▶ QUAND LE NATUREL REVIENT AU GALOP. Le son d’une chanson qui se propage à des kilomètres à la ronde, des étudiants remuant dans tous les sens et ayant pour but de danser jusqu’à l’aube peu importe l’état de la dite maison après leur passage. Un verre de boisson alcoolisée dans la main, Lacey se déhanchait aux côtés d’autres jeunes tous plus éméchés les uns que les autres.  Cette soirée, bien qu’elle ne connaisse pas réellement l’organisatrice, était une vraie réussite. Un étudiant que tous surnommaient Timmy s’approcha de la brunette qu’il saisit par la taille. Dans une parfaite osmose, les deux jeunes adultes dansèrent l’un contre l’autre. La demoiselle pouvait sentir le souffle du blond naître dans ses cheveux pour venir mourir sur sa nuque. Les sourires étirant leurs lèvres trahissaient la félicité qu’ils ressentaient à l’instant présent. La jeune femme se retourna vers Timmy, son regard se plongeant dans le sien. De ses bras qu’elle passa par-dessus ses épaules, elle enlaça son cou.  Les doigts du garçon exercèrent une légère pression sur les hanches de la belle. Leurs fronts se collèrent l’un contre l’autre tandis que Lacey se mordillait la lèvre inférieure. L’étudiant la gratifia d’un clin d’œil avant d’approcher ses lèvres de celles de la brunette. Mais alors que leurs bouches allaient être réunies en un baiser, des cris retentirent. S’éloignant brusquement du jeune homme, la demoiselle scruta tous les recoins de la pièce dans laquelle elle se trouvait, la panique s’emparant peu à peu d’elle telle une douce frénésie. Les fêtards s’agitaient dans tous les sens, mais aucun d’entre eux n’était apte à rassurer les autres, nul n’était capable de prendre les choses en main. « Poussez vous, laissez-moi passer ! » La brunette ayant remarqué un petit attroupement dans le couloir s’y dirigeait, se faufilant entre tous les autres qui s’avéraient totalement dépassés par cet événement imprévu. Là, allongée sur le sol au milieu de tous, une élève convulsait. Elle n’avait franchement pas l’apparence d’une fille habituée des fêtes durant toute la nuit. A vrai dire, Lacey se demanda le temps d’un instant qui elle pouvait être. Mais elle n’en avait aucune idée et la seule réponse probable restait celle d’un bizutage ou d’un « décoinçage ». La demoiselle lui prit la main, lui demanda si elle l’entendait mais l’inconnue ne réagissait pas à ses paroles. Alors de l’autre main elle lui caressa le front et les cheveux.   « Hey, hey, je suis là d’accord ? Ca va aller ma belle tiens le coup.» Peu à peu, les convulsions de l’élève s’atténuaient. Tandis que l’optimiste des autres était à son comble, les poussant à continuer de faire la fête, Lacey aida la jeune femme à se relever et l’emmena à l’extérieur de la maison. L’air frais du soir semblait lui faire du bien jusqu’à ce qu’elle s’effondre au sol en vomissant. La brunette passa une main dans ses cheveux, complètement angoissée. Elle n’avait jamais ni vu, ni connu de cas similaire. Elle ne savait pas quoi faire. Puis une idée fusa dans son esprit. Aida la fille à sa relever une nouvelle fois, elle l’emmena jusque sur le bord de la route où elle leva son pouce en l’air dans le but d’arrêter n’importe quelle voiture qui pourrait passer par là à cette heure. 21h14. Une femme conduisant une XC60 bleue freina à leur niveau. L’affolement de la demoiselle était évident et l’état dans lequel se trouvait l’autre jeune femme était inquiétant. Lorsqu’elles furent à bord, la conductrice proposa de les emmener jusqu’au San Francisco General Hospital, à l’est de la ville, ce que l’étudiante accepta immédiatement. Assise sur la banquette arrière, Lacey surveillait la condition dans laquelle se trouvait l’autre. A moitié consciente, elle paraissait calme pour le moment. Arrivées à destination, la jeune femme sortit la fille de la voiture et l’aida à marcher jusque dans le hall tout en appelant au secours afin de faire accourir un médecin. Des urgentistes vinrent à leur rencontre et prirent l’inconnue en charge tandis que la pression se relâchait quelque peu pour Lacey qui alla s’installer sur l’une des chaises que comportaient les rangées de sièges de la salle d’attente. Elle attrapa un magazine qui traînait sur une petite table à sa gauche et le feuilleta. Mais elle le reposa aussitôt, tourmentée par l’état de santé de cette élève qu’elle n’avait encore jamais vue et dont peu de personnes se souciaient visiblement. Puis l’un des médecins vînt la trouver. « Alors, comment va-t-elle ? » demanda-t-elle en se levant précipitamment. « Elle va s’en sortir. Son taux d’alcool dans le sang est bien plus élevé que ce que son organisme peut supporter. Nous allons la garder en observation pour la nuit. Vous êtes de la famille ? » Un grand silence s’abattit sur le hall de l’hôpital. La brunette ne connaissait ni cette fille, ni les membres de sa famille qui étaient sûrement loin de se douter que leur enfant venait d’être transportée aux urgences pour cause de convulsions. Par ailleurs, Lacey n’était pas de ces personnes qui avaient le don de supporter de grands poids mentalement. « Non. » Puis elle partit, sans laisser l’occasion au médecin de lui adresser une quelconque autre parole. Cette soirée qui avait pourtant si bien commencée devenait un enfer pour la Lambda qui ne s’était pas préparée à cette éventualité.  Plantée au milieu du parking, la jeune femme inspira profondément. Elle n’avait plus aucune envie de faire la fête et ne comprenait d’ailleurs pas comment tous les autres pouvaient continuer à s’amuser jusqu’à l’aube. Et même si elle serait bien restée dans les bras de ce Timmy toute la nuit, c’était maintenant trop tard. Rien qu’à ce que son apparence renvoyait, il était assurément un charmeur très doué. Soudain un bruit sourd se fit entendre. Intriguée, elle se précipita vers l’endroit d’où venait ce bruit. Deux hommes se tenaient là, l’un plaquant l’autre contre une voiture, levant le poing prêt à frapper encore une fois vu l’état du second. « Hey ! Arrêtez ! » Alors que le cogneur se retournait, l’autre prit la fuite. « On se connaît ? » Les vols de voitures étaient assez fréquents en ce moment mais ce n’était pas une raison suffisante pour s’acharner sur un prétendu voleur qui finalement n’avait rien eu le temps de faire. « Non, on ne se connaît pas mais ce n’est qu’une bagnole et si j’en crois ce que j’ai vu vous étiez prêt à le cogner à mort ! » La rage de l’individu était palpable. C’était à peine s’il n’était pas prêt à cogner sur sa voiture. Lacey s’approcha un peu plus de lui, tout en gardant une certaine distance. « Dites, vous connaissez la zen attitude ou c’est un concept qui vous est inconnu ?! »