu aussi réel que le reste, peut-être même plus. Pas en privé, non, en privé ils restent les amis qu’ils ont toujours été, mais aux yeux du monde entier, ils sont ensemble, et ils s’aiment. Alors ouais, c’est injuste de l’interdire d’aimer quelqu’un qui ne serait pas lui quand lui n’a aucun problème à aimer quelqu’un qui n’est pas elle, mais il sait quelque chose qu’elle ne comprend pas encore : le monde dans lequel ils vivent est bourré de défauts, et peu importe qu’on lutte pour la parité, l’égalité des sexes et toutes ces conneries. Même s’il y croit, de tout son cœur, dans son monde à lui, les hommes auront toujours le pouvoir sur les femmes. C’est comme ça, immuable, regrettable oui mais c’est un état de fait contre lequel ils ne peuvent pas lutter. Alors oui, lui il a le droit d’aller voir ailleurs et d’aimer Lola de tout son être, mais Thelma, tout ce à quoi elle a le droit, c’est d’aimer son portier en secret. L’aimer quand personne ne peut la voir. Elle tente de protester, de se défendre, mais si ses mots parviennent à réveiller son cœur endolori, ça ne change rien. Il a mal avec elle, il a mal pour elle, mais il n’y a pas de retour en arrière possible. Et lorsqu’elle lui demande pourquoi, il se contente de la regarder de toute sa supériorité, qu’il ne lui aurait jamais imposée en temps normal. Il est là, l’homme d’affaire sérieux, respectable, que l’on finira par craindre un jour quand il sera devenu celui que son père voulait voir devenir. Ses yeux sont insondables, ses traits terriblement froids, et il s’octroie le luxe de faire attendre sa réponse en dégustant une gorgée de son vin – trop cher pour sa qualité, s’il est honnête, et qu’il n’a acheté que parce qu’il peut le faire. Finalement, il daigne lui accorder une réponse, brutale mais sincère. « Parce que tu as signé pour ça, Thelma. » Il détache chaque syllabe tout en la regardant droit dans les yeux, pour être certain qu’elle comprenne ce qu’il dit. « Tu ne savais pas dans quoi tu t’engageais au départ ? Tu croyais que ce serait facile, d’être la petite amie officielle de l’héritier d’un empire ? Mais tu as signé pour ça, Thelma ! T’as signé pour les avantages, mais aussi pour les problèmes. Tu comprends pas le monde dans lequel on vit tous les deux, alors laisse-moi t’expliquer pour que ce soit plus clair : on tolèrera toujours le fait qu’un homme aille voir ailleurs, mais jamais qu’une femme le fasse. C’est archaïque, certes, mais c’est ainsi. Pendant que moi j’ai le droit d’aller me taper n’importe quelle fille qui passera à côté de moi, toi tu es condamnée à rester dans l’ombre et à ne jamais, jamais mettre mon image et ma crédibilité en jeu. » Sa voix reste désespérément neutre. Aucune émotion dans les mots qui filtrent de sa gorge. Holden ressemble chaque jour un peu plus à un automate dénué du moindre éclat de vie. « Tu la veux ta raison ? Alors la voilà : je te l’interdis, parce que ma carrière, et ma vie, vaut plus que tes amourettes d’adolescente en fleur. Je te l’interdis parce que tu es ma petite amie et que ça te plaise ou non, ça vient avec des responsabilités. Mais je t’en prie, Thelma, si le fardeau est trop lourd à porter, tu peux toujours me quitter. Fais donc une scène dans le restaurant pour satisfaire ton côté le plus mélodramatique, et laisse-toi bercer par l’illusion que tu peux effectivement aimer un type comme lui. Mais n’oublie pas que c’est aussi ton avenir qu’on construit ensemble, et je doute qu’il vaille la peine de le sacrifier. » |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: let it all go. (holden) Dim 15 Nov - 23:13 | |
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| Sujet: Re: let it all go. (holden) | |
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