if we ver meet again

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Le campus était presque désert en ce vingt-neuf décembre. La grande majorité des étudiants était partie pour les vacances de Noël et ne revenait qu'à la rentrée mais j'avais décidé de revenir plus tôt. J'avais fêté Noël dans ma famille comme chaque année. Un grand repas, la famille réunie et des cadeaux à ouvrir. J'avais pu revoir Kaiden mon petit frère, une des rares raisons pour laquelle je rentrais chez moi. J'aimais mes parents mais quand ils ne s’intéressaient pas à mes notes et à mon classement, ils s'évertuaient à me présenter à leurs amis et en particulier leurs fils. En l'espace d'une semaine j'avais rencontré six garçons, un presque un par jour. Mon père s'improvisait entremetteur, et je détestais cela. J'avais bien compris que si je ne reprenais pas sa chaîne hôtelière, il me trouverait un fiancé qui le ferait. À vingt-ans je ne souhaitais pas me retrouver marier selon le bon vouloir de mon père. J'avais prétexté des devoirs à rendre pour pouvoir rentrer plus tôt à Berkeley. C'était en partie vrai bien que j'aurais pu aisément travailler depuis chez moi, mais je voulais être tranquille. Et puis c'est pas comme si j'avais des plans de prévu pour le Nouvel An.

Le temps était clair aujourd'hui, frais mais supportable. Je me dirigeais vers la bibliothèque Doe Memorial où j'étais sur de pouvoir travailler tranquillement. Sur le chemin, je me plaisais à ralentir, à profiter du calme. C'était tellement rare de voir Berkeley déserté. Le vent soufflait entre les bâtiments alors que d'ordinaires les voix et rires d'étudiants résonnaient. Parfois une bande d'Oméga faisait le crique à coup de musique et de cris ou une bagarre impliquant des Gamma explosait. On pouvait dire que c'était toujours animé. Je remontais mon écharpe sur mon nez alors que j'entrais dans la bibliothèque, le sac à l'épaule. Je saluais la dame de l'accueil avant de me diriger vers une des salles de lecture. Je devais être des rares étudiantes à y venir mais j'aimais l'ambiance. Ces énormes rangées de livres, leurs odeurs particulières, le calme raisonnant, c'était exactement le genre d'ambiance dont j'avais besoin. Bien qu'il y ait trois ou quatre étudiants, je me dirigeais vers une table au fond de la salle. Le sac sur la table, je me débarrassais de ma doudoune et de mon écharpe. J'avais opté pour un grand gilet, un t-shirt et un jean. Un léger maquillage et une paire de bottes, après tout je n'allais qu'étudier. Après avoir remonter mes cheveux en un chignon fouillis, je partais à la recherche des livres qu'il me fallait pour mon essai. J'errais entre les rayons, le nez collé aux livres. Il fallait que je trouve des romans illustrant mon sujet qui était « Le lecteur lit pour s’instruire ou pour se divertir », écrit Eugène Ionesco dans Notes et Contre-notes. En vous appuyant sur votre expérience de lecteur, vous direz si vous partagez cette opinion. ». J'étais tellement concentrée que je ne fis pas attention à l'obstacle qui se trouvait à mes pieds. Butant contre quelque chose, j'eus juste le temps de me rattraper à l'étagère pour ne pas m'étaler sur le sol. Le coeur battant je me retournais afin de savoir sur quoi j'avais marché. Ou plutôt sur qui. Un garçon était assis par terre, les jambes tendues devant lui. Il remua légèrement, retirant ses lunettes de soleil pour se frotter le visage tout en grognant. « Merci, j'ai faillis me rétamer sur le sol.» dis-je, agacée. Je détestais les étudiants qui n'avaient aucun respect pour la bibliothèque. Ceux qui parlaient fort ou mangeaient ou ne rangeaient pas les livres. Le garçon se leva, pas très habilement, et remonta ses lunettes sur sa tête. Des boucles brunes, la peau légèrement matte et des prunelles émeraudes . Mon coeur fit un bond dans ma poitrine. « Matys !»

Je restais surprise de le croiser ici, de le croiser tout court. Je ne l'avais pas revu depuis deux ans maintenant, depuis notre rupture. Enfin sa rupture. Il avait mit fin à notre relation avant la rentrée. Je n'avais pas eu beaucoup d'explications, je devais me contenter de son au revoir et d'un dernier baiser. Malgré la souffrance par laquelle j'étais passé les mois suivants, j'étais heureuse de le revoir. Il avait grandit, ses épaules étaient plus musclés et ses cheveux plus longs. Il était toujours aussi beau. « Qu'est-ce que tu fais ici ?» murmurais-je du bout des lèvres.

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La période des fêtes est une période vraiment douloureuse pour mon foie. Cette année j'avais passé Noël avec ma famille (parce qu'il faut bien avouer qu'ils me manquaient un peut), et j'avais ensuite fêté Noël avec mes copains sur plusieurs jours. Hier soir, pour notre dernière soirée, j'avais encore trop picolé. Une fois de plus j'étais rentré chez moi miraculeusement et je m'étais avachie sur mon lit. Seulement voilas, ce matin ma grasse-matinée fut interrompue à 11h par mon voisin du dessous, il venait me dire qu'il y avait une fuite chez moi qui inondait son appartement et que le plombier devait passer dans la matinée. Je vous laisse imaginer à quel point j'étais ravie d'apprendre que je ne pouvais pas dormir tranquillement, alors j'ai décidé de prendre ma douche de m'habiller et d'aller finir ma nuit à la bibliothèque de la fac. C'est donc sans réfléchir davantage que je filais à la douche, attrapais mes lunettes de soleil pour cacher ma gueule de bois, descendis donner mes clés à mon voisin du dessous avant de partir en direction de l'université.
Je ne comprenais pas vraiment pourquoi j'avais eu cette motivation étrange, j'aurais tout à fais pu trouver un lit chez un pote, mais étonnamment la bibliothèque me paraissait une excellente idée ! (On ne comprend pas toujours ce qu'il se passe dans le cerveaux d'un ivrogne)
Après 10 min de marche j'avais enfin réussi à attendre la bibliothèque universitaire, je venais ici uniquement pour faire la sieste entre les cours car c'était le seul endroit où j'étais sur de ne pas croiser mes potes et où il n'y avait jamais un bruit.
Je saluais la dame de l'accueil avec une voix encore toute enrouée, ce qui la fit légèrement rire. Elle me lança alors : « Bonne nuit Matys ! » je lui fis un petit sourire et la remerciais d'un signe de tête. Elle m'avait déjà grillée en train de dormir sur une table dans les salles de lecture au semestre précédent, elle savait pertinemment pourquoi je venais ici.
Je partis donc en direction des salles de lecture, ce sont les salles les moins fréquentées de l'université donc je n'ai jamais de problème pour trouver le sommeil là-bas.
En effet il n'y avait que quelques étudiants éparpillés dans la salle, ils ne faisaient pas un bruit, c'était vraiment très agréable.
Je décidais donc de me pauser dans un rayon de la bibliothèque, un rayon avec que des livres de merde pour être sur de ne pas être dérangé. Et c'est sans aucun effort que je m'assoupis adossé à une étagère.
Je dormais terriblement bien, j'avais même commencé à rêver, quand je fus réveillé par un « coup de pied » suivi d'un tremblement d'étagère, quelqu'un venait de trébucher sur moi et de me réveiller !
Je retirais alors mes lunettes de soleil et me frottais le visage pour me réveiller davantage lorsque j'entendis une douce voix féminine dire :
« Merci, j'ai failli me rétamer sur le sol.»
Je me redressais alors difficilement en m'appuyant sur l'étagère et mis mes lunettes dans mes cheveux, devant moi se tenait une charmante jeune fille au sourire angélique.
Son visage me disait étrangement quelque chose mais il m'étais vraiment difficile de savoir où je l'avais croisé. Je commençais alors à réfléchir intensément pour savoir si elle en faisait pas partir des nombreuses filles que j'avais dragués au bar hier.. quand soudain elle dit mon prénom avec un air surpris. J'étais définitivement dans la merde, je ne savais pas qui était cette fille mais je la connaissais sûrement puisqu'elle connaissait mon prénom.
Elle murmura alors :
« Qu'est-ce que tu fais ici ?»
Je ne voulais pas passer pour un gros connard mais je n'arrivais pas du tout à savoir qui était cette jolie fille qui se tenait devant moi, l'alcool avait quelque peut endommager ma mémoire.
Gêné, je me frottais l'arrière de la tête en lui disant :
« Heu... je dormais là.. »
Je me mordis la lèvre embarrassé par la situation et fini par lui lancer :
« Désolé de demander ça mais... on se connait ? »
Je craignais qu'elle le prenne mal mais il fallait à tout prix que je lui demande, peut-être que son nom me rappellerait quelque chose.

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Il se leva difficilement et je comprenais qu'il n'était pas tout à fait clair. Je voulais dire sobre. Il me fixa un instant, fronçant les sourcils. Ma question paru le surprendre. « Heu... je dormais là.. » Je roulais des yeux. Décidément l'alcool semblait lui embrouiller le cerveau et la façon brutale dont il s'était réveillé n'avait pas aidé. Il me fixa encore avant de parler « Désolé de demander ça mais... on se connaît ? ». Je me figeais. Était-il en train de me faire marcher ? Il ne pouvait pas ne pas se souvenir de moi. Nous avions quand même était en couple pendant un an. Ça ne pouvait pas s'oublier cela. Ou alors il ne me reconnaissait pas. Je ne l'avais pas revu depuis deux ans, et il avait bien changé bien que je n'ai jamais oublié ses prunelles émeraudes. « Je sais que j'ai un peu changé en deux ans mais pas au point que tu ne me reconnaisses pas, si ? » dis-je tout doucement. J'étais quelque peu déçue qu'il ne se souvienne pas de moi. Matys avait été mon premier petit-ami, mon premier amour. J'avais éprouvé de forts sentiments pour lui car il avait été aussi ma première fois. Il était une des rares personnes que j'avais laissé s'approcher de moi,me connaître et même lire mes écrits. C'était une geste très intime pour moi. J'avais peu confiance en autrui et lorsque je laissais quelqu'un lire ce que je faisais c'était comme si je remettais ma vie entre ses mains. Et cela avait été le cas avec Matys. Mais ça n'avait visiblement pas suffit. Pendant l'été précédent la rentrée universitaire, il était venu me voir chez moi pour discuter. Je pensais naïvement qu'il voulait qu'on se voit pendant les vacances mais ça avait été tout autre. Il voulait rompre. Je n'avais pas du tout imaginer cela. Je pensais que tout allait bien entre nous, qu'on pourrait quand même être ensemble même si on était pas dans la même université. Je ne savais même pas où il partait étudier d'ailleurs. Je me souviens qu'il avait peu d'explications à part qu'il ne voulait pas que je souffre, qu'il voulait vivre d'autres choses et après un dernier baiser, il était partit. Du jour au lendemain, plus de nouvelles. Alors fallait comprendre ma surprise de le trouver ici, sur mon campus, dans la salle de lecture où j'étais venus travailler. « C'est moi, Carlie. » dis-je, lui offrant un léger sourire.

Je pensais à la rupture, mais je pensais aussi aux bons moments qu'on avait vécu ensemble. J'étais tombée tellement amoureuse de Matys. Il était beau mais il était plus que ça. Il me faisait rire, il était doux, gentil. Avec lui je me sentais protégée, en sécurité dans ses bras. Je sortis de mes pensées et me tournais vers l'étagère pour prendre des livres. « T'es étudiant ici ? » dis-je en mettant la main sur un épais volume. Je le tirais ou du moins essayais. « Je ne t'ai jamais croisé ici, sur le campus et encore moins ici en salle de lecture. Mais peut-être que je devrais venir en fin de matinée, je pourrais te voir finir tes nuits.» Je réussissais enfin à extraire le livre et manquais de m'étaler une nouvelle fois. Matys ne m'avait pas encore répondu. Avait-il comprit ce que j'avais dis ? Je me tournais vers lui pour le découvrir en train de me regarder. De bas en haut. « Oui je sais j'ai changé. Je m'habille mieux qu'avant et c'est ma mère qui en est ravie.» Quand il m'avait connu, j'étais une fille assez timide, constamment dans son monde. Je m'habillais comme une fille mais je ne faisais pas réellement d'effort. C'était assez récent que je me maquillais, que je m’intéressais à la mode. Avant je n'en voyais pas l'utilité au lycée mais à l'université j'y avais pris goût. Il fallait que je fasse un minimum attention à moi, ne serait-ce que pour l'image que je renvoyais aux gens. J'étais encore réservée et si en plus j'étais négligée, je finirais seule. « Toi t'as pas beaucoup changé. Les cheveux un peu et les épaules, tu t'es musclé.» Il devait en faire craquer des filles avec ce visage. Pourquoi je voulais savoir au fait ?

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« Je sais que j'ai un peu changé en deux ans mais pas au point que tu ne me reconnaisses pas, si ? »
En deux ans ? S'agissait-il de Carlie ? Non ce n'était absolument pas possible, qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire ici ?
« C'est moi, Carlie. »
Oh mon dieux c'était bien elle... je restais complètement con devant la magnifique femme qu'elle était devenue. Lorsque je l'avais laissé il y a deux ans elle était une fille plus que banal, sans look particulier, elle ne faisait pas spécialement attention à son apparence. C'était à présent une jeune femme complètement différente que je retrouvais.
Elle me demanda alors si j'étudiais ici parce qu'elle ne m'avait encore jamais croisé sur le campus, mais aucun mot ne sortis de ma bouche, j'étais un peu dans les vape et en plus maintenant j'étais complètement choqué. Je la regardais avec un air bête pendant qu'elle attrapait un énorme livre dans la bibliothèque.
« Oui je sais j'ai changé. Je m'habille mieux qu'avant et c'est ma mère qui en est ravie. Toi t'as pas beaucoup changé. Les cheveux un peu et les épaules, tu t'es musclé.»
C'est vrai qu'en deux ans je n'avais pas vraiment changé physiquement, j'avais juste « grandi » je ressemblais peut être un peu moins à un petit garçon. Elle allait être tellement déçu quand elle allait voir ce que j'étais devenu.
Je finis enfin par réussir à parler :
« C'est vrai que tu as drôlement changé, je ne t'avais pas reconnu.. »
J'étais vraiment gêné par la situation, j'avais plaqué Carlie avant d'entrer à l'université pour devenir quelqu'un d'autre, pour changer de vie et voilas que deux ans après elle se tenait devant moi. J'avais l'impression que mon passé me poursuivait, comme si je devais redevenir le gentil garçon d'avant, celui qui subissait tout le temps.
Carlie avait été mon seul amour, nous étions restés un an ensemble, je l'avais plaqué sans aucune vraies explications et pourtant elle n'avait pas l'air de me détester. Sa gentillesse était l'une de ces plus grandes qualités mais aussi son plus grand défaut.
Ma tête commençais à me faire mal, mais je ne pouvais pas partir comme ça à nouveau, je voulais en savoir plus.
« Heu.. et tu es ici depuis longtemps ? »
Parce que comme elle l'avait déjà dit, nous ne nous étions jamais croisé auparavant, la fac était grande et je ne croisais pas beaucoup d'élèves des autres filières.

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« C'est vrai que tu as drôlement changé, je ne t'avais pas reconnu.. » Je lui offrais un sourire en réponse. Je prenais sa réaction assez bien. Il ne m'avait pas reconnu, cela voulait dire que j'avais effectivement changé et peut-être en bien si j'en jugeais son regard. Je crois même pouvoir affirmer que je l'avais surpris. À l'époque où nous étions ensembles, Matys n'avait jamais exprimé un besoin que je change d'apparence. Il était le premier à m'avoir dit que j'étais jolie et j'avais aimé croire ses mots. Nous n'avions pas besoin de grande chose, on se suffisait. Je m'étais plusieurs fois demander ce qui avait pu lui déplaire pour le faire rompre et couper tout contact avec moi. Parce que oui en deux ans, je ne l'avais jamais revu. Le voir en face de moi effaçais la peine que j'avais pu ressentir. J'étais vraiment contente de le revoir. « Heu.. et tu es ici depuis longtemps ? » Je m'appuyais légèrement contre l'étagère, le livre serré contre la poitrine. « Deux ans. Je suis entrée à Berkeley juste après le lycée. » J'étais contente qu'il s’intéresse à moi. « Je suis en deuxième année de littérature. Ça coulait un peu de source vu le nombre d'heure que j'ai passé à lire et à écrire au lycée. » Il était bien placé pour le savoir, il m'avait même offert quelques un de mes livres préférés. Et je les avais lu de nombreuses fois. Parmi eux, les Hauts du Hurlevent et Orgueil et Préjugés, ceux que je ne cessais de relire, rêvant d'une belle et grande histoire d'amour. Je voulais vivre la même chose que mes héroïnes favorites, j'étais convaincue que ces histoires pouvaient réellement exister. Je l'avais totalement imaginé pour Matys et moi. Il était mon Darcy, mon Heathcliff. Il représentait l'amour, la passion, l'aventure.
Je m'avançais vers lui et le contournais, il m'observa sans bouger. « Je dois travailler mais tu peux me tenir compagnie si tu n'as rien d'autre à faire.» dis-je en souriant avant de quitter la rangée de livre.

Pour travailler, j'aimais être dans le calme mais je pouvais tout à fait être concentrée sur deux choses à la fois. Et cette fois-ci, je n'avais pas envie de dire au revoir à Matys. J'étais tellement contente de le revoir. Il était toujours aussi beau. Arrivée à ma table, je posais le livre dessus et me dépêchais de vérifier l'état de mon visage dans mon téléphone. Je mordais un peu les lèvres pour les faire rougir et sortais quelques mèches de mon chignon. Pourquoi ? J'avais envie qu'il me trouve jolie comme il avait pu le faire autrefois. Je n'étais pas sur qu'il me rejoigne à ma table mais je l’espérais. Si il avait changé physiquement, je me doutais qu'il avait également changé moralement. Il avait grandit, commencer à étudier à l'université, il s'était sûrement fait des amis et était peut-être membre d'une fraternité. Je l'avais trouvé en train de dormir dans une bibliothèque ce qui voulait qu'hier soir il n'avait pas beaucoup dormit. Matys n'était pas un grand fétard, mais ça c'était le Matys d'avant. Maintenant je n'avais aucune idée de celui qu'il était.
Il émergea de la rangée de livre et se dirigea vers ma table. Je sentis mon coeur battre plus rapidement. Il me faisait toujours le même effet. Poussant mes affaires, je lui fis une place face à moi. Il se laissa tomber, s'appuyant sur la table. « Et toi alors, tu étudies quoi ?» demandais-je en commençant à prendre des notes sur mon cahier. J'avais eu raison de venir à la bibliothèque ce jour-là.
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Carlie était donc arrivée à Berkeley en même temps que moi, c'est sans grand étonnement qu'elle me dit alors qu'elle était en deuxième année de littérature, à mon avis elle devait sûrement être l'une des premières de sa promotion. Elle avait toujours été passionnée par l'écriture, je me souviens qu'elle m'avait fait lire certains des textes qu'elle écrivait et même si je n'y connaissais pas grand-chose je l'avais trouvé très douée.
« Je dois travailler mais tu peux me tenir compagnie si tu n'as rien d'autre à faire.»
Me dit-elle le sourire aux lèvres avant de partir s'asseoir à une table un peu plus loin. J'étais partagé entre deux possibilités : la première était d'aller la rejoindre pour lui parler davantage, puisqu'il fallait bien l'admettre, j'étais assez curieux d'en savoir plus sur les deux années que j'avais manqué et la seconde était d'aller me caler ailleurs pour dormir en l'ignorant pour ne pas passer pour le mec en chien qui court après une fille.
Après une courte minute de réflexion je décidais d'aller m'asseoir à sa table. Pour m'as part je n'aurais jamais pu travailler sérieusement avec Carlie en face de moi, après deux ans j'avais envie de parler avec elle et pas d'étudier en sa présence, mais bon les femmes savent faire plusieurs choses en même temps il paraît !
C'est donc en face de la jeune femme que je pris place, cette partie de la bibliothèque était bien plus lumineuse que le rayon dans lequel de dormais quelques minutes auparavant, je plissais alors les yeux avant de remettre mes lunettes de soleil sur mon nez.
« Et toi alors, tu étudies quoi ?»
Ha oui c'est vrai que je ne lui avais même pas dis qu'est-ce que j'étudiais.
« La politique ! Comme mon père, il aimerait que je marche dans ses pas. »
Je fis un petit sourire timide je ne savais pas trop si Carlie se souvenait de mon père ou si je devais préciser ce qu'il faisait dans la vie. Je n'avais pas pour habitude de crier sur tous les toits que mon père était sénateur, c'est pourquoi lorsque je pouvais éviter de le dire ça m'arrangeais.
Il était à présent midi et mon ventre commençait à me le faire savoir, je fouillais alors dans mes poches pour trouver à manger. C'est alors que j'en sortis un paquet de chewing-gum, cela ferait bien l'affaire. J'en pris un puis levais les yeux vers Carlie qui me regardait attentivement.
« Heu... tu en veux un ? »
C'est vrai que c'est mal polie de ne pas proposer surtout que je n'avais pas étais des plus discret !
Je n'osais pas trop lui parler de peur de la déranger, mais aussi parce qu'après deux ans je ne savais pas vraiment quoi lui dire. Je voulais en savoir plus mais je ne savais pas par où commencer. Je voulais lui dire qu'elle était devenue vraiment très belle mais j'avais peur de passer pour un gros connard et j'avais aussi envie de m'excuser pour la façon dont je lavais plaqué...
Trop de choses se bousculaient dans ma pauvre petite tête, je ne savais pas vraiment quoi faire, ça avait l'air d'être tellement plus simple dans sa tête..

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Je combattais mon excitation de le voir assis en face de moi. Je ne voulais pas qu'il me prenne pour une folle à être contente de le voir. Je me contentais de lui sourire et de faire naviguer mon regard entre mon livre et son visage. À peine assis, il remit ses lunettes, la lumière l'aveuglant sûrement. C'est vrai que ma table était plus exposée que la rangée de livre où il dormait. « La politique ! Comme mon père, il aimerait que je marche dans ses pas. » Je relevais la tête, surprise. La politique ? Ce n'est pas dans ce domaine que j'aurais imaginé Matys. C'était sur qu'il n'irait pas en littérature comme moi mais pourquoi pas en langue, en histoire, voir même en études artistiques ou au pire le sport. Mais la politique. J'avais du mal à l'imaginer dans une discipline si..compliquée. Non pas qu'il n'avait pas les capacités de réussir – il n'était mauvais élève – mais je doutais que cela soit de son propre gré. Son père était un sénateur de l'état et comme le mien, il s'attendait à ce que sa progéniture réussisse. J'avais peu de souvenirs de Mr Foster. « Je suis étonnée. Enfin un peu, je ne t'imaginais pas en politique.» Je tournais quelques pages de mon livre. « Ça te plaît au moins ? Ou alors tu le fais uniquement pour ton père ? » Je ne prenais pas de pincettes car pour moi ce n'était pas une critique, et Matys et moi avions été assez proches pour que je me le permette.

Je reprenais ma prise de notes, n'étant absolument pas concentrée sur cela mais sur mon interlocuteur. J'avais envie d'en apprendre plus sur lui, de lui poser plein de question sur lui et ce qu'il avait fait en deux ans. Même si j'avais été énormément blessée de notre rupture, j'étais très contente de le revoir. Alors que le silence régnait, j'entendis un gargouillis et ça ne venait pas de moi. Matys s'agita sur sa chaise, fouillant dans ses poches. Un coup d’œil à ma montre m'indiqua qu'il était midi, et je devinais que mon ancien petit-ami avait faim. Je l'observais silencieusement sortir un paquet de chewing-gum et en avaler un. Il leva les yeux et rencontra les miens. « Heu... tu en veux un ? » Je lâchais un petit rire. Des deux il était le plus gêné. « Oui je veux bien, merci.» J'attrapais le bonbon et le sortais de son emballage avant de le poser doucement sur ma langue. Je ne mangeais pas souvent de bonbons – ancienne habitude de danseuse – mais quand je le faisais, je le savourais. Je me souvenais pas si Matys aimait les bonbons. C'est con mais j'avais oublié ce genre de détail.   « Pourquoi est-ce que tu dormais dans cette rangée ?» Il devait s'attendre à ce que je lui demande. J'avais toujours été un peu curieuse. « Y a quand même meilleure endroit pour se reposer non ?» Je continuais à écrire un peu avant de poser mon stylo et d'appuyer mon menton sur ma main. Matys avait toujours ses lunettes noires sur le nez. Je me levais et me penchais vers lui pour les lui retirer ce qui le fit légèrement sursauter. « C'est pas poli de garder ses lunettes quand tu parles à quelqu'un.» dis-je en riant. J'avais l'impression de revenir deux ans en arrière.
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C'est sans aucun détour que Carlie me demandait si ma filière me plaisait ou si je faisais ça uniquement pour mon père. C'est vrai que je ne mettais jamais vraiment posé la question, c'est comme si je n'avais jamais eu le choix de faire autre chose. Quand j'étais petit, je disais toujours que je voulais faire comme mon père quand je serais grand et au fur et à mesure des années il m'inscrivait dans les meilleurs écoles pour me voir prendre sa relève. Son rêve était alors en quelque sorte devenu mon rêve sans que je m'en rende compte.
« Heu oui ça me plais... je fais ça de mon plein gré, enfin je n'ai jamais pensé à faire autres choses. La politique appairait comme une évidence depuis toujours.»
La jeune femme reprit alors ça prise de note, c'est alors que je sortis mes chewing-gum et que je lui en proposais un. Elle rigola avant d'accepter, je lui en tendis un en souriant.
« Pourquoi est-ce que tu dormais dans cette rangée ? Y a quand même meilleure endroit pour se reposer non ? »
J'avais espéré qu'elle ne me demande pas, j'avais beaucoup changé en 2 ans. J'étais passé du petit garçon sage et fidèle au gros dragueur, fêtard et alcoolique. Je tentais alors d'expliquer tout ça le mieux possible.
« Disons qu'hier soir j'étais à une soirée bien arrosée et que ce matin le plombier devait réparer des trucs dans mon appartement, alors je suis venu finir ma nuit ici »
J'avais toujours des idées un peu farfelu, c'était souvent assez compliqué d'expliquer ce qu'il se passait dans ma tête. Je faisais énormément de choses sans réfléchir, de manière assez impulsive, c'est pourquoi les gens me prenaient souvent pour un fou.
Je lui souris alors bêtement, je me rendais bien compte que mon explication ne tenait pas debout mais c'était pourtant la vérité.
Tout à coup Carlie se rapprocha de moi et me retira mes lunettes de soleil, je sursautais légèrement puis plissais les yeux. La lumière agressait mes pauvres petits yeux, déjà que lorsqu'on a les yeux claires on a plus de mal à supporter le soleil mais alors avec la gueule de bois en pus je ne vous raconte pas comme c'était compliqué.
C'est pas poli de garder ses lunettes quand tu parles à quelqu'un
Elle n'avait pas tort je n'avais plus l'habitude de respecter ce genre de « règles » mais je ne voulais pas que Carlie voie que j'étais devenu un « mauvais garçon ».
Je lui souris alors légèrement avec les yeux très plissés, je repris mes lunettes et les rangèrent dans leur boite.
« C'est vrai tu as raison !»
J'avais à présent beaucoup de mal à la regarder avec tout ce soleil.
« J'allais te demander qu'es que tu étudies, mais c'est évident. Surtout quand je vois les bouquins sur lesquels tu étudies. »
Je voulais montrer à Carlie que je n'avais pas tout oublié et que même si je ne l'avais pas reconnue au premier abord je ne l'avais pas effacé de ma mémoire.

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Sa réponse sur le choix de sa filière me surprit. Je ne doutais pas que Matys puisse vouloir faire ses propres choix sans être influencé, mais j'avais perçu de la sincérité dans sa voix. La politique semblait vraiment lui plaire. Peut-être qu'à force de voir et écouter son père parler de son travail lui avait donné des idées. Est-ce qu'il voulait devenir lui aussi sénateur ? Ou alors un autre poste ? Je me surpris à imaginer mon ex-petit ami en costume et s'adressant à une foule. Il avait du charisme en plus d'être séduisant, aucun doute qu'il réussirait dans ce domaine. Je lui offrais un sourire avant de parler du pourquoi il se trouvait à la bibliothèque et en train de dormir. « Disons qu'hier soir j'étais à une soirée bien arrosée et que ce matin le plombier devait réparer des trucs dans mon appartement, alors je suis venu finir ma nuit ici » Je m'étais arrêtée d'écrire pour écouter sa réponse. Une soirée arrosée ? Je ne devais pas être surprise étant donné que sortir était sûrement l'activité numéro une chez les étudiants du campus. La moindre occasion était bonne pour faire la fête et parfois il n'y avait même pas de raisons particulières. Ma confrérie n'était pas la plus fêtarde mais ils nous arrivaient parfois d'organiser des soirées. Mais ce n'était pas comparable aux Omegas. Cette fraternité était réputé pour organiser les plus grandes fêtes du campus, allant toujours plus loin à chaque fois. Je m'étais toujours refusée à y aller, ne souhaitant pas m'attirer des ennuis. Matys n'était pas de ce genre là. Enfin il ne l'était pas à l'époque où nous sortions ensemble.
J'avais remarqué son léger sursaut quand j'avais retiré ses lunettes. « C'est vrai tu as raison !» Sa soirée avait du être pas mal arrosée en effet si j'en jugeais sa façon de plisser les yeux, la lumière l'agressant. Je retrouvais avec plaisir ses iris verts que je me souvenais avoir contempler pendant des heures. Il avait les traits tirés, synonymes d'une nuit courte.« J'allais te demander qu'es que tu étudies, mais c'est évident. Surtout quand je vois les bouquins sur lesquels tu étudies. »

« Tu es un Omega n'est-ce pas ? » La question avait franchit mes lèvres sans que j'y pense réellement. Parfois j'avais l'impression que mon cerveau fonctionnait trop rapidement pour ma bouche, et que j'avais du mal à être cohérente dans mes propres pensées. Ce n'était qu'une supposition mais ça pourrait totalement coller au Matys que j'avais en face de moi. Je n'attendais pas sa réponse et me remettais à écrire. « Je n'ai pas eu besoin de me poser la question sur ce que je voulais étudier, c'était naturel.» Je tournais quelques pages avant de reprendre des notes. J'étais parfaitement à l'aise pour faire deux choses à la fois, mais le regard de Matys sur moi me perturbait un peu. Je n'avais rien oublié de notre rupture mais c'était agréable de le revoir. Je retrouvais un vieil ami, quelqu'un en qui j'avais eu confiance. Même après deux ans sans nouvelles, je lui faisais de nouveau confiance. « Mon dossier a été accepté rapidement, je l'ai appris peu de temps après.. après qu'on se soit séparé.» Je voulais dire que tu ais rompu, mais je n'avais pas osé. J'avais peur qu'une phrase mal formulée mette fin à notre entrevue et je voulais vraiment rester avec lui, voir ce qu'il était devenu. « Ça ne doit pas être drôle de m'entendre. Je ne suis pas pleine de surprise, j'ai peu  changé en deux ans. Je suis sur que le fait que je sois une Alpha ne te surprendra même pas. » Je savais très bien que les Alpha étaient reconnus pour être des bosseurs et pas forcément des fêtards, mais il y avait des exceptions. Adrian était l'une d'elle. J'enviais sa capacité a être un très bon élève alors qu'il sortait beaucoup et s'amusait aux soirées des autres fraternités. Je n'avais pas confiance en moi au point d'aller à ce genre de soirées parce que j'étais persuadée que je n'y serais pas à ma place. Je relevais la tête pour rencontrer une nouvelle fois son regard. Même après deux ans, je crois que j'étais toujours sensible à la façon que Matys avait de me regarder. On ne perd jamais nos vieilles habitudes.
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